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Johann Gottlieb Fichte

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Johann Gottlieb Fichte
Philosophe

Dates 1762 - 1814
Johann Gottlieb Fichte
Tendance Libéral classique
Nationalité Allemagne Allemagne
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Citation
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Johann Gottlieb Fichte, né à Rammenau (Saxe) le 19 mai 1762 et mort à Berlin le 27 janvier 1814, est un philosophe libéral allemand. Fichte est un éminent représentant de l'idéalisme allemand, qui tire son origine de l’œuvre d'Emmanuel Kant, ses disciples furent Schelling, puis Hegel qui prit sa succession à l'université de Berlin.

Philosophie et politique de Fichte

Fasciné par la Révolution française, Fichte s'oppose par la suite à la tyrannie napoléonienne (Discours à la nation allemande, 1807). Germaine de Staël propage ses idées dans son livre De l'Allemagne.

Sa pensée se développe autour de thèmes tels que la conscience de soi et l'intersubjectivité. Héritier de la pensée kantienne, menant une « autoréflexion transcendantale » (recherche de conditions a priori de la possibilité de la connaissance d'origine sensible), il place le « moi pur » comme principe de la conscience, condition de possibilité de toute connaissance et fondement des lois de la pensée. Il en vient à examiner le non-moi, limite de la liberté du moi, et objet de l'intersubjectivité à travers le droit, l'art, l'éthique.

Sa conception du droit naturel (Fondement du droit naturel, 1797) découle de la reconnaissance mutuelle de la rationalité et de la conscience d'autrui, qui permet de dégager une sphère de liberté où chacun est libre de la coercition d'autrui. Proche de Rousseau dans sa conception d'une volonté générale, il voit le droit comme le lieu de l'intersubjectivité et peut le définir comme le résultat de la volonté de tous :

« Chaque individu particulier veut conserver pour lui autant qu'il le peut tandis que les autres veulent concéder aussi peu que possible ; mais, précisément parce que cette volonté qui est la leur est en elle-même conflictuelle, l'élément contradictoire se supprime lui-même et ce qui reste comme résultat ultime est que chacun doit avoir ce qui lui revient. Lorsque deux personnes sont conçues comme étant en commerce l'une avec l'autre, on peut toujours supposer que chacune d'elles veut prendre l'avantage sur l'autre. Mais comme aucune des deux ne veut être perdante, cet aspect de leur volonté s'anéantit réciproquement, et leur volonté commune consiste en ce que chacune obtient ce qui est de droit. »
    — Fichte, Fondement du droit naturel

Impliqué en 1799 dans la « querelle de l'athéisme » (Atheismusstreit), il se défend en expliquant que la conception traditionnelle de Dieu n'en fait qu'une « idole impie », en lui faisant « une gloire dont un homme ne voudrait pas ». Pour lui, la religion n'est pas l'adoration d'une idole, d'un être doué de sensibilité et, partant, localisé dans l'espace et dans le temps, c'est la foi en l'ordre moral du monde, auquel la conscience accède par la notion de devoir.

Critiques de Fichte

Fichte professe ce qu'on appelle souvent un « idéalisme subjectif », issu de la philosophie transcendantale kantienne, et aboutit à un système de la liberté pratique du moi, accompli dans le système du droit. Sa philosophie est souvent critiquée pour son hermétisme. Pour Fichte, la conscience ne s'appuie en rien sur le monde réel, elle ne s'appuie que sur elle-même. Par conséquent, le monde phénoménal surgit uniquement de la conscience de soi (ce qui pour certains ressemble à un solipsisme ou à un idéalisme berkeleyien). Arthur Schopenhauer, qui fut élève de Fichte à Berlin, critiqua vertement ce point de vue, qui (comme celui de Schelling plus tard) rejette la distinction kantienne entre chose en soi et phénomène, et fait retour à la « masse pâteuse de l'identité absolue » en éludant les distinctions que Locke et Kant avaient péniblement établies « avec un déploiement incroyable de réflexion et de jugement ». Pour Schopenhauer, Fichte abandonne la philosophie pour la littérature, en ne faisant plus appel qu'à l'intuition intellectuelle, « c'est-à-dire à l'inspiration ».

Certains considèrent que la pensée de Max Stirner, par l'hypostasiation du Moi révolté à laquelle elle procède, découle du monisme subjectif de Fichte, mais Stirner n'a jamais reconnu cette parenté.

On considère aussi que Fichte est un précurseur de la phénoménologie husserlienne du XXe siècle.

Fichte est également une figure importante du nationalisme, avec son Discours à la nation allemande, écrit en 1807 à Berlin sous l'occupation napoléonienne, discours fondateur de l'identité allemande. Il appelle à la création d'un État national allemand, successeur du Saint Empire romain, émancipé de la domination française, pratiquant une politique étrangère indépendante, imposant un service militaire obligatoire, ainsi qu'une éducation nationale. En raison de cette tendance au holisme nationaliste, Isaiah Berlin (Freedom and Its Betrayal: Six Enemies of Human Liberty) classe Fichte parmi les ennemis de la liberté.

Sa conception d'un État organisateur de la société le fait pencher vers le socialisme[1] : son œuvre L’État commercial fermé (Der geschlossene Handelsstaat, 1800) essaie de concilier liberté, droit de propriété et individualisme avec étatisme, protectionnisme (interdiction des échanges commerciaux privés avec d’autres pays), interventionnisme et corporatisme (la société est divisée en différentes corporations avec numerus clausus).

Citations

  • « Crois sans cesse à ton sentiment, quand bien même tu ne peux réfuter les sophistes. »
  • « Quand le pensant et le pensé sont pris comme identiques, et inversement, ce qui est engendré dans une telle pensée, c'est le concept du moi. »
  • « L’État total, est celui qui assigne l’orientation de toutes les forces individuelles vers la finalité de l’espèce. »
  • « Ce système qui consiste à attendre d’un être tout puissant le bonheur, c’est le système de l’idolâtrie, il est aussi vieux que la corruption humaine et le progrès du temps n’a fait que changer sa forme extérieure. »
  • « Ceux qui parlent la même langue forment un tout que la pure nature a lié par avance de mille liens invisibles. »
  • « L'homme ne devient homme que parmi les hommes. »

Notes et références

  1. C'est ce qu'affirme H. Denis dans son Histoire de la pensée économique (PUF, 1966), mais cela est contesté (voir par exemple Sens et statut de la théorie des échanges commerciaux dans le système de Fichte, Isabelle Thomas-Fogiel).

Littérature secondaire

Liens externes


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