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Esclavage

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L'esclavage ou phénomène esclavagiste désigne la condition ou statut des personnes, appelées esclaves, qui sont à la fois juridiquement sans personnalité et privées de droit, soit traités comme une forme de propriété d'une autre personne, désignée maître. L'esclavage est un cas particulier de servitude, disons même un cas extrême. La condition esclavagiste est par définition anti-libérale.

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Définition de l'esclavage

Étymologie du mot

Le mot esclave vient du latin médiéval sclavus et slavus, du grec doulos (δοῦλος), de l’allemand slave. Désigne des captifs, prisonniers de guerre ou tout simplement des personnes privées de liberté.

Le latin classique utilisait le terme de servus, dérivant en français : serf, servage ou servitude.

Autres approches

La définition de l'esclavage peut également être approchée selon la logique de la liberté. Si l'homme libre est ordonné pour lui-même, l'esclave est soumis comme bien personnel à un autre pour le bien de ce dernier. Ainsi, un domestique ou un ouvrier soumis à un maitre ou des chefs sont considérés comme des esclaves, et donc comme une forme d'esclavage.

Construction et théories sur l'esclavage

Introduction

L'origine de l'esclavage découle directement de la loi du plus fort : dans les sociétés antiques, une population vaincue pouvait soit être massacrée, soit être épargnée et réduite en esclavage - solution plus profitable, d'où le succès durable de l'esclavage, qui ne sera aboli qu'au XIXe siècle en Europe et en Amérique (au XXe siècle dans certains pays arabes). L'esclavage subsiste encore de nos jours dans certaines régions du monde (Mauritanie, État islamique).

Un esclave pouvait être acheté, vendu ou loué comme un objet. On pouvait être réduit en esclavage pour dettes. En cas de nécessité, on pouvait se vendre soi-même comme esclave. On pouvait même se jouer soi-même à un jeu de hasard[1].

Vente d'esclaves à Charleston en 1856

Les esclaves sont tenus d'obéir aux ordres de leur maître, privé ou public, depuis leur naissance (ou capture, ou passage à l'état d'esclave) jusqu'à leur mort (ou parfois leur libération, ou affranchissement). La relation entre le maître et l'esclave peut varier en fonction des droits qui sont reconnus aux maîtres sur la vie même ou l'intégrité physique de l'esclave. Le servage médiéval lié à la féodalité n'est pas un esclavage, le serf n'étant pas la propriété du seigneur.

Les temps Anciens

Les Anciens ont assurément justifié l'esclavage alors qu'il a été aujourd'hui pratiquement éradiqué dans le champ intellectuel. La théorie d'un Aristote sur l'esclavage ou du stoïcisme et de l'épicurisme, auteur et courants parfois identifiés comme affirmant la primauté de l’individu, qui justifie l'esclavage par nature, ne correspondent pas à la perspective moderne.

Les temps Modernes

En Occident, l'esclavage a perduré jusqu'au XIXe siècle mais uniquement dans les colonies. Loin d'être une anomalie juridique, il est supporté par le droit positif puisqu'il fait l'objet de divers codes. Ainsi est promulgué par Louis XIV en 1685, et rédigé par Colbert, le Code noir, ensemble de textes juridiques réglant la vie des esclaves noirs dans les îles françaises, qui ne sera définitivement aboli qu'en 1848.

Des auteurs comme John Locke, Hugo Grotius et Samuel von Pufendorf refusant le point de vue aristotélicien (voir ci-dessus) posent la question de la justification du droit à l'esclavage sur des prisonniers de guerre ou des criminels. Toutefois, des auteurs libéraux comme Montesquieu ou Kant récusent la plupart de ces considérations et ceux des Anciens qui seront vite effacés du champ intellectuel par la suite.

