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Socialisme

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Définition

Le socialisme est une idéologie politique, qui est aussi ancienne que les premières communautés humaines. Cette forme d'organisation politique se retrouve chaque fois que les individus, appréhendés comme un unique tout (collectivisme), sont considérés soit comme les membres interchangeables d'un troupeau à guider, soit comme sujets bailleurs d'un unique propriétaire, soit encore comme administrés relevant d'une même bureaucratie. Que cela relève d'une véritable bienveillance (despotisme) provenant de l'idée que seul un ordre dirigiste ou dictatorial est nécessaire pour assurer la vie en commun des hommes (par ailleurs obligés par nature de coopérer) ou bien que cette dictature soit établie pour servir des desseins peu avouables, et ce quel que soit le régime politique choisi (monarchique, oligarchique ou démocratique), son objectif est alors d'instaurer une propriété commune du capital et une redistribution des richesses ; sinon de façon égale, tout du moins avec les seules inégalités justifiées par le prétendu intérêt public.

Or dans les faits, le socialisme aboutit toujours à devoir doubler son collectivisme économique, d'un collectivisme mental (conditionnement idéologique, appel au don de soi, imposition de la fraternité et de la solidarité, morale républicaine) censé prévenir les probables dissensions causées par l'inexorable survivance de l'intérêt particulier au sein de la communauté (morale du troupeau).

On divise généralement le socialisme en cinq grands courants qui divergent sur les méthodes à suivre pour instaurer l'ordre socialiste, le sauvegarder, le degré d'étatisation et de libertés politiques :

Précisions terminologiques

Il faut noter que pour Marx et les marxistes le terme "socialisme" sert parfois à désigner l'abolition du capitalisme et de l'Etat bourgeois grâce à la socialisation des moyens de production (socialisme au sens fort, aujourd'hui défendu par les communistes), même si dans le vocable marxien il sera délaissé, à partir de 1848, au profit de celui de "communisme", "socialisme" venant alors désigner d'autres formes de pensées crypto-communistes ou encore une phase transitoire avant l'avènement du communisme. Dû à ce flottement, ou quand on désire appuyer sur leur origine conceptuelle commune (comme ce sera ici le cas) socialisme et communisme ne sont pas dissocié (usage large).
Les socio-démocrates, nés du schisme du révisionnisme de Bernstein au début du XXe siècle, regroupés aujourd'hui dans les partis dit "socialistes", quant à eux, y verront un moyen, par intervention directe ou indirecte de l'Etat, de limiter (sens faible) des maux qu'ils considèrent causés par le capitalisme et des marchés qui en sont le modus operandi (usage restreint).
Qu'un socialiste au sens faible devienne nécessairement (comme le prévoyaient des libéraux comme Hayek) un socialiste au sens fort, c'est-à-dire qu'il n'y ait pas, dans les faits, à long terme, de véritable différence de nature dans le socialisme mais seulement de degré, n'empêche pas que les uns et les autres ne poursuivent pas des buts légèrement différents, en croyant participer à des socialismes de natures différentes.

Une impasse rationnelle

Quand il essaye de dépasser la simple sympathie affectée et veut se donner une assise scientifique, le credo socialiste repose alors, selon Ludwig von Mises, sur trois dogmes :

  • la société (en fait, ceux qui la dirigent) est un être tout-puissant et omniscient qui transcende les individus (holisme), exempt de la faillibilité[1] et des faiblesses humaines ;
  • l'avènement du socialisme est inéluctable (par ex. thèse de « l'effondrement » du capitalisme chez Karl Marx et les marxistes);
  • l'idée que, comme l'Histoire est un progrès continu, passant de situations imparfaites à des situations plus parfaites (historicisme), l'avènement du socialisme est programmé depuis la nuit des temps.

