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Charlemagne

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Fils de Pépin le Bref, Charlemagne (né aux alentours de 742, mort en 814) hérite avec son frère Carloman du territoire Franc en 768. Comme les principaux puissants guerriers dont l'histoire retient hélas seulement la mémoire, durant les 45 années de son règne, il ne cessa de faire la guerre. Charlemagne est aussi paradoxalement chrétien avec les valeurs inhérentes de son époque. À plusieurs reprises, il aida le pape Léon III à exterminer ses ennemis Lombards dans le nord de l'Italie. Pour le remercier, celui-ci le couronna empereur à Rome en 800. Son avènement mit alors fin aux libertés germaniques institutionnalisant le pouvoir limité des rois.

Une nouvelle organisation déconcentrée de son empire

Les livres d'histoire disent de lui qu'il a rétabli la paix alors qu'il avait tendance à la déstabiliser pour mieux se savourer comme étant le protecteur de ses sujets. Guerrier puissant, il reconstruit son royaume et l‘étend peu à peu. Son empire était bien plus vaste que la France actuelle. Précurseur de la structuration du territoire moderne avec les méandres de leurs limites au contour de salamandres[1], il divisa son empire en 300 comtés en déconcentrant le gouvernement des régions aux comtes. Il ne s'agissait pas d'une décentralisation du pouvoir car les comtes n'avaient pas de pouvoir de produire des lois, juste de faire appliquer les décisions centrales de Charlemagne. Mais, pour mieux surveiller les comtes, il envoyait régulièrement dans les provinces des émissaires, appelés aussi en latin "missi dominici". Ces messagers étaient chargés de transmettre les lois et de vérifier leur application sur le terrain. Ils inspectaient aussi les comtés pour jauger les révoltes potentielles et contrôlaient les évêques qui étaient quelquefois fortunés et influenceurs de l'opinion publique. La paix sociale fut ainsi rétablie.

Durant le même temps, puisque les pilleurs sont sévèrement punis par ce service public de police à l'envergure impériale, l’agriculture et le commerce se développent sans crainte ultime de perdre des récoltes ou du capital. Le règne de Charlemagne est également une période de progrès pour le savoir. Il n’apprend à lire qu’à 40 ans, mais pour lui, l’instruction est capitale. Alors, il institutionalisa les écoles dans son palais et ses villas[2] mais n'en est pas le créateur malgré la légende d'une chanson populaire[3] car celles-ci existaient déjà bien avant lui. Il exige également l'utilisation forcée d’une nouvelle graphie manuscrite plus rapide et plus lisible : la caroline. Cette nouvelle manière d'écrire provient de la lente évolution des écritures dont certains monastères s'étaient octroyés le monopole régional sous la forme de franchise[4].

Son exigence pour une monnaie forte : le denier précurseur lointain du mark

Un grand ensemble géoéconomique qui rappelle celui de l'empire romain, lequel s'est effondré finalement en 476 pour des raisons des dépréciations constantes de la monnaie, renait avec les conquêtes militaires de Charlemagne. Le souverain a compris que la maîtrise de la monnaie est corolaire à l'expansion de son ambition. Il se charge donc des prérogatives de l'émission monétaire. Dès la fin du VIIIe siècle, l'homme à la barbe fleurie souhaita qu'il n'existe qu'une seule monnaie sur son royaume. Alors, il accomplit une réforme monétaire assez simple destinée à faciliter les échanges dans son vaste territoire et faire en sorte de soutenir cette devise pour qu'elle reste forte.

Pourtant, alors que la capitale politique était Aix-la-Chapelle, il profita du concile tenu à Francfort en 794 pour informer les grands princes laïcs et des hauts ecclésiastiques de sa décision. Le denier, devenait la seule et unique unité monétaire de référence dans son royaume. Il était constitué d'au moins 1,6 gramme d'argent au lieu de 1,23 précédemment. Cela notait la volonté royale de réévaluation d'environ un tiers de la monnaie. Il veilla à ce que la quantité de métal précieux soit identique pour chaque denier en évitant que certains individus pratiquent le rognage pour que la valeur intrinsèque de chaque denier soit constante.

