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Israel Kirzner

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Israel Kirzner
Économiste

Dates 1930 -
Israel Kirzner
Tendance École autrichienne
Nationalité Royaume-Uni Royaume-Uni, États-Unis États-Unis
Articles internes Autres articles sur Israel Kirzner

Citation
Interwikis sur Israël M. Kirzner

Israel Mayer Kirzner, né le 13 février 1930 à Londres (Grande Bretagne), est un économiste américain, proche de l'École autrichienne d'économie. Il est spécialisé dans la théorie de l'entrepreneur. Il utilise un support épistémique (la vigilance) et montre la vacuité du courant économique dominant dans ce domaine. Professeur émérite de sciences économiques de l'université de New York, il occupa également la chaire Upton lors du forum annuel sur la richesse et le bien-être des nations à l'université Beloit (Beloit College).

Biographie d'Israel Kirzner

De 1940 à 1948, Israel Kirzner vit à Cape Town en Afrique du Sud. Il fréquente l'université de Capetown (1947-1948) puis l'université de Londres (1950-1951). Il se rend ensuite aux USA et obtient ses diplômes d'économie au Brooklyn College (B.A. summa cum laude), dans l'état de New York en 1954. Dans la foulée, il obtient son MBA (1955) puis son doctorat (Ph.D) en économie à l'université de New York (1957).

Il participe aux séminaires de Ludwig von Mises de 1954 à 1958, qui est son directeur de thèse, publiée en 1960 (The Economic Point of View). Il rejoint la faculté d'économie de l'université de New York afin de devenir Professeur à partir de 1969. Il y enseigna jusqu'à sa retraite en janvier 2002. Il engagea sa carrière de chercheur sous le paradigme de l'École autrichienne d’économie, spécialement la théorie de l'entrepreneur.

Ses contributions aux sciences économiques concernent l'importance de l'entrepreneur comme acteur d'ajustement du marché. Il considère le marché comme dynamique et non statique comme le faisaient auparavant les économistes traditionnels. Il est considéré comme un théoricien de la tendance à l'équilibre dans la ligne droite de Friedrich Hayek. L'entrepreneur corrige les erreurs grâce à l'arbitrage et à la spéculation.

Dans son livre, Discovery, Capitalism, and Distributive Justice (Découverte, Capitalisme et justice distributive) en 1989, il présente une vision éthique du capitalisme. Quand l'entrepreneur est en situation d'alerte (alertness) ou de vigilance, il découvre des utilisations de ressources inemployées. Le profit que l'entrepreneur obtient de cette découverte est moralement justifié quel que soit l'effort effectué. Son analyse repose sur la nature du processus du marché et sur les structures institutionnelles qui lui permettent d'évoluer.

Pensée

Les travaux de Israël Kirzner ont fourni des incontestables contributions à la science économique :

  • La compréhension de la dynamique des processus de marché
  • Le rôle du temps dans les processus et les cycles
  • Le rôle de la concurrence et l'esprit d'entreprise
  • L'ignorance radicale des agents
  • La fonction entrepreneuriale dans le marché[1]
  • l'échange comme « faiseur de prix »

L'influence de la pensée d'Israel Kirzner ne touche pas seulement les étudiants et les chercheurs de l'école autrichienne d'économie mais un large horizon de chercheurs internationaux dont des auteurs francophones qui reconnaissent la puissance et l'envergure de ce grand "scholar"[2].

Théorie de la tendance à l'équilibre

Les contributions d'Israel Kirzner, et en particulier son ouvrage principal Competition and Entrepreneurship de 1973, ont donné une nouvelle vigueur à la recherche scientifique sur l'entrepreneuriat. L'auteur est aujourd'hui l'un des principaux points de référence de la littérature sur le sujet. Israel Kirzner place l'acteur entrepreneurial au centre du "processus de marché", affirmant que la concurrence et l'entrepreneuriat coïncident et que l'un ne peut pas exister sans l'autre.

