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Révolution industrielle

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Le terme de Révolution industrielle, utilisé par Adolphe Blanqui en 1837, a été critiqué par de nombreux historiens qui préfèrent parler d'industrialisation, terme qui souligne davantage le caractère lent et progressif du phénomène qui naît au XVIIIe siècle au Royaume-Uni et se diffuse peu à peu au XIXe siècle en Europe, en Amérique du Nord et au Japon, avant de gagner le reste de la planète au cours du XXe siècle. Le terme fut aussi critiqué car il assimilait la naissance du capitalisme avec la révolution industrielle or certains historiens font remonter la révolution capitaliste[1] il y a plus de 4 000 ans.

Lorsque Peter Drucker, à la fin du XXe siècle, fait mention de la révolution de l'information, il reconnaît que l'impact du savoir et de la connaissance est réel dans l'économie moderne, mais elle n'est en rien une révolution informatique ou une émergence spontanée. Tout comme la révolution industrielle a permis la mécanisation du processus de production des biens dans un parcours continu de longue date, la "révolution" informatique a permis l'introduction des premiers ordinateurs. Cependant, ceci a seulement amélioré les processus qui existaient déjà. Les différents services, départements et divisions qui s'engagent dans des processus de production de bout en bout dans l'entreprise sont une conséquence de la révolution industrielle, qui n'a pas changé substantiellement en esprit économique avant celle-ci et après celle-ci, si on garde en tête les principes économiques de la logique du détour de la production, vue par l'école autrichienne et principalement par Eugen Böhm-Bawerk. Le principal impact de la technologie de l'information dans l'organisation des entreprises est, jusqu'ici, l'amélioration de procédés existants, avec d'énormes économies de temps et de normalisation des produits ainsi que de leur qualité. Mais le processus d'évolution logique et économique sous-jacent de la production n'a pas vraiment changé du tout depuis la création de l'humanité.

Plus qu'une révolution industrielle, le terme plus approprié de cette période de l'histoire du capitalisme devrait se dénommer l'inflexion industrielle. Car, il s'agit d'un mouvement double interagissant l'un sur l'autre qui change le rythme de la vie économique et sociale de certains pays dont l'Angleterre. Il y a d'un côté l'offre qui bénéficie de l'apport de nouvelles technologies et de l'autre une demande qui suit des changements inhérents au propre mouvement de l'évolution historique de la consommation et de ses influences subies par les nouveaux produits et services présentés sur les marchés. Il y a eu de nombreux entrepreneurs très alertes aux nouvelles opportunités de profit à cette époque pour comprendre ce phénomène mais, parmi tous, Josiah Wedgwood fut emblématique de cette inflexion entrepreneuriale mue par la compréhension des nouveaux besoins de la population. Au lieu de voir l'avancée technologique et scientifique comme un facteur exogène à la croissance économique, l'historien économique, Joel Mokyr[2] met plutôt en avant l'origine de cette inflexion de la croissance grâce à des entrepreneurs culturels de la philosophie des lumières qui ont ont auparavant changé l'image de la science et de la technologie dans la société et ont ainsi jeté les bases de cet événement transformateur.

Notes et références

  1. L'historien Geoffrey Bibby écrit dans son livre, "Four thousand years ago: Panorama of life in the second millenium B.C.", que 2 000 ans avant la naissance de Jesus-Christ : "Ce qui peut être décrit seulement comme une révolution capitaliste est en train de se produire. Probablement pas simultanément, bien sûr, dans les vingt cités-États, mais approximativement dans toutes durant l'étendue de cette période. On trouve soudainement que des groupes indépendants de marchands paient des impôts sur leurs importations et financent même la création d'entreprises privées grâce à des prêts fournis par le temple. Et on constate que de grands et de petits domaines sont achetés et vendus sur le marché. L'activité des temples continue, et leurs locaux sont agrandis ; la révolution se déroule apparemment sans effusion de sang. Néanmoins, toute la structure économique est en train de se transformer en une structure basée sur l'initiative privée et la propriété foncière privée." Geoffrey Bibby 1940, "Four thousand years ago: Panorama of life in the second millenium B.C.", London: Collins, p11 Lorsque le roi guerrier, Sargon de la région mésopotamienne et ses descendants, ont récompensé leurs soldats démobilisés par des dons de terres, nous dit Geoffrey Bibby, ils n'avaient aucune envie de les restituer à un État omnipotent. "Et une fois que la propriété privée est reconnue, même partiellement, les gens ne se contentent plus d'être les esclaves salariés de l'État. Lorsque les prêtres ont perdu leur pouvoir d'imposer la propriété du temple sur les moyens de production, la révolution capitaliste a été portée par l'élan d'un désir populaire de posséder des biens." Geoffrey Bibby 1940, "Four thousand years ago: Panorama of life in the second millenium B.C.", London: Collins, p14
  2. Joel Mokyr, 2014, "Culture, institutions, and modern growth", In: S. Galiani, I. Sened, dir., "Institutions, Property Rights and Economic Growth: The Legacy of Douglass North", New York: Cambridge University Press, pp151‒191
    • 2017, "A Culture of Growth: The Origins of the Modern Economy", Princeton, N.J.: Princeton University Press

