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Bourse
Une Bourse est une institution financière qui permet de réaliser des échanges de biens ou d'actifs et ainsi d'en fixer le prix. On distingue généralement les bourses de commerce, sur lesquelles on échange des marchandises, les bourses de valeurs, sur lesquelles on échange des titres financiers.
Histoire
Les bourses modernes trouvent leur origine dans les courratiers de change, qui, au XIIe siècle, contrôlaient les dettes des communautés agricoles pour le compte des banques. Il s'agit en fait des premiers courtiers. Au XIIIe siècle, les banquiers lombards sont les premiers à échanger des créances d'État à Pise, Gênes ou Florence.
Le terme de bourse apparaît au début du XIVe siècle, à Bruges en Flandre. Il dérive de la place Van der Buerse, où se réunissaient marchands et banquiers. En 1309, le phénomène s'institutionnalise par la création de la Bourse de Bruges. Elle est rapidement suivie par d'autres, en Flandre et dans les pays environnants (Gand et Amsterdam). C'est encore en Belgique que le premier bâtiment conçu spécialement pour abriter une bourse fut édifié à Anvers. La première bourse organisée en France voit le jour à Lyon en 1540.
Le premier krach recensé a lieu en 1637 en Hollande. Les cours des bulbes de tulipe ayant atteint des niveaux excessivement élevés, le cours s'effondra en février. C'est la tulipomanie.
Au XVIIe siècle, les Hollandais sont les premiers à utiliser la Bourse pour financer des entreprises : la première entreprise à émettre des actions et des obligations fut la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, introduite en 1602. C'est en 1688 qu'on commence à coter les actions et obligations à la bourse de Londres.
En 1774, à la Bourse de Paris (créée en 1724), les cours doivent désormais être obligatoirement criés, afin d'améliorer la transparence des opérations. C'est la création du Parquet.
Au XIXe siècle, la révolution industrielle permet le développement rapide des marchés boursiers, entraîné par les besoins importants de capitaux pour financer l'industrie et les transports : cf. Chemin de fer et industrialisation.
À partir des années 1970, on assiste à la dématérialisation des titres échangés en bourse grâce à la révolution informatique. Dès 1971, le NASDAQ est le premier marché de cotations informatisées. En France, la dématérialisation fut effective à partir du 5 novembre 1984.
Rôles de la Bourse
Les marchés financiers permettent une allocation efficace des ressources en capital. La Bourse est tout d'abord un lieu de financement et de placement. Elle permet également l’allocation et la gestion des risques. Véritable Marché de l'occasion, elle permet la liquidité des titres émis par les entreprises.
- Le financement des entreprises : par les augmentations de capital (parfois liées à une introduction en bourse) les entreprises ont accès à des ressources financières. Le marché boursier permet aux entreprises de se financer, d'investir, en mettant directement en contact l'offre et la demande de capital. On parle de système désintermédié, à la différence du système bancaire. Les bourses[1] ont permis aux entreprises de grandir et donc de développer des projets qu'un individu seul n'aurait pu financer. Par exemple, la Bourse de Londres vit le jour avec le besoin de financer des expéditions vers la Russie et l'Inde[2]. De même, un essor est donné aux bourses avec la révolution industrielle et le besoin de financer, entre autres, les grands réseaux ferrés (cf. Chemin de fer et industrialisation). Le 1er août 1836, le Mohawk and Hudson Railroad est le premier chemin de fer coté.
Une entreprise n'obtient de nouvelles ressources, à travers l'émission d'actions ou d'obligations, que sur le marché dit primaire. Il existe trois grands types de mécanismes d'introduction (IPO ou Initial Public Offering): l'offre à prix ferme, les enchères et la méthode du livre d'ordres ou placement.