Israel Kirzner prend appui sur la théorie du subjectivisme qui remonte au père fondateur de l'École autrichienne d'économie, à savoir, Carl Menger. Cependant Israel Kirzner note que le subjectivisme de Carl Menger est de nature statique. Par conséquent, pour comprendre la dimension dynamique du marché, il faut prendre en compte l'apport de deux autres figures autrichiennes, Ludwig von Mises et Friedrich Hayek. Ces deux auteurs mettent l'accent sur les processus d'ajustement du marché. Et ils ont démontré pour ceci que la construction de la théorie néo-classique de l'équilibre est un échec car elle suppose un prix d'équilibre instantané entre la demande et l'offre. Les auteurs autrichiens accentuent l'analyse sur le processus qui conduit à l'équilibre et ils ne se focalisent pas sur le résultat de l'équilibre attendu.

L'originalité d'Israel Kirzner est de retenir l'aspect subjectif des décisions et il intègre l'erreur comme une source d'inspiration pour comprendre le retour à l'équilibre de l'économie. En 1962, il écrit que l'action rationnelle des individus conduit à l'équilibre et cette réalisation est possible à partir de "révisions du plan qui sont provoquées à la suite de la déception de plans précédents"[3]. Pour les autrichiens, la tendance à l'équilibre est une séquence d'ajustement systématique de décisions. A cet égard, l'action humaine de Ludwig von Mises décrit l'unité de décision individuelle qui est différente d'un processus de maximisation. L'action subjective concerne donc la découverte de la relation pertinente entre des fins et des moyens. Cette analyse permet aux économistes l'intégration de l'apprentissage dans la compréhension des mécanismes du marché. Le subjectivisme de Friedrich Hayek se poursuit dans cette voie puisqu'il décrit le processus de la concurrence comme un apprentissage par la découverte.

Israel Kirzner renforce la référence du subjectivisme avec le changement endogène qui s'opère dans la relation fins-moyens. Or, ce changement est possible, précise-t-il, uniquement par l'esprit entrepreneurial dont chaque individu, participant au marché, est doté et qui se manifeste par un trait de caractère, la vigilance. Cette vigilance repose sur "la propension à découvrir de nouveaux objectifs et des ressources jusqu'ici inconnues»[4]. La théorie autrichienne donne une image plus réaliste de l'action humaine (et donc du véritable choix). Elle rend possible la description du marché comme un processus de découverte unique. La vigilance entrepreneuriale traite nécessairement les événements générés par le marché comme étant étroitement liés à des événements précédents au sein du marché. Évincer cette notion de nouveauté, de façon systématique, ôte de l'entrepreneuriat cet attribut de découverte spontanée de nouvelles opportunités à partir des conditions précédentes du marché (ou par les conditions futures du marché qui se seraient passées en l'absence des actions de l'entrepreneur). Les "découvertes entrepreneuriales sont les étapes par lesquelles toute tendance possible vers l'équilibre du marché doit procéder"[5], précise Israel Kirzner.

Une situation de déséquilibre fait donc référence à l'ignorance du marché. De là émergent des occasions rentables qui sont exploitées par la vigilance des acteurs économiques. Les marchés vainquent l'ignorance dans deux sens. Tout d'abord, dans un monde imaginaire de l'équilibre économique, les prix du marché peuvent signaler aux consommateurs comment ils peuvent modifier leur comportement afin de se conformer aux conditions de l'offre et de la demande dont ils sont ignorants. Lorsque les prix du marché ne sont pas parfaitement alignés sur les conditions de la demande et de l'offre (et ils ne le sont jamais), les prix présentent des opportunités de profit aux entrepreneurs qui sont attentifs à faire de telles découvertes. Dans ce second sens où le marché vainc l'ignorance, les entrepreneurs sont motivés par le profit. Ils réaffectent alors les ressources dans un modèle, qui reflète de manière plus efficace les conditions plus réelles de l'offre et de la demande. C'est cette façon de surmonter l'ignorance qui sépare le plus clairement le marché économique et l'arène politique, car aucun processus de découverte corrective correspondant n'existe dans la vie politique.

