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Assistanat

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L'assistanat est un néologisme qualifiant la culture de l'assistance développée par le système d'État-providence en place dans les principaux pays développés. Il est plus encore renforcé par l'État-nounou ou cette tendance de l'État à prendre le contrôle de chaque étape de nos vies, afin d'encourager ou de dissuader certaines actions.

L'assistanat, definition et difference avec l’assistance

Définition de l'assistanat

Le terme désigne les effets pervers inhérents à la redistribution forcée des richesses, en particulier le fait d'enfermer dans leur misère les personnes bénéficiant d'aides sociales, au lieu de donner à chacun les incitations nécessaires pour améliorer sa situation. On peut rapprocher cette notion, plutôt politique, de celle de trappe à pauvreté, fréquemment mentionnée par les économistes, ou d'aléa moral dans l'univers assurantiel et financier.

La culture de l'assistance permanente nourrit un assistanat dangereux, décourageant la prise d'initiatives au profit de l'attente passive de subventions vues comme dues. Comme l'écrivait Émile Chevallier au XIXe siècle :

« Reconnaître un droit à l'assistance, c'est une des plus grandes fautes qu'un pays puisse commettre. Rien n'est plus dissolvant que la charité légale, ni de nature à exercer de plus funestes ravages. (...) A quoi bon, en effet, se priver et économiser pour l'avenir ? (...) Cette institution éteint tout sentiment d'honneur et de dignité chez ceux qui y recourent ; (...) elle entretient l'hostilité entre les diverses classes de la population.  »
    — Émile Chevallier, La loi des Pauvres et la société anglaise, 1895

Assumant jusqu'au bout l'approche parasitaire, certains à l'extrême gauche ne s'en cachent pas et revendiquent un « droit à la paresse »[1] payé par l'argent des contribuables.

De manière plus générale, l'assistanat impacte chacun des acteurs économiques : chaque action est analysée sous l'angle « à quelle aide ai-je droit ? » au lieu d'être pensée sous l'angle de l'intérêt personnel. L'assistanat est la conséquence de la propagation des « faux droits ». Dans le discours public, l'assistanat concerne généralement les pauvres, mais les riches en profitent tout autant (opéra massivement subventionné, études universitaires quasi-gratuites et payées par les impôts de tous alors qu'elles profitent aux plus aisés, etc.). Les subventions aux entreprises peuvent être également considérées comme une forme d'assistanat, avec la recherche de la subvention maximale pour décider quoi faire sur un projet industriel, au lieu de le piloter sur la base de considérations économiques.

Un des vecteurs du développement de l'assistanat est le recours obsessionnel dans le débat public aux « inégalités », vues comme injustes et justifiant dès lors toutes aides et subventions quasiment sans limites.

L'assistanat crée une dépendance dangereuse vis-à-vis de l’État

L'assistanat au final nie la liberté et la responsabilité de l'individu, pour le placer dans un état de dépendance permanent, ce qui lui permet de le dominer ou d'en faire son client, par démagogie ou clientélisme politique. C'est donc un sujet propre au collectivisme et à la social-démocratie, hautement dangereux pour les individus, soumis à l'arbitraire de l’État.

Parmi ses incarnations contemporaines « soft », on peut penser à toutes ces situations où l’État a longuement encouragé un pratique avant de revenir de manière radicale sur ses promesses (Diesel, niches fiscales créés puis supprimées, etc.). Mais le risque peut être bien plus radical : alors que la retraite par capitalisation historiquement protégeait les salariés, qui étaient propriétaires d'un capital financier, la retraite par répartition et la confiscation de ces actifs en 1940 ont mis les cotisants au risque d'une réévaluation constante des règles, de manière illisible. En 2023 encore, l’État ne se gêne pas pour aller se servir dans l'argent des cotisants[2].

Globalement, la protection sociale en social-démocratie tourne de manière systématique à l'assistanat : les citoyens deviennent dépendants de revenus (allocations, retraites...) qui sont de faux droits et ne sont en réalité en rien garantis par l’État, qui n'a pas les moyens financiers de les garantir, et peut donc du jour au lendemain en priver ses bénéficiaires. Ce risque, réel, est connu et dénoncé de longue date :

« Un gouvernement assez fort pour vous donner tout ce que vous voulez l'est assez pour vous enlever tout ce que vous avez. »
    — Thomas Jefferson

Quelques siècles plus tard, Barry Goldwater réaffirmait cela :

« Un État qui peut tout vous donner peut aussi tout vous prendre. »
    — Barry Goldwater

Assistanat et solidarité

Searchtool-80%.png Articles détaillés : Charité et solidarité.

