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Karl Marx

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Karl Marx
Économiste

Dates 1818-1883
Marx.jpg
Tendance Antilibéral communiste
Nationalité Allemagne Allemagne
Articles internes Autres articles sur Karl Marx

Citation
Interwikis sur Karl Marx

Karl Marx (5 mai 1818 à Trèves en Rhénanie, alors dépendante du royaume de Prusse (aujourd'hui en Allemagne) - 14 mars 1883) est un philosophe et théoricien, célèbre pour sa critique du capitalisme et sa vision de l'histoire comme résultat de la lutte des classes - opposant les capitalistes et le prolétariat - à l'origine du marxisme[1]. Marx ayant travaillé en étroite collaboration avec son grand ami F. Engels, il ne sera pas question de démêler l'écheveau de leur écot respectif.

Biographie

cf. Biographie complète sur Wikipedia

Pensée

Philosophie

B0.jpg Discussions sur le forum
Marx Et Les Liberaux. (for)

La part philosophique de l'œuvre de K. Marx et F. Engels, réside principalement dans les œuvres de jeunesse (1842-1859), jusqu'au "tournant" économique. Ayant délaissé leurs premiers textes « à la critique rongeuse des rats », le marxisme soviétique penchera en faveur de l'abandon des textes de jeunesses, alors que le marxisme occidental exploitera le côté philosophique de Marx. (cf. marxisme).
Au sein de cette première période, un Marx plutôt humaniste-libéral, plus proche de Kant et Fichte que de Hegel (défense des libertés, critique de la censure), « rencontre » Feuerbach et son matérialisme après la désillusion dans cet État prussien qui ne s'est pas réformé. Abandonnant la dialectique hégélienne entre 1848 et 1858 (pour la redécouvrir par la suite et lui redonner un statut nouveau au sein du système), il consacrera toute sa pensée au développement de ce matérialisme (critique de l'idéalisme) tant au niveau d'une théorie de la connaissance (la praxis, critique de l'idéologie et de la fausse conscience), que d'une anthropologie historique (la lutte des classes diachronique mise à jour par le matérialisme historique), d'une sociologie (l'Homme réel, social), sans abandonner le sous-bassement éthique qui porte, jusqu'au cœur des prétentions de scientificité (contre le « socialisme utopique »), le projet (exploitation et messianisme prolétarien). À la mort, de Marx, Engels continuera cette recherche dans le droit fil du « socialisme scientifique » auquel les deux amis étaient arrivés.

D'un point de vue strictement philosophique, le marxisme est un amalgame étrange. Il semble que Marx soit davantage un polémiste et un théoricien politique qu'un vrai philosophe. Beaucoup de ses idées sont empruntées à ses prédécesseurs :

  • hégélien "de gauche", il garde une partie du système de Hegel : l'idée du mouvement dialectique de l'histoire, celle d'aliénation, celle de l'histoire qui "a un sens", pas celui de Hegel mais celui de l'avènement de la société sans classe ;
  • son matérialisme découle de celui des matérialistes français du XVIIIe siècle et de celui de Feuerbach pour la critique de la religion ;
  • sa critique de l'État et sa théorie de la lutte des classes sont empruntées aux libéraux (Charles Dunoyer, Charles Comte, Augustin Thierry, Adolphe Blanqui...) ;
  • en économie, sa théorie (fausse) de la plus-value est reprise de celle de l'économiste suisse Jean de Sismondi ; sa théorie de la valeur marche sur les traces de Ricardo et d'Adam Smith.

Homme

L'Homme se distingue de l'animal par son activité de production (le travail ; exploitation d'un thème de Hegel). C'est un être social :

« L'essence de l'homme n'est pas une abstraction inhérente à l'individu isolé. Dans sa réalité, elle est l'ensemble des rapports sociaux. »
Thèses sur Feuerbach, VI.

