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Florence

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Qui chérit le sens de l'histoire menée par des êtres d'action et de raison, de la littérature par des esprits élevés et de l'art par des hommes et des femmes doués de créativité sait que Florence, en Italie, est l'une des villes les plus rayonnantes du monde. La splendeur de son "Palazzo Vecchio", de sa cathédrale Santa Maria del Fiore avec son célèbre "Duomo", de ses galeries d'art inestimables, de ses statues, de ses nombreuses églises, de ses bibliothèques richement fournies et de ses palais inégalés sont à couper le souffle. Florence connut sa prospérité, il y a plus de cinq-cents ans.

Un creuset de génies

Le génie florentin du XVe siècle et de certaines parties des XIVe et XVIe siècles éclipsent tout le reste du spectacle de l'histoire sombre de l'humanité. Florence à cette époque a donné au monde des beaux-arts : Léonard de Vinci, Michel-Ange, Giotto, Verocchio, Brunelleschi, Donatello, Ghiberti, Masaccio, Ghirlandajo, Fra Angelico, Del Sarto ; et au monde de la littérature avec des écrivains[1] de génie : Petrarque[2], Dante, Boccaccio, Machiavel, Guicciardini, Pulci, Pico della Mirandola. Le quatorzième siècle a vu le début d'un renouveau de l'apprentissage amassé par les anciens. Il s'agit de la Renaissance italienne. Le poète et érudit, Pétrarque, a participé activement à ce mouvement grâce à son travail colossal de collecte et de traduction de manuscrits grecs et romains.

Un gouvernement limité avec une prospérité inégalée pendant des siècles

Florence, capitale de la Toscane[3], était une cité-Etat[4]. Son gouvernement fut pendant près d'un siècle, au plus fort de la grandeur de l'Europe. avec le règne bienveillant de la famille des Médicis[5]. Dans un sens, les Médicis de cette période étaient très habiles pour ne pas perturber le développement du peuple à l'intelligence supérieure.

Sous le règne des Médicis, Florence fut le théâtre d'un développement le plus riche qu'ait connue l'individualité humaine pendant plusieurs siècles. La richesse et la civilisation de la Renaissance florentine n'ont pas été dépassées dans la majeure partie de l'Europe pendant quatre cents ans. Les revenus de la République, dans la dernière partie du XVe siècle, dépassaient celui de l'Angleterre et de l'Irlande réunies deux siècles plus tard.

Cette prospérité fut induite par plusieurs facteurs : un gouvernement éclairé effectuant un minimum de répression, une dévotion de la population pour la liberté, un commerce sans entrave avec le reste du monde connu et un amour du beau qui encouragea l'émulation de grandes œuvres et l'esprit de créativité dans toutes les sphères de la société.

L'innovation bancaire

Les régnants de Florence étaient surtout des banquiers et des marchands. A cette époque, les financiers étaient de véritables ambassadeurs du commerce. La maison des Médicis avait des succursales dans toute l'Europe ce qui facilita les foires. La prudence prévalu dans la gestion des ressources financières en privilégiant le développement des investisseurs privés plutôt que des emprunteurs publics. Dans la génération avant Giovanni Bicci, les maisons de Peruzzi et Bardi (plus tard mariées aux Médicis) avaient prêté à Édouard III d'Angleterre 1 365 000 florins d'or pour financer le début de la guerre de Cent Ans avec la France. Ce prêt ne fut hélas jamais remboursé et provoqua la ruine des prêteurs.

Bien que l'église s'opposait aux intérêts connu sous le nom d'usure, les banquiers et commerçants florentins du XVe siècle innovèrent dans le système des prêts en reportant une commission sur le paiement des marchandises. Les taux d'intérêts élevés antérieurs sont tombés à des pourcentages inférieurs à mesure que la monnaie se stabilisait indexée sur l'or. Il était alors reconnu que les intérêts furent le prix du capital, et qu'ils devaient fluctuer conformément au principe de l'offre et de la demande.

Un esprit entrepreneurial évitant le désordre et les pertes de la guerre

Contrairement aux chefs militaires des autres pays de son époque, comme particulièrement Charles VIII, le roi de France, Lorenzo détestait la guerre en tant qu'outil de l'arsenal d'État. Il croyait à l'épuisement des arts de la diplomatie avant de lancer des armées pour appliquer la politique nationale. Son plus grand triomphe est survenu en 1480 lorsqu'une guerre civile impliquant Milan, Venise, l'État papal, Florence et Naples a convulsé l'Italie. Florence était largement dépassée militairement par ses ennemis lorsque Lorenzo décida d'aller à Naples en personne afin d'essayer de convaincre le roi pour faire la paix. Il se montra si persuasif dans sa diplomatie que le roi napolitain accepta, et Florence émergea de la guerre avec sa souveraineté intacte et ses biens perdus restaurés. De nouveau en 1490, peu de temps avant sa mort, il opéra une nouvelle réconciliation entre Naples et le pape et garda ainsi Florence hors d'état de guerre.

