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Bonheur

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Le bonheur est un état ​​mental ou émotionnel de bien-être caractérisé par des émotions positives ou agréables, allant du contentement à la joie intense. Une variété d'approches biologiques, psychologiques, religieuses et philosophiques se sont efforcées de définir le bonheur et d'identifier ses sources.

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Définir le bonheur

Les philosophes et les penseurs religieux définissent souvent le bonheur comme "vivre une bonne vie", plutôt que comme une émotion seule. Le bonheur dans ce sens est utilisé pour traduire le grec eudaimonia, et est utilisé dans ce sens en éthique. L'économie du bien-être, branche émergente de l'économie, suggère que des mesures du "bonheur public" devraient être utilisées pour compléter les mesures économiques plus traditionnelles d'évaluation des politiques publiques.

On appelle "eudémonisme" (du grec : εὐδαιμονία, « bonheur ») la doctrine qui pose comme principe que le bonheur est le but de la vie humaine. Aristote souligne l'importance, pour atteindre le bonheur, des biens externes (richesse, santé, beauté...) ainsi que de la vertu (ἀρετή, vertu morale, sagesse pratique et éthique), tandis que le stoïcisme niera l'importance en ce domaine des biens externes, biens que le cynisme, lui, rejettera complètement précisément en vue du bonheur.

La morale kantienne, quant à elle, aura tendance à opposer moralité et bonheur, ce dernier étant un « idéal de l’imagination » (Fondements de la métaphysique des mœurs) : avec la doctrine de l'impératif catégorique, il importe non d'être heureux, mais avant tout d'être moral : il n'y a pas de "morale du bonheur", mais un devoir moral inconditionnel.

La Déclaration d'indépendance des États-Unis, rédigée par Thomas Jefferson en 1776, parle de poursuite du bonheur comme un droit inaliénable de l'être humain.

L'expression parfois employée de "droit au bonheur" est ambigüe : le seul droit que l'on ait est de disposer de soi-même et de sa propriété pour atteindre les buts que l'on vise, autrement il ne s'agit que de faux droits.

Mesurer le bonheur

Les libéraux (excepté les utilitaristes), suivant le principe de la subjectivité de la valeur, refusent l'idée de toute prétention de l’État à savoir mesurer le bonheur des gens ou à intervenir pour faire leur bonheur :

« Le but ultime de l'action de l'homme est toujours la satisfaction d'un sien désir. Il n'y a pas d'étalon de grandeur de la satisfaction autre que les jugements de valeur individuels, lesquels diffèrent selon les individus divers, et pour un même individu d'un moment à l'autre. Ce qui fait qu'un homme se sent plus ou moins insatisfait de son état est établi par lui par référence à son propre vouloir et jugement, en fonction de ses évaluations personnelles et subjectives. Personne n'est en mesure de décréter ce qui rendrait plus heureux l'un de ses congénères. » (Ludwig von Mises, L'Action humaine)

Même si le bonheur semble ainsi quelque chose de complètement subjectif, il repose sur une condition objective, qui est la justice, le respect du droit de chacun :

L'aspiration à la justice est une éternelle aspiration des hommes pour le bonheur. C'est un bonheur que les hommes ne peuvent trouver seuls, comme individus isolés, et donc recherchent dans la société. La justice est le bonheur social. C'est le bonheur garanti par un ordre social. (Hans Kelsen, What Is Justice?)

Dans son livre "Happiness in Nations" (Le bonheur dans les nations), le professeur Ruut Veenhoven analyse les données d'une enquête sur le bonheur auto-déclaré chez des personnes vivant dans plusieurs dizaines de pays différents. Il constate qu'il existe quatre variables fondamentales du bonheur :

Ces paramètres expliquent 77 pour cent de la variation dans le bonheur parmi les différentes nations étudiées. De manière significative, Ruut Veenhoven soutient que les différences de compréhension culturelle du bonheur ne tiennent pas compte des variations du bonheur déclaré. Par exemple, il note que, bien que les Allemands aient une histoire culturelle commune, les Allemands de l'est, avant la réunification, étaient significativement moins heureux que les Allemands de l'ouest. Cela, soutient-il, est largement dû au niveau de vie inférieur en Allemagne de l'Est.

La seule tentative étatique de mesurer le bonheur est représenté par le bonheur national brut (BNB, gross national happiness en anglais) du royaume du Bhoutan, censé remplacer le produit national brut ou le PIB. Cette mesure se réclame des principes bouddhiques, mais elle utilise un ensemble de critères arbitraires et aboutit in fine, en imposant une éthique particulière, à des mesures paternalistes et coercitives (interdiction de la vente de cigarettes, interdiction de la voiture un jour par mois, etc.).

