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Défense

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La Défense fait partie des fonctions généralement confiées exclusivement aux États. Elle vise à assurer, en tous lieux, tous temps et toutes circonstances, l'intégrité du territoire, la protection de la population et la préservation des intérêts nationaux contre tous types de menaces et d'agressions. Elle participe également au respect des alliances, traités et accords internationaux.

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Position libérale

La majorité des libéraux considèrent que la Défense fait partie des fonctions légitimes de l'État. Elle est l'une des rares attributions que lui laissent les minarchistes. C'est une composante des fonctions régaliennes de l'État, une sorte de monopole naturel qu'aurait l’État.

Position libertarienne

Pour les minarchistes, la Défense fait partie des prérogatives de l'État minimal:

«  L’État a le monopole de l’action violente. L’État est essentiellement une institution pour la préservation des relations pacifiques entre les hommes, néanmoins pour préserver la paix il doit être en mesure d’écraser les assauts des briseurs de paix. »
    — Ludwig von Mises, L'Action humaine

Les anarcho-capitalistes dénoncent le « mythe de la sécurité collective », qui remonte à Hobbes, et qui ne voit d'autre solution pour produire la sécurité que dans le monopole étatique de la Défense, qui fournit une « protection » exactement semblable à celle que propose une mafia. Refusant tout rôle à l'État, ils pensent que la défense des individus à grande échelle peut être réalisée sans intervention étatique, par des entreprises privées. La notion de « défense nationale » n'a pas plus de sens que celle d' « éducation nationale » ou de « santé publique » : personne ne peut être forcé de payer pour un service qu'il ne demande pas. Cette illégitimité de la notion de « défense nationale » est encore plus vraie dans une société sans État, puisqu'il s'agirait d'associations de copropriétaires qui loueraient les services de firmes privées. Donc il n'existerait plus de centre de pouvoir susceptible d'être convoité par des ennemis potentiels, et encore moins d'armée unique et monopolistique à soumettre.

L'histoire montre que l'origine de la guerre est toujours l'État, les États vivant entre eux en anomie. L'histoire montre également que les armées les plus puissantes ne remportent pas de victoires définitives (voir les déboires de Napoléon en Espagne et en Russie). La conscription (service militaire obligatoire) de recrues peu motivées engagées dans des guerres sur un théâtre extérieur, la centralisation autoritaire au sein d'armées pléthoriques, les rigidités hiérarchiques, les incohérences politiques, sont autant de facteurs défavorables. Les guérillas de résistance et de harcèlement menées par un adversaire apparemment inférieur mais motivé et bien implanté mènent très souvent à la victoire :

«  Nous avons oublié la maxime fondamentale de la guérilla : la guérilla gagne si elle ne perd pas ; l’armée conventionnelle perd si elle ne gagne pas. »
    — Henry Kissinger, En 1969, à propos de la guerre du Viêt-Nam

Si les personnes ne veulent pas se défendre contre des agressions extérieures, c'est leur propre responsabilité. De même que l'on ne peut pas contraindre légalement quelqu'un à s'assurer, on ne peut pas l'obliger à devenir client d'une compagnie de sécurité.

La défense est avant tout une question d'assurance (on cherche à se prémunir contre le risque d'être attaqué), et les dépenses relatives peuvent être couvertes par les primes d'assurances, les compagnies d'assurances sous-traitant ensuite la sécurité à des entreprises spécialisées. Hans-Hermann Hoppe explique qu'un tel besoin peut tout à fait être pris en charge par les compagnies d'assurances, aux conditions suivantes :

  • que l'assurance se limite à un rôle défensif (la provocation et l'agression rendent caduc le contrat) ;
  • l'assurance doit être individuelle et les primes pourront varier grandement selon les risques, les biens et personnes protégées, etc. (on est plus proche du risque industriel ciblé que de la catastrophe naturelle imprévisible).