Théorie de la publicité

Distinction entre information et action-connaissance

Israel Kirzner fait une distinction entre l'information et la connaissance. Il distingue l'information-connaissance de l'action-connaissance. La première concerne des données pures dont il n'est pas fait un usage pratique. La deuxième est liée à l'esprit d'entreprise. En appliquant son analyse à la théorie de la publicité, Israel Kirzner montre l'erreur quasi invariable des théoriciens lorsqu'ils déploient le principe du process d'apprentissage et qu'ils supposent l'information se transformant inexorablement en action-connaissance. Or, s'il s'avère que le consommateur agît d'une manière qui reflète exactement ses préférences et ses ressources, il faut plus d'éléments que le simple fait de lui fournir de l'information. Pour l'entrepreneur, cela implique d'être vigilant à cette connaissance idiosyncratique et à sa signification idoine.

La publicité : un moyen d'avertir plutôt que de manipuler les consommateurs

Israel Kirzner ne considère pas la publicité comme un dispositif économique et psychologique visant à manipuler les cerveaux des consommateurs, ni simplement comme un moyen de transmettre de l'information. Au contraire, la publicité avertit les consommateurs de la disponibilité des produits, au sens large, pas uniquement de leur disponibilité en stock dans un entrepôt ou sur le rayon d'un magasin. Si une annonce est colorée, drôle, ou bruyante, c'est parce que c'est nécessaire pour que les consommateurs remarquent une opportunité, et que celle-ci va améliorer leur bien-être. Le fait que les consommateurs adhérent à la publicité par leur achat démontre qu'ils sont les seuls souverains dans leurs choix. Personne d'autre peut remplacer le consommateur dans son choix au moment où il le fait concrètement. Le subjectivisme des choix est crucial dans une société libre respectueuse des personnes.

Le rôle essentiel de la publicité selon Kirzner

Selon Kirzner, la publicité joue un rôle clé dans le processus de marché en permettant aux entrepreneurs de découvrir les demandes des consommateurs. Contrairement à la vision traditionnelle où la concurrence parfaite suppose une parfaite connaissance des prix et des produits, Kirzner considère que la publicité est un moyen essentiel pour les entrepreneurs de sonder et d'explorer le marché.

Explorer de nouvelles possibilités

La publicité offre aux entrepreneurs une plateforme pour présenter leurs offres aux consommateurs et attirer leur attention. Grâce à la publicité, les entrepreneurs peuvent tester différentes approches et stratégies pour mieux comprendre ce que les consommateurs recherchent et désirent réellement.

En utilisant la publicité de manière proactive, les entrepreneurs peuvent constamment s'adapter aux besoins changeants du marché. La publicité leur permet d'observer les réactions des consommateurs, d'identifier les opportunités inexploitées et de développer des produits ou des services en réponse à ces besoins.

Stimuler la concurrence et l'innovation

La publicité joue un rôle important dans la stimulation de la concurrence entre les entrepreneurs. En faisant connaître leurs produits et en créant des offres attractives, les entrepreneurs rivalisent pour attirer les consommateurs. Cette compétition favorise l'innovation et incite les entreprises à rechercher constamment des améliorations pour se démarquer de la concurrence.

Pour Kirzner, la publicité est un élément fondamental du processus dynamique de découverte et d'ajustement du marché. Elle permet aux entrepreneurs d'explorer de nouvelles opportunités, de tester différentes approches et de recueillir des informations précieuses sur les préférences des consommateurs.

Dans la vision de Kirzner, la publicité est bien plus qu'un simple moyen de promouvoir des produits ; elle est un outil puissant pour les entrepreneurs, leur permettant de sonder, explorer et découvrir les demandes des consommateurs. Elle stimule la concurrence, favorise l'innovation et contribue à maintenir le marché comme un processus dynamique et évolutif où les entrepreneurs s'efforcent constamment de répondre aux besoins changeants des consommateurs.

