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Théorie autrichienne des cycles économiques

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La théorie des fluctuations économiques est l'analyse des Cycles économiques faite par l'école autrichienne. Elle identifie la banque centrale comme l'acteur majeur des fluctuations économiques. La raison provient de son intervention dans la détermination du taux d'intérêt. Lorsque celui-ci s'éloigne du taux d'intérêt naturel, alors, le processus de la crise est en marche.

L'économiste suédois, Knut Wicksell, avait établi une distinction entre le taux d'intérêt monétaire (ou du marché) et le taux d’intérêt d'équilibre. Ludwig von Mises et Friedrich Hayek formulent l'idée que les causes initiales du cycle proviennent toujours du côté de l'offre de monnaie.

Déclenchement de la crise durant la phase de boom

Dans la phase de boom, une expansion artificielle de la masse monétaire, généralement initiée par une banque centrale, crée l'illusion d'un déplacement de la préférence temporelle des individus dans la société. Cela signifie que les gens semblent être plus enclins à épargner pour la production future plutôt que de consommer immédiatement.

Cette illusion conduit à une augmentation de la production dans le secteur des biens d'investissement (ou "Kapitalgüter"), car de nombreuses entreprises entreprennent des investissements à long terme en croyant qu'il existe une demande croissante pour ces biens. Les prix des biens d'investissement augmentent en raison de cette demande accrue, et les salaires plus élevés dans ce secteur stimulent également la demande de biens de consommation.

Cependant, cette hausse artificielle ne peut pas durer indéfiniment. Les investissements initiés pendant le boom ne sont pas soutenables car ils sont basés sur une expansion monétaire plutôt que sur une véritable épargne. Les ressources ne sont pas illimitées, et les coûts augmentent à mesure que la demande pour ces ressources augmente. Les investissements inadéquats et la mauvaise allocation des ressources se produisent également.

De plus, cette hausse artificielle des prix ne peut être maintenue que si les consommateurs croient qu'elle est temporaire. Une fois que les consommateurs perçoivent une augmentation durable des prix, ils ajustent leurs comportements, ce qui peut entraîner un retournement du cycle économique.

Explication du point de vue du taux d'intérêt

La création excessive de crédit fait baisser le taux d'intérêt du marché en dessous du taux d'intérêt d'équilibre. Cela provoque des investissements importants dans les industries de biens d'équipements et impose une épargne forcée dans celles dont les profits sont inférieurs à l'inflation (Hayek 1933). Friedrich Hayek s'appuie sur la théorie de la structure de la production initiée par Eugen von Böhm-Bawerk[1] pour qualifier cette théorie de théorie du mal-investissement[2]. Car les modifications dans l'industrie des biens d'équipement ne rencontrent pas une demande proportionnelle. Aussi, beaucoup de projets s'arrêtent avant leur maturité, ce qui accélère la crise.

La théorie du mal-investissement s'oppose à la théorie du surinvestissement car cette dernière échoue dans son analyse à observer que certains secteurs (biens d'équipements complémentaires ou biens de consommation demandés de façon urgente par le public) manquent de crédit au même moment où des secteurs en biens d'équipement abreuvent de crédits.

Jörg Guido Hülsmann reprend l'analyse de Ludwig von Mises mais propose de la reconstruire sur la base d'une théorie générale des cycles d'erreurs. Aussi, il s'applique à montrer qu'il est nécessaire de comprendre le mécanisme des erreurs, de leurs importances et de leurs propagations dans l'économie pour comprendre la théorie des cycles économiques.

Les économistes autrichiens analysent les cycles économiques grâce à un raisonnement logique et déductif. Comme le souligne Ludwig von Mises en 1949, les économistes autrichiens s'opposent aux méthodes et aux procédures qui s'appliquent en laboratoire. Murray Rothbard refuse l'idée, dans son livre de 1962, que les sciences économiques doivent être labellisées de "scientifiques" parce que les économistes auraient élaboré des notations symboliques d'une logique mathématique. La logique mathématique est bonne pour les sciences physiques, pas pour les sciences économiques. Les sciences économiques sont une science parce qu'une logique déductive stricte est appliquée. Aussi, l'approche déductive commence et se termine par la théorie. L'économiste peut, bien sûr, utiliser les données statistiques, mais celles-ci n'ont pas une valeur de démonstration, elles servent seulement d'illustrations historiques.

Ainsi, la démarche autrichienne se différencie de l'approche inductive, celle, par exemple, utilisée par le NBER (National Bureau of cyclical Research) aux États-Unis, où Friedrich Hayek fit un stage à la fin des années 20 sous la direction de Wesley Mitchell.

La fin du cycle

Lorsque la bulle artificielle créée par l'expansion monétaire éclate, elle entraîne généralement une liquidation des investissements non rentables. Cela signifie que de nombreuses entreprises qui ont investi massivement pendant le boom se retrouvent soudainement en difficulté financière car leurs investissements ne sont pas soutenables. Cela peut conduire à des faillites, à une augmentation du chômage et à une contraction économique.

Les auteurs autrichiens soulignent que l'admission de l'erreur d'avoir causé un boom artificiel est contraire aux intérêts des banques centrales et des gouvernements. En général, les autorités monétaires et les gouvernements cherchent à éviter une récession à tout prix, car elle est politiquement impopulaire. Par conséquent, au lieu d'admettre l'erreur et de permettre une correction naturelle de l'économie, les autorités ont tendance à chercher des solutions telles que davantage de réglementation et d'expansion monétaire, ce qui peut entraîner de nouveaux cycles économiques.

