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Luigi Einaudi

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Luigi Einaudi
1874-1961

Dates Économiste, juriste et homme politique
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Tendance libéral de gauche
Nationalité Italie Italie
Articles internes Autres articles sur Luigi Einaudi

Citation
Interwikis sur Luigi Einaudi

Luigi Einaudi né à Carrù, Cuneo, le 28 mars 1874 et mort à Rome le 30 octobre 1961 est un économiste, publiciste et homme politique italien. Considéré comme le plus grand homme politique libéral italien de la première moitié du XXe siècle, il a été le second président de la République italienne.

Biographie

Après le lycée de Turin, il fréquente le Laboratoire d’économie politique de Roberto Benigni de Martiis et se rapproche du mouvement socialiste collaborant une dizaine d’années à la revue Critica sociale avant d’adopter des positions libérales conservatrices. Titulaire des chaires de sciences financières aux universités de Turin et Milan, il est aussi chargé de l’enseignement de la législation industrielle et l’économie politique à l’école polytechnique de Turin. Ses ouvrages, qui traitent surtout d’économie, sont traduits dans les principales langues étrangères.

Il est nommé sénateur en 1919 par Francesco Nitti. Rédacteur de la Stampa (Turin) et du Corriere della Sera (Milan) jusqu’en 1926, il abandonne le journalisme après l’avènement du fascisme. Il sert de correspondant financier et économique à The Economist et dirige la revue La Riforma Sociale de 1900 à 1935 et la Rivista di Storia Economica de 1936 à 1943. La chute de Benito Mussolini l’incite à reprendre sa collaboration dans Il Corriere della Sera. Nommé recteur de l’Université de Turin, il doit se réfugier en Suisse après l’établissement de la République de Salo. Il revient en Italie le 9 décembre 1944.

Nommé gouverneur de la Banque d’Italie (1945), député à l’Assemblée constituante (1946) puis membre de droit du Sénat en 1948, il est vice-président du conseil dans le gouvernement De Gasperi (1947-1948). Il est élu président de la République le 11 mai 1948 au 4ème scrutin avec 518 voix sur 872 votants. À la sortie de sa charge, il devient sénateur à vie en 1955. Membre de plusieurs académies italiennes et étrangères, et notamment président honoraire de l’International Economic Association, il a été fait docteur honoris causa par l’Université de Paris.

Le penseur politique

Grand admirateur d'Adam Smith et de John Stuart Mill, il oppose à l'évangile nationaliste imposé par le fascisme, l'importance suprême de la liberté, la nécessité de la variété et du contraste : « une idée, un mode de vie, que tous acceptent, ne vaut plus rien ». Pour lui, la liberté est quelque chose qui regarde la vie de tous les jours, le libéralisme est une solution concrète qui concerne tous les aspects de la vie politique, sociale et économique d’un individu, il est une vision du monde. Le libéralisme économique n’est pas un pur économisme mais bien l’exaltation de l’individualité. Seul le libéralisme économique permet le développement de toutes les libertés. L’individu ne peut s’épanouir que s’il est libre de réaliser ce qu’il croit être le meilleur pour lui. Le choc des intérêts contraires est une condition du progrès. L’étatisme au contraire est source de stagnation, les individus n’ayant pas à assumer la responsabilité de leurs actes. Une société libre a besoin d’institutions libres : le fédéralisme et la décentralisation répondent à cette exigence. Einaudi était favorable à un fédéralisme européen permettant au continent de discuter d’égal à égal avec les États-Unis.

Le libéralisme est la méthode de la liberté qui « reconnaît la possibilité de toujours pouvoir tomber dans l’erreur et qui s’attend à ce que d’autres cherchent à découvrir cette erreur et à trouver la bonne voie vers la vérité »[1]. Le totalitarisme se fonde sur le monopole de la vérité alors que l’ordre libéral « sait que c’est seulement à travers l’erreur que l’on arrive à la vérité ». La liberté politique n’est pas garantie par des systèmes électoraux mais par la possibilité de discuter et de critiquer. L'économie de marché est l'autre face de la démocratie. Le marché est le lieu où s'expriment les demandes individuelles et « l’échec est la sanction, la peine nécessaire et profitable, pour ces propriétaires, ces industriels, ces négociants qui ne sont pas capables de faire leur métier »[2]. Le consommateur est donc le roi du monde économique. Le marché est le meilleur instrument pour défendre l'individu et pour en promouvoir l'élévation morale et matérielle.

