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Paix

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Du latin pax, la paix désigne habituellement un état de calme ou de tranquillité comme une absence de perturbation ou d'agitation. Elle est universellement considérée comme un idéal.

Au plan collectif, la paix désigne ainsi l'absence de violence ou de guerre entre groupes humains. En ce sens la paix entre les nations est l'aspiration de nombreux hommes et le prétexte de quelques organisations comme la défunte SDN ou l'actuelle ONU. Dans cette acception, certaines idéologies comme le nazisme et le communisme réprouvent la paix, qui amollit les hommes, et au contraire exaltent la guerre.

Au plan individuel, la paix désigne également un état d'esprit personnel, exempt de colère, de crainte, et plus généralement de sentiments négatifs. Elle est donc souhaitée pour soi-même et éventuellement pour les autres, au point de devenir une salutation (Que la paix soit avec toi) ou un but de vie.

L'articulation entre la paix et son opposé (guerre, violence, conflit, colère, etc.) est une des clefs de nombreuses doctrines, religieuses ou politiques, clef fondamentale bien que généralement non explicite. Savoir quel est l'état naturel ou originel de l'Homme (paisible ou violent), et comment il passe de l'un à l'autre, conditionne en effet :

  • le statut de l'individu, (fauve à dompter ? esclave à libérer ?), tout particulièrement dans son jeune âge (idéal à retrouver ? ou animal à surveiller ?), mais aussi en tant que majeur (prédateur égoiste, que la société et l'État doivent surveiller ? ou paisible responsable, qui n'appellera à la force publique que pour se défendre d'abus ?)
  • la formation des enfants (part respective de l'éducation et de l'enseignement, durée, etc.).
  • les moyens admissibles (force aussi brute que le violent rebelle, ou douceur libérale ?)
  • la valeur de la civilisation (corruptrice du bon sauvage ou apaisante du barbare ?)
  • le statut et la place des organisations (État, entreprises, syndicats, etc.) : nuisibles à détruire, moindres maux nécessaires, ou bien piliers du système ?
  • la place absolue et relatives des activités matérielles et spirituelles (dans quelles mesures sont-elles, pour le maintien ou l'acquisition de la paix, indispensables, utiles, inutiles, ou nuisibles ?)
  • etc.

Dans le Yi-king, l'hexagramme opposé à celui de la paix est celui de la stagnation. Symboliquement, cela indique que la paix n'est pas un absolu, mais une recherche permanente. Et que le conflit n'est pas l'opposé de la paix. Il convient dans une démarche de paix de transformer le conflit, non pas de le supprimer. Les démarches non-violentes incarnent cette démarche de transformation pacifique du conflit.

Point de vue libéral

Ces trois mille dernières années, l'État (sous diverses formes) a été le facteur principal d'absence de paix entre les hommes. La guerre est une activité très appréciable car elle permet d'étendre les pouvoirs de l'État, de favoriser la corruption des politiciens et des fonctionnaires, de limiter les libertés individuelles, d'augmenter le nombre de fonctionnaires et de faire exploser le budget.

Paix perpétuelle

Emmanuel Kant publie en 1795 son essai philosophique "Vers la paix perpétuelle" (Zum ewigen Frieden. Ein philosophischer Entwurf) dans lequel il formule un certain nombre de principes destinés à créer les conditions d’une « paix perpétuelle ». Il indique six mesures, « conditions préliminaires à toute paix perpétuelle », postulats juridiques d'un droit universel, qui devraient être adoptées au plus vite :

  1. Aucun traité de paix ne doit valoir comme tel, si on l'a conclu en se réservant tacitement matière à guerre future (un traité n'est pas un armistice, il doit être signé avec de bonnes intentions)
  2. Nul État indépendant ne pourra être acquis par un autre État, par échange, héritage, achat ou donation (fin de la monarchie de droit divin, un pays n'est pas une marchandise, les guerres de conquête sont immorales)
  3. Les armées permanentes doivent être supprimées avec le temps (une nation armée est une menace permanente, une armée ne doit avoir qu'une vocation défensive)
  4. On ne doit point contracter de dettes publiques en vue des conflits extérieurs de l'État
  5. Aucun État ne doit s'immiscer de force dans la constitution et le gouvernement d'un autre État (pas de droit d'ingérence ni de colonialisme)
  6. Aucun État, en guerre avec un autre, ne doit se permettre des hostilités de nature à rendre impossible la confiance réciproque lors de la paix future (pas de propagande belliqueuse, de guerre secrète, d'espionnage, de "guerre froide", etc.).