On trouve au XIXe siècle des auteurs conservateurs qui justifient l'esclavage en le rapprochant du salariat :

Si esclave signifie essentiellement serviteur engagé à vie, ou par contrat à longue durée non aisément dissoluble, je pose la question : est-ce que, parmi toutes les affaires humaines, un contrat à longue durée n'est pas précisément le type de contrat que l'on recherche, une fois qu'on a trouvé les bonnes clauses ? Être un serviteur engagé à vie, si les bonnes clauses ont été spécifiées (ce que je ne prétends pas), me semble bien préférable à être un serviteur engagé pour un mois, ou engagé par un contrat qui peut être dénoncé au jour le jour. (Thomas Carlyle, Occasional Discourse on the Negro Question, 1849)

Commentaires

Position libérale et libertarienne

Les libéraux ont toujours été opposés à l'esclavage, négation de la liberté individuelle, et historiquement ont lutté pour son abolition. Cette exclusion directe de l'esclavage dans la doctrine libérale peut soulever la question de l'opposition des Anciens et des Modernes (voir ci-dessus). Toutefois, le droit romain, surtout le droit privé (propriété privée, individualisme, et source future de l'humanisme...), affirme que les individus naissent libres selon le droit naturel.

Les libertariens sont, comme les libéraux, opposés à l'esclavage, car non conforme au droit naturel ou à la « propriété de soi-même », ainsi que le déclaraient les abolitionnistes américains :

« Le Droit de jouir de la liberté est inaliénable [...] Chaque homme a un Droit sur son propre corps, sur le produit de son travail, et d’être protégé par la loi [...] toutes ces lois en vigueur qui consacrent l’esclavage sont donc, devant Dieu, totalement nulles et sans effet [...] et par conséquent [...] il faut les abroger sur-le-champ »
    — William Lloyd Garrison, 1833, cité par Murray Rothbard dans L'Éthique de la liberté

Lysander Spooner, par exemple, fut un cas emblématique de lutte contre l'esclavage : Dans The Unconstitutionality of Slavery (1845), il affirme que les esclaves ont le droit de s'armer, et d'utiliser leurs armes pour la défense de leur vie et de la liberté. Dans A Defense for Fugitive Slaves, Against the Acts of Congress of february 12, 1873 and september 18, 1850 (1850), il s'élève contre les lois interdisant d'aider les esclaves fugitifs ; il affirme qu'une telle aide est au contraire, et moralement et légalement, totalement juste et méritoire. Enfin, dans A plan for the Abolition of Slavery et To the Non-Slavesholders of the South (1858), Spooner prône l'envoi d'armes aux esclaves du Sud pour qu'ils luttent contre leurs maîtres.

Par extension, les libertariens désignent souvent par « esclavagisme » toute tendance consistant à imposer par la force ses propres vues politiques, religieuses ou morales, ou consistant à prélever sur les individus des impôts, taxes ou autres cotisations « sociales » sans leur consentement, pour soutenir la fiction des faux droits. Murray Rothbard parle spécifiquement de la conscription comme d'un esclavage imposé par l'État : en effet, outre qu'il accapare leur temps et leur travail, l'État s'arroge un droit de vie ou de mort sur ses sujets. De même, pour Rothbard, le mariage forcé relève de l'esclavage.

En revanche, toute condition librement consentie ne peut être appelée esclavage (ainsi du salariat, abusivement considéré comme un esclavage par les marxistes). Ou alors il faudrait considérer comme un « esclavage » tout ce que la nature nous impose, comme de devoir travailler pour vivre. L'esclavage est une condition imposée par une autre personne en violation des droits individuels, et non pas une condition consentie, ni une condition imposée par la nature extérieure ou par notre propre nature d'être humain.

Selon le philosophe Robert Nozick, la démocratie, qui institutionnalise la propriété collective, n'est qu'une forme de l'esclavage. Même si le maître change, le statut des citoyens-esclaves demeure le même : ils sont esclaves de la majorité. L'État démocratique viole les droits individuels parce qu'il impose aux citoyens un statut d'esclaves de la collectivité, c'est-à-dire de l'État. En outre, l'État démocratique souverain nie le droit de sécession, c'est-à-dire le droit d'un individu de demeurer sur sa propriété et de vivre en marge des décisions de la démocratie.

L'esclavage volontaire est-il libéral ?