Bibliographie

  • 1992, Ruut Veenhoven, "Happiness in Nations", Rotterdam: Erasmus University
  • 2004, Ada Ferrer-i-Carbonell, Bernard Van Praag, "Happiness Quantified: A Satisfaction Calculus Approach", Oxford: Oxford University Press
  • 2005, Luigino Bruni, Pier Luigi Porta, "Economics and Happiness: Framing the Analysis", Oxford: Oxford University Press
  • 2009, Miguel Pina Cunha, A. Rego, "How individualism–collectivism orientations predict happiness in a collectivistic context", Journal of Happiness Studies, 10 (1), pp19-35

Citations

  • Que l’État se contente d’être juste. Nous nous chargeons d’être heureux. (Benjamin Constant)
  • La meilleure chance de bonheur que le monde ait jamais entrevue a été gâchée parce que la passion de l’égalité a détruit l’espoir de la liberté. (Lord Acton)
  • Le bonheur est la vocation de l'homme. (Henri Lacordaire)
  • Trouver le bonheur est le seul but moral de l’homme, mais il n’y a que sa vertu qui puisse le lui permettre. La vertu n’est pas une fin en soi. Il n’y a pas de récompense propre à la vertu, et la vertu n’est pas non plus la rançon du mal. C’est la vie qui est la récompense de la vertu, et le bonheur est le but de la vie, sa récompense. (Ayn Rand, La Grève)
  • Mon bonheur n'est pas un moyen en vue d'une fin : c'est une fin, c'est son propre but. (Ayn Rand, Hymne)
  • Le bonheur n'est pas le but mais le moyen de la vie. (Paul Claudel)
  • C'est le discours [celui de John Galt] le plus pervers que j'aie jamais entendu ! Il va inciter les gens à exiger d'être heureux. (Ayn Rand, La Grève)
  • Quand j'étais petit, ma mère m'a dit que le bonheur était la clé de la vie. A l'école, quand on m'a demandé d'écrire ce que je voulais être plus tard, j'ai répondu "heureux". Ils m'ont dit que je n'avais pas compris la question, je leur ai répondu qu'ils n'avaient pas compris la vie. (John Lennon)
  • Personne ne peut me contraindre à être heureux d'une certaine manière (celle dont il conçoit le bien-être des autres hommes) mais il est permis à chacun de chercher le bonheur dans la voie qui lui semble, à lui, être la bonne, pourvu qu'il ne nuise pas à la liberté qui peut coexister avec la liberté de chacun selon une loi universelle possible (autrement dit, à ce droit d'autrui). » (Kant)
  • Il est difficile d'être heureux; c'est un combat contre beaucoup d'hommes [...]. Ce que l'on n'a pas assez dit, c'est que c'est un devoir envers les autres d'être heureux [...]. Car le malheur, l'ennui et le désespoir sont l'air que nous respirons tous ; aussi nous devons reconnaissance et couronne d'athlète à ceux qui digèrent les miasmes et purifient la commune vie par leur énergique exemple [...]. Tout homme et toute femme devraient penser à ceci, que le bonheur est l'offrande la plus généreuse. (Alain, Propos sur le bonheur)
  • On ne peut faire le bonheur d'autrui. Par contre, on peut très bien faire son malheur. Voilà pourquoi sans doute on voit de par le monde beaucoup plus de gens malheureux que de gens heureux. (Thomas Szasz)
  • Bonheur : un sentiment agréable qui survient quand on considère la misère des autres. (Ambrose Bierce, Le Dictionnaire du diable) (humour)
  • J'ai décidé d'être heureux, parce que c'est bon pour la santé. (Voltaire)
  • Fais ce qui te rend digne d'être heureux. (Emmanuel Kant)
  • A l’individu, dans la mesure où il cherche son bonheur, il ne faut donner aucun précepte sur le chemin qui mène au bonheur : car le bonheur individuel jaillit selon ses lois propres, inconnues de tous, il ne peut être qu’entravé et arrêté par des préceptes qui viennent du dehors. (Friedrich Nietzsche, Aurore)
  • Qu’est-ce que le bonheur ? — Le sentiment que la puissance grandit — qu’une résistance est surmontée. Non le contentement, mais encore de la puissance, non la paix avant tout, mais la guerre ; non la vertu, mais la valeur (vertu, dans le style de la Renaissance, virtù, vertu dépourvue de moraline). (Friedrich Nietzsche, L’Antéchrist, II)