- Un lieu d'épargne : les investisseurs ayant une capacité d’épargne positive peuvent devenir les actionnaires des entreprises privées ou devenir les créanciers de ces sociétés et des collectivités publiques. Ils peuvent investir soit à l'occasion d'augmentation de capital ou d'introduction en bourse sur le marché primaire, ou s'orienter sur le marché dit secondaire sur lequel sont négociés les titres déjà émis.
La Bourse permet la mobilisation de l'épargne et partant une meilleure allocation des ressources vers les projets d'investissements les plus profitables. En facilitant l'accès à l'épargne, les Bourses rendent possibles de nouveaux investissements et améliorent donc la rentabilité des investissements.
- la gestion du risque : la bourse permet de transférer le risque contre une rémunération adéquate par le biais des négociations d'actions et d'obligations. Elle permet également aux investisseurs (entreprises, actionnaires, créanciers...) de se protéger du risque (risques de change, de taux, de crédit, de baisse des cours...) par l'utilisation de produits dérivés.
- La liquidité des titres : la bourse permet la négociabilité des titres.
- Indicateur économique : les cotations effectuées à la Bourse permettent de mesurer la valeur attribuée par le marché à une entreprise, une matière première ou à une créance dans le temps. Les cours permettent donc de suivre l'évolution du prix de produits et l'évolution générale de la situation économique d'un pays.
Fonctionnement
Les bourses peuvent traiter un très grand nombre de produits, parmi lesquels :
- Les titres financiers : actions, obligations et autres titres de créances;
- Les produits dérivés : Swaps, Futures, Forwards… Les produits dérivés ont pour sous-jacent différents instruments financiers, des matières premières (pétrole, métaux, blé, maïs, droits à polluer...). Un exemple est celui du produit dérivé climatique qui permet de s'assurer contre les risques climatiques.
Erreurs courantes
La bourse ne se soucie que du court terme
Une critique récurrente est celle qui accuse les intervenants sur le marché boursier de ne se soucier que du court terme. Rien n'est plus faux. Les prix du marché intègrent toutes les informations pertinentes sur les produits, y compris leur rareté actuelle et leur rareté à venir. En effet, dans le cas des actions, ce sont les bénéfices futurs des entreprises qui sont les plus importants dans la valorisation de l'entreprise. Ainsi, pratiquement et rapidement, les investisseurs évaluent quels seront les bénéfices futurs de l'entreprise et, en en faisant la somme, obtiennent la valeur actuelle de l'entreprise.
De nombreuses études académiques se sont intéressées à la question de la myopie supposée du marché, toujours avec les mêmes conclusions : comme le notent les économistes Augustin Landier et David Thesmar, « la théorie économique confirme les faits : le marché n'est pas myope » mais valorise correctement les entreprises dont on attend des bénéfices même à long terme[3]. Ainsi, comme l'ont noté les économistes Steve Kaplan et Per Stromber en 2005, 82 % des entreprises qui s'introduisent en bourse ne sont pas bénéficiaires. 85 % font encore des pertes trois ans plus tard[4]. Formulé autrement, les entreprises qui font des pertes mais dont on peut attendre des bénéfices importants dans le futur trouvent des capitaux en bourse, contredisant l'idée reçue de la myopie du marché. Comme le remarque Agnès Verdier-Molinié, « si les marchés étaient myopes, comment pourraient-ils accepter de continuer à financer ces entreprises ? »[5].
Revenant sur la critique simpliste selon laquelle la bourse privilégierait le court terme, les économistes Augustin Landier et David Thesmar en montrent l'inanité : en prenant l'ensemble des entreprises cotées américaines en 2004 et en retenant comme indicateur le Price to book ratio (valorisation par le marché de l'actif comptable de l'entreprise), ils observent que celles qui font des pertes sont valorisées environ 50 % plus cher que celles qui dégagent des profits, soit l'exact opposé de la théorie de la régulation. Ils expliquent ce paradoxe apparent par le fait que les investisseurs sont prêts à payer pour des profits attendus sur le long terme[6]. Le réel problème vient selon eux des stock-options qui incitent certains dirigeants à doper leur cours de bourse par des manipulations comptables, problème que les auteurs proposent de résoudre en interdisant d'exercer les options pendant la durée du mandat de dirigeant[7].