Curieusement, certains auteurs ont défendu la thèse selon laquelle l'esclavage volontaire était conforme au Droit naturel. Notons qu'une telle situation n'a rien de fictif, l'esclavage volontaire existait dans l'Antiquité, par exemple pour se libérer d'une dette. C'est le cas notamment de Hugo Grotius qui défend que lors d'une guerre, le vainqueur a le droit de réduire en esclavage le vaincu, ou plus récemment, du libertarien minarchiste Robert Nozick. Ce point de vue est minoritaire chez les libéraux. Ainsi, John Locke précise :

« N'ayant aucun pouvoir sur sa propre vie, un homme ne peut par pacte ou consentement se rendre esclave de quelqu'un d'autre. »

De même, dans son article de l'Encyclopédie consacré à l'esclavage, le chevalier de Jaucourt (surnommé, ô ironie, « l'esclave de l'Encyclopédie » en raison du nombre impressionnant des articles qu'il y signa) écrit cette phrase définitive :

Non seulement on ne peut avoir de droit de propriété proprement dit sur les personnes ; mais il répugne à la raison qu'un homme qui n'a point de pouvoir sur sa vie puisse donner à un autre, ni de son propre consentement ni par aucune convention, le droit qu'il n'a pas lui-même. Il n'est donc pas vrai qu'un homme libre puisse se vendre.

Pareillement, dans sa version thermidorienne (1795), la Déclaration des Droits de l'Homme et du citoyen énonce :

« Tout homme peut engager son temps et ses services ; mais il ne peut se vendre ni être vendu ; sa personne ne peut pas être une propriété aliénable. »

Pour Murray Rothbard, l'esclavage volontaire est impossible en raison de l'inaliénabilité de la volonté humaine :

« Un homme peut aliéner les services de son travail, mais il ne peut pas vendre la valeur future actualisée de l’ensemble de ses services à venir. Autrement dit, la nature étant ce qu’elle est, il ne peut pas se vendre en esclavage et faire exécuter cette vente, car cela voudrait dire qu’il abandonne à l’avance le contrôle même de sa volonté sur sa propre personne.
« L’homme peut naturellement faire profiter quelqu’un d’autre de son travail actuel mais il ne peut pas, même s’il le voulait, se transformer sans retour en un bien de capital appartenant à quelqu’un d’autre. Car il ne peut pas par lui-même se débarrasser de sa propre volonté, qui pourrait bien changer d’idée dans l’avenir et désavouer son choix actuel. Le concept d'esclavage volontaire est bien, en effet, antinomique : le travailleur qui est complètement mais volontairement soumis à la volonté de son maître n’est pas encore un esclave puisque sa soumission est consentie ; alors que s’il changeait d’avis plus tard et que son maître lui imposât l’esclavage par la force, l’ esclavage ne serait pas volontaire. » (Éthique de la Liberté, chap. 7)

En raison de l'inaliénabilité de la volonté, serait nul tout contrat d'esclavage volontaire, d'obligation perpétuelle ou d'engagement « pour un milliard d'années » tel qu'il peut en exister dans certaines sectes religieuses.

Une autre objection que soulève Rothbard (déjà relevée par Jean-Jacques Rousseau) est que celui qui se vendrait en esclavage pourrait se voir réclamer ensuite le prix de la vente par son maître, au nom du contrat d'esclavage même.

John Stuart Mill, de la même façon, juge « nul et sans valeur » un engagement d'esclavage volontaire : « ce n'est pas la liberté que d'avoir la permission d'aliéner sa liberté ». (De la liberté, chap. V)

En revanche, certains libertariens ne voient aucun problème, ni moral ni juridique, dans l'esclavage volontaire. Ainsi, le libertarien de gauche Peter Vallentyne fait un parallèle avec le suicide[2]:

« Dans les deux cas un agent prend une décision qui a pour effet qu’il cesse d’avoir l’autonomie morale. Dans les deux cas la décision sera normalement une des plus importantes de la vie de l’agent. En supposant qu’il n’existe aucun engagement au contraire, la protection de l'exercice de l’autonomie prend le pas, il me semble, sur la protection de la possession continue de l’autonomie morale. On a le droit de choisir de cesser d’être autonome (en mourant ou en perdant ses droits sur soi-même). De ce point de vue, l’esclavage authentiquement volontaire n’est pas problématique. Il est simplement le cas limite de l’esclavage partiel volontaire qui résulte de promesses ou d’accords que nous passons (en s’engageant dans l’armée, par exemple). »
    — Peter Vallentyne

Walter Block défend la même position, parce qu'elle participe à la cohérence interne du libertarianisme[3] :

« Le contrat, fondé sur la propriété privée, atteint les domaines les plus extrêmes de l'interaction humaine, y compris les contrats d'esclavage volontaire. »

L'esclavage comme punition est-il possible ?

