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Plus-value

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La notion de plus-value est née dans la théorie marxiste et désigne, dans cette théorie, la différence entre la valeur de la production des travailleurs et leur salaire.

Plus-value : exploitation de l'homme par l'homme ?

Présentation

D'après cette thèse, toute marchandise est payée à son coût de production ; le travail n'échappe pas à cette règle et il est donc payé à son coût de production, c'est-à-dire ici de reproduction: il s'agit du minimum vital assurant seulement la survie du travailleur et lui permettant de se perpétuer dans ses enfants.

Il va alors exister une différence entre la valeur de la production réalisée par les travailleurs et le coût de production des travailleurs (c'est-à-dire le salaire) : cette différence constitue la plus-value, fruit du travail du salarié, et que le capitaliste s'approprie. Ce serait là le mécanisme d'exploitation du prolétariat par la bourgeoisie.

Réfutation

La thèse de la plus-value se heurte à des objections théoriques et pratiques :

  • sur le plan comptable, le profit de l'entrepreneur est de nature résiduelle, il est constitué par ce qui reste disponible une fois tous les engagements contractuels honorés (et dans le pire des cas, ce peut même être une perte nette).
  • sur le plan pratique, la thèse du salaire payé au minimum vital, c'est-à-dire au minimum alimentaire, ne résiste pas à l'analyse de la réalité économique et sociale de notre temps et à l’évidente progression du pouvoir d’achat des salaires en longue période. Les socialistes tels que Jean Jaurès reconnaissent que la théorie marxiste de la paupérisation de la classe ouvrière est factuellement fausse : la classe ouvrière s'enrichit au fil du temps.
  • sur le plan théorique, il est insoutenable d'affirmer que le prix d'une marchandise ne dépend que de son coût de production (théorie de la valeur-travail). Tout prix (y compris le salaire) est le résultat de la rencontre d'une offre et d'une demande et indique les raretés relatives ; le coût de production influence naturellement l'offre mais ne fixe pas le prix (selon l'état du marché et le désir des acheteurs potentiels, certains prix dépassent énormément le coût de production, alors que d'autres le dépassent à peine).

La théorie marxiste de la plus-value est donc une théorie ad hoc, construite dans le seul but de prouver que le salarié est exploité. Aucune autre théorie économique ne s'en prévaut. On ne sait d'ailleurs pas très bien comment l'idéologie marxiste peut considérer le cas d'un travailleur indépendant, qui travaille à son propre compte en facturant ses prestations : par qui est-il exploité ? S'exploite-t-il lui-même ? S'il n'est pas exploité, pourquoi les travailleurs salariés ne deviennent-ils pas tous travailleurs indépendants pour échapper à leur "exploitation"[1] ? La théorie de la plus-value aboutit à la négation de l'échange économique, tout échange étant pour elle source d'exploitation.

La théorie de la plus-value n'est pas marxiste originellement, Marx l'a empruntée à l'économiste suisse Jean de Sismondi (1773-1842), qui parle de "mieux-value" pour désigner l'écart supposé entre la rémunération du travailleur et la valeur de ce qu'il produit.

On peut s'étonner que cette théorie fausse continue encore à passer pour un apport fondamental du marxisme, y compris aux yeux d'intellectuels non marxistes (et non économistes) pourtant très critiques à l'égard d'autres aspects du marxisme, comme la « dictature du prolétariat ». Par exemple, Luc Ferry écrit :

(...) on peut être en désaccord total avec les implications politiques du marxisme tout en reconnaissant le caractère profond et pertinent de nombreux passages de l’œuvre de Marx, à commencer par la « théorie de la plus-value », qui montre à juste titre en quel sens la possibilité même de la lutte des classes se greffe inévitablement sur la logique du profit. (Sagesses d'aujourd'hui, 2016)

La notion de plus-value, au sens courant du terme, est plus vague et contient tous les enrichissements sans cause apparente, sans effort, par exemple l'augmentation de valeur d'un terrain, indépendamment des actions de son propriétaire.

Réfutation mathématique

Cette démonstration est attribuée à Philippe Simonnot.

Soit V le « capital variable » correspondant aux salaires et C le capital constant correspondant aux machines, outils, bâtiments, terre, etc. Soit encore pl, la plus-value tirée par le patron du travail des salariés. On définit E, le taux d'exploitation par l'équation E = pl/V, et P, le taux de profit par l'équation : P = pl/(C + V)/V. La composition « organique » du capital de l'entreprise considérée est définie par l'équation K = (C + V)/V.

A l'aide de ces différentes équations, on peut exprimer le taux de profit (P) en fonction de la composition organique du capital (K) et du taux d'exploitation (E). En effet, pl = V. E ; P = V.E/ (C + V); donc P = E/K.

Or, dans les conditions de concurrence parfaite qui est le cadre de référence de Marx, le taux d'exploitation (E) et le taux de profit (P) sont les mêmes dans toutes les branches de production quelle que soit la composition organique du capital. Or la dernière équation montre que si la composition organique du capital (K) varie de branche à branche ou d'entreprise à entreprise, le taux d'exploitation étant donné et partout le même, le taux de profit (P) varie de branche à branche ou d'entreprise à entreprise. Ce qui est impossible.

Notes et références

  1. La réponse économique à cette question est simple : les travailleurs salariés ont choisi d'être salariés pour bénéficier de la relative sécurité que procure un salaire fixe en comparaison avec les risques d'un travail indépendant, qui ne garantit pas un revenu fixe, quoiqu'il puisse offrir des revenus souvent supérieurs à ceux du simple salarié.

Voir aussi

Citations

  • Comment répondre à l'argument marxiste de la plus-value, selon lequel les capitalistes auraient volé ce qui appartenait de droit aux travailleurs, en conséquence de quoi la propriété actuelle du capital accumulé serait le produit d'une injustice ? Sûrement pas par le libéralisme utilitariste. La seule réfutation authentique de l'argument marxiste en faveur de la révolution est que la propriété des capitalistes n'est pas injuste mais au contraire juste, et que par conséquent sa confiscation par les travailleurs ou par qui que ce soit est en soi injuste et criminelle. (Murray Rothbard, L'Éthique de la liberté)
  • Pour connaître la valeur sociale du marxisme, savoir si la théorie de la plus-value de Marx est erronée ou non importe à peu près tout autant que pour connaître la valeur sociale du christianisme il importe de savoir si et comment le baptême lave le péché originel; c'est-à-dire que cela importe peu ou point. (Vilfredo Pareto, Traité de sociologie)
  • Contrairement à la situation de l'esclave et du maître où le second exploite le premier, la relation entre le travailleur libre et le capitaliste est avantageuse pour les deux parties. Le travailleur entre dans l'accord parce que, étant donnée sa préférence temporelle, il préfère moins de biens tout de suite à davantage plus tard ; et le capitaliste le fait parce que, étant donnée sa préférence temporelle, il a un ordre de préférences inverse, qui place un plus grand volume de biens futurs au-dessus d'un plus petit maintenant. (Hans-Hermann Hoppe, L'analyse de classe marxiste et celle des autrichiens)

Liens externes


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