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Modèle:Économie:Lumière
Janvier
L’impôt, pour les libertariens, n’est pas conforme au principe du libéralisme car il constitue une atteinte à la propriété privée et à la liberté individuelle (comme son nom l'indique, l'impôt est « imposé »). La propriété privée concerne à la fois ce qu’un individu possède à un instant donné, et les revenus qu’il retire de son travail ou des biens qu’il possède. Ainsi, l’impôt sur le revenu est une atteinte à la propriété de l’individu sur le fruit de son travail ; l’impôt sur les dividendes est une atteinte à la propriété sur les revenus de ce qu’il possède ; l’impôt sur la fortune est une atteinte à la propriété des biens eux-mêmes.
Alors que beaucoup de personnes estiment que les impôts sont justifiés, soit parce qu'ils réaliseraient une redistribution plus « juste » des revenus (mais on se demande au nom de quel principe d'égalité, puisque le taux de prélèvement est toujours fixé arbitrairement), soit parce qu'ils seraient la contrepartie de services rendus par l'État (éducation, sécurité, voirie, etc) selon la théorie des biens publics, les libertariens estiment qu'il s'agit d'une extorsion. L'individu ne paye pas en fait des services à un juste prix, il est transformé en payeur aveugle au nom d'un principe collectiviste.
François Guillaumat parle à ce sujet d'« illusion fiscale » : les agressions destructrices (impôts-subventions et réglementations) commises par les hommes de l'État suscitent en elles-mêmes certaines erreurs de perception qui les font passer pour productives.
Février
La relation entre travail et chômage est complexe et difficile à comprendre. Pour comprendre cette relation, partons du constat suivant: l'homme naît pauvre, ou plus précisement, il naît dans une société, dans une communauté, dans laquelle ses membres travaillent, s'organisent, afin de créer des richesses susceptibles de satisfaire les besoins de ses semblables. En effet, l'homme doit, pour développer des conditions favorables à son existence, transformer la nature, utiliser les ressources de la terre afin de sortir de la rareté, de la pénurie. La vie de l'homme est donc faite de travail car il doit faire des efforts pour satisfaire ses propres besoins mais aussi ceux des personnes de la communauté qui ne participent pas directement à la création de richesses (personnes âgées, celles frappées d'incapacité, les lycéens, les étudiants... ). L'impératif de l'homme est donc le travail car toute acte de satisfaction, de consommation, nécessite du travail.
Contrairement au travail, le chômage est une "création sociale". En effet, le chômeur n'existait pas dans les sociétés traditionnelles basées sur la soumission. Par exemple, l'esclave et le serf n'étaient pas menacés par le chômage.
Mars
Gérard Bramoullé, ancien élève de Sciences-Po et Diplômé d'Études Supérieures en droit public, est professeur agrégé et Docteur d'État en sciences économiques. Très engagé dans la vie locale de sa ville natale, Aix-en-Provence, le Professeur Gérard Bramoullé est adjoint aux finances de la ville d’Aix en Provence et Vice Président de l’Intercommunalité.
Après avoir travaillé au CNRS, il a enseigné l'économie et les finances dans plusieurs Universités de Paris et à l'Université de Picardie. Il est aujourd'hui Professeur à l'Université d'Aix-Marseille III. De 1976 à 1979, il a été doyen de la faculté d'Economie Appliquée de cette Université. Il s'intéresse à la protection de l'environnement, ainsi qu'à la notion de Justice Sociale et à la méthodologie/epistémologie économique.
Il a publié de nombreux articles et plusieurs ouvrages dont « La Monnaie » (précis Dalloz, en collaboration), « Analyse du déséquilibre », « Économie politique », et « La Peste Verte ».
Membre de l'École autrichienne et de tendance anarcho-capitaliste, Gérard Bramoullé est un expert de la méthodologie économique (synthèse des apports de Ludwig von Mises, Karl Popper, Friedrich von Hayek et Murray Rothbard).
Avril
En économie, le marginalisme est la théorie d'après laquelle la valeur économique résulte de « l'utilité marginale ». Cette théorie s'est développé autour de 1870 et a été considérée comme la « révolution néo-classique » ou « révolution marginale ».
La révolution marginale est souvent perçue comme l'un des meilleurs exemples de « découverte multiple » dans l'histoire de la science économique. En effet, simultanément mais indépendamment, trois penseurs européens - William Stanley Jevons, Carl Menger et Léon Walras - vont développer le concept d'utilité marginale.
Le développement du marginalisme a engendré un changement de paradigme. En effet, alors qu'Adam Smith, David Ricardo et les classiques définissent la valeur relative d'un bien comme la quantité de travail nécessaire pour le produire (valeur-travail), les marginalistes analysent cette notion via l'utilité marginale. Ainsi, on passe de l'économie classique à l'économie néoclassique ou à l'économie autrichienne.
