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Charles de Montalembert

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Charles de Montalembert
romancier, homme politique

Dates 1810 - 1870
Charles de Montalembert
Tendance libéral classique
Nationalité France France
Articles internes Autres articles sur Charles de Montalembert

Citation « 'En ce qui me concerne, je tiens chaque homme pour mon allié qui, quelle que soit sa croyance ou bannière, désire ma liberté comme la sienne, et qui ne fait rien pour m’empêcher de prier, de parler, d’écrire, de donner des aumônes, de m’associer, et d’enseigner comme je l’entends. »
Interwikis sur Charles de Montalembert

Charles Forbes, comte de Montalembert (Londres, 15 avril 1810 - Paris, 13 mars 1870) est un écrivain, orateur et homme politique français du XIXe siècle. Catholique libéral, il fût défenseur de la liberté de conscience et de l’enseignement.

Biographie

Né d'une mère écossaise (d'origine protestante et convertie au catholicisme en 1822) et d'un père ayant fui la Terreur avant de servir sous les couleurs anglaises, Montalembert passe son enfance à Londres, avant de poursuivre ses études à Paris. C'est durant cette période qu'il conçoit une idée qui ne le quittera jamais: « La Religion est mère de la liberté ».

Travaillant à partir de 1830 pour le journal Le Correspondant, il séjourne momentanément en Irlande, avant de prendre connaissance d'articles publiés par Félicité de Lamennais et Henri Lacordaire dans un nouveau quotidien catholique intitulé L'Avenir. Intéressé par leur défense de l'Église catholique et de la liberté religieuse, il les rejoint et participe avec eux à l'Agence générale pour la défense de la liberté religieuse.

Dans ses premiers articles, il soutient la liberté des insurgés polonais et irlandais, ce qui lui vaut de recevoir les félicitations de plusieurs écrivains (dont Victor Hugo). Mais il se distinguera surtout en ouvrant, avec le concours de Lacordaire, la première école privée de France en 1831. Cette acte téméraire, à l'heure du monopole que l'État exerce sur l'enseignement, lui vaudra d'être inculpé. Le pape Grégoire XVI, lui-même, manifestera sa désapprobation et condamnera cette initiative dans son encyclique Mirari Vos (1832). Au contraire de son ami Lamennais, et bien que profondément meurtri par ce cinglant désaveu, Montalembert ne rompra pas avec l'autorité pontificale.

Cet incident intervient au moment où il devient pair de France (en raison du décès de son père). Montalembert demande alors à être jugé devant la Chambre haute. Entendu le 19 et le 20 septembre de cette même année, il se verra condamné à verser une lourde amende. Le journal L'Avenir cesse sa parution.

Il se consolera en rédigeant une Vie de sainte Elizabeth (1836). Sept ans plus tard, Montalembert contribue à renflouer un quotidien catholique en perdition: L'Univers. Il y fait la connaissance de Louis Veuillot, redoutable polémiste ultramontain, avec lequel il sympathise immédiatement. Ensemble, ils ferrailleront contre les diverses manœuvres du pouvoir en place visant à maintenir le maintien du statu quo monopolistique et règlementaire. Montalembert, avec sa puissance d'éloquence, et Veuillot, au moyen de son style incendiaire, fustigent l'hypocrisie du gouvernement qui tarde à respecter la liberté d'enseignement promise par la Charte de 1830. Dans la foulée, Montalembert édite une brochure Du devoir des catholiques dans la question de la liberté d'enseignement en 1843. Ses différents discours enthousiasment de très nombreux catholiques, comme l'atteste le tirage des brochures qui les reprennent, si bien que quelque 140 députés le soutiennent, en 1846, dans son combat pour la liberté scolaire.

A la chute de la Monarchie de Juillet, il se rallie à la Seconde République, puis - après le coup d'État du 2 décembre 1851, année où Montalembert est, du reste, élu à l'Académie française - au Second Empire. Encore ne sera-t-il que très brièvement partisan de celui-ci. Car, tout en siégeant jusqu'en 1857 au sein du Conseil législatif, il conteste assez vite, et avec virulence, les abus commis par le nouveau régime, notamment en matière de liberté de la presse. Ainsi, quand en 1857 tous les députés sortants sont réinvestis par l'Empereur, Montalembert est la seule exception, son esprit libéral tranchant trop sur l'autoritarisme du régime[1]. Il sera même emprisonné pendant trois mois pour avoir rédigé un article dans "Le Correspondant" (qu'il a relancé en 1856) ayant eu le malheur de déplaire à l'empereur, car Montalembert y défendait le système parlementaire britannique.

Montalembert ne tolère pas non plus l'opportunisme politique de Veuillot et met fin à toute relation avec lui. Nombre d'électeurs catholiques, séduits par les promesses de retour à l'ordre émises par Napoléon III, ne le lui pardonneront pas, si bien qu'il ne sera pas réélu député du Doubs.

Mais l'ardent publiciste ne désarme pas. En 1859, il dénonce la politique italienne de Napoléon III dans une nouvelle brochure: Pie IX et la France en 1849 et 1859.

Au Congrès de Malines de 1863, il prononce deux discours marquants, dans lesquels il défend la compatibilité d'une démocratie libérale (même si la démocratie lui a inspiré une méfiance continuelle) et de l'État de droit avec la liberté religieuse. La réaction papale ne se fera pas attendre, puisque Pie IX fera paraître l'Encyclique Quanta Curia (1864) que suivra de peu le Syllabus condamnant - notamment, mais pas seulement - le libéralisme. Notons que cette condamnation éloignera d'autres catholiques libéraux, tel Lord Acton, de l'autorité pontificale.

