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Salarié

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Le salarié est le travailleur qui vit d'un salaire versé par un employeur, à la différence du travailleur indépendant, du rentier, du capitaliste, de celui qui exerce une profession libérale, ou de l'entrepreneur (encore que celui-ci puisse être également salarié de sa propre entreprise).

Le salarié est-il dans une situation de dépendance vis à vis de l'employeur ?

On entend souvent les syndicats ou les politiciens expliquer que le salarié étant dans une situation de subordination vis-à- vis de son employeur, il faut nécessairement un arsenal élaboré de lois protectrices (en réalité liberticides) et de dispositifs sociaux très encadrés (salaire minimum, droit de grève, durée légale du travail) pour empêcher par exemple les licenciements ou tout autre « abus » de l'employeur, qui serait en position de force vis-à-vis du salarié.

En fait, le salarié est bien dans une position de subordination vis-à-vis de l'employeur, mais uniquement dans le cadre de son contrat (il n'est ni un esclave ni un serf, mais un homme libre qui loue sa force de travail) : il est tenu d'exécuter les tâches pour lesquelles il est rémunéré, de même que l'employeur est tenu de le payer en contrepartie. Dans cette situation, employé et employeur sont à égalité, leur relation étant fondée sur un échange (travail contre salaire). Le lien de subordination entre le salarié et son patron n’est nullement différent de celui qui existe entre n’importe quel prestataire, n’importe quel commerçant et sa clientèle. Le salarié n'a aucun droit au travail inconditionnel, pas plus que l'employeur ne peut déborder du cadre du contrat de travail. Le niveau de risque est le même : le salarié peut être licencié, l'employeur peut faire faillite ou subir des pertes si le salarié fait mal son travail. L'employeur n'est pas davantage obligé d'embaucher un employé et de le garder indéfiniment que le salarié n'est contraint de rester à vie dans l'entreprise.

Dans la plupart des pays, le droit positif, influencé par les théories marxistes de la plus-value, favorise exagérément le salarié, par exemple en mettant toutes sortes d'obstacles au licenciement (alors que le salarié, lui, peut démissionner sans avoir à se justifier). La social-démocratie transforme ce qui à l'origine est un échange libre en une relation contraignante et paternaliste : il faut protéger le salarié contre le patron. Le résultat de cette protection est visible : c'est le chômage, qui est proportionnel au niveau de règlementation du pays.

Ceux qui objectent que le salarié est dans une position d'infériorité parce qu'il doit gagner sa vie pour pouvoir vivre (comme si ce n'était pas le cas de l'entrepreneur, qui doit réaliser du profit pour assurer la survie de l'entreprise) tentent de réinventer un droit au travail qui ne peut exister que dans un pays totalitaire. Rien n'empêche le salarié de se mettre à son compte ou de devenir travailleur indépendant pour adopter la position de « supériorité » que serait à ses yeux celle de l'entrepreneur. Croire qu'il y a de toute éternité, d'un côté les patrons exploiteurs, et de l'autre les salariés exploités relève d'un manichéisme stupide, digne seulement de la propagande politique ou syndicale la plus démagogique, ou de collectivistes qui rêvent de transformer tout le monde en fonctionnaires avec sécurité de l'emploi.

Les seules situations où l'employeur est en position de force par rapport au salarié sont celles qui découlent de façon illégitime du droit positif, et à travers lui de l'influence politique du patronat, comme ce fut le cas souvent aux XVIIIe et XIXe siècles : loi Le Chapelier en France, interdiction de la grève ou des syndicats, carnet de travail qui suivait l'ouvrier (qui existe encore dans certains pays socialistes comme Cuba), etc.

Le rapport de forces pouvant exister entre salarié et patron dépend surtout de la compétence du salarié et de ce qu'il apporte à l'entreprise. Un salarié très compétent sera recherché sur le marché du travail, il sera donc en mesure d'obtenir des conditions d'emploi favorables auprès de son employeur ; ce ne sera pas le cas pour un salarié plus médiocre qui subira les exigences de son employeur (ainsi, une modification unilatérale de son contrat de travail lui laissera le choix entre acquiescer au changement imposé par l'employeur ou partir avec le risque de ne pas retrouver d'emploi).

Dans la sixième des Soirées de la rue Saint-Lazare Gustave de Molinari répond longuement à l'objection socialiste qu'un ouvrier, pressé par la faim, est obligé d'aliéner une quantité considérable de son travail en échange d'un faible salaire. Molinari explique comment le laissez-faire est bien plus efficace que la contrainte étatique  :

Laissez faire l'industrie privée, elle servira beaucoup mieux les travailleurs que ne pourrait le faire le gouvernement. Donnez pleine liberté de mouvement et d'accord aux ouvriers, et ils sauront bien chercher les endroits où la vente de travail s'opère avec le plus d'avantages ; des intermédiaires actifs et intelligents les seconderont au plus bas prix possible (pourvu toutefois qu'on ne s'avise pas de limiter le nombre de ces intermédiaires et de règlementer leur industrie). L'offre et la demande du travail qui gravitent naturellement l'un vers l'autre, s'équilibreront alors sans obstacles. Laissez faire les travailleurs, laissez passer le travail, voilà toute la solution du problème du travail.

Citations

  • «  Un contrat de travail peut être vu de deux façons très différentes. Vous pouvez le voir comme un contrat de fourniture de service entre égaux, ou bien vous pouvez le voir comme un acte de soumission à un maître. Dans le second cas, la tradition exige d’un maître une responsabilité vis-à-vis de ses serviteurs, comme une sorte de père de substitution pour des employés qui sont des enfants à vie. Il n’y a pas que les communistes qui voient le contrat de travail comme une sorte d’esclavage moderne ; beaucoup d’employeurs aussi, et cet état de fait est donc tout autant de leur faute. Néanmoins, dans un cadre libertarien, il est clair que le premier point de vue est le seul qui puisse être envisagé. »
        — Jabial, De l'importance du principe de non-agression en droit libertarien [lire en ligne]

Voir aussi

Liens externes


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