L'existence d'agresseurs potentiels du « territoire anarcho-capitaliste » tels que les États environnants ne pose pas selon Hans-Hermann Hoppe de problème majeur : leur agressivité intrinsèque connue conduirait chaque assuré à considérer les fonctionnaires étrangers comme des ennemis potentiels avec lesquels les contacts seraient restreints ou exclus (clause possible des contrats d'assurance). Une invasion commise par un État voisin se heurterait à une population de propriétaires armés et à des compagnies d'assurances efficaces, prêtes à la réplique, et attentives à minimiser les « dégâts collatéraux » (coûteux pour elles):

Aussi improbable que cela puisse être, que se passerait-il si un État attaquait néanmoins et/ou envahissait un territoire libre voisin ? Dans ce cas, l’agresseur ne rencontrerait pas une population désarmée. Ce n’est que dans les territoires étatiques qu’il est caractéristique que la population civile soit désarmée. Partout, les États cherchent à désarmer leurs propres citoyens pour mieux les taxer et les exproprier. En revanche, les assureurs en territoire libre ne voudraient pas désarmer l’assuré. Et puis, ils ne le pourraient pas. Car qui voudrait être protégé par quelqu’un exigeant qu’on lui abandonne préalablement ses moyens ultimes d’autodéfense ? Au contraire, les organismes d’assurance encourageraient la possession d’armes par leurs assurés grâce à des réductions de prix sélectives. (Hans-Hermann Hoppe, Démocratie, le dieu qui a échoué)

Privatisation des armées

Il existe d'ores et déjà des armées privées composées de mercenaires. Elles peuvent travailler pour des États voire comme le voudraient les anarcho-capitalistes pour des groupes de particuliers :

«  La question de la privatisation de la protection militaire peut se faire en réalité au sein de la copropriété. Chaque copropriétaire est tenu de payer les charges afférentes à l'entretien et à la protection des parties communes comme des propriétés elles-mêmes ; même le locataire et le nomade, via des droits de passage, paieront la protection militaire et donc son financement. La protection militaire peut elle-même être offerte par des compagnies d'assurance ou de grandes entreprises spécialisées déjà dans la fourniture de services territoriaux. »
    — Bertrand Lemennicier

Une autre possibilité est une armée de milice impliquant principalement des civils autochtones, comme c'est le cas en Suisse.

Citations

  • « Veux-tu ne pas être soumis, soumets à temps ton voisin, dès que sa faiblesse t'en offre l'occasion. Si tu laisses celle-ci s'envoler, elle passera un jour comme un déserteur dans le camp ennemi et c'est ton adversaire qui te soumettra ; il se peut même que ce ne soit pas la génération coupable de la faute, mais la suivante, qui en fasse l'expiation. Ce principe de Machiavel fournit en tous cas un voile beaucoup plus décent à la rapacité. (...) Au fond, chaque État regarde l'autre comme une horde de brigands qui fondront sur lui dès que l'occasion s'en présentera. » (Arthur Schopenhauer, Parerga - Sur le droit et la politique, §124[1])
  • « L’État n’a aucun droit de contraindre [les citoyens] au financement des forces armées par le biais des impôts. Dans une société sans État, les hommes peuvent, s’ils le souhaitent, former de petites unités comme les communautés villageoises et se défendre seuls ou bien engager des services de sécurité privés. Ils auraient la liberté de décider par eux-mêmes de la façon de dépenser leur argent. » (Hans-Hermann Hoppe, 4 janvier 2014[2])
  • « Il n'existe aucun moyen de se protéger contre les armes nucléaires (la seule protection actuelle résidant dans la menace de la destruction mutuelle assurée) et donc, les hommes de l’État sont en fait incapables de remplir aucune fonction de sécurité internationale aussi longtemps que ces armes existent. » (Murray Rothbard)
  • « Les hommes de l’État sont des tueurs en série, qui prennent nos enfants par la force et la violence et les obligent à aller à leurs guerres absurdes et ahurissantes. D’autant plus absurdes et ahurissantes qu’un an après nous nous réconcilions avec nos ennemis d’hier. » (Serge Schweitzer)

Informations complémentaires

Notes et références

  1. Parerga & Paralipomena Petits écrits philosophiques Tome II « Consacrer sa vie à la vérité. », Coda, p. 372
  2. Entretien avec Hans-Hermann Hoppe dans Wirtschaftswoche, le 4 janvier 2014

Voir aussi

Bibliographie

  • 1998, Herbert Howe, Global Order and Security Privatization, Strategic Forum, n°140, National Defense University, mai
  • 1999, Thomas K. Adams, The New Mercenaries and the Privatization of Conflict, Parameters, Summer
  • 2014, Jakub Wisniewski, "Defense as a Private Good in a Competitive Order", Review of Social and Economic Issues, Vol 1, n°1, pp3–35

Liens externes


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