Théorie de la vigilance (alertness) : la curiosité épistémique de l'entrepreneur

Alors que les principaux économistes du courant dominant, qui s'intéressent à l'esprit d'entreprise, déforment la nature psychologique de l'homme agissant, Israel Kirzner ne caricature pas l'entrepreneur en un individu égoïste et avide d'argent. La particularité de sa théorie de l'entrepreneur repose sur un support épistémique, c'est-à-dire sur la recherche de la connaissance qui lui reste à obtenir. Ce n'est pas seulement la recherche de nouvelles informations qui motive l'entrepreneur, mais la recherche d'informations pour découvrir des poches d'opportunités de profit pur. L'entrepreneur est un curieux épistémique à la recherche d'erreurs sur le marché qui peuvent lui rapporter des gains.

"C'est la disponibilité des opportunités de profit pur qui, d'une manière que nous ne comprenons pas entièrement, attire l'attention entrepreneuriale."[6]

L'attention de l'entrepreneur, sa curiosité épistémique, ne peut pas être totalement observable de l'extérieur par une autre personne. L'attention est personnelle à chacun d'entre nous. Chaque personne est motivée de remplir le vide de sa connaissance en fonction de son propre vécu. La vigilance de l'entrepreneur n'est pas une fonction mécanique fournie à l'homme et à la femme d'entreprise lors de sa naissance. La nature psychologique de l'être humain le porte à agir, et non seulement à réagir. La connaissance dont il dispose plus sa curiosité épistémique sont des émulations à l'action entrepreneuriale. Certaines personnes vont passer à côté d'opportunités de profit sans les remarquer, car celles-ci sont trop éloignées de leur capital épistémique (de connaissance), d'autres agiront comme s'ils n'avaient plus rien à apprendre dans leur domaine. Ces derniers sont comme le piéton sur une place publique qui voit qu'un billet de banque git sur le sol mais qui ne le ramasse pas car, il pense que si cela était vrai, quelqu'un d'autre l'aurait déjà ramassé. Dans cette circonstance de temps et de lieu, cet homme ou cette femme n'est pas vigilante à rechercher des opportunités de profit. Ceci ne l'empêchera pas cependant de le faire dans d'autres endroits et dans d'autres lieux. Enfin, reste la troisième catégorie, celle des entrepreneurs qui sont curieux épistémiquement et qui sont fortement stimulés par la découverte de l'information complémentaire à leur capital de connaissance. Tels des félins prêts à bondir sur leurs proies, l'entrepreneur est en état de vigilance, il saisit les opportunités de profit lorsqu'elle se présentent à lui car l'information qui lui manquait vient tout d'un coup ou peu à peu, lui apparaître de façon plus évidente.

La vision de Kirzner sur la concurrence et le monopole

Les deux termes de concurrence et de monopole peuvent coexister dans une même théorie économique

Selon Israel Kirzner, la concurrence et le monopole ne sont pas mutuellement exclusifs dans une théorie économique complète. Contrairement à certaines approches qui considèrent la concurrence et le monopole comme des concepts opposés, Kirzner propose une perspective plus nuancée. Il met en évidence que le marché est dynamique et en constante évolution, ce qui signifie que la concurrence peut exister même en présence de monopoles. En effet, un monopole peut être remis en question et contourné par l'arrivée de nouveaux entrepreneurs qui découvrent des opportunités inexploitées, créant ainsi de nouveaux espaces de concurrence.

La théorie de la concurrence parfaite mise en contraste avec le concept de processus

Israel Kirzner s'oppose à la notion de concurrence parfaite souvent utilisée dans les modèles économiques néo-classiques. La concurrence parfaite suppose que les marchés sont caractérisés par un état d'équilibre statique où tous les acteurs sont pleinement informés et où les prix reflètent parfaitement les coûts de production. Cependant, Kirzner considère que cette approche idéalisée ne correspond pas à la réalité du marché.

