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Libéraux de gauche

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Le libéralisme est un ensemble de courants qui vise à faire reconnaître la primauté de l'individu. Parmi les libéraux, les libéraux de gauche se distinguent en insistant sur la nécessité d'une certaine égalité des conditions de départ pour tous.

Caractéristiques des libéraux de gauche

Les libéraux de gauche soulignent les limites du principe de première appropriation, qui fait partie du droit naturel, en s'appuyant sur une argumentation a contrario du paragraphe 33 du Traité du gouvernement civil de John Locke [1]. Pour rétablir l'égalité des conditions initiales, ils proposent de nombreux mécanismes souvent complexes : allocation universelle, propriété collective, principe de compensation, loyer, etc.

Ce qu’ils essaient de faire est de résoudre un conflit : les ressources sont rares et il faut les répartir entre les individus. Comment résoudre ce conflit ? Pour eux, la solution apportée par le droit naturel n’est pas la bonne. Bien qu’ils acceptent le reste du droit naturel, ils cherchent à le concilier avec un principe de répartition des ressources qui serait plus égalitaire (notion subjective et qui varie d’un libéral de gauche à un autre).

Historiquement, on qualifie parfois de libéraux de gauche ceux des libéraux qui, en France, siégeaient à gauche à l'Assemblée nationale : Frédéric Bastiat, Yves Guyot, etc., la gauche française à l'époque n'étant pas dans sa totalité collectiviste ni étatiste.

Certains libéraux, tels Jean-François Revel, se considèrent comme des hommes de gauche, attachés à une justice sociale qui ne soit pas de la simple redistribution, mais plutôt l'abolition de privilèges étatiques indus.

Applications concrètes

La gauche libérale a illustré cette vision avec la situation politique française.

Illustration Gauche libérale

Cette carte dessine le paysage politique français sur deux axes :

  • en abscisse, le traditionnel droite-gauche, incontournable curseur médiatique du positionnement politique
  • en ordonnée, le degré de libéralisme des partis politiques, à savoir l'importance qu'ils accordent à la liberté individuelle ou au dirigisme.

Cette représentation montre donc le libéralisme comme une deuxième dimension de la vie politique. Le contraire du libéralisme n'est ni la gauche ni la droite, c'est l'étatisme, le dirigisme et le constructivisme.

Bien entendu, les idées politiques ne se limitent pas non plus à cette cartographie en deux dimensions, mais cette représentation se révèle nettement plus précise que le traditionnel positionnement linéaire droite - gauche.

Erreur courante : le libéralisme est une idéologie de droite

En toute rigueur, le libéralisme ne peut être classé ni à droite ni à gauche. En déduire qu'il est « centriste » serait aussi une erreur, sauf à dire qu'il est éloigné tant des tendances redistributives de la gauche (et aussi de la droite) que des tendances autoritaires de la droite (et aussi de la gauche), ces deux types de tendances reposant sur l'étatisme et l'interventionnisme, réprouvés par les libéraux :

« Les conservateurs veulent tous être votre papa, qui vous dit ce qu'il faut faire et ne pas faire. Les sociaux-démocrates veulent tous être votre maman, qui vous nourrit, borde vos draps et vous mouche. » (David Boaz, Libertarianism: A Primer)

Si on tient à tout prix à coller des étiquettes politiques sur les libéraux, on aura :

Citations

  • « Il existe des courants de gauche, il faut le souligner, qui, au plan économique, sont des partisans des libertés économiques. A la fin du 19ème siècle, les solidaristes, par exemple, ne considèrent pas antithétique par nature avec le libre marché de construire une société plus solidaire. On a tendance à couper les courants de pensée dans un axe gauche-droite, suivant leur position sur le libéralisme économique. Mais même au sein du parti socialiste d’avant 1914, il existait un courant assez libéral en économie qui s’opposait aux dirigistes. C’est le cas de l’opposition entre Jaurès et Jules Guesde. Jaurès a écrit un article faisant l’éloge du chef d’entreprise. Malheureusement, il a été assassiné, il eut mieux valu que ce fût Guesde ! Jaurès ne récusait pas du tout une économie libérale. » (Philippe Nataf)
  • « Si elles étaient établies, la réalité et la viabilité d’un libéralisme de gauche aussi authentiquement libéral que de gauche contribuerait assurément à dédroitiser et recentrer une tradition libérale au champ élargi et à la dynamique revivifiée. En tête de leurs conditions théoriques de possibilité figure l’existence d’une gauche dont l’engagement anti-totalitaire serait également anti-collectiviste. Qui ne se fourvoie pas dans l’illusion syncrétique d’une « troisième voie » entre capitalisme et socialisme, ne s’en tienne pas à la dimension politique du libéralisme pour oser en finir avec les excès de l’interventionnisme assistanciel, redistributif et ultra-règlementariste de l’État-providence – et adhère sans restriction aux principes individualistes de responsabilité individuelle, de liberté contractuelle et de respect du droit de propriété. Sur la base du paradigme libéral, le libéralisme de gauche illustrerait alors la possibilité intellectuelle d’en déduire des conséquences et applications pratiques autres que celles du libéralisme de pur laissez-faire. Son pari : dans la ligne des idées d’un Karl Popper suggérant dès 1958 de « réduire ce qui semble tant faire question dans l’État welfare : la bureaucratisation et la mise en tutelle de l’individu » (En quoi croit l’Occident ?), parvenir à concilier l’éradication des principes et effets pervers de l’État providence avec l’exigence d’accompagner le libre marché de dispositifs qui en suppriment la brutalité et la clôture pour les moins bien lotis. Il s’agirait de « rendre tout un chacun capable de prendre ses responsabilités et de faire preuve d’initiative pour affirmer sa compétence sur le marché au lieu de se comporter comme un « raté » et de recourir à l’assistance de l’État », pour reprendre les termes d’Habermas dans Après l’État-nation. » (Alain Laurent)
  • « Si j’avais le malheur de ne voir dans le capital que l’avantage de capitalistes, et de ne saisir ainsi qu’un côté, et, assurément, le côté le plus étroit et le moins consolant de la science économique, je me ferais Socialiste ; car de manière ou d’autre, il faut que l’inégalité s’efface progressivement, et si la liberté ne renfermait pas cette solution, comme les socialistes je la demanderais à la loi, à l’État, à la contrainte. » (Frédéric Bastiat, Gratuité du crédit)

Bibliographie

  • 2006,
    • V. Bourdeau, "Les républicains du 19eme siècle étaient-ils des libertariens de gauche?", Raisons politiques, vol 23, pp93-108
    • David Goodway, "Anarchist Seeds Beneath the Snow: Left-Libertarian Thought and British Writers from William Morris to Colin Ward", Liverpool, UK: Liverpool University Press
    • Nicolas Tenzer et Monique Canto-Sperber, Faut-il sauver le libéralisme?
  • 2022, Hillel Steiner, "Left Libertarianism", In: Benjamin Ferguson, Matt Zwolinski, dir., "The Routledge Companion to Libertarianism", London and New York: Routledge, pp229-240

Tentative de recensement

La liste suivante de libéraux de gauche ou assimilés comme tels, se base sur les travaux d'Alain Laurent (La Philosophie libérale et Les grands courants du libéralisme) et ceux de Peter Vallentyne et Hillel Steiner.

XVIe siècle

XVIIIe siècle

XIXe siècle

XXe siècle

XXIe siècle

Notes et références

  1. Voir la légitimité de l'appropriation individuelle chez John Locke
  2. Voir Néolibéralisme.
  3. Voir Alain Laurent.

Voir aussi

Lien interne

Lien externe

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