La seconde partie (les « articles définitifs ») comprend quant à elle trois principes destinés à établir une paix définitive :

  1. Dans tout État, la constitution civile doit être républicaine.
  2. Le droit des gens doit être fondé sur un fédéralisme d'États libres.
  3. Le droit cosmopolitique doit se restreindre aux conditions de l'hospitalité universelle (Kant entend par là la liberté de circulation des personnes).

On voit que Kant ne mentionne pas la démocratie, il parle d'États républicains, définis comme ayant des gouvernements représentatifs ainsi qu'une séparation des pouvoirs et qu'il voit comme une des formes de gouvernements les plus pacifiques.

Le retentissement de l'ouvrage de Kant fut immédiat et considérable dans toute l'Europe. Il influença notamment la politique étrangère d'Alexandre Ier dont l'éducation avait été marquée par les idées libérales et qui s'efforcera de transformer la politique européenne en proposant de créer une ligue de « tous les États qui désireront réellement rester en paix ». Kant crée également le concept de « Société des Nations », qui sera repris à l'issue de la Première Guerre mondiale pour former l'organisation internationale du même nom, introduite en 1919 par le traité de Versailles.

Bibliographie

  • 1997, John R. Oneal, Bruce Russett, "The Classical Liberals Were Right: Democracy, Interdependence, and Conflict, 1950–1985", International Studies Quarterly, Vol 40, n°2, pp267–294
  • 1999, John R. Oneal, Bruce Russett, "The Kantian Peace: The Pacific Benefits of Democracy, Interdependence, and International Organizations, 1885–1992", World Politics, Vol 52, n°1, pp1–37
  • 2001, John R. Oneal, Bruce Russett, "Triangulating Peace: Democracy, Interdependence, and International Organizations", New York: W.W. Norton
  • 2003,
    • Michael Mousseau, Harvard Hegre, John R. Oneal, "How the Wealth of Nations Conditions the Liberal Peace", European Journal of International Relations, Vol 9, n°2, pp277–314
    • John R. Oneal, "Empirical Support for the Liberal Peace", In: Edward D. Mansfield, Brian M. Pollins, dir., "Economic Interdependence and International Conflict", Ann Arbor: University of Michigan Press, pp189–206
    • John R. Oneal, Bruce Russett, "Assessing the Liberal Peace with Alternative Specifications", In: Gerald Schneider, Katherine Barbieri, Nils Petter Gleditsch, dir., "Globalization and Armed Conflict", Lanham, Md.: Rowman and Littlefield, pp143–163
    • John R. Oneal, Bruce Russett, "Modelling Conflict While Studying Dynamics", In: Gerald Schneider, Katherine Barbieri, Nils Petter Gleditsch, dir., "Globalization and Armed Conflict", Lanham, Md.: Rowman and Littlefield, pp179–188
    • John R. Oneal, Bruce Russett, Michael L. Berbaum, "Causes of Peace: Democracy, Interdependence, and International Organizations, 1885–1992", International Studies Quarterly, Vol 47, n°3, pp371–393

Voir aussi

Citations

  • Le libéralisme est une philosophie de paix et de collaboration internationale. C'est le point de départ de cette doctrine sociale et économique que les intérêts bien conçus de tous les individus et toutes les nations doivent nécessairement s'harmoniser dans une société où règnent la propriété privée et le libre-échange. (Ludwig von Mises, La Crise mondiale, 1938)
  • Si le mensonge peut déclencher des guerres, la vérité peut amener la paix. (Julian Assange)


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