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Frederick Douglass

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Frederick Douglass
homme politique

Dates 1818-1895
Frederick Douglass.jpg
Tendance Abolitionniste
Nationalité États-Unis États-Unis
Articles internes Autres articles sur Frederick Douglass

Citation "Les limites des tyrans sont prescrites par l'endurance de ceux qu'ils oppriment."
Interwikis sur Frederick Douglass

Frederick Douglass (comté de Talbot, Maryland, v. 1817-1818 – Washington, D.C., 20 février 1895) est un orateur, homme politique et auteur abolitionniste américain surnommé Le sage d'Anacostia ou Le lion d'Anacostia. Né esclave, il a été un combattant zélé pour les droits humains, y compris les droits de la femme. Son adage favori était : « Je m'unirais avec n'importe qui pour faire le bien et avec personne pour faire le mal ».

L’esclave

Né Frederick Augustus Washington Bailey, il est le fils d’une esclave noire et probablement de son maître blanc. Après quelques semaines passées avec sa mère, Frederick est envoyé vivre avec sa grand-mère qu'il appelait affectueusement grand-mère Bailey. Elle élève les enfants jusqu'à ce qu'ils soient assez grands pour travailler dans la plantation du colonel Lloyd dirigé par Aaron Anthony. À l'âge de six ans Frederick a été considéré assez vieux pour commencer à travailler dans la plantation.

Peu après, il part pour Baltimore travailler pour les Auld, apparentés au gendre de son propriétaire, qui vont bien le traiter. Le très jeune Douglass est stupéfait « par la bonté de sa nouvelle maîtresse » qui est une femme au bon cœur. « Elle ne jugeait pas inconvenant qu’un esclave la regardât de face » devait-il écrire plus tard. Madame Auld lui apprend à lire, mais son mari lui interdit d’en apprendre davantage : « Si tu donnes le doigt à un nègre, il te prendra le bras. Un nègre ne doit savoir qu’une chose : obéir à son maître, faire ce qu’on lui dit de faire. Le savoir gâterait le meilleur nègre du monde. Or, si tu enseignes à ce nègre à lire, il n’y aura plus moyen de le tenir. Cela le rendra à jamais inapte à l’esclavage. Il deviendra aussitôt incontrôlable et sans valeur pour son maître ». Après avoir entendu ce que son maître disait, Frederick se jure d'apprendre autant qu'il pourrait. Il comprend que l’apprentissage de la lecture est peut-être sa voie de salut. « Je comprenais à présent ce qui avait constitué pour moi une difficulté insondable- à savoir l'aptitude de l'homme blanc à asservir l'homme noir. C’était un grand pas que j'appréciai hautement. Désormais, je voyais la route menant de l’esclavage à la liberté ». Il perfectionne sa lecture en lisant des papiers usagés, les panneaux signalétiques dans les rues, les affiches et les leçons occasionnelles avec les garçons du voisinage.

Il avait constaté à son arrivée à Baltimore que « l’esclave des villes était presque un homme libre par rapport à l’esclave des campagnes [...] Il reste un vestige de respect, un sentiment de honte qui contribuent beaucoup à réprimer les pulsions de cruauté atroce si couramment exprimées sur la plantation [...] chaque propriétaire d’esclaves de la ville veille à ce qu’on dise qu’il nourrit bien ses esclaves ».

Dans cette atmosphère, il se lie d’amitié avec les petits garçons blancs qu’il rencontrait dans les rues, et grâce à leur aide, obtenue en différents moments et différents endroits, peut terminer son apprentissage de la lecture. Douglass découvre parallèlement The Colombian Orator, l'histoire d'un esclave qui discutait si bien avec son maître qu’il remet en question l'esclavage. « Je pensais parfois que la lecture tenait en effet davantage de la malédiction que de la bénédiction. Elle m’avait offert un aperçu de ma misérable condition sans son remède ». À l'âge de 16 ans, il est envoyé de Baltimore à St Michael, confié à un petit fermier qui a la réputation d’être un dresseur d'esclaves, Edward Covey. Pour la première fois, fouetté, privé de nourriture et forcé d'exécuter des travaux des champs, il se révolte. Il bat Covey et les autres esclaves l'encouragent. Covey ne le touchera plus jamais. Frederick Douglass tente de s’échapper mais est renvoyé à Baltimore.