Il n'est en rien le "Robinson" abstrait de l'individu qu'étudie l'économie politique classique (homo œconomicus) ou celui du romantisme anarchiste (Stirner). Or, pris par les forces anonymes du marché, obligés de vendre leur force de travail et mis en concurrence directe avec les machines, ils sont déshumanisés (réification). De plus, ne possédant pas les moyens de productions qui appartiennent aux patrons bourgeois qui les ont embauchés (propriété privée), n'étant qu'un rouage d'une grande machinerie de production, ils perdent, de plus, le produit de leur travail (aliénation), grâce auquel le patron se prend la part du lion (plus-value).
Même si l'homme est le produit de sa société, il peut néanmoins prendre conscience de sa situation en l'objectivant malgré la fausse conscience que crée l'idéologie de la classe bourgeoise (négation), ou encore parce que l'exploitation atteindra un niveau tout à fait inacceptable, puis dépasser cet état, par la praxis révolutionnaire (négation de la négation), et reprendre possession de toutes ses virtualités humaines, dans la société sans classe.

Matérialisme

La pensée de Marx rompt avec l’idéalisme allemand (notamment celui de Hegel, Marx prétendant remettre « la dialectique hégélienne sur ses pieds »). Elle est d'ailleurs matérialiste moins dans le sens physique (ce n'est pas l'atomisme antique de Démocrite et Épicure, mais un matérialisme dérivé de celui de Ludwig Feuerbach, principalement antireligieux, critiqué en son temps par Max Stirner) que dans le sens social. C’est l’être social qui explique la conscience sociale, « l'histoire de toute société jusqu'à nos jours est l'histoire de la lutte des classes ». C'est donc un matérialisme historique (et même historiciste) qui prétend donner le sens de l'Histoire, le seul moteur de cette dernière étant l'évolution des forces productives matérielles. Ainsi les idéologies sont des théories produites par les hommes, déterminées par les rapports qu'il entretient avec le monde et par le contexte social dans lequel il vit ; par exemple, la religion, "opium du peuple", soutient le système capitaliste et justifie les inégalités sociales ; par ailleurs, les idées dominantes sont celles de la classe dominante. Dans l'optique matérialiste marxiste, les idées ne possèdent pas de valeur ni de vérité par elles-mêmes : elles sont conditionnées par les rapports sociaux et les rapports de production (d'où un polylogisme qui sera critiqué par von Mises). Les idées marxistes, qui prennent fait et cause pour le prolétariat, n'échappent pas à ce conditionnement : leur seule différence avec les idées "bourgeoises" serait qu'elles "vont dans le sens de l'Histoire".

Histoire

Elle mène des grands singes (76) au socialisme (planisme)

« Seule une organisation consciente de la production sociale, dans laquelle production et répartition sont planifiées peut élever les hommes au-dessus du reste du monde animal au point de vue social de la même façon que la production en général les a élevés en tant qu'espèce. L'évolution historique rend une telle organisation de jour en jour plus indispensable, mais aussi de jour en jour plus réalisable. D'elle datera une nouvelle époque de l'histoire, dans laquelle les hommes eux-mêmes, et avec eux toutes les branches de leur activité, notamment les sciences de la nature, connaîtront un progrès qui rejettera dans l'ombre la plus profonde tout ce qui l'aura précédé. » (76)

Fin de la lutte des classes = société sans classe = fin de l'Histoire.

Économie

La valeur-travail

Cette idée signifie que la valeur d'échange vient entièrement du travail. Cela implique que le patron ne peut prélever son profit que sur la valeur créée par les travailleurs. Quels que soient les salaires qu'il leur accorde, il les exploite. Il est dans sa nature de patron de les exploiter.

La première formulation de la théorie de la valeur-travail se trouve chez Adam Smith. Incapable de prendre la suite de l'École scolastique et des auteurs qu'il connaissait (Cantillon, Condillac, Ferdinando Galiani), Smith dissocie complètement la valeur d'usage et la valeur d'échange, et cherche un étalon pour mesurer cette dernière. Cet étalon invariable, il croit le trouver dans le travail.

Ricardo, de la même manière, dans son exemple du joaillier laborieux, évoque l'estime des consommateurs : il est payé deux fois plus par heure qu'un travailleur ordinaire pour cette raison. Il se réfère donc aux "valeurs" présentes dans la tête des consommateurs.

Marx reprendra la même idée par sa notion de "travail socialement nécessaire", c'est-à-dire une espèce de moyenne d'heures de travail pour une tâche donnée, moyenne impliquée, à un moment donné dans le temps et dans l'espace, par l'état de la technique, du savoir-faire, des moeurs, des désirs, etc.