  • Le sage poursuit l'absence de douleur et non le plaisir. La vérité de cette sentence repose sur ce que tout plaisir et tout bonheur sont de nature négative, la douleur par contre de nature positive. (...) Toute satisfaction, ce qu'on appelle vulgairement le bonheur, est en réalité d'essence toujours négative, et nullement positive. Ce n'est pas une félicité spontanée et nous arrivant d'elle-même ; elle doit toujours être la satisfaction d'un désir. Car désirer, c'est-à-dire avoir besoin d'une chose, est la condition préalable de toute jouissance. Mais avec la satisfaction cesse le désir, et par suite la jouissance. La satisfaction, ou le bonheur, ne peuvent donc jamais être quelque chose de plus que la suppression d'une douleur, d'un besoin. (Arthur Schopenhauer)
  • Le vrai révolutionnaire, c'est l'homme heureux. (Krishnamurti)
  • Depuis la Révolution, on cherche à faire le bonheur du Peuple, et pour faire le Peuple heureux, grand, etc., on nous rend malheureux ! Le bonheur du Peuple est — mon malheur. (Max Stirner)
  • Ce qui m’intéresse, ce n’est pas le bonheur de tous les hommes, c’est celui de chacun. (Boris Vian)
  • D'une main de fer, nous conduirons l'humanité vers le bonheur. (slogan gravé à l'entrée du goulag des Iles Solovetsky)
  • Être heureux ne signifie pas que tout est parfait. Cela signifie que vous avez décidé de regarder au-delà des imperfections. (Aristote)
  • Un homme est heureux tant qu’il décide de l’être, et nul ne peut l’en empêcher. (Alexandre Soljenitsyne)
  • Le succès n'est pas la clé du bonheur. Le bonheur est la clé du succès. Si vous aimez ce que vous faites, vous réussirez. (Albert Schweitzer)
  • Le bonheur ne consiste point à acquérir et à jouir, mais à ne pas désirer. Car il consiste à être libre. (Epictète)
  • Quand un homme dit « je suis heureux », il veut dire bonnement « j’ai des ennuis qui ne m’atteignent pas. » (Jules Renard)
  • Le bonheur n'est jamais immobile ; le bonheur c'est le répit dans l'inquiétude. (André Maurois)
  • "Nous avons inventé le bonheur" disent les derniers hommes, et ils clignent de l'œil. Ils ont abandonné les contrées où la vie était dure, car on a besoin de chaleur: Tomber malade et être méfiant passe chez eux pour un péché : on s'avance avec précaution. Bien fou celui qui trébuche encore sur les pierres ou sur les hommes ! Un peu de poison de-ci de-là, cela procure des rêves agréables. Et beaucoup de poison en dernier lieu pour mourir agréablement. On travaille encore, car le travail est une distraction. Mais on a soin que la distraction ne fatigue pas. On ne devient plus ni pauvre ni riche, c'est trop pénible. Qui voudrait encore gouverner ? Qui voudrait obéir ? C'est trop pénible. Point de berger et un seul troupeau. Chacun veut la même chose, tous sont égaux : quiconque est d'un autre sentiment va de son plein gré dans la maison des fous. (Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra)
  • Il n'y a qu'une erreur innée : c'est l'idée que nous existons pour être heureux. (Arthur Schopenhauer)
  • Si vous voulez être heureux, soyez-le ! (Alexis Konstantinovitch Tolstoï)
  • Si l’on demande aux gens ce qu’ils considèrent important dans leur vie, ils répondront l’amour, une vie de famille comblée, une vocation réalisée, la santé... Rien de ce que la politique peut leur apporter. Les hommes de l’Etat ne peuvent pas faire notre bonheur. Ils ne peuvent même plus dans le monde d’aujourd’hui galvaniser nos énergies au travers d’une épopée civilisatrice. Ils n’ont d’autre fonction que la légalisation du vol. Tout l’appareil de propagande de l’Etat démocratique doit donc convaincre les électeurs que l’argent est la seule valeur désirable, puisque c’est la seule qu’il peut dispenser. On comprend l’envie et la haine dont ceux qui possèdent de l’argent sont l’objet de la part de ceux qui en sont dépourvus. (Christian Michel)
  • Le bonheur n'est pas chose aisée, il est très difficile de le trouver en nous, et impossible de le trouver ailleurs. (Nicolas de Chamfort)

Voir aussi

Liens externes


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