La fuite et la liberté

À Baltimore il obtient un travail sur un chantier naval. Il rencontre quelques Afro-Américains libres qui lui demandent de rejoindre le club East Baltimore Mutual Improvement Society. Il y rencontre sa première femme, Anna Muray. Pour échapper à l'esclavage, il décide de s'échapper à New-York. Il emprunte de l’argent à Anna, puis se rend à Philadelphie par train, puis par bateau (il voyageait sous l'identité d’un de ses amis, un Noir libre de Baltimore). Arrivé à Philadelphie, il ne s'y sentait pas en sécurité en raison des chasseurs d’esclaves fugitifs et il part pour New York où il arrive finalement le 4 septembre 1838.

Puisqu'il était illégal de fuir l'esclavage, il adopte le nom de Douglass, celui d'un ami abolitionniste. Quelques semaines plus tard, il s'installe à New Bedford dans le Massachusetts avec son épouse (qu'il avait épousé à New York) sous son nouveau nom, Frederick Douglass.

L’abolitionniste

Il s’abonne à l’hebdomadaire de William Lloyd Garrison, abolitionniste très actif, The Liberator. En 1841 il voit Garrison s'exprimer lors d’un discours à l’occasion de la réunion annuelle de la Bristol Anti-Slavery Society. Douglass est impressionné par ce discours. Au nord, il commence à prononcer des discours et devient par la suite un conférencier de la Massachusetts Anti-Slavery Society. Toutefois, progressivement, certains se mettent à douter qu'il soit un ex-esclave : comment quelqu’un qui n’avait jamais été à l’école, qui avait connu l’esclavage, pouvait-il s’exprimer avec une telle éloquence et une telle pertinence quelques années seulement après avoir brisé ses chaînes ?

Malgré la peur d'être reconnu au travers des détails biographiques, Douglass décide d’écrire et publier son autobiographie : Narrative of the Life of Frederick Douglass (1845) la plus importante contribution de sa vie contre l'esclavage et pour le triomphe contre l'oppression. To those who have suffered in slavery I can say, I, too, have suffered... To those who have battled for liberty, brotherhood, and citizenship I can say, I, too, have battled. » Ce livre marque le début de sa carrière d'écrivain journaliste et orateur pour la cause abolitionniste. Il révèle les terreurs auxquelles il a été confronté comme esclave, les brutalités de ses propriétaires et des contremaîtres, son évasion au Nord. Il devient ainsi le plus célèbre esclave en fuite du pays. Aussi décide-t-il de gagner l'Angleterre (1845-1847) où il fait des discours contre l'esclavage. Des amis abolitionnistes finissent par trouver l'argent nécessaire pour acheter sa liberté à Hugh Auld.

Douglass revient en Amérique en homme libre et s'installe à Rochester où il commence la publication de son journal abolitionniste The North Star (1847). Il adopte cet en-tête : Le droit n'est d'aucun sexe - La vérité n'est d'aucune couleur - Dieu est notre père à tous et nous sommes tous frères. Après des débuts difficiles, The North Star réussit à trouver des financements. Il bénéficie du soutien de Julia Griffiths, une amie blanche anglaise, mais leur amitié provoque des rumeurs et fait scandale quand elle s’installe dans la maison de Douglass. Le journal devait être publié jusqu’en 1863 (changeant de nom en 1851 pour s’appeler The Frederick Douglass Paper). Ce journal permet à Douglass d’être plus indépendant vis-à-vis des abolitionnistes et de devenir l'éditeur du journal noir le plus connu des États-Unis. Pendant cette période sa maison de Rochester devint un arrêt du Underground Railroad.