Un problème se pose néanmoins : les valeurs des marchandises ne sont pas réglées uniquement par les quantités de travail incorporées, mais aussi par la "longueur du temps qui doit s'écouler avant qu'elles puissent être portées sur le marché", comme dit Ricardo. Ce qui signifie que la valeur d'une pièce de tissu n'a pas la même composition que celle d'un avion supersonique.

Si Ricardo admettait que cette théorie était une approximation, Marx, lui, la transformera en vérité absolue. Il s'est demandé comment des marchandises qui paraissent si diverses, si hétérogènes quant à leur valeur d'usage pouvaient être rendues comparables entre elles. La solution, qu'il trouve chez Smith et Ricardo, c'est que les marchandises sont toutes le produit du travail, toutes du "travail cristallisé". C'est ainsi qu'elles peuvent s'échanger.

La plus-value et l'exploitation du prolétariat

Marx distingue le travail, dont la quantité est mesurée en heures de travail, et d'autre part la force de travail, dont la valeur est donnée par la quantité de travail qui est incluse dans les biens et services que le travailleur consomme. Considérez le travailleur lui-même comme une sorte de machine dans laquelle on enfourne des biens et services, et à la sortie de la machine, cela produit de la force de travail. La force de travail est le résultat d'un processus de production. D'un côté vous mettez du pain, de l'eau, des habits, un logement, bref de quoi satisfaire les besoins élémentaires d'un être humain, et de l'autre vous obtenez une marchandise qui est la force de travail, et cette force de travail, comme toute marchandise, est soumise à la loi de la valeur-travail, c'est-à-dire que sa valeur est égale à la quantité de travail "socialement nécessaire", autrement dit la quantité en moyenne nécessaire pour élever, nourrir, loger le travailleur et satisfaire à ses besoins sexuels et à sa reproduction.

Le patron tire du travailleur une quantité de travail toujours supérieure à la valeur de la force de travail. Cette différence, c'est la plus-value.

Exemple : la force de travail est de 4h par jour, et la journée de travail est de 8h. Les 4h supplémentaires ne sont donc pas payées. Elles constituent la plus-value extorquée aux travailleurs. Elles donnent la mesure de l'exploitation du travailleur.

Si on rapporte la plus-value (pl) à la force de travail (V), on obtient le taux d'exploitation pl/V. Dans cet exemple, le taux d'exploitation est de 100%.

Pourquoi y aurait-il toujours une différence entre la valeur de la force de travail et la quantité de travail effectuée par les travailleurs ? C'est la difficulté de la théorie. Il y a deux manières d'y répondre : par la loi d'airain des salaires, et par la théorie de la coalition des patrons.

La loi d'airain des salaires

Searchtool-80%.png Article détaillé : Loi d'airain des salaires.

La force de travail est considérée comme une marchandise ordinaire. En tant que marchandise, elle obéit aux mêmes lois de l'offre et de la demande. N'importe quelle marchandise ?

Quand le prix d'une marchandise augmente au-dessus, disons, du prix habituel, nous savons que la production de cette marchandise augmente jusqu'à ce que le prix retrouve le niveau habituel, toutes choses égales par ailleurs. Et dans le cas inverse où le prix descend au-dessous du prix minimum, la production diminue jusqu'à ce que le prix retrouve son niveau habituel, toutes choses égales par ailleurs.

Le raisonnement est exactement le même pour la production de la force de travail. Si le prix de cette force de travail augmente au-dessus du salaire de subsistance nécessaire à l'entretien du travailleur, ou plus précisément à l'entretien et à la reproduction du travailleur, la "production" de travailleurs va augmenter ! Cela revient à supposer que les travailleurs se reproduisent en fonction de leur salaire... Le nombre de travailleurs ayant augmenté, l'offre de la force de travailleurs va se trouver supérieure à la demande qu'en font les patrons. L'offre étant supérieure à la demande, le prix de la force de travail va baisser. Et par conséquent, le salaire va être ramené au niveau du salaire de subsistance.

Cette "loi" qui ramène le salaire obligatoirement au niveau du salaire de subsistance, provient de Turgot et de Lassale. L'inspiration de ce dernier provient en droite ligne du Principe de population de Malthus. Reste à savoir ce qu'on entend par minimum vital. Lassale lui-même reconnaît qu'il faut tenir compte des "habitudes nationales", ce qui enlève beaucoup de tranchant à cet airain ! Il ne s'agit plus d'un minimum physiologique, mais d'une sorte de minimum socio-culturel. La "loi" perd donc beaucoup de sa rigueur. Et comment définir un tel minimum ? Il est aussi difficile, pour ne pas dire impossible, de définir un minimum socio-culturel qu'un minimum physiologique. Pour ne rien dire des variations de ces minima d'individu à individu, au sein d'une même société.