Le marginalisme met en évidence la valeur de la dernière unité détenue, dite valeur marginale. Au fur et à mesure que le niveau de détention ou de consommation d'un bien s'élève, les suppléments de satisfaction que l'individu retire d'une augmentation d'une unité de détention ou de consommation sont de plus en plus faibles. L'exemple canonique est celui de l'eau. Comme il y a beaucoup d'eau, le dernier verre se vend très bon marché. Même si les premières gouttes valent autant que la vie elle-même, les quelques dernières gouttes ne servent qu'à arroser la pelouse ou laver la voiture. Nous constatons alors qu'une marchandise de très grande valeur telle que l'eau se vend pour presque rien parce que la dernière goutte ne vaut presque rien, écrit l'économiste Paul Samuelson.
Mai
Le juste prix ("fair value" en anglais) est une notion théorique et virtuelle plus proche de la valeur (= estimation) que du prix (= de marché).
Le juste prix serait, selon les approches :
- le prix potentiel estimé à partir d'éléments considérés objectifs (coût, utilité, rareté, etc.) ;
- le prix souhaitable en fonction d'appréciations considérées éthiques ;
- un mot vide de sens .
Pour les actifs financiers, concernant la relation entre le juste prix et le prix de marché, il y a deux approches :
- l'hypothèse d'efficience du marché qui considère que les deux concordent ;
- et la finance comportementale qui note des écarts pouvant être importants et durables entre les deux.
Juin
Les libéraux ont toujours été opposés à l'esclavage, négation de la liberté individuelle, et historiquement ont lutté pour son abolition.
Les libertariens sont, comme les libéraux, opposés à l'esclavage, comme non conforme au droit naturel ou à la "propriété de soi-même", ainsi que le déclaraient les abolitionnistes américains :
- Le Droit de jouir de la liberté est inaliénable (...) Chaque homme a un Droit sur son propre corps, sur le produit de son travail, et d’être protégé par la loi (...) toutes ces lois en vigueur qui consacrent l’esclavage sont donc, devant Dieu, totalement nulles et sans effet (...) et par conséquent (...) il faut les abroger sur-le-champ (William Lloyd Garrison, 1833, cité par Murray Rothbard dans l'Ethique de la liberté)
Par extension, les libertariens désignent souvent par "esclavagisme" toute tendance consistant à imposer par la force ses propres vues politiques, religieuses ou morales, ou consistant à prélever sur les individus des impôts, taxes ou autres cotisations "sociales" sans leur consentement, pour soutenir la fiction des faux droits. Murray Rothbard parle spécifiquement de la conscription comme d'un esclavage imposé par l'Etat : en effet, outre qu'il s'accapare leur temps et leur travail, l'Etat s'arroge un droit de vie ou de mort sur ses sujets. De même, pour Rothbard, le mariage forcé relève de l'esclavage.
En revanche, toute condition librement consentie ne peut être appelée esclavage (ainsi du salariat, abusivement considéré comme un esclavage par les marxistes). Ou alors il faut considérer comme un "esclavage" tout ce que la nature nous impose, comme de devoir travailler pour vivre. L'esclavage est une condition imposée par une autre personnne en violation des droits individuels, et non pas une condition consentie, ni une condition imposée par la nature extérieure ou par notre propre nature d'être humain.
Selon Nozick, la démocratie, qui institutionnalise la propriété collective, n'est qu'une forme de l'esclavage. Même si le maître change, le statut des citoyens-esclaves demeure le même : ils sont esclaves de la majorité. L'État démocratique viole les droits individuels parce qu'il impose aux citoyens un statut d'esclaves de la collectivité, c'est-à-dire de l'État. En outre, l'État démocratique souverain nie le droit de sécession, c'est-à-dire le droit d'un individu de demeurer sur sa propriété et de vivre en marge des décisions de la démocratie.
Juillet
Vernon L. Smith (né en 1927) est professeur de droit et d'économie à l'Université George Mason. Il est membre associé de l'Interdisciplinary Center for Economic Science et Fellow du Mercatus Center.
Il a reçu le Prix Nobel d'économie en 2002 pour avoir introduit la recherche expérimentale en laboratoire à l'analyse économique. Il se dit libertarien et reconnaît l'importance de Friedrich Hayek.