La rupture avec Garrison

Depuis qu'il l'avait rencontré en 1841, William Lloyd Garrison avait été le mentor de Douglass. Mais leurs vues commencent à diverger. Garrison représente la branche la plus radicale du spectre abolitionniste, pense que les États-Unis doivent se dissoudre, et que la Constitution américaine est pro-esclavagiste. Après sa tournée européenne et le lancement de son journal, les vues de Douglass commencèrent à évoluer : il devient plus indépendant et plus pragmatique. En 1851, lors d'une réunion à Syracuse dans l’État de New-York, il déclare qu’il ne pense pas que la Constitution américaine soit pro-esclavagiste et qu’elle peut même être appliquée « de façon à favoriser l’émancipation, particulièrement dans les endroits étant sous la juridiction exclusive du gouvernement fédéral ». Douglass ne prône pas non plus la partition des États-Unis, pensant qu'elle isolerait les esclaves du Sud. Ces divergences idéologiques mènent à la rupture irrémédiable entre lui et Garrison jusqu’à la guerre de sécession, malgré les efforts de leurs relations communes comme Harriet Beecher Stowe pour les réconcilier.

Au cours des années 1850, Douglass commence à soutenir de plus en plus ouvertement le droit des esclaves à se libérer par la violence, publia sa seconde autobiographie My bondage and my freedom. Le 4 juillet 1852, il prononça un discours resté fameux dans lequel il stigmatisait « la supercherie que constitue cette fête nationale qui dissimule l’ignominie des pratiques esclavagistes ». En 1858 il séjourne chez l'abolitionniste blanc John Brown qui sera pendu un an plus tard pour avoir essayé de s’emparer d’une fabrique d’armes fédérale afin d’armer des esclaves noirs et de provoquer leur insurrection. Bien qu’hostile aux projets de Brown, Douglass est obligé de s’enfuir au Canada car il craint d’être arrêté comme complice. Il effectue une série de conférences pendant six mois en Angleterre avant de revenir en 1860 suite à la mort de sa fille Annie.

L’engagement aux côtés des Républicains

Il soutient la candidature d’Abraham Lincoln pendant la campagne présidentielle, appelle les Noirs à s’engager au côté de l’Union au début de la guerre de Sécession, recrute plus de 100 soldats pour le régiment noir, mais proteste contre les discriminations frappant les soldats noirs au sein de l’armée. Douglass encourage Lincoln à libérer les esclaves, comme il avait été libéré lui-même.

En 1865 l’esclavage est aboli par le Treizième amendement de la Constitution américaine. En 1866, Douglass réclame le droit de vote pour les esclaves, soutenu par la Société anti-esclavagiste. Il soutient en 1868 la campagne présidentielle de Ulysses S. Grant. Durant ses deux présidences, Grant signe le Ku Klux Klan Act ainsi que les second et troisième Enforcement Acts. En 1869, il se félicite du vote du Quinzième amendement accordant les droits civiques aux personnes de couleur. Il s'installe à Washington après l'incendie criminel de sa maison de Rochester. En 1872, Douglass devient à son insu le premier Noir à être candidat à la vice-présidence lors de l'élection présidentielle. Sans s'être porté candidat, il est en effet désigné par l’Equal Rights Party comme colistier de Victoria Woodhull, la première femme candidate à la présidence du pays.

Douglass assiste en 1876 à l'inauguration du Freedman’s Memorial, érigé en hommage à Lincoln dans le Lincoln Park de Washington. Déçu par l'hommage rendu par un avocat, le public plébiscite Douglass qui finit par accepter d'improviser un discours sur l'ancien président. En 1877, Douglass fut Federal Marshall pour le District of Columbia et enregistreur des contrats en 1881.

Les dernières années

Il publie en 1881 sa troisième autobiographie, The Life and Times of Frederick Douglass. Après la mort de sa femme Anna en 1882 des suites d’une longue maladie, Douglass épouse Helen Pitts, son ancienne secrétaire blanche, puis ils visitent la France, l’Italie, l’Égypte, la Grèce. En 1883, un recul des droits des Noirs est observé puisque la Cour suprême a annulé la loi sur les droits civiques interdisant la discrimination contre les Noirs dans des lieux publics.

En 1889, Douglass est nommé Consul général en Haïti, mais démissionne suite à l’annexion du Môle Saint-Nicolas par les États-Unis (1891). En 1894, il prononce son dernier grand discours The Lessons of the Hour, une amère analyse du lynchage, qui est à l’époque une pratique horriblement banale aux États-Unis. Le 20 février 1895, il assiste au Conseil national des femmes à Washington, y recevant une ovation du public. Peu après son retour à Cedar Hill, il est victime d'une crise cardiaque. Il est enterré au cimetière du Mont Hope à Rochester.