Marx a considéré la loi d'airain comme une aberration, et s'est brouillé avec son auteur. Il veut bien du salaire de subsistance, mais il refuse son fondement démographique. L'idée que les travailleurs ne peuvent s'empêcher de proliférer dès que leur salaire augmente lui paraissait comme une insulte à l'égard de la classe ouvrière.

Pour sauver du naufrage la théorie du salaire de subsistance, Marx trouve une parade : celle de la coalition des patrons.

La coalition des patrons

Les capitalistes louent aux prolétaires leur force de travail, et se constituent en cartel pour éliminer entre eux la concurrence sur le marché du travail et maintenir ainsi le salaire au plus bas niveau possible. Et ce plus bas niveau possible ne peut être que le salaire de subsistance. De fait, le salaire ne peut descendre durablement au-dessous de ce niveau, sauf à imaginer que la bourgeoisie pousse la cruauté et la bêtise jusqu'à se priver elle-même de la source de ses profits, la source de la plus-value étant dans le travail des salariés. Et le salaire ne peut monter, non plus, au-dessus du salaire de subsistance, car les patrons feraient alors un cadeau inutile au prolétariat, se privant pour rien d'une part de leurs profits.

La théorie est donc sauvée. Mais au prix d'une faute logique qui sera lourde de conséquence. En effet, a priori, il n'y a aucune raison d'admettre que les patrons pourraient, même s'ils le voulaient, remplacer leur concurrence sur le marché du travail par une coalition. Et à supposer même qu'une telle coalition puisse se former, rien ne prouve qu'elle pourrait être durable. A priori, rien n'empêche d'imaginer une solution inverse où une coalition ouvrière louerait ses machines aux capitalistes et leur servirait un loyer leur permetttant tout juste de survivre et de se reproduire, accaparant pour elle la totalité de la plus-value. Entre ces deux situations extrêmes, rien n'empêche d'envisager une infinité de cas intermédiaires où la plus-value serait partagée entre patron et salariés. Bref, en abandonnant le fondement démo-économique du salaire de subsistance, Marx a tout simplement ruiné sa théorie. Il est tombé de Charybde — l'absurdité du minimum de subsistance — en Scylla — l'absurdité d'un monopole patronal de l'embauche.

Voici la démonstration mathématique de cette faille de raisonnement. Soit V le capital variable, correspondant aux salaires, et C le capital constant, correspondant aux machines, outils, bâtiments, terre, etc.
Soit pl, la plus-value tirée par le patron du travail des salariés.
On définit E, le taux d'exploitation par E = (pl / V) (cf. supra), et P, le taux de profit, par P = pl / (C + V)
La composition « organique » du capital de l'entreprise considérée est définie par l'équation K = (C + V) / V

À l'aide de ces différentes équations, on peut exprimer le taux de profit (P) en fonction de la composition organique du capital (K) et du taux d'exploitation (E) :

  • pl = V x E
  • P = V x E /(C+V)
  • donc P = E/K.

Or, dans les conditions de concurrence parfaite (c'est le cas chez Marx), le taux d'exploitation (E) et le taux de profit (P) sont les mêmes dans toutes les branches de production, quelle que soit la composition organique du capital. Or la dernière équation montre que si la composition organique du capital (K) varie de branche à branche ou d'entreprise à entreprise, le taux d'exploitation (E) étant donné et partout le même, le taux de profit (P) varie de branche à branche ou d'entreprise à entreprise. Ce qui est impossible.

Organisation politique

Une politique omniprésente

L'homme ne peut être scindé en deux privé/public, membre de la société civile/citoyen politique: la politique doit abolir la société civile. (43b).