Selon Kirzner, le processus de marché est dynamique et continuel. Il repose sur des déséquilibres initiaux, des informations dispersées et une incertitude qui engendrent des opportunités entrepreneuriales. Ce processus de découverte entrepreneuriale entraîne des ajustements et des changements continus, éloignant ainsi le marché d'un état d'équilibre statique.

Le libre accès au marché et la concurrence résultant de ce processus

L'un des aspects clés de la vision de Kirzner est le rôle du libre accès au marché. Pour que la concurrence puisse se développer de manière efficace, il est essentiel que tous les entrepreneurs aient une opportunité égale d'entrer sur le marché. Le libre accès encourage la rivalité entre les acteurs économiques et permet aux nouvelles idées et innovations de se manifester.

Le processus de découverte entrepreneuriale, facilité par le libre accès au marché, amène à la création de nouvelles entreprises et de nouvelles offres de produits et services. Cela favorise une concurrence dynamique où les entrepreneurs rivalisent pour répondre aux besoins changeants des consommateurs, conduisant à des améliorations constantes, des innovations et une meilleure allocation des ressources.

En somme, Israel Kirzner propose une approche réaliste de la concurrence et du monopole en mettant en avant le processus dynamique du marché et l'importance du libre accès. Sa vision offre une perspective dynamique qui tient compte des opportunités entrepreneuriales et des ajustements continus, au lieu de se limiter à l'équilibre statique souvent supposé dans les modèles classiques.

Théorie de la découverte des opportunités entrepreneuriales

Israel Kirzner est à l'origine de la théorie de la découverte des opportunités entrepreneuriales. Selon ce point de vue, les opportunités entrepreneuriales existent, indépendamment des actions des entrepreneurs. Les opportunités attendent que des individus alertes les découvrent et les exploitent, comme un bagage perdu en gare attendant qu'on vienne le récupérer.

Je vois l'entrepreneur non pas comme une source d'idées innovantes ex nihilo, mais comme quelqu'un d'alerte aux opportunités qui existent déjà et qui attendent d'être remarquées [7].

L'approche d'Israel Kirzner comme celle de Frank Knight, de Joseph Schumpeter et des autres principaux contributeurs à la théorie économique de l'esprit d'entreprise, considère l'entrepreneuriat comme une fonction économique, et non une catégorie d'emploi (c'est-à-dire, l'auto-emploi) ou d'un type d'entreprise (c'est-à-dire, une entreprise au démarrage). L'effet principal de l'esprit d'entreprise est sa fonction d'équilibrer le marché, en enlevant des "poches d'ignorance" dans le marché. L'esprit d'entreprise est toujours stimulé par une tendance à l'équilibre. L'entrepreneur pour d'Israel Kirzner est un idéal-type, puisqu'il est présenté comme ne remplissant que cette fonction. Il ne travaille pas (au sens général du terme) ou ne possède du capital. La plupart des individus peuvent ainsi s'y représenter puisqu'ils sont potentiellement des acteurs de découverte d'opportunités. Ils n'ont pas besoin d'investissement, de mobiliser des capitaux propres, d'être des leaders charismatiques, d'innover, de créer ou d'être doté de capacités de management. Ils sont des entrepreneurs car ils effectuent des découvertes d'opportunités de profit. Mais cette capacité d'entreprendre par la découverte d'opportunités ne peut pas s'effectuer sans la liberté :

""Le point de vue entrepreneurial de la liberté nous permet de voir comment la liberté de choisir peut inspirer la découverte d’opportunités qui peuvent être invisibles pour ceux à qui cette liberté est refusée. Ceux à qui la liberté de choisir a été refusée n'auront, dans ce cas, aucune idée qu'ils se voient refuser un objectif autrement atteignable. Celui à qui on refuse le choix d'entrer au collège ne peut jamais réaliser qu'il possède le potentiel intellectuel pour être admis à l'université. Le déni de la liberté de choisir, à partir de ce point de vue, n'inflige pas nécessairement la douleur des désirs contrariés. En fait, on peut manquer de liberté et être convaincu que son absence n'affecte aucunement son bien-être"[8]. Par conséquent, l'argument ontologique de la liberté de choix d'Israel Kirzner dépasse le niveau de la théorie utilitariste qui évalue le niveau de la liberté aux peines et aux joies ressenties par les individus. Selon Israel Kirzner, la liberté de choix est une catégorie située, ontologiquement, au-dessus de la catégorie simple des choix des personnes qui affectent leurs peines et leurs joies ressenties.