Locke admet l'esclavage comme une conséquence d'une "juste guerre", c'est-à-dire une guerre défensive, comme punition contre quelqu'un qui a menacé votre vie[4] :

« Mais il y a une autre sorte de serviteurs, que nous appelons, d'un nom particulier, esclaves, et qui ayant été faits prisonniers dans une juste guerre, sont, selon le droit de la nature, sujets à la domination absolue et au pouvoir arbitraire de leurs maîtres. Ces gens-là ayant mérité de perdre la vie, à laquelle ils n'ont plus de droit par conséquent, non plus aussi qu'à leur liberté, ni à leurs biens, et se trouvant dans l'état d'esclavage, qui est incompatible avec la jouissance d'aucun bien propre, ils ne sauraient être considérés, en cet état, comme membres de la société civile dont la fin principale est de conserver et maintenir les biens propres. »
    — John Locke, 'Traité du gouvernement civil'

Dans le cadre très restreint qu'évoque Locke, l'esclavage ne saurait concerner que ceux qui, parmi l'ennemi agresseur, ont commis des crimes, alors que l'esclavage antique concernait l'ensemble d'une population vaincue (qu'elle soit à l'origine de l'agression ou non). Il se trouve que les sociétés modernes, malgré leur agressivité intrinsèque et leur bellicisme, n'ont pas admis l'esclavage comme punition contre un état agresseur - pour des raisons politiques (il est plus simple de faire payer le vaincu, voire de le détruire).

Les libertariens admettent qu'une peine puisse être rachetée par le travail ou de l'argent. Un meurtrier pourrait donc, si la victime ou ses ayants droit le souhaitent, être condamné, plutôt qu'à la peine de mort, à des travaux forcés de très longue durée (le terme d'esclavage pour qualifier cet état est inapproprié, car il n'est pas question de pouvoir vendre le criminel, ni de rendre héréditaire son statut)[5] :

«  Si le principe de proportionnalité établit la limite supérieure des peines, comment calcule-t-on cette limite ? Disons d’abord que le châtiment imposé à un criminel doit viser à lui faire payer sa dette, non pas à la société, si tant est que cette expression ait un sens, mais à sa victime. Le premier stade du remboursement de cette dette consiste évidemment dans la restitution, ou réparation du dommage causé. Le cas du vol est le plus facile. Si X a volé 100 000 francs à Y, la première partie de son châtiment sera de lui rendre son argent (plus les dommages et intérêts ainsi que les dépens judiciaires et les frais de police). Qu'arrive-t-il si, comme c’est généralement le cas, le voleur a dépensé l’argent ? La première étape du châtiment libertarien consistera alors à forcer le voleur à travailler et à verser ce qu’il gagne à sa victime jusqu’à ce qu’elle ait été complètement remboursée. Idéalement, donc, le criminel devient esclave de sa victime, cette condition de juste esclavage continuant jusqu’à ce qu’il ait réparé le tort causé »
    — Murray Rothbard, L'Ethique de la Liberté

«  Il y a le cas des agresseurs pauvres, qui n'ont pas de biens à donner pour racheter leurs méfaits, et dont la simple souffrance ne satisferait pas certaines victimes. Les victimes auraient le droit d'asservir l'agresseur, ou de le vendre en esclavage ou à des fins de tests médicaux, pour en tirer le meilleur profit possible. »
    — Stephan Kinsella, Punishment and proportionality: the estoppel approach, Journal of libertarian studies, 1996

Esclavage, libéralisme et capitalisme

C'est le capitalisme, en remplaçant l'Homme par la machine, qui a rendu l'esclavage économiquement obsolète. Si le Parlement de Londres propose l'abolition de l'esclavage en 1807, c'est aussi parce que la structure de l'économie générale a changé, et que l'énergie produite par le charbon alimente les usines, à l'exemple de la production de coton du Lancashire qui abandonne l'énergie par eau pour celle du charbon. À la fin du XXe siècle, l'énergie fossile remplace l'économie naturelle qui reposait essentiellement sur l'eau, le bois et les animaux (charrettes, trait, etc).