On peut également remarquer que les marchés financiers organisés (Bourse de valeurs) sont nés aux Pays-Bas, en partie pour permettre aux armateurs de lever des fonds d'expéditions futures. Là encore, le marché était là pour apporter des capitaux à des entreprises déficitaires sur le moment mais porteuses d'espoirs de bénéfices futurs. Non seulement le marché ne se soucie que peu du court terme mais il se soucie surtout du long terme.
Il faut interdire la spéculation
Un lieu commun extrêmement répandu est que la spéculation est néfaste per se et doit être interdite. Or presque toutes les activités humaines sont spéculatives, en ce qu'elles induisent un pari sur l'avenir. Condamner la spéculation c'est de facto condamner toute activité commerciale.
En effet, interdire la spéculation, c'est aussi interdire aux acteurs financiers toute couverture de leurs risques. Le spéculateur accepte de prendre un risque fort dans l'espoir d'un gain important. En contrepartie il permet à un acteur économique de se couvrir, c'est-à-dire d'être déchargé du risque important qu'il supportait.
En outre, le commerçant ou le spéculateur, en pariant sur la pénurie d'un bien achètera ce bien aujourd'hui pour le revendre demain plus cher, ce qui a pour effet de pousser à la hausse le prix actuel du bien, et donc de pousser à une augmentation de la production. Ce faisant, il permet une augmentation des quantités disponibles dans le futur, par le mécanisme de la loi de l'offre et de la demande. Autrement dit, toute spéculation tend à éliminer les motifs mêmes de cette spéculation. C'est la notion à la base même de la théorie financière moderne avec l'absence d'arbitrages. Cette analyse ne repose nullement sur l'hypothèse du marché « pur et parfait », les mécanismes décrits pouvant jouer sans que le système atteigne jamais l'équilibre.
Philippe Manière va plus loin dans la défense de la spéculation d'un point de vue libéral, en écrivant dans L'aveuglement français que le spéculateur ne peut gagner qu'à condition qu'existent des faiblesses déjà existantes dans l'économie du pays qu'il ne fait que révéler. Autrement formulé, l'action du spéculateur (sur les monnaies dans l'exemple cité) n'est pas un déséquilibre du marché mais au contraire un rééquilibrage du cours à sa juste valeur. Et Manière de rappeler que Soros perdit presque autant d'argent en misant à tort contre le franc en 1992 qu'il n'en gagna en misant à raison contre la livre[8]. Le spéculateur permet de restaurer le véritable prix et son action est essentielle, pour diriger les capitaux vers les sociétés innovantes.
Notes et références
- ↑ Ainsi que les formes juridiques de société par actions
- ↑ La Muscovy Company et l’East India Company
- ↑ Augustin Landier & David Thesmar, Le Grand méchant marché, Flammarion, édition 2008, p.21
- ↑ Steve Kaplan & Per Stromber, "What are firms ? Evolution from birth to public companies", NBER Working Paper, 2005
- ↑ Agnès Verdier-Molinié, La Mondialisation va-t-elle nous tuer ?, JC Lattès, 2008, p.48
- ↑ David Thesmar et Augustin Landier, Le grand méchant marché, décryptage d'un fantasme français, Flammarion, 2007, p. 16-18
- ↑ Thesmar & Landier, ibid, p.32-33
- ↑ Philippe Manière, L'aveuglement français, Stock, p.157-161.
Bibliographie
- 1962, Anthony M. Reinach, "The Role of the Securities Market", The Freeman, April, Vol 12, n°4, pp51-54 [lire en ligne]
- 1984, David S. Young, "The Case of the Stock Market: Freedom vs. Regulation", The Freeman, Mars
Voir aussi
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