Il élimine ainsi certaines monnaies en leur ôtant peu à peu leur pouvoir libératoire et centralise la frappe des espèces officielles. En 805, il imposa que la fabrique de la monnaie se fasse dans l'atelier du palais impérial situé à Aix-la-Chapelle, puis il toléra que l'on batte monnaie dans les villes importantes de son empire telles Francfort, Arles, Lyon, Paris, Rouen ou Trèves.

DenierCharlemagne.png

À la mort de Charlemagne, l'empire de ce chef de guerre s’étend sur une grande partie de l’Europe qui correspond aujourd'hui à la France, la Belgique, les Pays-Bas, l‘Allemagne, la Suisse et le nord de l'Italie. Mais, ses descendants ne pourront pas le conserver. C’est le début d‘une période d’affaiblissement du pouvoir royal. En l’an 843, l’empire carolingien est partagé entre les trois petits-fils de Charlemagne. La partie la plus à l’ouest deviendra la France.

Notes et références

  1. Cette pratique reconnue en sciences politiques par le Gerrymandering, est un mot valise entre le nom de l'homme politique Gerry, auteur de la pratique douteuse, et de l'animal Salamandre qui évoque des formes contorsionnées. Il s'agit d'un exemple de la manipulation de l'idée de décentralisation quand l'organisation de la société est déconcentrée depuis le pouvoir d'un monocentre politique, système qui se différencie d'une société polycentrique dont le pouvoir de décision est décentralisé.
  2. Les villas étaient à l'époque de grands domaines agricoles
  3. France Gall, 1964, "Sacré Charlemagne". Auteurs: Georges Liferman, Robert Henri Gall
  4. A. B. Davidson, 1995, "The medieval monastery as franchise monopolist", The Journal of Economic Behavior & Organization, 27 (1), June, pp119–128

Littérature secondaire

  • 1866, Sigurd Abel, "Jahrbücher des fränkischen Reiches unter Karl dem Grossen", ("Annuaires de l'Empire Franc sous Charlemagne"), Jahrbucher der deutschen Geschichte, Série n°5, Vol 1, Berlin and Leipzig
    • 2nde édition en 1888, Bernhard Simson, dir., "Jahrbücher des fränkischen Reiches unter Karl dem Grossen", Leipzig
  • 1883, Sigurd Abel, "Jahrbucher des franktschen Retches unter Karl dem Grossen", ("Annuaires de l'Empire Franc sous Charlemagne"), Jahrbucher der deutschen Geschichte, Série n°5, Vol 2, Berlin and Leipzig
  • 1897, Thomas Hodgkin, "Charles the Great", London
  • 1921, Louis Halphen, "Études critiques sur l'histoire de Charlemagne", Pans
  • 1930,
    • Louis Halphen, "Charlemagne", In: Edwin R. A. Seligman, dir., "Encyclopaedia of The Social Sciences", Vol III, New York: MacMillan
      • Nouvelle édition en 1937, New York: MacMillan
      • 10ème édition en 1953, "Charlemagne", In: Edwin R. A. Seligman, dir., "Encyclopaedia of The Social Sciences", Vol III, New York: MacMillan, pp345-346
  • 1953, Luigi Einaudi, "The Theory of Imaginary Money from Charlemagne to the French Revolution", In: Frederic C. Lane, Jelle C. Riemersma, dir., "Enterprise and Secular Change", Homewood, Ill: Richard D. Irwin, pp229—261
  • 2014, Jennifer R. Davis, "Charlemagne's portrait coinage and ideas of rulership at the carolingian court", Notes in the History of Art, Vol 33, n°3/4, special issue on secular art in the middle ages, Spring-Summer, pp19-27
  • 2015, Gareth Williams, "Atrocity or apology?: Charlemagne the mass murderer", Medieval Warfare, Vol 5, n°2, Theme: The campaigns of Charlemagne, pp21-24


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