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Planisme

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Deux plus deux plus l'enthousiasme des travailleurs = 5 (affiche de propagande soviétique de 1931 visant à dépasser les objectifs du plan quinquennal pour le réaliser en 4 ans au lieu de 5)

Le planisme est théorisé en 1927 par le belge Henri de Man dans Au-delà du marxisme. De Man entend rompre définitivement avec le marxisme internationaliste et collectiviste pour le remplacer par un « régime intermédiaire » dont la fonction est essentiellement de « maîtriser » le capitalisme. Ce projet « planiste » qui exclut la perspective d’une nationalisation des moyens de production devait à l’origine être présenté au Parti social-démocrate allemand par la section de Hambourg. C’est finalement en Belgique que de Man parvient à imposer sa doctrine.

Il s'agit d'une doctrine issue du socialisme révisionniste allemand qui a constitué en France, durant les années 1930, le discours de prédilection des « non-conformistes », notamment des néo-socialistes conduits par Marcel Déat et des polytechniciens du groupe X-Crise. Sous Vichy, les « planistes » s’engageront massivement dans la collaboration[1].

Quand le planisme prend comme prétexte la science ou un certain nombre de pseudo-sciences, on parle de scientisme.

Planification et planisme

Le planisme peut être qualifié de tendance à la planification systématique. Le planisme est essentiellement une démarche constructiviste qui prétend résoudre l'antagonisme entre la réforme et la révolution.

Opposition libérale

Louis Rougier organise à Paris en août 1938 le Colloque Walter Lippmann, réunissant des patrons, des hauts fonctionnaires, des intellectuels et des économistes libéraux. L'objectif est de mettre en place une organisation internationale de libéraux en lutte contre le planisme. C'est ainsi que naît, en mars 1939, le Centre International d’Études pour la Rénovation du Libéralisme, qui, s'il disparaît avec l'entrée en guerre de la France, a pu réunir universitaires, dirigeants d'administration, entrepreneurs et syndicalistes, et a servi de modèle à la Société du Mont-Pèlerin, créée en 1947.

Citations

  • Que chacun s'interroge ici et qu'il dise, en conscience, si l'efficacité de la planification est concevable sans camps de concentration et sans Gestapo. (Jacques Rueff)
  • La vérité est que le choix n'est pas entre un mécanisme mort et un automatisme rigide d'un côté et une planification consciente de l'autre. L'alternative n'est pas entre un plan et l'absence de plan. La question est : planification, mais par qui ? Chaque membre de la société doit-il planifier pour lui-même ou le gouvernement paternaliste doit-il planifier seul pour tout le monde ? Le choix n'est pas automatisme contre action consciente mais action spontanée de chacun contre action unique du gouvernement. Le choix est liberté contre gouvernement omnipotent. (Ludwig von Mises)
  • Les planificateurs à grande échelle échouent parce qu'ils croient en trois choses qui ne sont pas vraies. Premièrement, ils pensent qu'ils connaissent entièrement et exactement la situation actuelle de la communauté pour laquelle ils planifient (ses besoins, ses désirs, ses espoirs, ses capacités, ses ressources). Deuxièmement, ils pensent savoir où la communauté devrait aller, c'est-à-dire de quoi son avenir devrait être fait. Troisièmement, ils s'estiment en mesure de créer l'avenir qu'ils souhaitent. (Bill Bonner, Hormegeddon, 2014)
  • L'étonnante tâche des sciences économiques est de démontrer aux hommes combien en réalité ils en savent peu sur ce qu'ils s'imaginent pouvoir modeler. (Friedrich Hayek)
  • On peut dire sans exagérer que si nous avions dû compter sur le planisme centralisé pour le développement de notre industrie, elle n'aurait jamais atteint le degré de différenciation, de complexité, et de souplesse qu'elle a atteint. Comparée à cette méthode de solution du problème économique par la décentralisation et la coordination automatique, la méthode la plus directe de la direction centralisée est incroyablement grossière, primitive et limitée en portée. Si la division du travail a atteint le degré qui rend la civilisation moderne possible, c'est parce qu'on n'a pas eu besoin de la créer consciemment, et parce que l'homme a rencontré par hasard une méthode qui permet de porter la division du travail beaucoup plus loin qu'on aurait pu le faire de propos délibéré. Tout accroissement de complexité, loin de rendre la direction centrale plus nécessaire, nous oblige au contraire plus que jamais à faire usage d'une technique indépendante de toute contrôle conscient. (Friedrich Hayek, La Route de la servitude)
  • La planification est impossible dans une économie où tous les composants clés sont inconnaissables. (Bill Bonner)
  • C'est une illusion très répandue que de croire que l’État gaspille d'énormes sommes d'argent par son incapacité et sa fainéantise. Pour gaspiller autant d'argent, il faut un énorme effort et une planification élaborée. (P. J. O'Rourke)
  • La politique envahissant l'économie tout entière définit parfaitement le socialisme et le quasi-socialisme (étatisme). Il faut toujours être conscient de ce fait si l'on cherche à comprendre quelque chose aux problèmes de notre temps. Tout ce qui, dans le domaine économique, appartenait à l'économie et au droit privé jusqu'à présent est transformé et transposé dans le domaine politique. Le marché devient une administration, l'achat un acte à formules; le droit privé permute en droit public. Au lieu d'être servi dans un magasin, le client est « desservi » au guichet par les fonctionnaires de l'État; au lieu de la formation des prix, nous aurons des décrets, et les compétitions commerciales se transformeront en lutte pour l'influence et pour le pouvoir dans l'État, en course aux postes de confiance et de gouvernement ; le ravitaillement en matières premières devient un problème de domination politique d'un espace donné, et la propriété n'est plus qu'une notion qui touche à la souveraineté de l'État ; les décisions des chefs d'entreprises se muent en actes d'État, sanctionnés par le code; les transferts de devises, enfin, deviennent des crimes de haute trahison. La population doit dorénavant mettre ses forces productrices à la disposition du groupe qui domine dans l'État et de la manière ordonnée par lui. Quelqu'un peut-il soutenir sérieusement que non seulement le choix et l'élection de ce groupe, mais encore les multiples décisions prises chaque jour, s'inspireront toujours de l'idéal démocratique respectant la liberté individuelle? Est-il besoin de démontrer que la votation publique ne saurait s'étendre à la question de savoir si et dans quelle quantité il faut produire du papier buvard ou des disques de gramophone, etc.? (Wilhelm Ropke, La crise de notre temps)
  • Avec le Plan, on sait où on va. Faute de Plan, c'est l'anarchie. (Charles de Gaulle à Alain Peyreffite, le 23 janvier 1963)
  • La planification consiste à remplacer le hasard par l'erreur. (Robert Nef)

Bibliographie

Voir aussi

Liens externes


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  1. On pensera à une part notable de l'équipe des Nouveaux cahiers, menés par Georges Albertini, Marcel Déat ou des polytechniciens du groupe X-Crise