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Catallaxie

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La catallaxie est un concept économique et philosophique majeur de l'école autrichienne, développé entre autres par Ludwig von Mises et Friedrich Hayek. C'est la science des échanges, soit la branche de la connaissance qui étudie les phénomènes du marché.

Origine et définition du terme Catallaxie

Le mot Catallaxie a été forgé à partir du concept de "catallactique" - qui nomme la science des échanges, soit la branche de la connaissance qui étudie les phénomènes du marché, c'est-à-dire la détermination des rapports d'échange mutuels des biens et des services négociés sur le marché, leur origine dans l'action humaine et leurs effets sur l'action ultérieure.

La catallaxie est un terme savant tiré du grec katallatein (ou katallassein) signifiant « échanger », mais aussi et surtout: « faire de l'ennemi un ami ». Daniel Levy et Jay Cochran préconisent de ne pas opérer une translittération du « k » en un « c » dans la traduction du mot grec. Ils ajoutent une justification étymologique puisque le kaph (𐤊), la vieille lettre phénicienne (représentée sous une forme moderne du "k" couché sur le dos) est le symbole d'une main tendue ou d'une palme, similaire à la métaphore de l'action d'un échange. La lettre phénicienne 𐤂 équivalente à notre « c », d'autre part, était le symbole d'un chameau ou d'un objet de richesse. Ainsi, l'orthographe « katallactics » en anglais ou « Katallaxie » en français avec un «k» symbolise de façon précise un processus d'échange volontaire, ou la Katallaxie (katallactics), dans une autre définition, désigne l'acte de transformer un ennemi en ami.

Si le terme est a priori né chez chez Richard Whately[1], ce sont Ludwig von Mises et Friedrich Hayek qui ont développé et popularisé le terme.

Friedrich Hayek a ainsi choisi de créer la catallaxie, avec un et non un k, pour désigner, selon ses propres termes, « l'ordre engendré par l'ajustement mutuel de nombreuses économies individuelles sur un marché. Une catallaxie est ainsi l'espèce particulière d'ordre spontané produit par le marché à travers les actes des gens qui se conforment aux règles juridiques concernant la propriété, les dommages et les contrats ». (in Droit, législation et liberté, t. 2 Le Mirage de la Justice sociale, p. 131)

Pour Georges Lane[2], l'intérêt du concept est de se démarquer, dans une approche ex ante, des concepts de macro-économie ou d'équilibre, qui sont ex post et ignorent l'échange volontaire et le droit.

Spécificité du marché dans l'école autrichienne

Une différence notable existe entre le courant néo-classique et l'école autrichienne sur leur analyse du marché.

Les économistes néo-classiques observent le marché comme un lieu de transaction, de négociation voire de confrontation entre des offreurs et des demandeurs. Ils tiennent compte des coûts de transaction ou de négociation. Et, pour beaucoup d'économistes néo-classiques, ces coûts sont considérés comme des coûts objectifs. Ils s'intéressent à l'efficience de l'allocation des ressources sur ce marché et au calcul du bien-être social. Une partie des économistes néo-classiques soutiennent des politiques de régulation de la concurrence. Ils portent généralement un jugement défavorable sur certaines pratiques d’entreprises qui tentent de retenir leur clientèle (discrimination tarifaire, ventes liées, ventes groupées, ventes par lot, etc). Il existe toutefois des économistes néo-classiques qui font exception comme George Stigler, Aaron Director, Sam Peltzman et un certain nombre d'économistes de l'École de Chicago.

Les économistes autrichiens voient le marché comme un processus relationnel entre individus. Il est normal, selon Israel Kirzner, qu'un entrepreneur soit en alerte constante et recherche à retenir ses clients par une politique de fidélisation. Il ne s'agit pas d'une forme de pouvoir qui doit être corrigée par une politique étatiste de régulation du marché mais d'un processus de connaissance mutuelle. Les interventionnistes considèrent qu'il y a des coûts pénalisant le bien-être social. Murray Rothbard démontre qu'il ne peut y avoir de calcul et d’agrégation collective des utilités individuelles. Les coûts des acteurs économiques sont des coûts subjectifs.

Dans l'analyse néo-classique, la demande est externe et distincte de l'offre. Dans l'approche autrichienne, la clientèle est un actif immatériel de l'entreprise. Elle constitue quelquefois un élément de renommée pour celle-ci. Il ne peut y avoir antagonisme entre l'offre et la demande.

Sur le « marché relationnel » où la catallaxie émerge, la raison de l’échange porte moins sur le « produit » que sur la « solution » à apporter aux différents acteurs (acheteurs et vendeurs). Il ne s'agit plus de la transaction du marché néo-classique, qui porte, souvent, uniquement sur un produit isolé, mais sur un bouquet de caractéristiques liées à des biens et des services.

L'économie se concentre sur l’étude du marché parce qu'il est possible d’observer le phénomène d'ordre du marché qui jaillit d'un ensemble d'actions apparemment « anarchique » et « non planifié ». Le marché est le lieu destiné à la rencontre coopérative et pacifique des hommes pour la satisfaction réciproque des besoins ; il n'est pas une structure, un système, une organisation, mais un réseau de relations volontaires entre des sujets consentants. Lorsque nous nous trouvons en présence de relations non volontaires entre des sujets pour lesquels le consentement a été extorqué, cela n'est pas du domaine de la catallaxie mais du pouvoir politique.

Catallarchie

La catallarchie désigne l'application de la catallaxie à l'organisation de la société tout entière : la société humaine est un système dynamique capable de s'organiser spontanément sans intervention directe, de la même façon qu'une économie de marché libre parvient à définir des prix et permettre des échanges.

C'est Patri Friedman, petit-fils de Milton Friedman, qui emploie ce terme (catallarchy).

Citations

  • « La catallaxie est une manière d’accorder sa confiance sans pour autant devenir ami, de s’associer sans se connaître, de faire société sans exiger des valeurs communes. Comme Socrate, le marché sait qu’il ne sait pas. Il va donc s’évertuer à favoriser l’émergence d’un ordre spontané sans chercher à contrôler ni même à recenser les détails des échanges quotidiens. À l’inverse, l’économie dirigée repose sur l’illusion qu’une institution centrale serait en mesure de tout connaître et donc de tout organiser de manière verticale, broyant inévitablement les choix individuels. Voilà pourquoi le planisme est, aux yeux de Hayek, le début du totalitarisme. » (Gaspard Koenig, La fin de l'individu, 2019)
  • « Cette conception des marchés est fondamentalement de nature « transactionnelle ». Le marché y est pensé comme un « lieu » où se confrontent des offres et des demandes portant sur des produits ayant une existence propre en dehors des protagonistes. De cette confrontation découle la formation d'un prix auquel s’effectue la transaction sur le droit de propriété du produit. Le système de prix constitue le seul mécanisme de coordination entre l’offre et la demande. A cette conception du marché sont associés des critères d’appréciation de son bon fonctionnement (c’est-à-dire de sa capacité à assurer l’optimisation du bien-être social) centrés sur l’efficience de l’allocation des ressources. D’où l’importance de s’assurer de ce que les acheteurs puissent librement s’adresser aux fournisseurs en mesure de proposer les offres les plus compétitives. » (Philippe Moati et Anne Corcos, CREDOC[3])

Informations complémentaires

Notes et références

Bibliographie

  • 1999, Daniel M. Levy, "Katallactic Rationality: Exploring the Links between Cooperation and Language", American Journal of Economics and Sociology, 58(4), pp729–747

Voir aussi


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