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Despotisme

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Le despotisme est une forme de gouvernement par une autorité unique, soit un individu ou un groupe étroitement lié, qui règne avec un pouvoir politique absolu. Dans sa forme classique, le despotisme désigne un État où un homme unique, appelé un despote, détient tout le pouvoir, et tout autre personne est considérée comme son esclave. Cette forme de despotisme est la première forme connue d'État et de civilisation ; le pharaon d'Égypte est un despote classique.

Le despotisme implique la tyrannie. Néanmoins, dans le despotisme éclairé, apparu dans l'Europe du XVIIIe siècle, les despotes utilisaient leur autorité pour mettre en œuvre certaines réformes politiques de leur pays. Ce mouvement a probablement été largement déclenché par les principes du siècle des Lumières, et plus particulièrement par la critique du despotisme exposée par les auteurs libéraux, notamment les jusnaturalistes.

Par ailleurs, et bien que le mot ait une connotation péjorative aujourd'hui, il était autrefois un titre légitime dans l'Empire byzantin (du grec ancien δεσπότης, seigneur, maître).

Vision libérale

Montesquieu fut le premier théoricien à énoncer directement les principes de base de l'État despotique dans L'Esprit des Lois publié en 1748. Cependant, l'analyse du contraste entre l'Occident libre et l'Orient despotique remonte au récit d'Hérodote entre les Grecs et les barbares pendant la période des guerres médiques. L'historienne française, Lucette Valensi, raconte dans un petit livre fascinant, Venise ou la petite porte, que les conceptions modernes de l'État oriental despotique trouvent leur origine dans les rapports des ambassadeurs vénitiens avec la cour du sultan ottoman aux XVIe et XVIIe siècles. Ils ont fixé dans les esprits européens l'image mémorable et effroyable d'un souverain tout-puissant, incroyablement riche, irrémédiablement fermé à la religion chrétienne et à la culture européenne et déterminé à leur éradication. Elle y raconte que les chrétiens nés dans le pays furent élevés par les dirigeants ottomans pour être convertis à l'islam et sont devenus des esclaves fidèles du despote dans le système notoire des janissaires.

Pour les libéraux, le despotisme et les régimes autocratiques modernes (monarchie, empire) sont néfastes, au même titre que les gouvernements populaires (démocratie, souveraineté absolue du peuple, socialisme). Pour Walter Lippmann, le despotisme prend aussi un sens plus économique : le militarisme sous-jacent à toute planification, le despotisme de tout ordre collectiviste et sa naturelle dégénérescence en tyrannie sont dénoncés : « le collectivisme crée une nouvelle forme de propriété : celle du bureaucrate. La lutte pour la richesse devient une lutte pour le pouvoir. ».

Toutefois, pour une minorité d'entre eux, François Quesnay, Mercier de la Rivière et bon nombre de physiocrates, le despotisme éclairé est désirable : pour eux, la meilleure garantie de justesse du gouvernement serait une éducation soignée du Prince, qui le rendrait capable de découvrir, éclairé par la Raison, l’ordre naturel de l’univers.

Bibliographie

  • 1951, R. Koebner, "Despot and Despotism: Vicissitudes of a Political Term”, Journal of the Warburg & Courtauld Institute, Vol 14, pp275-303

Citations

  • La nuit du 4 août fut la nuit de mort des privilèges (les villes, les communes, les magistratures étaient privilégiées, dotées de privilèges et de droits seigneuriaux), et lorsqu'elle prit fin se leva l'aube du Droit, des droits de l'État, des droits de la Nation. Le despotisme n'avait été dans la main des rois qu'une règle complaisante et lâche, auprès de ce qu'en fit la « Nation souveraine ». Cette monarchie nouvelle se révéla cent fois plus sévère, plus rigoureuse et plus conséquente que l'ancienne ; devant elle, plus de droits, plus de privilèges ; combien, en comparaison, paraît tempérée la royauté absolue de l'Ancien Régime ! La Révolution, en réalité, substitua à la monarchie tempérée la véritable monarchie absolue. Désormais, tout droit que ne concède pas le Monarque État est une « usurpation », tout privilège qu'il accorde devient un « droit ».
(Max Stirner, L’unique et sa propriété, 1845)
  • Vous avez beau diviser le pouvoir : si la somme totale du pouvoir est illimitée, les pouvoirs divisés n'ont qu'à former une coalition, et le despotisme est sans remède. Ce qui nous importe, ce n'est pas que nos droits ne puissent être violés par tel pouvoir sans l'approbation de tel autre, mais que cette violation soit interdite à tous les pouvoirs.
Benjamin Constant
  • Si libérales qu'elles aient été, les deux Déclarations de 1789 et 1793 [...] ont admis une souveraineté, celle de tout le monde. C'était créer un despotisme, c'était remplacer un despotisme relatif, par un autre, radical. Les Français, monarchistes jusqu'aux moelles, ont immédiatement transposé. Ils ont pris la Révolution pour une transposition.
Émile Faguet
  • Les affinités naturelles de la démocratie, d'un côté, avec le despotisme, de l'autre, avec l'esprit révolutionnaire, sont la grande leçon de l'histoire et la grande menace de l'avenir.
Charles de Montalembert
  • Il peut sortir de la souveraineté populaire un despotisme plus poussé que de la souveraineté divine : la volonté générale n’est pas fixe mais mobile et la liberté du Pouvoir s’appelle l’Arbitraire.
Bertrand de Jouvenel

Voir aussi


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