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Piero Gobetti

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Piero Gobetti
philosophe

Dates 1901 - 1926
Piero Gobetti
Tendance Libéral de gauche
Nationalité Italie Italie
Articles internes Autres articles sur Piero Gobetti

Citation « L'État ne professe pas une éthique, mais exerce une action politique. »
Interwikis sur Piero Gobetti

Piero Gobetti est un penseur libéral italien né à Turin le 19 juin 1901 et mort tragiquement à Paris le 16 février 1926. Inconnu en France, il est une légende en Italie. L'homme politique italien, Giovanni Spadolini, voyait en lui, en 1991, un archangelo del liberalismo.

Biographie

Né de parents pauvres d'origine paysanne, qui ne cesseront de le soutenir, il fait d'excellentes études au lycée aux côtés de Carlo Levi et il fascine tôt ses condisciples et ses professeurs. Il subit l'influence de Luigi Einaudi et de Gaetano Salvemini qui lui fait découvrir l'œuvre de Carlo Cattaneo. Il se forme lui-même par l'étude des physiocrates français mais aussi de Locke, Kant, Adam Smith, Montesquieu, Taine et Spencer. Son livre de chevet était le On Liberty de John Stuart Mill qu'il considérait comme le bréviaire du citoyen moderne. Il polémique d'emblée avec ses amis marxistes.

Il crée de nombreuses revues : Energie Nove (1918-1920) alors qu'il est étudiant ; La Rivoluzione liberale (1922-1925) qui cesse de paraître interdite par le gouvernement fasciste ; Il Baretti (1924) supplément libéral militant de la Rivoluzione Liberale. Il fonde très vite sa maison d'édition avec son ami le peintre Felice Casorati et l'éditeur Arnaldo Pittavino de Pignerol. La devise de la maison était : che ho a che fare io con gli schiavi (Qu'ai-je à faire, moi, avec les esclaves). Il publie, outre ses propres ouvrages, une centaine de volumes en trois ans : œuvres de Luigi Einaudi, Giovani Amendola, Gaetano Salvemini, Francesco Nitti, Luigi Sturzo entre autres avec des ouvrages de littérature. En 1925, il envisage de créer une maison d'édition à Paris pour publier des livres en français mais de portée européenne.

Sensible à l'aspect héroïque de la révolution d'Octobre, il entretient des relations avec Antonio Gramsci et participe même à la critique théâtrale d'Ordine nuovo ! avant de rompre avec lui en février 1922. L'assassinat de Matteoti l'incite à faire le procès du régime de Mussolini en 1924, le Duce demandant que l'on rendre la vie difficile à cet opposant insignifiant. Le 5 septembre 1924, Gobetti est victime d'une violente agression par les fascistes, sur ordre personnel de Mussolini. Le 2 décembre, il constitue le réseau des Amici della Rivoluzione liberale mais le 16 novembre 1925, sa revue est interdite et il se voit interdire toute activité éditoriale.

En décembre 1925, il s'exile à Paris, où il est accueilli par Francesco Nitti, mais souffrant beaucoup des suites de son agression, il tombe gravement malade et meurt dans une clinique où il a été transporté d'urgence. Il est enterré au Père-Lachaise près du mur des Fédérés.

La pensée

L'oeuvre de Gobetti a été redécouverte après l'effondrement du communisme : la réédition de Rivoluzione liberale a été un événement majeur en 1995. Le Centro Piero Gobetti fondé en 1961 à Turin continue à maintenir vivante cette pensée.

Pour Gobetti, le libéralisme était une composante de l'illuminisme humaniste européen. Héritier de Condorcet, Turgot, Jean-Baptiste Say, Frédéric Bastiat et Benjamin Constant, il croit à une civilisation industrielle. Son modèle était la Fiat fondée par Giovanni Agnelli, entreprise de type anglo-saxon. Le libéralisme est une révolution car l'esprit de la démocratie protestante s'identifie à la morale libérale du capitalisme et à la passion libertaire des masses. Admirateur de Max Weber il reproche à la bourgeoisie italienne de ne pas être assez capitaliste.