Matt Ridley dans Rational Optimist[6], explique en gros que l'Empire romain reposait sur le travail de l'esclave, le Moyen Âge sur le bétail (et les animaux en général), qui sont plus productifs et se plaignent moins, puis vint l'invention de certaines techniques (comme le harnais, qui fait que la place des chevaux dans les animaux de trait passe de 20 % en 1086 à 60 % en 1574). Ensuite les animaux sont remplacés par des machines, qui achèvent de rendre l'esclave économiquement obsolète.

Ce point de vue très schématique doit être nuancé : l'esclavage était encore très rentable au XIXe siècle. Et l'interdiction de l'esclavage au Royaume-Uni ne peut s'expliquer par l'industrialisation : en effet, il n'y avait pas d'esclaves travaillant sur le sol britannique. Les esclaves étaient dans les colonies, et l'industrialisation des plantations est postérieure à l'abolition. Le développement des libertés publiques, l'émergence d'une opinion publique et d'un régime libéral en Angleterre ont davantage contribué à remettre en question l'esclavage que le développement de l'industrialisation qui reste limité avant 1850.

L'esclavage a été un élément central du commerce pendant une grande partie de l'histoire. Les esclaves étaient considérés de façon honteuse comme des marchandises, et leur commerce était pratiqué dans diverses cultures et régions du monde. Jusqu'à une époque relativement récente, la distinction entre le commerce basé sur la négociation et le commerce basé sur la force brute était floue. Les esclaves étaient capturés, achetés et vendus comme des biens, ce qui souligne la complexité morale du commerce à travers les âges. L'esclavage était un aspect sombre du commerce qui a perduré pendant des siècles et a laissé un impact durable sur l'histoire.

Esclavage par extension du sens

Les libertariens, ainsi que plusieurs penseurs libéraux, ont tendance à employer le terme d'esclavage au-delà de sa définition stricte d'état d'esclave ou même « d'état de dépendance totale d'une personne à l'égard de quelqu'un ou de quelque chose » (ATILF). Esclavage signifie alors état de dépendance, soumission au pouvoir tyrannique d'une autre personne ou d'un groupe de personnes dans l'ordre politique et social.

«  La Spoliation exercée par la force prend encore une autre forme. On n'attend pas qu'un homme ait produit une chose pour la lui arracher. On s'empare de l'homme lui-même ; on le dépouille de sa propre personnalité ; on le contraint au travail ; on ne lui dit pas : Si tu prends cette peine pour moi, je prendrai cette peine pour toi, on lui dit : À toi toutes les fatigues, à moi toutes les jouissances. C'est l'esclavage, qui implique toujours l'abus de la force. »
    — Frédéric Bastiat, Physiologie de la Spoliation[7]

«  Je ne considère pas les collectivistes comme des « idéalistes sincères mais abusés ». La suggestion de réduire en esclavage certains hommes pour le bien d'autres n'est pas un idéal ; la brutalité n'est pas « idéaliste », peu importe son but. »
    — Ayn Rand

«  Il y a pire que l'esclavage : c'est d'avoir des esclaves et de les appeler citoyens. »
    — Alphonse de Lamartine

«  L’esclavage survit sous d’autres formes. Par l’impôt, l’État contraint le citoyen ordinaire à lui céder une partie du produit de son travail et de ses biens. En dernière analyse le contribuable devient l’esclave économique du percepteur un nombre variable de jours par an, en fonction de la part de son travail prélevée par l’État. »
    — Alphonse Crespo, Libres !!