Le travail d'Israel Kirzner est régulièrement évoqué en références aux auteurs classiques de l'esprit d'entreprise, aux côtés des contributions de Frank Knight (1921) et de Joseph Schumpeter (1911). Israel Kirzner fonde son approche sur le processus de marché dans un cadre associé à l'école autrichienne d'économie, dont les représentants majeurs sont Ludwig von Mises et Friedrich Hayek. Ses racines d'analyses s'étendent à Richard Cantillon, John Bates Clark, Frank A. Fetter, et d'autres économistes. Il s'appuie sur l'entrepreneur, en tant que porteur d'incertitude tout en l'élargissant au niveau de l'ignorance [Sheer ignorance].

Israel Kirzner est rejoint, dans son analyse, par d'autres économistes du management comme Scott Shane, Sankaran Venkataraman et Mark Casson. Ceux-ci furent critiqués par d'autres économistes avançant une théorie de la création d'opportunités entrepreneuriales[9]

Comme le signale Peter Klein dans un article récent, Découverte d'opportunités, Action entrepreneuriale et organisation économique [10], les critiques d'Israel Kirzner se sont fourvoyés. Le programme de recherche d'Israel Kirzner est normatif. Il s'inscrit dans un cadre critique de l'école néo-classique où il n'existe pas de déséquilibre. L'analyse de Kirzner n'est pas une approche méthodologique positive, décrivant la réalité, de la découverte d'opportunité mais une explication de la tendance à l'équilibre dans un cadre néo-classique. Il ajoute à la vision statique de cette dernière une dimension du marché vu comme un processus. L'alerte de l'entrepreneur vis à vis d'opportunités de profit déterminé et exogène est une métaphore pour expliquer la tendance du marché à s'équilibrer. Aussi, dans un contexte plus général d'analyse économique des organisations, Peter Klein préconise de retourner à la base de l'école autrichienne. La qualité essentielle de l'entrepreneur est son jugement (ou évaluation). Par conséquent, les recherches sur l'entrepreneuriat basées sur les opportunités risquent d'être stériles tandis qu'une approche alternative axée sur l'investissement et donc sur la théorie du capital de l'École autrichienne offre plus de perspectives fructueuses de compréhension de l'entrepreneuriat.