Mises (années 1920), puis Hayek (années 1930), se sont attachés à réfuter les prétentions du socialisme à créer un ordre planifié, dans ce qu'on a appelé le débat sur le calcul économique en régime socialiste : système condamné à tâtonner "dans le noir" à cause de la destruction du marché comme système d'évaluation de la valeur (via le système des prix), donc faute de calcul économique, il conduit les dirigeants à créer un régime nécessairement arbitraire et autoritaire, incapable, de surcroît, de produire tout ce que l' « anarchie de la production » capitaliste réussissait.

Une tragédie pour les hommes de bonne volonté

Malheureusement pour les véritables philanthropes, l'Histoire a montré qu'à grande échelle le socialisme, ou sa version édulcorée la social-démocratie, aboutit nécessairement à une dictature politique et économique, à l'appauvrissement général, au totalitarisme, sous prétexte de planification, d'égalité économique, d'élimination du capitalisme.

Malgré la redondance des mises en garde, du bon chrétien anglais alerté par Mandeville dans la deuxième partie de la Fable des abeilles à l'humaniste généreux dont Hayek (après tant d'autres...) prédisait les désillusions, toujours la volonté de bien faire associée à l'incrédulité dans l'ordre spontané des marchés, a rencontré des résultats à l'exact opposé de la vision messianique ou de l' « idéal prométhéen » (Aron) sur laquelle repose l'idéologie socialiste : capitalisme d'Etat, nouvelles inégalités (apparition d'une nomenklatura : apparatchiks en URSS, énarques en France), fin des libertés (cf.l'histoire des régimes marxistes, l'Allemagne nazie)...

Sa résistance aux faits

...surtout le pire

Si « l'Histoire du socialisme est faite d'échecs, d'abdications, et de trahisons, qui ne lui ont permis, à aucun moment au cours des deux siècles passés, de constituer un guide pour l’Humanité » (Droz 1997, IV, p.660), il faut bien cependant reconnaître sa prégnance dans les esprits [2], la question était de savoir pourquoi cela est ainsi et comment cela est possible. D'où quelques pistes:

  1. L'inconséquence et la foi aveugle. Grâce à l'application de stratégies de fuite en avant (nouvelle théorisation et abandon de l'ancienne sans faire de bilan ni payer l'addition) ou de la méthode Coué (« ça n'a pas marché, mais c'est beau, alors ça doit marcher ! »), la plupart ne s'est pas détournée de lui, y cherchant encore « une solution à la misère et à l’oppression » (Id.).
  2. Par défaut. En absence d' « utopie de rechange » (Hayek) le socialisme serait la seule solution apparente. Soit que a) les libéraux n'aient pas su proposer un idéal véritablement humaniste du libéralisme, lui préférant (par stratégie ou par conviction) un niveau d'argumentation strictement utilitariste, soit que b) sur le marché des idées, ils aient été défaillants, partant avec un handicap puisque les socialistes se sont arrogés le « monopole du coeur ».
  3. Evolutionnisme. Pour Friedrich von Hayek, la persistance du socialisme prend sa source dans l'exacerbation d'instincts tribaux ancestraux. Au contraire de ceux-ci, la société libre et ouverte fondée sur la Rule of Law constitue un phénomène relativement récent, qui n'a pas eu le temps d'irriguer complètement les esprits. Pour nombre d'individus, l'appartenance (et l'obéissance) à une communauté politique fermée, décrétant collectivement les buts à atteindre, continue - encore aujourd'hui - d'être considéré comme un modèle de société viable. En ce sens, Hayek parle du socialisme (et en particulier du marxisme) en termes de "fabrication d'une nouvelle morale (visant à) servir de vieux instincts". De ce point de vue, la nouveauté du libéralisme juridique le dessert face à la fausse innovation présentée par l'idéologie socialiste qui, de son côté, n'offre rien d'autre qu'un programme littéralement réactionnaire de société close (économiquement, culturellement, spirituellement, etc.). Sur la perception négative du passage de la société close à la société de Droit, perception qui a ouvert la brèche vers le socialisme, Hayek écrit dans le tome III de Droit, législation et liberté (p. 196): Voici où se situe le grand changement qui a engendré un ordre de société de plus en plus incompréhensible pour l'homme, et dont le maintien exigea de lui qu'il se soumette à des règles apprises, souvent à ses instincts héréditaires : ce fut lorsque l'on passa de la société de face à face, ou du moins du groupe restreint composé de membres connus et reconnaissables, à la société ouverte, abstraite, qui n'était plus soudée par des buts communs, mais seulement par l'obéissance aux mêmes règles abstraites. Ce que l'homme eut le plus de mal à comprendre, fut probablement que les seules valeurs communes d'une société ouverte et libre n'étaient pas des objectifs concrets à atteindre, mais seulement des règles de conduite abstraites admises par tous, lesquelles assuraient le maintien d'un ordre tout aussi abstrait qui procurait simplement à l'individu de meilleures perspectives de réussite dans ses initiatives, mais ne lui ouvrait aucune créance sur des biens particuliers.
  4. Machiavélisme. La demande d'un nombre sans cesse croissant de clients de l'Etat, de plus en plus attirés par les privilèges et sinécures offerts, et le caractère exponentiel que ces politiques égalitaristes (égalité matérielle, égalité des chances, "justice distributive", etc.) engendrent, expliquent et la permanence des régimes collectivistes et la croissance de leur mainmise sur leurs communautés respectives.