Sa maison, Cedar Hill, à Anacostia, Washington DC est maintenant un monument entretenu par le National Park Service.

Frédérick Douglass est l'une des personnalités retenues par Jim Powell dans son ouvrage Le triomphe de la liberté.

Informations complémentaires

Publications

  • . 1883, "Proceedings of the Civil Rights Mass-Meeting held at Lincoln Hall, October 22, 1883. Speeches of Hon. Frederick Douglass and Robert G. Ingersoll", Washington, D. C.: C. P. Farrell

Littérature secondaire

  • 1950,
    • Philip S. Foner, "The Life and Writings of Frederick Douglass, Vol I: Early Years, 1817-1849", New York: International Publishers
    • Philip S. Foner, "The Life and Writings of Frederick Douglass, Vol II: Pre-Civil War Decade, 1850-1860", New York: International Publishers
  • 1952, Philip S. Foner, "The life and writings of Frederick Douglass, Vol III: The Civil War, 1861-1865", New York: International Publishers
  • 1955, Philip S. Foner, "The Life and Writings of Frederick Douglass, Vol IV: reconstruction and after", New York: International Publishers
  • 1964, Philip S. Foner, "Frederick Douglass: A Biography", Boston: Beacon Press
  • 1968, Ronald K. Huch, "Patriotism Versus Philanthropy: A Letter From Gerrit Smith to Frederick Douglass", New York History, Vol 49, n°3, July, pp327-335
  • 1969, Ellis Paxson Oberholtzer, dir., "Frederick Douglass, by Booker T. Washington", New York: Argosy-Antiquarian
  • 1984, Waldo E. Martin, "The Mind of Frederick Douglass", Chapel Hill: University of North Carolina Press
  • 1991, William S. McFeely, "Frederick Douglass", New York: Norton
  • 1994, Henry Louis Gates, dir., "Douglass: Autobiographies", New York: Library of America
  • 1999, Philip S. Foner, Yuval Taylor, dir., "Frederick Douglass: Selected Speeches and Writings", Chicago: Lawrence Hill Books
  • 2011, Nick Bromell, "A "Voice from the Enslaved": The Origins of Frederick Douglass's Political Philosophy of Democracy", American Literary History, Vol 23, n°4, Winter, pp697-723
  • 2013, Jared Hickman, "Douglass Unbound", Nineteenth-Century Literature, Vol 68, n°3, Dec., pp323-362
  • 2014, Wilson J. Moses, "The ever-present now": Frederick Douglass's pragmatic constitutionalism", The Journal of African American History, Vol 99, n°1-2, Special Issue: “Rediscovering the Life and Times of Frederick Douglass”, Winter-Spring, pp71-88
  • 2015, Marjorie Stone, "Frederick Douglass, Maria Weston Chapman, and Harriet Martineau: Atlantic Abolitionist Networks and Transatlanticism’s Binaries", In: Linda K. Hughes, Sarah R. Robbins, dir., "Teaching Transatlanticism: Resources for Teaching Nineteenth-Century Anglo-American Print Culture", Edinburgh University Press, pp107-123
  • 2018, David W. Blight, "Frederick Douglass: Prophet of Freedom", New York: Simon & Schuster
  • 2020, Damon Root, "A Glorious Liberty: Frederick Douglass and the Fight for an Antislavery Constitution", Potomac Books

Citations

  • « Ceux qui professent vouloir la liberté et déplorent l'agitation sont comme le paysan qui voudrait récolter sans avoir labouré.  » (Autobiographie)
  • « Les limites de la tyrannie sont celles que tolère la patience de ceux qu'elle opprime.  » (lettre à Gerrit Smith)
  • « On demande généralement aux esclaves de chanter tout en travaillant.  » (Autobiographie)
  • « Personne ne peut passer une chaîne à la cheville de son compagnon humain sans finir par se nouer l'autre bout autour du cou.  » (Discours de Washington)

Liens externes


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