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Polylogisme

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Le polylogisme est l'affirmation selon laquelle le mode de raisonnement dépend de la personne, de son statut social, de son époque, de sa race, de son sexe, de son origine géographique, etc. Cela devient aussi en pratique une forme de terrorisme intellectuel qui fournit un procédé sophistique pour repousser des arguments rationnels sans même les examiner ou les discuter. Dans une version plus faible, qui relève du relativisme, on prétend que différentes logiques peuvent coexister tout en étant contradictoires entre elles ("c'est peut-être vrai pour vous, mais pas pour moi", ou le doublethink de George Orwell dans 1984).

Exemples :

C'est Ludwig von Mises qui emploie le premier ce terme dans ce sens dans son ouvrage l'Action humaine :

Le marxisme affirme que la pensée d'un homme est déterminée par son appartenance de classe. Chacune des classes sociales a sa logique propre. Le produit de la pensée ne peut être rien d'autre qu'un « déguisement idéologique » des égoïstes intérêts de classe de celui qui pense. C'est la mission d'une « sociologie de la connaissance » que de démasquer les philosophies et les théories scientifiques et de démontrer le vide de leurs « idéologies ». L'économie est un trompe-l'œil « bourgeois », les économistes sont des « parasites » du capital. Seule la société sans classes de l'utopie socialiste substituera la vérité aux mensonges « idéologiques ».
Ce polylogisme fut enseigné plus tard sous diverses autres formes encore. L'historicisme affirme que la structure logique de la pensée de l'homme et de son action est sujette à changement dans le cours de l'évolution historique. Le polylogisme racial assigne à chaque race une logique à elle. Finalement il y a l'irrationalisme, soutenant que la raison en tant que telle n'est pas apte à élucider les forces irrationnelles qui déterminent le comportement de l'homme.

Mises souligne d'ailleurs l'incohérence logique des partisans du polylogisme :

Un partisan conséquent du polylogisme aurait à soutenir que des idées sont correctes parce que leur auteur est membre de la classe, nation, ou race appropriée. Mais la cohérence n'est pas un de leurs points forts. Ainsi, les marxistes sont prêts à décerner le qualificatif de « penseur prolétarien » à quiconque soutient une doctrine qu'ils approuvent. Tous les autres, ils les disqualifient soit comme ennemis de classe, soit comme « social-traîtres ».

Hayek rattache ce type de pensée au totalitarisme, qui impose "la fin de la vérité" (titre du chapitre XI de la Route de la servitude) en contrôlant l'opinion sur tous les sujets, y compris ceux qui n'ont aucun rapport avec la politique (sciences, sport, art) et en redéfinissant le sens de mots comme liberté, justice, loi, droit, égalité, etc.

Modernité du polylogisme

Cette tendance à relativiser un discours rationnel en le ramenant au statut social du locuteur (ce qui compte n'est pas ce qu'il dit, mais "d'où il parle") s'exprime dans le "politiquement correct" ou le prétendu "progressisme" des "social justice warriors". Par exemple (trouvé sur les réseaux sociaux en 2017) : "un hétéro ne décide pas de ce qui est homophobe, un Blanc ne décide pas de ce qui est raciste, un homme ne décide pas de ce qui est sexiste". A l'inverse, il suffit d'être dans le "bon camp" pour avoir le droit de proférer un discours raciste (par exemple anti-Blancs en Europe) ou d'incitation à la violence ("anti-riches" ou "anti-patrons" si l'on est de gauche).

Notes et références

  1. « La science prolétarienne est aujourd'hui la véritable science [...] Les nouveaux et modernes Galilée s'appellent Marx, Engels, Lénine et Staline. » (Jean-Toussaint Desanti, Science bourgeoise et science prolétarienne, ouvrage collectif, Paris, LNC, 1950).

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