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État

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L'État est une collectivité dont la structure est juridique, qui est délimitée par des frontières territoriales et constituée d'institutions lui assurant un pouvoir suprême (la souveraineté).

D'après Max Weber dans Le Savant et le politique, « l'État est une entreprise politique à caractère institutionnel dont la direction administrative revendique avec succès dans l'application de ses règlements le monopole de la contrainte physique légitime sur un territoire donné », c'est-à-dire qu'il est le seul à pouvoir faire respecter les lois à travers l'armée, la justice et la police. Pierre Lemieux définit de façon assez semblable l'État comme « une organisation qui réclame et, de manière générale, exerce effectivement un monopole ultime de la force à l’égard d’un ensemble déterminé de personnes » (Chaos et Anarchie). Hans-Hermann Hoppe préfère définir l'État comme l'entité qui détient un « monopole de l'arbitrage final ».

L'État est la forme dominante du pouvoir politique mais elle n'est pas universelle. Pierre Clastres a montré qu'il peut exister des sociétés sans État, voire contre l'État : des sociétés primitives (par exemple, les esquimaux) où il n'y a ni hiérarchie des pouvoirs, ni autorité.

Un pays est une désignation géographique. La nation ne se confond pas avec l'État même si elle recouvre souvent l'ensemble de son peuple en Europe de l'Ouest (modèle de l'État-nation). Le gouvernement est l'une des institutions par lesquelles l'État exerce son pouvoir.

Historique

Le concept d'État est issu, pour les États européens et d'Amérique du Nord, de la Cité grecque (la République de Platon), qui fut ensuite développée par Rome.

En France, la fin de l'empire de Charlemagne voit disparaitre l'idée même d'État héritée du droit public romain. En effet la puissance publique, incarnation de la souveraineté (droit de battre monnaie, de lever des impôts, d'entretenir une armée...) est privatisée en étant partagée entre des grands féodaux à qui elle appartient à titre privé. Le concept de pouvoir public perd son sens. Le féodalisme ne prendra fin progressivement à la fin du Moyen Âge avec la redécouverte du droit romain et la lente montée en puissance du roi de France au détriment des différents seigneurs. L'État est alors progressivement reconstruit. La Révolution et l'Empire parachèvent cette œuvre.

Le développement ultime est mis en œuvre au XXe siècle en URSS pendant 60 ans, suivi d'une régression rapide de la démocratie, l'État soviétique totalement miné, étant devenu incapable de gérer la situation.

On assiste par ailleurs à une contestation du rôle de l'État, avec la montée en puissance de contre-pouvoirs (le capitalisme, le marché, les syndicats, les médias).

En dehors de la tradition occidentale, on ne trouve à proprement parler d'État historique qu'au Japon.

Les différentes fonctions de l'État

Pierre Rosanvallon distingue quatre grandes fonctions de l'État :

Depuis la fin des années 1980, l'État perd de son pouvoir pour plusieurs raisons :

  • Il se désengage de l'économie en privatisant les entreprises publiques, la Sécurité sociale voit son rôle diminuer, la mondialisation augmente la contrainte extérieure et diminue le pouvoir d'intervention de l'État dans l'économie.
  • Il n'intervient plus autant dans la prise de décision publique, il perd son pouvoir « par le haut », avec la construction européenne ; et son pouvoir « par le bas », avec la décentralisation.

Pour Daniel Bell, l'État est « trop grand pour gérer les petites choses et trop petit pour les grandes choses ».

Les théories sur l'origine de l'État

Il y a deux théories principales sur l'origine de l'État :

Alors que la théorie du contrat social semble une construction a posteriori (ce "contrat" étant en fait une fiction juridique), on peut regretter que la théorie de l'État prédateur ignore la possibilité d'un État fondé sur un consentement unanime. Cette possibilité reste cependant purement théorique, l'histoire montrant l'origine violente de tous les États modernes. La France s'est construite pour une très large part sur les guerres menées par la monarchie. La Suisse elle-même, dans sa forme moderne, ne résulte pas d'une "volonté de vivre ensemble", mais de la guerre civile de 1847 :