Optique libérale

Les libéraux ne rejettent pas les principes socialistes en bloc. Au contraire, la famille peut-être considérée comme un ordre communiste, soudé par l'amour filial, la solidarité, l'entraide financière et affective. De même, dans le cadre d'une association, de rapports de voisinage, certaines formes de socialisme sont viables et souvent appréciables. Seulement, ces formes doivent respecter certaines conditions: être volontaires et révocables, conformes à la volonté commune des participants, dans le respect des droits de chacun à la liberté et à la propriété. L’erreur des socialistes consiste alors à hypostasier l’amour fraternel (comme chez Hegel) à l’ensemble d’un groupe disparate, unifié par la soumission au même Etat, et qu’on appellera société.

Il y a pourtant une différence de nature entre un petit groupe à l’utilité commune clairement identifiable et/ou s’autorégulant grâce à la connaissance personnelle de chacun des individus, et une foule d’individus abstraits ne se connaissant pas et trop divergents pour pouvoir s’accorder sinon en étant chapeautés par un monstre froid qui maintient de force l’union au nom d’une solidarité factice et de compromis - paravent hypocrite d’un jeu où chacun essaye de tirer la couverture à soi.

Ce qui est vrai au niveau de la communauté nationale l'est aussi dans les rapports internationaux : si un socialiste se prétend humaniste, on s'aperçoit cependant qu'à défaut d'instaurer un régime mondial unique, les partis socialistes nationaux (pourtant regroupés dans une Internationale socialiste) défendent leur clientèle sans se soucier des autres (cf. négociations européennes, délocalisations, patriotisme économique, etc.), démentant de fait l'idée que la poursuite d'un intérêt général est possible en dehors d'une théorie de la violence réfrénée et du chantage permanent. On parlera alors, de ce point de vue, de social-nationalisme qui est une forme soft du national-socialisme, épurée de toute la pseudo-science raciste.

Citations

Voir citations sur le socialisme

Bibliographie

  • Jacques Droz (dir.), (1997) Histoire générale du socialisme, 4 vol., PUF/Quadrige
  • Philippe Nemo, (2002) Histoire des idées politiques, 2 tomes, PUF/Quadrige.

*****

  1. ^  Cf. Rousseau, Du Contrat social, chap. 2.3 : « la volonté générale est toujours droite et tend toujours à l'utilité publique. » (Suit une série de restrictions qui rendent tout ceci nettement improbable, mais cela n'affecte jamais l'idéologue...)
  2. ^  La question étant de savoir si l'aversion spontanée de la plupart, n'est pas dû à un réflexe conditionné crée par des décennies de terrorisme intellectuel, et si beaucoup ne sont pas plus libéraux qu'ils ne le croient... et qu'ils ne redécouvrent qu'une fois leur liberté perdue (cf. Raymond Aron, Essai sur les libertés, II).


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