Informations complémentaires

Notes et références

  1. Israel Kirzner choisit volontairement le syntagme de fonction entrepreneuriale, ce qui est déroutant sémantiquement puisque le mot de fonction s'emploie aussi en mathématiques. Il n'est pas possible de comprendre la thèse de Kirzner sur la fonction entrepreneuriale sans prendre en compte la méthodologie qui imprègne son travail. En particulier, il oppose un contrepoint à l'école néo-classique où les modèles mathématiques s'apparente à la mécanique des fluides. Une importance exagérée est établit par ces économistes lorsqu'ils acceptent des relations hydrauliques entre des vases communiquant quasi instantanément et de façon autonome. Mais, l'auteur autrichien s'éloigne d'une d'interprétation où l'entrepreneur agirait de façon mécanique. Israel Kirzner voue du temps pour montrer que les phénomènes économiques sont intelligibles à partir des objectifs humains, et non par les résultats quantitatifs offerts par les modèles d'équilibre. La fonction entrepreneuriale est en fait un rôle entrepreneurial personnifié par la figure de l'entrepreneur. Celui-ci fait plus que de transformer des intrants en extrants comme le suggère la théorie néo-classique de la fonction de production. L'entrepreneur arbitre les prix, il spécule et il introduit des nouveautés sur le marché. Il matérialise l'avenir ce qu'il imagine lui-même dans le présent. Pris dans une notion typique, c'est le personnage responsable de l'évolution des prix sur le marché. Son action est productrice mais elle diffuse aussi de l'information dans l'économie, en favorisant de nouvelles actions des autres agents économiques. La thèse de la fonction entrepreneuriale chez Kirzner résout le problème hayékien de la connaissance (dispersion de l'information et problématique de avoir comment sont données les données) en expliquant les déterminants des actions spéculatives des entrepreneurs qui augmentent et qui diffusent également l'information sur le marché.
  2. "Dans ce numéro, Joseph Ngijol consacre un texte à « Israel M. Kirzner : les opportunités au cœur de la dynamique entrepreneuriale », ce qui lui permet de montrer combien cet auteur est central dans le courant des opportunités, et combien l’œuvre de cet économiste autrichien est riche pour notre champ, au-delà même du concept de vigilance entrepreneuriale (ou alertness) qu’il introduit. Auteur de référence dans la légitimation et le développement de l’entrepreneuriat ces quarante dernières années, son œuvre contient de multiples pistes, qui n’ont souvent été qu’au stade d’intuition dans son œuvre (apprentissage, temps, processus)." Didier Chabaud, Sylvie Sammut et Jean-Michel Degeorge, 2015, "Des racines et des ailes", Revue de l’Entrepreneuriat, n°4, Vol 14, pp9-15
  3. Israel Kirzner, 1962, "Rational Action and Economic Theory", Journal of Political Economy, Vol. LXX, August, p381
  4. (Israel Kirzner, 1973, Competition and Entrepreneurship, Chicago: University of Chicago Press, p34
  5. Israel Kirzner, 1985, Discovery and the Capitalist Process, Chicago: University of Chicago Press, pp11-12
  6. Israel Kirzner, 2011, "The Economics of Greed or the Economics of Purpose", In: Emily Chamlee-Wright, dir., "The Annual Proceedings of the Wealth and Well-Being of Nations, 2010-2011", Vol 3, Beloit College Press, ISBN 978-0-578-02883-5, p27
  7. “Entrepreneurship [is] a responding agency. I view the entrepreneur not as a source of innovative ideas ex nihilo, but as being alert to the opportunities that exist already and are waiting to be noticed". Israel Kirzner, 1973, Competition and Entrepreneurship, Chicago University Press, Chicago, p74
  8. Israel Kirzner, 1979, "Perception, Opportunity and Profit: Studies in the theory of entrepreneurship", Chicago: University of Chicago Press
    • Réimprimé en 1983 en version paperback
      • Traduction allemande en 1988, Unternehmer und Marktdynamik, München:, Wien
  9. dont : Sharon A. Alvarez, 2005, Two theories of entrepreneurship et Saras Sarasvathy, Nicholas Dew, S. R. Velamuri et Sankaran Venkataraman, 2003, "Three Views of Entrepreneurial Opportunity", In: Zoltan Acs, David Audretsch, dir., "Handbook of Entrepreneurship Research", Boston: Kluwer, pp141-160
  10. Peter Klein, “Opportunity Discovery, Entrepreneurial Action, and Economic Organization", Strategic Entrepreneurship Journal

Publications

Pour une liste détaillée des œuvres d'Israel Kirzner, voir publications

Littérature secondaire

Pour voir les publications qui ont un lien d'étude, d'analyse ou de recherche avec les travaux et la pensée d'Israel Kirzner : Israel Kirzner (Littérature secondaire)

Liens externes

Podcasts

Archives Video
Conférences d'Israel Kirzner
Présentation du travail d'Israel Kirzner
  • (en)Icone Cinéma recentrée.png [video]"Kirzner on Entrepreneurship", présentation faite par le professeur Daniel Russell (Center for the philosophy of freedom - University of Arizona) pour le compte de LibertyCon (durée : 5:25)

Textes

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