Un programme provisoire pour les pays les plus avancés:

« 

  1. Expropriation de la propriété foncière et affectation de la rente foncière aux dépenses de l'État.
  2. Impôt fortement progressif.
  3. Abolition de l'héritage.
  4. Confiscation des biens de tous les émigrés et rebelles.
  5. Centralisation du crédit entre les mains de l'État, au moyen d'une banque nationale, dont le capital appartiendra à l'État et qui jouira d'un monopole exclusif.
  6. Centralisation entre les mains de l'État de tous les moyens de transport.
  7. Multiplication des manufactures nationales et des instruments de production; défrichement des terrains incultes et amélioration des terres cultivées, d'après un plan d'ensemble.
  8. Travail obligatoire pour tous; organisation d'armées industrielles, particulièrement pour l'agriculture.
  9. Combinaison du travail agricole et du travail industriel; mesures tendant à faire graduellement disparaître la distinction entre la ville et la campagne.
  10. Éducation publique et gratuite de tous les enfants. Abolition du travail des enfants dans les fabriques tel qu'il est pratiqué aujourd'hui. Combinaison de l'éducation avec la production matérielle, etc. »
        — Manifeste du Parti communisme, II. Prolétaires et communistes (1847)

Ne fusse-t-il qu'un stade transitoire de capitalisme d'État, il paraît loin (deux ans plus tôt), à l'heure des « armées industrielles », le Paradis communiste de l'Idéologie allemande, qui ayant dépassé l'État, donne à l'homme « la possibilité de faire aujourd'hui telle chose, demain telle autre, de chasser le matin, de pêcher l'après-midi, de pratiquer l'élevage le soir, de faire de la critique après le repas, selon mon bon plaisir ». Lénine pouvait-il appliquer une autre politique ? Si bien que les marxistes n'ont pas échappé à la division du travail : si Marx et Engels ont écrit le début, Staline aura écrit la fin, que connaissaient déjà les libéraux, a priori.

Suppression de la propriété privée

«  Il devra tout d'abord enlever l'exercice de l'industrie et de toutes les branches de la production, en général, aux individus isolés, se faisant concurrence les uns aux autres, pour les remettre à la société tout entière — ce qui signifie qu'elles seront gérées pour le compte commun, d'après un plan commun et avec la participation de tous les membres de la société. Il supprimera, par conséquent, la concurrence et lui substituera l'association. Étant donné d'autre part que l'exercice de l'industrie par des individus isolés implique nécessairement l'existence de la propriété privée et que la concurrence n'est pas autre chose que ce mode d'activité de l'industrie où un certain nombre de personnes privées la dirigent, la propriété privée est inséparable de l'exercice de l'industrie par des individus isolés, et de la concurrence. La propriété privée devra donc être également supprimée et remplacée par l'utilisation collective de tous les moyens de production et la répartition de tous les produits d'un commun accord, ce qu'on appelle la communauté des biens. La suppression de la propriété privée est même le résumé le plus bref et le plus caractéristique de cette transformation de toute la société que rend nécessaire le développement de l'industrie. Pour cette raison, elle constitue, à juste titre, la principale revendication des communistes. »
    — Friedrich Engels, Principes du communisme, XIV. Quel doit être ce nouvel ordre social ? (1847)

Fin de la division du travail — société sans classes

«  L'existence des classes est provoquée par la division du travail. Dans la nouvelle société, la division du travail, sous ses formes actuelles, disparaîtra complètement. […] La gestion sociale de la production ne peut être assurée par des hommes qui, comme c'est le cas aujourd'hui, seraient étroitement soumis à une branche particulière de la production, enchaînés à elle, exploités par elle, n'ayant développé qu'une seule de leurs facultés aux dépens des autres et ne connaissant qu'une branche ou même qu'une partie d'une branche de la production. […] L'industrie exercée en commun, et suivant un plan, par l'ensemble de la collectivité suppose des hommes dont les facultés sont développées dans tous les sens et qui sont en état de dominer tout le système de la production. […] L'éducation donnera la possibilité aux jeunes gens de s'assimiler rapidement dans la pratique tout le système de la production, elle les mettra en état de passer successivement de l'une à l'autre des différentes branches de la production selon les besoins de la société ou leurs propres inclinations. […] Ainsi, la société organisée sur la base communiste donnera à ses membres la possibilité d'employer dans tous les sens leurs facultés, elles-mêmes harmonieusement développées. […] De telle sorte que la société communiste, d'une part, est incompatible avec l'existence des classes et, d'autre part, fournit elle-même les moyens de supprimer ces différences de classes.
De ce fait, l'antagonisme entre la ville et la campagne disparaîtra également. L'exercice de l'agriculture et de l'industrie par les mêmes hommes, au lieu d'être le fait de classes différentes, est une condition nécessaire de l'organisation communiste. »
    — F. Engels, Principes du communisme, XX. Quelles sont les conséquences de la propriétés privées ? (1847)

On trouve dans ces affirmations toute l'ambiguïté des thèses marxistes : « selon les besoins de la société » (marxisme autoritaire) ou « leurs propres inclinations » (marxisme démocratique).