Ses idées

Il convient tout d'abord de préciser sur quel fondement Montalembert prône la liberté religieuse. Il ne s'agit pas, dans son esprit, de revendiquer une égale valeur qui serait inhérente à toute religion et spiritualité. Son principe directeur est bien plutôt que la liberté religieuse permettra aux individus de vivre harmonieusement, en dépit de la variété de leur croyance. La tolérance civile n'implique donc pas une sorte de syncrétisme religieux, d'après lequel tout se vaudrait. Seule une réelle liberté de conscience permet de cheminer en direction de la Vérité.

Bien que Gustave de Molinari le surnommera le "Richard Cobden de la liberté religieuse", Montalembert ne se limite pas à cette question. On lui doit aussi des réflexions sur l'organisation de la société, en faveur de plus grandes libertés locales et en opposition à la centralisation croissante du pouvoir politique.

Bien que rallié finalement à l'idée de démocratie parlementaire, Montalembert est toujours resté méfiant envers ce qui lui semblait une nouvelle figure du despotisme. Il stigmatise ainsi "l'idolâtrie du nombre" représentée par la croyance dans les vertus du suffrage universel. Il s'en explique lapidairement dans Des Intérêts catholiques au XIXe siècle (1852) :

La démocratie a deux formes extérieures: tantôt elle se personnifie en un chef unique, tantôt elle se gouverne par une assemblée souveraine. Sous cette dernière forme, les libertés civiles et politiques (...) sont tout aussi menacées, mais tout aussi indispensables: elles sont la seule sauvegarde de la vérité, de la dignité, de l'honneur.

C'est pourquoi il estime, résigné à l'avènement de la démocratie comme l'était Alexis de Tocqueville, que pour parer à son absolutisme, la religion est plus que jamais nécessaire. Car, prophètise-t-il dans son Discours de Malines (1863) :

Les affinités naturelles de la démocratie, d'un côté, avec le despotisme, de l'autre, avec l'esprit révolutionnaire, sont la grande leçon de l'histoire et la grande menace de l'avenir.

Du point de vue économique, il s'oppose également à la mainmise de l'État sur les décisions individuelles et se révèle un vibrant défenseur de la propriété privée - même si, rappelle Ralph Raico, il ne s'est pas toujours montré très cohérent (en s'opposant notamment à une proposition de Frédéric Bastiat visant à abolir la taxe sur les vins).>

Différents écrits attestent, par ailleurs, son engagement contre le despotisme. Comme indiqué plus haut, Montalembert n'a pas hésité à rompre avec d'anciens amis et alliés catholiques qui avaient suivi le "parti de l'ordre" de Napoléon III (attitude grégaire critiquée dans Les Intérêts catholiques au XIXe siècle en 1852). L'absolutisme lui paraît une aberration morale et politique. Face aux assauts de l'État, qui se traduisent tant par la censure et les règlementations que par des confiscations commises au nom de l'envie, la foi doit servir de barrage. Pour lui, la liberté moderne (notion qu'il emprunte à Benjamin Constant) doit se concevoir sous la forme d' "une Eglise libre dans un État libre".

Notes et références

  1. Le Second Empire, Georges Pradalié, Que Sais-Je, 1979, p.29

Publications

  • Défense de l'école libre devant la Chambre des Pairs, 1832.
  • Histoire de sainte Élisabeth, reine de Hongrie, 1836.
  • Monuments de l'histoire de sainte Élisabeth, 1838.
  • Du vandalisme et du catholicisme dans l'art, 1839.
  • Du devoir des catholiques dans la question de la liberté d'enseignement, 1843.
  • Trois discours sur la liberté de l'Église. Saint Anselme, 1844.
  • Quelques conseils aux catholiques, 1849.
  • Des intérêts catholiques au XIXe siècle, 1852.
  • De l'avenir politique de l'Angleterre, 1855.
  • Un débat sur l'Inde au Parlement anglais, 1858.
  • Pie IX et lord Palmeston, 1859.
  • Discours, 3 vol., 1860.
  • Les moines d'Occident, depuis saint Benoît jusqu'à saint Bernard, 7 vol., 1860.
  • Pie IX et la France, 1860.
  • Lettre à M. le comte de Cavour, 1860-1861.
  • Une nation en deuil: la Pologne en 1861, 1861.
  • Le père Lacordaire, 1862.
  • L'Église libre dans l'État libre, 1863.
  • L'Insurrection polonaise, 1863.
  • Le Pape et la Pologne, 1864.
  • Le général Lamoricière. La victoire du Nord aux États-Unis, 1865.
  • L'Espagne et la Liberté, 1870.
  • Lettres à un ami de collège (publiées par M. Cornudet), 1875.

Littérature secondaire

Citations

  • « En ce qui me concerne, je tiens chaque homme pour mon allié qui, quelle que soit sa croyance ou bannière, désire ma liberté comme la sienne, et qui ne fait rien pour m’empêcher de prier, de parler, d’écrire, de donner des aumônes, de m’associer, et d’enseigner comme je l’entends. »
  • « L'absolutisme est, de tous les gouvernements, celui qui a le plus exposé l'Eglise aux plus grands dangers. »
  • « (le libéralisme issu des Lumières) voulait faire dater le monde de 1789, et c’est à partir des idées et des principes de 1789 qu’on le bâillonne. »

Voir aussi

Liens externes


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