Citations
Août
La compréhension de la réalité sociale des libéraux repose sur l'individualisme méthodologique. L'individualisme méthodologique consiste à expliquer les phénomènes économiques et sociaux seulement à partir des actions, réactions et interactions entre les individus qui composent la société. En effet, par définition, tous les événements qui fondent l'histoire humaine et donc l'histoire économique, politique et sociale, sont toujours le produit de l'action humaine individuelle, car seuls les êtres humains agissent (les états, les groupes ne sont pas des êtres à part entière, ils ne sont que la somme des individus qui les composent). L'individualisme s'oppose donc au holisme ou à l'organicisme qui caractérise l'épistémologie d'une grande partie des universitaires et intellectuels français, quelle que soit leur discipline.
La primauté accordée à la coordination des actions individuelles, à la science de l'échange ou à la "catallaxie", et d'une façon générale aux aspects procéduraux de l'interaction individuelle (droit, normes sociales, constitutions, etc.), caractérise les libéraux. Cette insistance sur la coordination des actions individuelles vient de ce que l'ordre social ou l'harmonie sociale par définition est un état où tous les individus réalisent leurs anticipations. C'est donc le problème économique ou social central par excellence.
Les économistes français Quesnay, Du Pont de Nemours (des physiocrates dont le nom vient du grec Physis qui veut dire nature et Kratos qui veut dire règle) et Turgot inventent et développent une économie politique fondée sur les droits naturels de l'homme et la Règle de Droit (contrairement aux anglais qui vont développer une économie politique fondée sur l'utilité et l'utilitarisme de J. Bentham. Les économistes néoclassiques sont les fils de cet utilitarisme). Les Ecossais, à peu près à la même époque avec Adam Ferguson, Adam Smith, David Hume, inventent et développent l'idée du marché comme ordre spontané. Cette combinaison entre les deux courants donne aux économistes libéraux leur spécificité. Ils aiment toujours rappeler la phrase célèbre :
- "Laissez-nous faire, laissez-nous passer. Le monde va de lui-même"
septembre
Les libéraux non libertariens sont en général en faveur d'un impôt proportionnel (du type flat tax), qui laisse intacts les rapports entre les différents revenus nets. En revanche, ils sont opposés à l'impôt progressif, qu'ils jugent confiscatoire et illégitime. La taxation est considérée comme une charge pour couvrir les frais de la production des services offerts par l'Etat. Au demeurant, l'impôt progressif avait été préconisé par Marx et Engels comme une des premières mesures brutales que devrait prendre le gouvernement révolutionnaire en vue de centraliser les décisions économiques et de renverser in fine la "société capitaliste".
Dans L'Action humaine, Ludwig von Mises explicite admirablement l'une des raisons de l'opposition libérale à la progressivité de l'impôt, en montrant qu'elle ferme l'accès à la constitution de nouvelles fortunes et profite en fait aux fortunes établies :
- Mais aujourd'hui, les impôts absorbent la plus grande part des profits « excessifs » du nouveau venu. Il ne peut accumuler du capital ; il ne peut étendre sa propre affaire ; il ne deviendra jamais une grande affaire et le rival des situations établies. Les firmes anciennes n'ont pas à redouter sa concurrence, elles sont abritées par le percepteur. Elles peuvent sans danger rester dans la routine, se moquer des désirs du public et refuser le changement. Il est vrai que le percepteur les empêche, elles aussi, d'accumuler du capital neuf. Mais le plus important pour elles est que le dangereux nouveau venu ne puisse pas accumuler de capitaux. Elles sont virtuellement privilégiées par le régime fiscal. En ce sens, la fiscalité progressive entrave le progrès économique et favorise la rigidité sociale. Alors que dans l'économie de marché non entravée la possession d'un capital est une source d'obligation forçant le possesseur à servir les consommateurs, les méthodes modernes de fiscalité la transforment en privilège.
Friedrich von Hayek donnait une autre conséquence provoquée par l'instauration de l'impôt progressif : la déspécialisation. Quelqu'un sachant qu'il sera beaucoup plus imposé en travaillant plus sera désincité à fournir des efforts supplémentaires et préfèrera donc occuper autrement ses heures qu'il aurait normalement consacrées à son labeur. Il optera pour des loisirs ou pour des travaux qu'il exécutera lui-même, évitant ainsi de devoir payer un homme du métier qu'il aurait dû rétribuer normalement avec le salaire récompensant ses propres heures de travail spécialisé.
Octobre
L'assistanat est la tendance de l'Etat à nier la liberté et la responsabilité de l'individu, pour le placer dans un état de dépendance permanent, ce qui lui permet de le dominer ou d'en faire son client, par démagogie. Propre au collectivisme.
Ne pas confondre avec solidarité.