Les leçons de Florence dans l'histoire du capitalisme

Ce qu'il faut retenir de l'histoire de Florence, c'est qu'une culture élevée dépend, premièrement, de facteurs économiques. Les premiers signes du capitalisme sont nés dans les cités Etats d'Italie comme Venise, Florence, Gênes ou Sienne. Lorsque tous les revenus sont consommés au fur et à mesure qu'ils sont acquis, il ne peut y avoir de croissance ou de production accélérée de toutes ces choses qui servent l'esprit de l'homme. Florence est devenue extrêmement grande en partie à cause de sa supériorité dans l'industrie bancaire et le commerce international portée par des hommes et des femmes emplis de l'esprit d'entreprise.

En résistant hardiment aux décrets du pape Sixte IV, en 1478, qui cherchaient à déplacer Lorenzo et même à le faire assassiner, le peuple florentin a prouvé son amour pour la liberté et son indépendance. Le pape fut si furieux de ce défi qu'il a excommunié tout l'Etat de Toscane. Mais, fervents chrétiens comme ils l'étaient, les Florentins refusèrent d'être intimidés en abandonnant leur liberté à se gouverner par eux-mêmes. Ils avaient déjà plié sous le joug des tyrans dans le passé et ils étaient fermement décidés à ne plus recommencer.

Le gouvernement florentin doit être jugé, non pas intrinsèquement par sa forme, mais par son adaptabilité à un peuple et à une période donnée. Florence en tant que république avait su détecté l'esprit même d'individualisme chez ses habitants. Les Médicis, et en particulier Lorenzo le Magnifique, ont allié l'autocratie et le républicanisme dans un mélange qui correspond à la pensée de l'époque. Ils ont su créer un centre de rassemblement dont la succession héréditaire a fourni l'élément de légitimité qui a évité les bouleversements révolutionnaires dans les périodes de transition tout en préservant la liberté et la prospérité de ses habitants.

Informations complémentaires

Notes et références

  1. Lauro Martines, 1969, "Les marchands écrivains: Affaires et humanisme à Florence, 1375–1434", Speculum, 44 (1), pp105-107
  2. Vincenzo Cioffari, commentaire du livre d'Arnaud Tripet, "Pétrarque, ou La Connaissance de Soi", Speculum, 44 (4), pp671-674
  3. D. J. Osheim, 1989, "Countrymen and the Law in Late-Medieval Tuscany", Speculum, Vol 64, pp317–337
  4. Les républiques urbaines italiennes du XIIIe siècle offraient l'accès à la prise de décision politique à une grande partie de la population. Le système politique était fondé sur une société civile florissante, avec des associations, des guildes et des sociétés de fraternités offrant un pouvoir organisationnel aux gens les plus ordinaires. Le niveau d'auto-organisation état sans doute encore plus élevés à la fin du Moyen-Âge aux Pays-Bas.
    • 1997, P. J. Jones, "The Italian city-State: From Commune to Signoria", Oxford, Clarendon
  5. La renommée des Médicis a cependant subi des reproches de la part de certains économistes socialistes comme Jean-Charles Simonde de Sismondi pour leurs politiques économiques et sociales ambitieuses, pour des détournements de fonds et même des accusations de cruauté. Dans la famille des Médicis, quatre leaders se distinguèrent : Giovanni Bicci (1360-1429), son fils Cosimo, appelé père de son pays, le fils de Cosimo, Piero; et le fils de Piero, Lorenzo le Magnifique, décédé en 1492.
    • 1930, G. F. Young, "The Medici", Modern Library, Random House, New York
    • 1987, R. Goldthwaite, "The Medici Bank and the World of Florentine Capitalism", Past and Present, Vol 114, n°114, pp3–31

Bibliographie

  • 1968, Anthony Molho, "The Florentine Oligarchy and the Balie of the Late Trecento", Speculum, 43 (1), pp23-51
  • 1970, Frederic Lane, commentaire du livre de Richard A. Goldthwaite, "Private Wealth in Renaissance Florence: A Study of Four Families", Speculum, 45 (1), pp132-134
  • 1979, Werner Gundersheimer, "The Rise of the Medici: Faction in Florence, 1426–1434", Speculum, 54 (4), pp822-826