Esclavage contemporain

Certaines organisations non-gouvernementales, notamment la fondation Walk Free qui publie un Global Slavery Index, affirment que l'esclavage existe toujours au XXIe siècle, et représenterait plus de 35 millions de personnes esclaves. Il s'agit de certaines formes de coercition et de violence proches de l'esclavage : travail forcé, traite d'êtres humains, servitude pour dettes, mariage forcé et exploitation sexuelle, pratiquées notamment en Inde, Chine, Pakistan, Ouzbékistan et dans plusieurs pays d'Afrique, notamment en Mauritanie où la population compterait 4 % d'esclaves (cet esclavage étant héréditaire), ce qui est un record mondial. Ces données sont cependant contestées par les États, l'esclavage ayant été aboli dans tous les pays du monde, la Mauritanie ayant été le dernier à le faire en 1981.

Voir aussi

Citations

  • Les hommes ont en général besoin de grands et constants efforts pour créer des maux durables ; mais il est un mal qui pénètre dans le monde furtivement : d'abord on l'aperçoit à peine au milieu des abus ordinaires du pouvoir ; il commence avec un individu dont l'histoire ne conserve pas le nom ; on le dépose comme un germe maudit sur quelque point du sol ; il se nourrit ensuite de lui-même, s'étend sans effort, et croît naturellement avec la société qui l'a reçu : ce mal est l'esclavage. - Alexis de Tocqueville (1835) De la démocratie en Amérique
  • Les hommes nés sous le joug, puis nourris et élevés dans la servitude, sans regarder plus avant, se contentent de vivre comme ils sont nés et ne pensent point avoir d’autres biens ni d’autres droits que ceux qu’ils ont trouvés ; ils prennent pour leur état de nature l’état de leur naissance. (Étienne de La Boétie, Discours de la servitude volontaire[8])
  • La féodalité et l'esclavage sont fondés sur la capacité de contrainte de l'État. La valeur de la production du travailleur est brutalement confisquée par la classe dominante, et si le travailleur se rebelle ou essaie de s'enfuir, la police d'État le ramènera à son maître. (Christian Michel[10])
  • Défendre le gouvernement, c’est défendre l’esclavage. Défendre le gouvernement limité, c’est se mettre dans la situation ridicule de défendre l’esclavage limité. (Linda et Morris Tannehill)
  • Quand deux esclaves se rencontrent, ils disent du mal de la liberté. (proverbe africain)
  • À l'instant où l'esclave décide qu'il ne sera plus esclave, ses chaînes tombent. (Gandhi)
  • Le fait que nous attachons plus de prix à une satisfaction de vanité qu’à tout autre avantage (sécurité, abri, plaisirs de toute espèce) se montre à un degré ridicule en ceci, que chacun (abstraction faite de raisons politiques) souhaite l’abolition de l’esclavage et repousse avec horreur l’idée de mettre des hommes dans cet état : cependant que chacun doit se dire que les esclaves ont à tous égards une existence plus sûre et plus heureuse que l’ouvrier moderne, que le travail servile est peu de chose par rapport au travail de l’ouvrier. On proteste au nom de la « dignité humaine » : mais c’est-à-dire, pour parler simplement, cette brave vanité, qui regarde comme le sort le plus dur de n’être pas sur un pied d’égalité, d’être publiquement compté pour inférieur. (Friedrich Nietzsche, Humain, trop humain, 457)
  • Il est évident qu’il y a par nature des gens qui sont libres, d’autres qui sont esclaves et que, pour ces derniers, demeurer dans l’esclavage est à la fois bienfaisant et juste. (Aristote, Politique I, 5, 1255 a)
  • L'esclavage des hommes est la conséquence des lois, les lois sont établies par les gouvernements. Pour délivrer les hommes, il n'est donc qu'un moyen : c'est la destruction des gouvernements. (Léon Tolstoï)
  • Les citoyens de chaque État ont droit à tous les privilèges et immunités des citoyens dans les divers États. Ils ont le droit de transit et de séjour dans chaque État de cette confédération, avec leurs esclaves et autres biens et le droit de propriété sur ces esclaves n'en sera pas affecté. (Constitution des États confédérés, art. IV, section 2)
  • N’importe quel tyran est capable de faire chanter à ses esclaves des hymnes à la liberté. (Jeanne Hersch, L’Importance d’être un homme)
  • Il n'y a qu'une chose que les hommes préfèrent à la liberté, c'est l'esclavage. (Dostoïevski)
  • Les dictatures socialistes sont des religions au sein desquelles l'esclavage d'État est un genre de culte divin. (Carl Jung, Présent et avenir)
  • On a déclaré qu’il fallait d’abord la justice et que, pour la liberté, on verrait après ; comme si des esclaves pouvaient jamais espérer obtenir la justice. (Albert Camus)
  • Même chez l’homme le plus insoumis, il reste toujours assez d’étoffe pour faire un esclave. (Roland Jaccard)