Au XIXe siècle, l'assistanat s'appelait "charité publique". Alexis de Tocqueville en décrivait déjà les conséquences funestes :

« L'homme, comme tous les êtres organisés, a une passion naturelle pour l'oisiveté. (...) Toute mesure qui fonde la charité légale sur une base permanente et qui lui donne une forme administrative crée donc une classe oisive et paresseuse, vivant aux dépens de la classe industrielle et travaillante. C'est là, sinon son résultat immédiat, du moins sa conséquence inévitable. »
    — Mémoire sur le paupérisme

De même Benjamin Constant :

« On s’est interdit l’aumône qui vient de l’attendrissement et de la pitié ; on a ravi au pauvre sa liberté en échange de sa subsistance ; on s’est cru bienfaisant, quand sous des verrous on lui donnait du pain (...) on a reproché à l’indigent ses penchants naturels, et à ses enfants leur existence (...) on a transformé la vie en un parc, que ses propriétaires ont droit de clore de murs, et dont l’entrée n’est accordée que sous le bon plaisir de leur tolérance. »
    — De la religion

Ou encore :

« Les lois sur les pauvres créent les pauvres qu'elles assistent. »
    — Thomas Malthus

Le point de vue libéral est qu'il ne faut pas confondre assistanat et solidarité réelle. La solidarité est forcément volontaire, et ne peut reposer sur la spoliation d'autrui via la fiscalité. L'assistanat n'a aucune vertu éthique, puisque les fonds sont d'une part obtenus sous la contrainte et d'autre part reçus par les bénéficiaires comme un dû de la société, ou comme une aubaine dont il faut profiter.

Assistanat de direction

On parle aussi d'assistanat de direction pour parler du métier d'un assistant de direction. Ce sens du terme n'est pas couvert ici.