La théorie autrichienne des cycles économiques est capable d'expliquer les cycles économiques récurrents. Des études empiriques ont montré des corrélations entre les prédictions de l'ABCT et les résultats mesurables de l'économie. Les auteurs autrichiens soulignent également que le système bancaire, basé sur une faible réserve fractionnaire, est fragile. Car un petit nombre de défauts de paiement peuvent entraîner des problèmes dans l'ensemble du secteur bancaire, provoquant ainsi une crise économique.

Informations complémentaires

Notes et références

  1. L'économiste français, Albert Aftalion, s'appuie également sur la théorie d'Eugen Böhm-Bawerk. Jean-Gabriel Bliek, explique la différence entre Friedrich Hayek et Albert Aftalion dans un article en 2002. Il explique que les deux auteurs ont en commun d'avoir établi une théorie endogène des fluctuations conjoncturelles en prenant comme point de départ théorique l’œuvre de Böhm-Bawerk et son analyse du capital. Cependant, Albert Aftalion insiste sur les liens macroéconomiques entre la demande et l'investissement. Il débouche sur le caractère inévitable et inhérent des crises économiques. Tandis que Friedrich Hayek rejette le caractère naturel du cycle économique et insiste au contraire sur la notion d'anti-cycle.
  2. L'erreur fréquente de ceux qui connaissent peu la théorie autrichienne des fluctuations économiques est de malheureusement la présenter comme une théorie du sur-investissement, à l'exemple des auteurs comme J. A. Estey, 1956, Business cycles, Englewood Cliffs: Prentice-Hall ou L. M. Valentine et D. F. Ellis, 1991, Business Cycles and Forecasting, Cincinnati: South-Western


Bibliographie

de 1931 à 1979

  • 1931, Richard von Strigl, Währungspolitik in der Krise [Politique monétaire dans la crise], Mitteilungen des Verbandes der österreichischen Banken und Bankiers [Communiqués de l'Association des banques et eds banquiers autrichiens], Vol 13, n°11-12, pp299–305
  • 1934, H.S. Ellis, The Mises-Hayek Analysis of Cycles, German Monetary Theory, 1905-1933, Cambridge, Mass.: Harvard University Press, chapitre 19, pp335-56
  • 1954, M. Cluseau, La théorie des cycles chez Hayek, Fluctuations économiques, Vol. I, A. Marchal (ed), Paris: Éditions Domat Montchrestien, pp293-321

De 1980 à 1989

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    • Michael D. Bordo, Austrian influence on business cycle theory: Comment on Garrison, Cato Journal, 6(2): 455-459
    • John B. Egger, A Sympathetic Critic of the Austrian Business-cycle Theory, In: Israel Kirzner, dir., Subjectivism, Intelligibility and Economic Understanding, New York: New York University Press, pp56-71
    • Laurence S. Moss et Karen Vaughn, Hayek's Ricardo Effect: A Second Look, History of Political Economy, Vol. 18, no. 4, Winter, pp545-65
    • J. Scheide, New Classical and Austrian Business Cycle Theory: Is There a Difference?, Weltwirschaftliches Archiv, CXXII (3), pp575-598
  • 1989,
    • Roger Garrison, "The Austrian Theory of The Business Cycle in the Light of Modern Macroeconomics", Review of Austrian Economics, Vol 3, n°1, pp3-29
    • Ruby Ramirez et Deborah Walker, Hayek vs. Lucas: Contrast and Comparison in Business Cycle Theory, Journal of the Southwestern Society of Economists, proceedings, Vol 16, n°1

De 1990 à 1999

De 2000 à 2009

De 2010 à 2019

  • 2015,
    • James Caton, Richard E. Wagner, "Volatility in Catallactical Systems: Austrian Cycle Theory Revisited", In: "Advances in Austrian Economics", New Thinking in Austrian Political Economy, vol 19, Emerald Group Publishing Limited, pp95-117
    • Andrew Young, "Austrian Business Cycle Theory: A Modern Appraisal", In: Peter Boettke, Christopher Coyne, dir., "The Oxford Handbook in Austrian Economics", Oxford University Press, pp186-212
  • 2016,
    • George Bragues, "The Political Regime Factor in Austrian Business Cycle Theory: Historically Accounting for the US and Canadian Experiences of the 2007–2009 Financial Crisis", In: Steven Horwitz, dir., "Studies in Austrian Macroeconomics" (Advances in Austrian Economics, Volume 20), Emerald Group Publishing Limited, pp137-161
    • Mark Cohen, William J. Luther, "On the Empirical Relevance of the Mises-Hayek Theory of the Trade Cycle", Advances in Austrian Economics, Vol 20, pp79-103
  • 2019, B. Ferrero, "Are Structural Fluctuations Natural or Policy-Induced? Analyzing Mises’s and Schumpeter’s Contributions to Business Cycle Theory", Quarterly Journal of Austrian Economics, Vol 22, n°2

Depuis 2020

  • 2021, Simon Bilo, "Hayek’s Theory of Business Cycles: A Theory That Will Remain Obscure?", The Journal of Private Enterprise, 36(3), Fall, pp27-47
  • 2022, Jonathan R. Newman, Arkadiusz Sieroń, "Austrian business cycle theory", In: Per L. Bylund, dir., "A modern guide to Austrian economics", Cheltenham ; Northampton: Edward Elgar Publishing, pp257-282
  • 2023, Bryan P. Cursinger, "Monetary policy and business cycles: a post-crisis-research agenda for Austrian economics", In: Steven Horwitz, Louis Rouanet, dir., "A Research Agenda for Austrian Economics", Chiltenham & Northampton: Edward Elgar Publishing Limited, pp21-44

Liens externes

Textes

Videos


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