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Leadership rhétorique

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Le leadership rhétorique du leader charismatique a été souligné par la théorie de l'entrepreneur institutionnel et de la théorie discursive de l'institutionnalisation. Le leader rhétorique sait parler haut et fort de telle sorte que ses mots sonnent comme authentiques, crédibles[1] et vrais.

L'usage du leadership rhétorique par les leaders charismatiques

Les chercheurs (S. Levin, J. S. Mio, R. Reese, R. E. Riggio, 2005) ont constaté que les leaders charismatiques utilisent davantage de métaphores dans leurs discours que les leaders non-charismatiques. Les individus qui utilisent davantage d'images dans leur production du langage par rapport à un discours basé sur des concepts, reçoivent des cotes plus élevées de charisme, tandis que les leaders utilisant plus le langage conceptuel reçoivent des cotes plus faibles de charisme. La production d'images par un leadership rhétorique est inspirante quand les adeptes s'orientent vers les objectifs et l'action. Les leaders construisent les objectifs d'une manière vague et distale pour susciter l'idée d'un avenir prometteur et positivement utopique. De plus, le leadership rhétorique dispose de cette facilité de produire des images intégrant des concepts de manière saupoudrée et "cotonneuse" pour fournir des expériences sensorielles positives auprès des suiveurs. Ceci a pour résultat de soutenir le leadership rhétorique de façon plus mémorable dans le temps, assurant aussi la permanence du changement économique et social. Les réactions émotionnelles des suiveurs sont quelquefois fortes, accroissant leur volonté d'embrasser, au sens figuré, la vision du leader charismatique et, ultimement, d'agir dans son élan.

De la rhétorique persuasive à la rhétorique éthique

Aristote a défini la rhétorique comme la faculté de découvrir les moyens possibles de la persuasion. Il affirme que la découverte de toute la gamme des moyens disponibles contribue le plus probablement à défendre ainsi qu'à anticiper à réfuter habilement les arguments alternatifs les moins bien soutenus. Toutefois, lorsque la rhétorique traite des enjeux humains concernant un cours d'actions à prendre ou à éviter, les questions de louange et de blâme, et les questions de responsabilité des actes antérieurs, il est nécessaire d'avoir des rhéteurs éthiques arguant de leur mieux sur les divers aspects d'une question. Compte tenu de ces affrontements inévitables, Aristote exprima dans la capacité d'un public non spécialisé à discerner la meilleure option pour les intérêts communs du groupe. Ainsi, il considéra que la rhétorique et la présence de rhéteurs qualifiés, de tous les côtés des questions probables, sont vitales pour une collaboration portant sur des questions pratiques. Au mieux, une éducation rhétorique résiste activement au dogmatisme et à la coercition par le biais d'une libéralisation de l'esprit. La rhétorique, alors, est l'essence du leadership, en particulier parmi ses pairs lorsqu'on est confronté aux partages des problèmes pratiques et des décisions probables.

Lorsque la rhétorique est utilisée de façon éthique, le rhéteur éthique fonctionne bilatéralement, il ajuste les idées à des gens et des gens aux idées. Il écoute, il accueille, il apprend, il intègre et il répond aux défis des autres. De cette façon, il obtient le soutien partagé des membres du groupe. L'humilité et le flexibilité sont essentiels pour encourager les gens à adopter les arguments ; la rhétorique gagnante n'est jamais celle des opposants criards.

Pour l'auteur Kenneth Burke, la rhétorique est une action symbolique essentielle à tout effort de coopération entre les gens. La rhétorique est "l'utilisation de la langue comme un moyen symbolique de la coopération induisant des êtres qui par nature répondent à des symboles"[2]. Il développe l'idée que le processus "d'identification" dans le leadership rhétorique est plus central que l'action de "persuasion".

Le leadership rhétorique implique l'analyse critique de la situation, de savoir quel est le sens (signification) d'une intervention dans cette situation précise. Il dépend aussi de la préparation pour reconnaître et saisir l'instant précis de l'intervention rhétorique. Les leaders rhétoriques doivent donc cultiver et pratiquer les habiletés essentielles pour saisir, traiter, imaginer des alternatives, et pour adresser des symboles dépendant des opportunités sur le lieu de l'intervention rhétorique. Que ce soit dans sa vie civile, religieuse, commerciale, médicale, scolaire ou dans d'autres domaines, le leader rhétorique doit savoir communiquer à tous les niveaux de façon spontanée à n'importe quel moment et n'importe où. Il doit savoir comment traiter un large éventail de situations et échanger avec un grand nombre de personnes (en taille et en homogénéité) en une fraction de seconde, par opportunisme, lorsqu'il n'y a pas suffisamment de temps pour soigneusement scénariser un discours.

Le processus dynamique du leadership rhétorique

Le leader rhétorique est engagé dans un processus d'apprentissage. Bien souvent les gens ne sont pas très précis sur ce qu'ils croient ou pensent. Ils ont des impressions ou des idées plus ou moins favorables ou défavorables sur tel ou tel sujet ; ils ont des opinions plus ou moins déterminées ; ils condamnent plus ou moins avec fermeté la position intellectuelle de quelqu'un d'autre ; ils lancent des hypothèses de façon plus ou moins aléatoires. Leur argumentation est encore floue lorsqu'ils doivent traiter d'un problème nouveau en communauté. C'est peu à peu dans l'échange verbal qu'ils arrivent à démêler leurs idées. C'est une fois arrivés au point de défendre leur position propre avec une autre personne qu'ils utilisent la rhétorique.