Bibliographie

  • 1884, Arnold Toynbee, "Lectures on the Industrial Revolution in England", London: Rivington's
  • 1906, Paul Mantoux, "La Révolution Industrielle au XVIIIe siècle; Essai sur les Commencements de la Grande Industrie Moderne en Angleterre", Paris: Société de librairie et d'édition
    • Traduction en anglais en 1928, "The Industrial Revolution in the Eighteenth Century"
      • Nouvelle édition en 1961, London: Jonathan Cape
      • Nouvelle édition en 1983, Chicago: University of Chicago Press
  • 1926, L. C. A. Knowles, "Industrial and Commercial Revolutions in Great Britain during the Nineteenth Century", London (4ème édition)
  • 1948, T. S. Ashton, "The Industrial Revolution (1760 - 1830)", New York: Oxford University Press
    • Nouvelle édition en 1964, "The Industrial Revolution", Oxford: Oxford University Press
    • Traduit en français en 1955, par F. Durif, Paris: Plon
  • 1962,
    • Robert Hessen, "Child Labor and the Industrial Revolution", The Objectivist Newsletter, Vol 1, n°4, April
      • Repris en 1967, "The effects of the industrial revolution on women and children", In: Ayn Rand, dir., "Capitalism : the Unknown Ideal", New American Library, Signet Book, AE 4795
    • Robert Hessen, "Women and the Industrial Revolution", The Objectivist Newsletter, Vol 1, n°11, November
      • Repris en 1967, "The effects of the industrial revolution on women and children", In: Ayn Rand, dir., "Capitalism : the Unknown Ideal", New American Library, Signet Book, AE 4795
  • 1963, Robert Hessen, "The Effects of the Industrial Revolution on Women and Children", Nathaniel Branden Institute, Incorporated
  • 1984, Terry S. Reynolds, "Medieval Roots of the Industrial Revolution", Scientific American, June, pp123–130
  • 1985,
    • N. F. R. Crafts, "The Industrial Revolution in England and France: Some Thoughts on the Question: Why was England First?”, In: Joel Mokyr, dir., "The Economics of the Industrial Revolution", Totowa (New Jersey), Rowman & Allanheld, pp119-131
    • N. F. R. Crafts, "Entrepreneurship and a Probabilistic View of the British Industrial Revolution: A Reply”, In: Joel Mokyr, dir., "The Economics of the Industrial Revolution", Totowa (New Jersey), Rowman & Allanheld, pp135-136
    • N. F. R. Crafts, "British Economic Growth during the Industrial Revolution", Oxford: Clarendon Press
    • Joel Mokyr, dir., "The Economics of the Industrial Revolution", Totowa, N. J.: Rowman and Allanheld
    • Joel Mokyr, "The Industrial Revolution and the New Economic History", In: Joel Mokyr, dir., "The Economics of the Industrial Revolution", Totowa, N.J.: Rowman and Allanheld, pp1-52
    • Joel Mokyr, "Demand vs. Supply in the Industrial Revolution", In: Joel Mokyr, dir., "The Economics of the Industrial Revolution", Totowa, N.J.: Rowman and Allanheld, pp97-118
    • Brinley Thomas, "Food Supply in the United Kingdom During the Industrial Revolution", In: Joel Mokyr, dir., "The Economics of the Industrial Revolution", Totowa, N.J.: Rowman and Allanheld, pp137-150
    • Edwin G. West, "Literacy and the Industrial Revolution", In: Joel Mokyr, dir., "The Economics of the Industrial Revolution", Totowa, N.J.: Rowman and Allanheld, pp227-240
  • 1993,
    • J. B. De Long, A. Shleifer, "Princes and merchants: European city growth before the industrial revolution", The Journal of Law and Economics, Vol 36, n°2, pp671–702
    • Clark Nardinelli, "Industrial Revolution and the Standard of living", In David R. Henderson, dir., "The Fortune Encyclopedia of Economics: 141 Top Economists Explain the Theories, Mechanics, and Institutions of Money, Trade, and Markets", Warner Books, Inc., pp12-16
  • 2007, Benson Honig, Elizabeth Leslie Black, "The industrial revolution and beyond: Two hundred years of entrepreneurship and "dis-entrepreneurship" in a small Scottish town", Journal of Management History, 13(3), pp269-289
  • 2009, Gavin Weightman, "The Industrial Revolutionaries: The Making of the Modern World, 1776–1914", Grove/Atlantic Books
  • 2010,
    • David K. Levine, Commentaire du livre de Gavin Weightman, "The Industrial Revolutionaries: The Making of the Modern World, 1776–1914", The Freeman, November, vol 60, n°9, pp43-44
    • Joel Mokyr, "The Enlightened Economy: Britain and the Industrial Revolution, 1700-1850", New Haven: Yale University Press

Voir également


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