Internationalisme

«  Les ouvriers n'ont pas de patrie. […] Déjà les démarcations nationales et les antagonismes entre les peuples disparaissent de plus en plus avec le développement de la bourgeoisie, la liberté du commerce, le marché mondial, l'uniformité de la production industrielle et les conditions d'existence qu'ils entraînent. Le prolétariat au pouvoir les fera disparaître plus encore. Son action commune, dans les pays civilisés tout au moins, est une des premières conditions de son émancipation. Abolissez l'exploitation de l'homme par l'homme, et vous abolirez l'exploitation d'une nation par une autre nation. Du jour où tombe l'antagonisme des classes à l'intérieur de la nation, tombe également l'hostilité des nations entre elles. […] Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! »
    — Manifeste du Parti communiste (1847)

Point de vue libéral

Si les libéraux s'accordent à reconnaître la fausseté des thèses marxistes en économie politique et de l'analyse marxiste du capitalisme, certains libertariens affirment que la philosophie marxiste de l’histoire demeure un outil d’analyse irremplaçable pour faire prendre conscience aux gens de l’exploitation qu’ils subissent dans nos démocraties sociales contemporaines (Christian Michel), la classe dominante dans cette analyse "marxiste-libérale" étant celle des politiciens et des agents de l'État, qui ne subsiste que par la prédation.

Hans-Hermann Hoppe remarque que le marxisme (comme le libertarianisme) interprète à juste titre l'État comme exploiteur (contrairement, par exemple, à l'école du choix public, qui a tendance à le donner pour une entreprise comme les autres), et a bien compris certains principes fondamentaux de son fonctionnement.

La théorie marxiste de l'aliénation et de la lutte des classes peut très bien être employée par les libéraux pour montrer comment l'État exploite et oppresse ses sujets. Un libertarien peut très bien faire sienne l'affirmation suivante (citée par Christian Michel) :

«  L’État n’a pas existé de toute éternité. Il y a eu des sociétés qui s’en sont fort bien passé, qui n’ont jamais eu la notion de l’État ou du pouvoir d’État… La société qui réorganisera la production sur la base de l’association libre et égale des producteurs reléguera tout l’appareil d’État à la place qui est la sienne — au musée des antiquités, à côté du rouet et de la hache de bronze. »
    — Friedrich Engels, Origine de la propriété, de la famille et de l’Etat

Citations sur Marx

  • «  La critique faite par Marx du mode de production capitaliste est entièrement fausse. Même les marxistes les plus orthodoxes n'ont pas le front de soutenir sérieusement sa thèse essentielle, à savoir que le capitalisme aboutit à l'appauvrissement continuel des salariés. Mais si, pour la clarté de la discussion, l'on admet toutes les absurdités de l'analyse marxiste sur le capitalisme, rien n'est pour autant gagné quant à la démonstration de ces deux thèses, que le socialisme soit voué à s'instaurer, et qu'il soit non seulement un meilleur système que le capitalisme, mais encore le plus parfait des systèmes, dont la réalisation finale apportera à l'homme la félicité perpétuelle dans son existence terrestre. Tous les syllogismes compliqués des pesants volumes publiés par Marx, Engels et des centaines d'auteurs marxistes, ne peuvent masquer le fait que la seule et unique source de la prophétie de Marx soit une prétendue inspiration, par laquelle Marx affirme avoir deviné les projets des mystérieuses puissances réglant le cours de l'histoire. Comme Hegel, Marx était un prophète, communiquant au peuple la révélation qu'une voix intérieure lui avait confiée. »
        — Ludwig von Mises, L'Action humaine, chap. XXV

  • «  En tant qu'écrivain scientifique, il est sec, pédant, obscur. Le don de s'exprimer de façon compréhensible lui avait été refusé. Ce n'est que dans ses œuvres politiques qu'il parvient à exercer une action réelle, au moyen d'antithèses frappantes et de sentences qui se gravent facilement dans l'esprit et dont la sonorité dissimule le vide. Dans la polémique, il n'hésite pas à déformer les paroles de l'adversaire. Au lieu de réfutation, il recourt aux injures. »
        — Ludwig von Mises, Le Socialisme — Étude économique et sociologique, IVe partie, chap. VI