Fortement préoccupé de justice sociale, il souhaite un État qui garantisse non seulement la liberté individuelle mais aussi la libre compétition des sujets collectifs (groupes, associations, mouvements et partis). La liberté ne se divise pas et ne peut s'imposer qu'en impliquant les masses. A ses yeux, le problème du mouvement ouvrier est un problème de liberté et non pas d'égalité sociale : il rejette tout démocratisme abstrait. Il est souvent rattaché, à tort, au courant du libéral-socialisme en raison de sa participation à un front commun anti-fasciste avec des communistes.

S'inspirant de Gaetano Mosca et Vilfredo Pareto, qui faisait de l'histoire des élites l'histoire des conflits entre groupes sociaux, il a également beaucoup réfléchi sur l'histoire italienne : l'échec du Risorgimento comme réforme libérale est à l'origine de l'expérience du fascisme, symptôme d'une Italie restée pré-capitaliste en l'absence d'élites minoritaires capables d'assumer les responsabilités d'une véritable classe dirigeante.

Pour lui, la modernité repose sur les impératifs de l'économie et non pas sur les rêves de la religion car le capitalisme moderne est une civilisation de l'activité et la liberté y est inséparable de la responsabilité. Les sociétés libérales sont des sociétés de droit. En Italie, la bourgeoisie se soumet à la tutelle de l'État pour protéger ses privilèges acquis de classe dominante tout en évitant ses devoirs de classe dirigeante. Avec une classe dominante parasitaire, la modernité s'inverse en socialisme bureaucratique ou en nationalisme démagogique.

Critiquant fermement le messianisme révolutionnaire, il conçoit la lutte des classes comme une composante essentielle du processus de sélection des élites dans une société démocratique ouverte. La lutte des classes devient ainsi une condition de possibilité de la civilisation capitaliste. L'espérance de l'abolition des classes est une utopie car sa réalisation concrète détruirait le moteur évolutif du progrès. Comme la concurrence des entreprises est la condition de fonctionnement de l'économie de marché, la concurrence des classes est la condition de fonctionnement des sociétés modernes.

Œuvres

  • La Rivoluzione Liberale. Saggio sulla lotta politica in Italia, Bologne 1924.
    • Traduction française La Révolution libérale suivi de de Piero Gobetti, le libéralisme et la politique, trad. Marilène Raiola, ed. Allia, 1999.
  • Risorgimento senza eroi. Studi sul pensiero piemontese nel Risorgimento, Turin 1926
  • Opere complete, 3 vol., Turin 1960, 1969, 1974.


Citations

  • « Il liberalismo ha elaborato un concetto della politica come disinteresse dell'uomo di governo di fronte al popolo interessato... Solo attraverso la lotta di classe il liberalismo può dimostrare le sue ricchezze... Essa è lo strumento infallibile per la formazione di nuove élites, la vera leva, sempre operante, del rinnovamento popolare ».
  • « Notre libéralisme, que nous appelons révolutionnaire (...), s'inspire d'une inexorable passion libertaire ; il voit dans la réalité un rapport de forces capable de produire continuellement de nouvelles aristocraties dirigeantes, pour autant que de nouvelles classes populaires puissent raviver la lutte avec leur volonté désespérée d'élévation sociale. » (La rivoluzione liberale, 1923[1])

Notes et références

  1. Piero Gobetti, La rivoluzione liberale, 1923, repris in Les Textes fondamentaux du libéralisme, Hors-Série Le Point, janvier-février 2007, p.75

Bibliographie

  • Jean Petitot, « Libéralisme et illuminisme. La Révolution libérale de Piero Gobetti » in Philippe Nemo et Jean Petitot, Histoire du libéralisme en Europe, 2006, p. 689-747

Liens externes


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