Le leadership rhétorique implique un processus de définition de la réalité de telle façon qu'elle apparaisse comme sensée par les suiveurs. C'est l'acte de verbaliser et de défendre ses points de vue qui transforme le débatteur en rhéteur ; il ne soulève plus des opinions mais il avance des arguments ; il donne forme aux idées ; il précise la définition à un concept, il permet aux autres d'identifier ses arguments et de les reconnaître comme s'il s'agissait, pour ses interlocuteurs, de les accepter comme étant le produit de leurs propres expériences. En bref, le leader rhétorique n'apprend à connaître ses propres idées que lorsqu'il est amené à les expliquer à d'autres. Bien sûr, dans ce processus rhétorique, il arrive très souvent que le leader en vienne à modifier son propre esprit alors qu'il est en train d'encourager son public à transformer le sien. Les participants génèrent, soutiennent, testent et révisent conjointement leurs perspectives sur des options communes.

Entre le point de vue initial et le point de vue final, il existe souvent des différences dans l'argumentation du leader rhétorique. Car l'acte rhétorique exige une recherche de manière approfondie et critique sur sa position argumentative initiale. Cet élément là peut venir troubler son image de leader authentique. Aussi, le leader rhétorique doit également formuler les raisons de son changement et bien souvent en accréditer les bienfaits à son opposition qui l'a fait mûrir dans sa réflexion ; ce leadership appréciatif renforce sa cote de sympathie[3] dans la mesure où sa démarche ne s'écarte pas d'un leadership éthique.

Annexes

Notes et références

  1. Terry Pearce, 1995, "Leading Out Loud: The Authentic Speaker, The Credible Leader", San Francisco: Jossey - Bass
  2. Kenneth Burke, 1950/1969, "A rhetoric of motives", Berkeley: University of California Press, p43
  3. R. L. Cohen, 2010, "When it Pays to be Friendly", The Sociological Review, 58(2), pp197-218

Publications

  • 1990, Roger D. Masters, "Candidate Rhetoric, Political Leadership, and Electoral Success: The Broader Context of 'Pessimistic Rumination'", Psychological Inquiry, Vol 1, n°1, January, pp65-68
  • 1992, Mary Stuckey, "Legitimating leadership: The rhetoric of succession as a genre of presidential discourse", Rhetoric Society Quarterly, Vol 22, n°2, March, pp25-38
  • 1994, Gail T. Fairhurst, Ronald F. Wendt, "Looking for ‘the vision thing’: The rhetoric of leadership in the 1992 presidential election", Communication Quarterly, Vol 42, n°2, March, pp180-195
  • 2005,
    • Franca Roncarolo, "Campaigning and governing: an analysis of berlusconi's rhetorical leadership", Modern Italy, Vol 10, n°1, May, pp75-93
    • Peter A. Verkruyse, "Prophet, Pastor, and Patriarch: The Rhetorical Leadership of Alexander Campbell", Tuscaloosa: University of Alabama Press
  • 2006, Kathryn M. Olson, "Educating rhetorical leaders", In: P. Riley, dir., "Engaging argument", Washington, D.C.: National Communication Association, pp532-538
  • 2007,
    • M. C. Bligh et G. D. Hess, “The power of leading subtly: Alan Greenspan, rhetorical leadership, and monetary policy”, Leadership Quarterly, 18:2, pp87-104
    • Kathryn M. Olson, "Rhetorical leadership and transferable lessons for successful social advocacy in Al Gore’s An Inconvenient Truth", Argumentation and Advocacy, 44, pp90-109
  • 2008, Kathryn M. Olson, "The practical importance of inherency analysis for public advocates: Rhetorical leadership in framing a supportive social climate for education reforms", Journal of Applied Communication Research, Vol 36, n°2, May, pp219-241
  • 2009, Kathryn M. Olson, "Rethinking loci communes and Burkean transcendence: Rhetorical leadership while contesting change in the takeover struggle between AirTran and Midwest Airlines", Journal of Business and Technical Communication, 23, pp28-60
  • 2010,
    • Scott H. Church, "YouTube Politics: YouChoose and Leadership Rhetoric During the 2008 Election", Journal of Information Technology & Politics, Vol 7, n°2-3, May, pp124-142
    • John Kane & Haig Patapan, "The Artless Art: Leadership and the Limits of Democratic Rhetoric", Australian Journal of Political Science, Vol 45, n°3, September, pp371-389
  • 2014, Adam J. Gaffey, "Obama's Change: Republicanism, Remembrance, and Rhetorical Leadership in the 2007 Presidential Announcement Speech", Southern Communication Journal, Vol 79, n°5, October, pp407-426
  • 2016, Kajsa Hammargård, Eva-Karin Olsson, "The rhetoric of the President of the European Commission: charismatic leader or neutral mediator?", Journal of European Public Policy, Vol 23, n°4, April, pp550-570

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