Notes et références

  1. Dans le Mahābhārata indien, un des héros se perd lui-même en jouant aux dés. Il mise ensuite sa femme (Draupadi) et la perd également ; cette perte est contestée car elle soulève un problème intéressant de propriété de soi : quand on ne s'appartient plus, a-t-on encore le droit de miser un de ses biens ?
  2. Libertarisme de gauche
  3. Towards a Libertarian Theory of Inalienability: A Critique of Rothbard, Barnett, Smith, Kinsella, Gordon, and Epstein, pp. 39-85, Journal of Libertarian Studies, vol. 17, no. 2, p. 44, p. 48, p. 82, p. 46
  4. John Locke, Traité du gouvernement civil, §85, chapitre VII, "De la société politique ou civile"
  5. Murray Rothbard, L'Ethique de la liberté, chapitre 13, "La proportionnalité des peines"
  6. Matt Ridley, 2010, "The Rational Optimist: How Prosperity Evolves", New York: Harper
  7. Frédéric Bastiat, "Physiologie de la Spoliation" in Sophismes économiques, 1848, [lire en ligne]
  8. Étienne de La Boétie, Discours de la servitude volontaire, édition Vrin, 2002, p.35
  9. Jacques de Guenin, Oui, le libéralisme est social, [lire en ligne]
  10. Christian Michel, Conférence du 3 juin 2000, [lire en ligne]

Bibliographie

  • 1550, Juan Ginés de Sepúlveda, De justis belli causis apud un indium,
  • 1961, Dwight Lowell Dumond, "Antislavery: The Crusade for Freedom in America", Ann Arbor: The University of Michigan Press
  • 1971, James M. Rogers, "Two Ways to Slavery", The Freeman, August, Vol 21, n°8, pp495- (L'auteur exprime l'idée que lorsqu'on délègue le pouvoir et l'autorité à des hommes "bons", il se peut alors qu'ils soient susceptibles d'être hérités par des hommes "mauvais".)
  • 1975, Roger Anstey, "The Atlantic Slave Trade and British Abolition, 1760–1810", London: Macmillan
  • 1988, Eugene Geneovese, "The Political Economy of Slavery: Studies in the Economy and Society of the Slave South", Middletown, CT: Wesleyan University Press
  • 1992, Clare Midgley, "Women Against Slavery", New York: Routledge
  • 1998, Seymour Drescher et Stanley Engerman, dir., "A Historical Guide to World Slavery", Oxford: Oxford University Press
  • 1999, Seymour Drescher, "From Slavery to Freedom: Comparative Studies in the Rise and Fall of Atlantic Slavery", New York: New York University Press
  • 2002, Ronald Segal, "Islam’s Black Slaves: The Other Black Diaspora", New York: Farrar, Straus & Giroux
  • 2004, Robert C. Davis, "Christian Slaves, Muslim Masters: White Slavery in the Mediterranean, the Barbary Coast, and Italy, 1500–1800", London: Palgrave Macmillan
  • 2005, Adam Hochschild, "Bury the Chains: Prophets and Rebels in the Fight to Free an Empire’s Slaves", Boston: Houghton Mifflin
  • 2006,
    • Stanley Engerman, Seymour Drescher et Robert Paquette, dir., "Slavery", Oxford: Oxford University Press
    • Hugh Thomas, "The Slave Trade: The Story of the Atlantic Slave Trade: 1440–1870", London: Phoenix Press
    • Steven M. Wise, "Though the Heavens May Fall: The Landmark Trial That Led to the End of Human Slavery", London: Pimlico

Liens externes


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