L'étatisme favorise au contraire les qualités les plus basses de l'âme humaine : l'intrigue, la calomnie et la médisance. Les interventions publiques entraînent la corruption et le favoritisme. Profondément hostile à la notion de monopole, Einaudi condamne le monopole étatique de l'instruction : seule la concurrence peut favoriser l'excellence, les compétences réelles et non la possession d'un diplôme. Il est néanmoins favorable à une intervention de l'État dans le but de lutter contre les monopoles. De même les syndicats patronaux et ouvriers peuvent contribuer à rendre la concurrence plus efficace. Il est aussi favorable à un État providence qu'il considère comme compatible avec le libéralisme. Aussi rejette-t-il le communisme mais non le socialisme démocratique. Il est favorable à l'impôt progressif mais celui-ci ne doit pas dépasser un point critique, de même les aides sociales ne doivent pas être trop généreuses. Le libéral fixe des normes alors que le socialiste entend orienter et imposer les manières de travailler. Il est donc profondément hostile au laissez-faire laisser-passer absolu. L'État de droit est nécessaire mais la loi dit être « une norme connue et claire, qui ne peut être changée par la volonté d’aucun homme, même si celui-ci est le premier de l’État »[3].

Informations complémentaires

Publications

Pour une liste plus détaillée des œuvres de Luigi Einaudi, voir l'article dédié

Littérature secondaire

  • 1982, Stefania Martinotti Dorigo, dir., "Luigi Einaudi. Interventi e relazioni parlamentari", Fondazione Luigi Einaudi Torino
  • 1983, Ruggiero Romano, dir., "Luigi Einaudi : Scritti economici, storici e civili", Milano, A. Mondadori
  • 1986,
    • Domenico Da Empoli, "A science for liberty: public finance according to Luigi Einaudi’s Thought" ("Une science pour la liberté : les finances publiques selon la pensée de Luigi Einaudi"), Journal of Public Finance and Public Choice
    • R. Faucci, "Luigi Einaud"i, Torino, Utet
  • 2003, Domenico Da Empoli, "Benedetto Croce and Luigi Einaudi: Liberalism versus Liberism?", In: Jürgen Backhaus, Wim Heijman, Andries Nentjes, Johan van Ophem, dir., "Economic Policy in an Orderly Framework – Liber Amicorum for Gerrit Meijer", Münster: LIT Verlag, pp143-145
  • 2016,
    • Francesco Forte, "Einaudi versus Keynes. Due grandi del Novecento e la crisi dei nostri giorni", ("Luigi Einaudi contre John Maynard Keynes. Deux grands du XXe siècle et la crise de nos jours"), Istituto Bruno Leoni Libri, Torino
    • Roberto Ricciuti, dir., "Luigi Einaudi contro i trivellatori di Stato" ("Luigi Einaudi contre les perforateurs de l'État"), Istituto Bruno Leoni Libri, Torino
  • 2018, Alberto Giordano, "The Making of the “Third Way”: Wilhelm Röpke, Luigi Einaudi, and the Identity of Neoliberalism", In: Patricia Commun, Stefan Kolev, dir., "Wilhelm Röpke (1899–1966). A Liberal Political Economist and Conservative Social Philosopher", Springer Cham, pp41-64

Citation

  • « Si j’en étais capable, je voudrais écrire un hymne, impétueux et captivant [..] à la discorde, à la lutte, à la désunion des esprits. Pourquoi cela devrait-il être un idéal que de penser et agir de la même manière ? [..] Le beau, le parfait n’est pas l’uniformité, n’est pas l’unité mais la variété, le contraste [..]. L’aspiration à l’unité, à l’empire d’un seul, est une vaine chimère, elle est l’aspiration de qui a une idée, de qui poursuit un idéal de vie et voudrait que tous les autres aient la même idée que lui et aspirent au même idéal. Mais celui-ci ne voit pas une chose : que la beauté de son idéal dérive du contraste dans lequel il se trouve avec les autres idéaux [..]. Si tous l’acceptaient, son idéal serait mort. Une idée, un mode de vie que tous acceptent, ne vaut plus rien [..]. L’idée naît du contraste. Si personne ne vous dit que vous avez tort, vous ne savez plus que vous avez raison. Le jour de la victoire de l’idéal de vie unique, la lutte recommencerait, parce qu’il est absurde que les hommes se contentent de rien. » (Memorandum (1942-1943))[4]

Notes et références

  1. Scuola e libertà in Predichi inutili
  2. Lezione di politica sociale
  3. Memorandum
  4. Luigi Einaudi, Memorandum (1942-1943), Venezia, Marsilio, 1994, p.80

Voir aussi

Archives Audio

Articles connexes

Liens externes


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