  • «  La grande complexité du marxisme peut se résumer en une phrase : on a raison de se révolter. »
        — Mao Zedong

  • «  Tout l'évangile de Karl Marx peut être résumé en une seule phrase : haïssez l'homme qui est plus riche que vous. N'admettez en aucune circonstance que son succès puisse être dû à ses propres efforts, à la contribution productive qu'il a fait en faveur de toute la société. »
        — Henry Hazlitt

  • «  Qui peut honnêtement, sans arrière-pensées, rendre Marx responsable des millions de morts du communisme sous prétexte qu'il avait oublié le facteur humain dans ses calculs ? »
        — Basile de Koch (humour), Histoire universelle de la pensée, 2005

  • «  Il y a une bonne chose avec Marx, c'est qu'il n'était pas keynésien. »
        — Murray Rothbard

  • «  Giuseppe Mazzini (1805-1872), le révolutionnaire italien, rival de Marx dans l'Internationale ouvrière au milieu des années 1860, décrit une fois (en 1866) Marx comme "un esprit destructif dont le coeur est rempli de haine plutôt que d'amour pour l'humanité (...) extraordinairement astucieux, changeant et taciturne. Marx est très jaloux de son autorité comme chef de parti ; contre ses rivaux et adversaires politiques, il est vindicatif et implacable ; il n'a de cesse de les abattre ; sa caractéristique principale est une ambition sans borne et une soif du pouvoir illimitée. Malgré l'égalitarisme communiste qu'il prêche, il est le chef absolu de son parti ; évidemment il se charge de tout, mais il est également le seul à donner des ordres et ne tolère aucune opposition". »
        — Gary North

  • «  L'expropriation violente des possédants, la haine des paysans suspects d'attachement à leur petite propriété, le mépris du peuple, ravalé au rang de lumpenprolétariat, quand il n'est pas la classe ouvrière organisée en parti marxiste, la volonté d'instaurer une dictature du prolétariat (sur qui ? sinon sur le reste des prolétaires et la totalité des paysans...), l'usage de l'État pour activer paradoxalement son propre dépérissement, tout cela fait de Marx l'héritier du jacobinisme de Robespierre et le précurseur de ceux qui ne s'en réclament pas vainement : Lénine et Staline, Mao et Castro, Kim Il-sung et Pol Pot, et tous les régimes dictatoriaux à faucille et marteau. Au XXe siècle, ce communisme-là causera la mort de 100 millions d'hommes. »
        — Michel Onfray, Le miroir aux alouettes, 2016

Bibliographie de Karl Marx (et Friedrich Engels)

(Ouvrages principaux - E: Engels)

Littérature secondaire

  • 1946, Carlo Antoni, "Considerazione su Hegel e Marx" ("Considération sur Hegel et Karl Marx"), Napoli: Riccardo Ricciardi e Associati
  • 1967, David McCord Wright, "The Trouble With Marx", New Rochelle, NY: Arlington House (introduction de Gottfried Haberler)
  • 1977, Raymond Aron, Le Marxisme de Marx. (Cours donné à la Sorbonne en 1962-1963, complété en annexe, pour certaines parties manquantes, par des extraits d'un cours donné au Collège de France en 1977. Une analyse complète et critique de l'œuvre de Marx.)
  • 2017, William H. Shaw, "Karl Marx on History, Capitalism, and . . . Business Ethics?", In: Eugene Heath, Byron Kaldis, dir., "Wealth, commerce, and philosophy: foundational thinkers and business ethics", Chicago : The University of Chicago Press, pp321-340

Voir aussi

Liens externes

En français

En anglais

Notes et références

  1. « Une qualité de l'œuvre de Marx, c'est qu'elle peut être expliquée en cinq minutes, en cinq heures, en cinq ans ou en un demi-siècle. Elle se prête, en effet, à la simplification du résumé en une demi-heure, ce qui permet éventuellement à celui qui ne connaît rien à l'histoire du marxisme d'écouter avec ironie celui qui y a consacré sa vie à l'étudier. » (Raymond Aron). Tentons cinq minutes...


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