Citations
- « Certaines nations paraissent merveilleusement disposées à devenir la proie de la Spoliation gouvernementale. Ce sont celles où les hommes, ne tenant aucun compte de leur propre dignité et de leur propre énergie, se croiraient perdus s'ils n'étaient administrés et gouvernés en toutes choses. (...) les révolutions peuvent se succéder rapidement, les gouvernants tomber les uns sur les autres. Mais les gouvernés n'en seront pas moins gouvernés à merci et miséricorde, jusqu'à ce qu'enfin le peuple s'aperçoive qu'il vaut mieux laisser le plus grand nombre possible de services dans la catégorie de ceux que les parties intéressées échangent à prix débattu. » (Frédéric Bastiat)
- « Il ne faut pas que le peuple s'attende à ce que l'État le fasse vivre puisque c'est lui qui fait vivre l'État. » (Frédéric Bastiat)
- « Reconnaître un droit à l'assistance, c'est une des plus grandes fautes qu'un pays puisse commettre. Rien n'est plus dissolvant que la charité légale, ni de nature à exercer de plus funestes ravages. (...) A quoi bon, en effet, se priver et économiser pour l'avenir ? (...) Cette institution éteint tout sentiment d'honneur et de dignité chez ceux qui y recourent ; (...) elle entretient l'hostilité entre les diverses classes de la population. » (Émile Chevallier, La loi des Pauvres et la société anglaise, 1895)
Novembre
Libéraux et libertariens diffèrent quant à la façon de concevoir l'immigration. On peut dégager plusieurs tendances :
- Pour les libéraux conservateurs, attachés au concept de nation, la politique d'immigration est décidée en fonction des besoins du pays. La nationalité s'obtient en remplissant certaines conditions (pas de casier judiciaire, langue parlée couramment) après quelques années et avec une période probatoire. Les immigrés clandestins sont reconduits dans leur pays. L'accès aux services sociaux est limité dans le temps pour les étrangers, même en situation légale. Les immigrés condamnés à de la prison ferme sont définitivement expulsés à l'issue de leur peine.
- Pour les libertariens, il n'existe pas de lois particulières à l'immigration. Les étrangers sont libres de s'installer là où ils le souhaitent, à partir du moment où le propriétaire des lieux accepte de les recevoir, si l'endroit en question fait l'objet d'un droit de propriété. Certes, comme pour n'importe quel autre habitant, un étranger devrait pouvoir bénéficier d'un droit d'usucapion sur un bien resté libre de propriétaire, et dont il deviendrait le légitime propriétaire après quelques années pendant lesquelles il en aurait été le possesseur pacifique. Vu qu'un immigré est, par définition, une personne qui a émigré, refuser le principe de l'immigration revient ipso facto à refuser que quelqu'un puisse quitter son pays, et donc à cautionner l'idée de souveraineté étatique. De même, les immigrés sont libres de travailler là où ils le souhaitent si l'entreprise est prête à les embaucher. En somme, il n'y a pas de différence entre immigrés et autochtones. C'est une simple question d'isonomie, d'égalité devant la loi.
- Cependant, certains libertariens comme Hans-Hermann Hoppe considèrent avec méfiance l'immigration. Pour Hoppe, l'immigration actuelle découle de l'irresponsabilité des gouvernants démocratiques qui agissent comme de simples détenteurs (et non propriétaires) du territoire qu'ils administrent - à la différence des monarques propriétaires de la terre, plus soucieux, selon lui, de la rentabiliser. Dans cette logique, l'État-providence fonctionne comme un appel d'air favorisant l'entrée d'immigrants intéressés prioritairement par les diverses allocations octroyées par les services gouvernementaux. Pour pallier ce problème, Hoppe envisage une décentralisation de l'autorité politique, confiée notamment aux villes et municipalités, qui décideraient souverainement qui peut ou non entrer sur leur territoire. Pour remédier à ce qu'il définit comme une "intégration forcée", le philosophe et économiste préconise donc une forme de discrimination coercitive et, partant, un contrôle politique de l'immigration.
Décembre
Ludwig von Mises (29 septembre 1881 Lemberg (aujourd'hui, Lviv) - 10 octobre 1973 New York) est un économiste autrichien qui a eu une influence importante sur le mouvement libéral et libertarien moderne.
Né en Autriche-Hongrie, il obtient en 1906 son diplôme en droit canon (car l'économie était alors uniquement enseignée en faculté de Droit). A la même époque, il participe au séminaire organisé par Eugen von Böhm-Bawerk. Puis, il enseigne à l'université de Vienne de 1913 à 1934, tout étant conseiller économique du gouvernement autrichien. Il quitte l'Autriche en 1934 lors de la montée en puissance du nazisme ; il enseigne à l'université de New York de 1945 à 1969 (il obtient la nationalité américaine en 1946). Il est considéré comme un des leaders de l'école autrichienne d'économie qui défend le capitalisme et le libéralisme classique.