Citations sur l'assistanat

  • « L'État-providence est une pornographie de la générosité, car il nous force à accomplir les gestes, même si nous n'éprouvons pas le sentiment. Le capitaliste connaît la valeur de la générosité, car il connaît la valeur de la propriété. » (Christian Michel)
  • « Si vous soutenez les pauvres, ça n’élimine pas la pauvreté, ça la décuple, ça développe l’incitation à rester pauvre voire à le devenir. » (Hans-Hermann Hoppe)
  • « Certaines nations paraissent merveilleusement disposées à devenir la proie de la Spoliation gouvernementale. Ce sont celles où les hommes, ne tenant aucun compte de leur propre dignité et de leur propre énergie, se croiraient perdus s'ils n'étaient administrés et gouvernés en toutes choses. (...) les révolutions peuvent se succéder rapidement, les gouvernants tomber les uns sur les autres. Mais les gouvernés n'en seront pas moins gouvernés à merci et miséricorde, jusqu'à ce qu'enfin le peuple s'aperçoive qu'il vaut mieux laisser le plus grand nombre possible de services dans la catégorie de ceux que les parties intéressées échangent à prix débattu. » (Frédéric Bastiat)
  • « Il ne faut pas que le peuple s'attende à ce que l'État le fasse vivre puisque c'est lui qui fait vivre l'État. » (Frédéric Bastiat)
  • « Si le peuple, n'ayant des yeux que pour le pain qu'on lui donne, perd de vue celui qu'on lui prend ; si, voyant le petit salaire que la taxe lui procure, il ne voit pas le gros salaire qu'elle lui ôte, on peut prédire que sa maladie s'aggravera. » (Frédéric Bastiat)
  • « Afin de donner à ces dispositions, quelque peu abjectes, l'autorité et le vernis d'un Système, on les a rattachées à ce qu'on nomme le principe de la Solidarité, mot, qui ainsi entendu, ne signifie autre chose que l'effort de tous les citoyens pour se dépouiller les uns les autres, par l'intervention coûteuse de l'État. » (Frédéric Bastiat, Paix et liberté ou le budget républicain)
  • « Reconnaître un droit à l'assistance, c'est une des plus grandes fautes qu'un pays puisse commettre. Rien n'est plus dissolvant que la charité légale, ni de nature à exercer de plus funestes ravages. (...) A quoi bon, en effet, se priver et économiser pour l'avenir ? (...) Cette institution éteint tout sentiment d'honneur et de dignité chez ceux qui y recourent ; (...) elle entretient l'hostilité entre les diverses classes de la population. » (Émile Chevallier, La loi des Pauvres et la société anglaise, 1895)
  • « Les gens entendent souvent par "liberté" à la fois l'absence de contrainte et quelque chose d'autre aussi, à l'image de ce qu'un juge américain de renom aurait dit: une sécurité économique suffisante offre à celui qui la détient la possibilité de jouir d'une vie satisfaisante. Souvent ces mêmes gens n'arrivent pas à voir les contradictions qu'il peut y avoir entre ces deux définitions de la liberté, ni même, bien que ce ne soit pas très réjouissant de l'envisager, qu'il n'est pas possible d'adopter l'une de ces définitions sans sacrifier dans une certaine mesure l'autre, et vice et versa. Leur vision syncrétique de la liberté est tout simplement fondée sur une confusion sémantique. D'autres prétendent d'un côté qu'il faut augmenter la contrainte pour accroître la liberté au sein de leur société, et de l'autre passent purement et simplement sous silence le fait que c'est leur "liberté" à eux dont ils parlent, et que la contrainte qu'ils veulent accroître s'applique en réalité exclusivement aux autres. Au bout du compte, ils prêchent pour la liberté de contraindre d'autres individus à faire ce qu'ils n'auraient fait s'ils avaient été libres de choisir pour eux-mêmes. » (Bruno Leoni, La liberté et le droit, éd. Les Belles Lettres).
  • « Ah! philanthropes bénins, socialistes de l'aumône, vous vous chargez de pourvoir aux besoins des pauvres comme le berger se charge de pourvoir à ceux de son troupeau, vous substituez votre responsabilité à la responsabilité individuelle, et vous croyez qu'il travaillera encore pour ses enfants lorsque vous aurez organisé dans vos crèches l'élève économique de ce bétail humain ; vous croyez qu'il ne cessera point de soutenir son vieux père lorsque vous aurez ouvert à ses dépens vos hospices gratuits ; vous croyez qu'il persistera à économiser pour les mauvais jours lorsque vous aurez mis à son service vos bureaux de bienfaisance et vos hôpitaux. Détrompez-vous! En effaçant la responsabilité, vous aurez détruit la prévoyance. Où la nature avait mis des hommes, votre communisme philanthropique ne laissera bientôt plus que des brutes ». (Gustave de Molinari, Dixième soirée de la rue Saint-Lazare)
  • « Comme premier pas vers l’amour-propre, apprenez à traiter comme le cannibale qu'il est tout homme qui exige votre secours. Car cet homme considère que votre vie lui appartient. Aussi écœurante que soit une telle posture, il y a quelque chose de plus écœurant encore: votre consentement. Croyez-vous qu’il soit toujours juste d’aider un autre homme ? Non, si celui-ci prétend qu’il a droit à votre aide ou que vous avez le devoir moral de l’aider. Oui, si cela correspond à votre désir personnel, au plaisir égoïste que vous trouvez à apporter votre soutien à un homme et à des efforts que vous estimez. » (Ayn Rand, Atlas Shrugged, Discours de John Galt)
  • « Si à chaque fois que vous travaillez, vous recevez une facture et à chaque fois que vous arrêtez de travailler, vous recevez une allocation, pourquoi voulez-vous travailler ? » (Arthur Laffer)
  • « Ne perds pas ton temps à répéter que le monde te doit quelque chose. Le monde ne te doit rien. Il était là avant toi ». (Mark Twain)
  • « L'augmentation de la productivité au travers de l'introduction de moyens et des façons de produire toujours plus efficaces a conduit à une augmentation de production. L'état est devenu, à une échelle gigantesque, le contrôleur et le distributeur de cette production massive. Et c'est ici que se trouve la ruse de l'étatisme. Avec l'introduction de l'assistanat étatique, il a donné vie à une version revue et ajournée de l'antique cargaison de "panem et circenses" à la plèbe romaine. Le but a été le même, c.-à-d. manipuler les masses et accaparer leur faveur. » (Gian Piero de Bellis[3])
  • « L’État enrichit des fainéants de la dépouille des hommes utiles. » (Jean-Jacques Rousseau)
  • « Si vous n'êtes pas capable de pourvoir à votre propre subsistance, vous devenez par définition dépendant de quiconque veut bien y pourvoir pour vous. » (Mencius Moldbug)
  • « L’aide aux pays étrangers peut être décrite comme le fait de prendre l’argent des pauvres d’un pays riche pour le donner aux riches et aux puissants d’un pays pauvre. » (Ron Paul, Liberty Defined)
  • « Assisté : individu qui compte sur la générosité publique pour un soutien que vous-même n'êtes pas en position de pouvoir obtenir. » (Ambrose Bierce)
  • « L'homme de bien ne demande rien qu'à lui-même ; l'homme de peu demande tout aux autres. » (Confucius)
  • « La vraie facture de l’assistanat en France, c’est celle de l’assistanat des entreprises. » (Alain Madelin, décembre 2014[4])

Notes et références

Voir aussi

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