L'État fédéral de 1848 [...] est le résultat de la guerre civile du Sonderbund, qui a opposé deux ensembles de cantons dans une lutte fratricide. Rien de librement consenti dans l'établissement de la Constitution de 1848, véritable fondement de la Suisse moderne. C'est par les armes que les radicaux l'ont imposée à la partie conservatrice de la population. (Cédric Humair, 2009)

Christian Michel (La lutte des classes n'est pas finie) évoque une théorie de l'État prédateur inspirée du marxisme qui expose l'apparition de l'État comme le résultat de l'évolution de la société, liée au passage du nomadisme à l’agriculture :

  • dans un premier temps, les sociétés agricoles mettent sur pied une défense permanente, nécessaire pour se prémunir contre les razzias ;
  • par la suite, cette armée permet aux dirigeants d'asseoir leur pouvoir, d'instaurer des impôts, et de maintenir un « ordre social » favorable à la classe dominante ;
  • enfin la classe dominante use pour affermir son pouvoir d’un autre moyen que la force : l'idéologie, les intellectuels étant presque tous employés de l’État, leurs intérêts se confondent avec ceux des gouvernants.

L'État libéral

La notion d'État « libéral » est celle d'un État minimal dont le rôle se limite à garantir les libertés individuelles et la sécurité des citoyens, sans intervention dans la vie économique et sociale du pays. On est loin de l'État-providence redistributeur ou de l'État prestataire de services (« service public » en situation de monopole) que l'on connaît depuis le XXe siècle. L'État libéral, théorisé en fin du XVIIIe siècle et au XIXe siècle, n'a en fait jamais existé, et on ne peut aujourd'hui utiliser cette expression qu'en termes relatifs : tel État est plus ou moins libéral que tel autre.

Karl Popper exprime le point de vue libéral classique concernant l’État par le principe du "rasoir libéral" (inspiré du rasoir d'Occam) : du fait qu'il est un mal (un mal nécessaire, mais un mal quand même), l'État ne doit jamais étendre ses prérogatives au-delà du strict nécessaire.

Pour les anarcho-capitalistes l'expression d'État libéral est un oxymore, l'État ne pouvant, par définition, être libéral, qu'il s'agisse de démocratie libérale ou d'État minimal.

L'État profond

Nuvola apps colors.png Article principal : État profond.

Comment l'État viole le Droit (point de vue libertarien)

Erreur fréquente : cette organisation n'est pas un État

À entendre les étatistes, un État ne serait que ce que les États officiels reconnaissent. Ainsi, l'État islamique (autoproclamé État islamique en Irak et au Levant en 2013, dont le succès est un résultat indirect de l’invasion américaine de l’Irak) ne serait pas réellement un État.

En fait, en appliquant la définition wébérienne, toute organisation disposant d'un monopole de la violence sur un territoire donné, et faisant appliquer une conception du droit qui lui est propre (la charia dans le cas de l'État islamique), peut être légitimement qualifiée d'État, qu'elle bénéficie ou non d'une reconnaissance internationale. Tous les États sont d'ailleurs nés d'une situation de fait (conquête, invasion, guerre, révolte, sécession...), avant que le droit positif finisse par leur accorder un statut officiel d'État.

On peut ainsi parler d'une hypocrisie des États officiels à l'égard d'une organisation qui leur est finalement très semblable, l'état de droit (plus ou moins libéral) en moins et la violence d'origine religieuse en plus. La quasi-totalité des États du monde reconnaissent pourtant la Corée du Nord, dictature totalitaire aussi violente que l'État islamique (2 millions de victimes causées par cet État : famines, exécutions, travail forcé dans les camps, etc.). De même pour l'Arabie saoudite, qui est en réalité une sorte d'entreprise familiale de la famille Saoud.

Bibliographie

  • 1896, Henri Michel, L’idée de l’État, Paris: Hachette
  • 1970, Robert L. Carneiro, « A Theory of the Origin of the State », Science, Vol 169, August, pp733-738
    • Repris en 1979, In: Kenneth S. Templeton Jr., dir., The Politicization of Society, Indianapolis: Liberty Press, pp27-51
  • 1975, Franz Oppenheimer, The State, New York: Free Life Editions
  • 1990, David Schmidtz, « Justifying the State », Ethics, vol 101, October, pp89–102

Citations

Voir Citations sur l'État.

Informations complémentaires

Notes et références

Voir aussi

Liens externes

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