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Inégalité

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Une inégalité est, au sens strict, une absence d'égalité. Le terme et son emploi sont critiqués par les libéraux pour qui la liberté qui doit être défendue est l'égalité en droit, alors que ceux qui parlent d'inégalité entendent généralement égalité de résultats.

Les libéraux distinguent les inégalités justes et les inégalités injustes : les inégalités découlant de l'échange libre entre les individus, du travail, de l'épargne, etc., sont justes. À l'inverse, les inégalités découlant du vol, de la contrainte, de l'agression (étatique ou non), de privilèges accordés par l'État ou de monopoles garantis par la puissance publique, sont injustes. Xavier Prégentil écrit ainsi : « L'inégalité [véritable] consiste à s'enrichir par ses relations, à gagner sans rendre service, à extorquer sous la menace, à créer une classe privilégiée de décideurs non responsables sur leurs biens mais sur celui des autres. »

Plusieurs facteurs structurels permettent d'expliquer l'évolution des inégalités. Dans le cas américain, l'économiste Christian Broda de l'université de Chicago souligne le rôle du différentiel d'inflation et du libre-échange. Les produits consommés par les personnes aux revenus les plus élevés ont généralement une inflation plus forte que les produits consommés par les personnes aux revenus inférieurs. Cette différence explique un tiers de la hausse des inégalités aux États-Unis entre 1994 et 2005 selon les études de Broda. Il souligne en particulier le rôle du commerce international pour garder bas le prix des produits consommés par les plus pauvres, avec le rôle de la Chine[1]. Autrement formulé, le libre-échange bénéficie surtout aux plus pauvres et les inégalités sont moindres que selon les mesures actuelles, biaisées.

Le vieillissement de la population peut également augmenter mécaniquement les inégalités de revenu.

Dans un contexte de répression financière, les inégalités injustes s'accroissent par l'action de la banque centrale, les politiques de planche à billets ou de taux négatifs ou très bas profitant d'abord à une oligarchie financière.

Mesure des inégalités

Malgré les innombrables limites de la notion d'inégalité, les écarts de salaires, de patrimoine ou autres sont largement mesurées et utilisées, souvent à des fins politiques. L'indicateur le plus utilisé pour cette mesure, mais aussi le plus biaisé, est celui du taux de pauvreté, calculé de manière relative, comme le pourcentage de ménages gagnant moins que 50 % de la médiane des ménages. Autrement dit, même si tout le monde était dix fois plus riche d'un coup de baguette magique, le taux de pauvreté n'aurait pas changé avec ce mode de calcul. Par cette insistance permanente sur des indicateurs relatifs, on masque ainsi l'effondrement massif et réel de la pauvreté dans le monde, mesurée par la chute du nombre de personnes ne mangeant pas à leur faim, par la mortalité infantile, etc.

Au final, les modes de calcul des « inégalités » sont jugés comme largement sujets à caution par les économistes. L'économiste Xavier Sala-i-Martin a ainsi montré que les chiffres du PNUD (Programme des Nations unies pour le Développement) ne prenaient qu'imparfaitement le moindre coût de la vie dans les pays en développement et donc majoraient largement les différences de revenus entre les pays. En intégrant ce facteur, on voit que les différences de revenus entre les pays se sont atténuées depuis l'expansion de la mondialisation dans les années 1980[2].

Voir aussi

Citations

  • « Quand l’inégalité est la loi commune d’une société, les plus fortes inégalités ne frappent point l’œil ; quand tout est à peu près de ce niveau, les moindres le blessent. C’est pour cela que le désir d’égalité devient toujours insatiable à mesure que l’égalité est plus grande. » (Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique)
  • « Nous ne devrions pas parler d'inégalités mais de différences ; différence est un terme neutre et inégalité un terme connoté. Les inégalités sont généralement confondues avec les injustices. Cela conduit à l'idée que les pauvres sont pauvres car les riches sont riches, c'est-à-dire que les riches ont tiré leur fortune des pauvres, ce qui est faux. » (Peter Thomas Bauer[3])
  • « De fil en aiguille, on en est finalement venu à l'égalité des conditions, à l'égalité des résultats, quelles que soient les actions individuelles, quels que soient les mérites ou les vices de chacun. La chance porte un nom nouveau : l'État-providence. L'égalité des chances, c'est l'égalité devant les bienfaits de la société. Dans cette logique, l'échec n'est pas admissible, l'inégalité est scandaleuse. Aujourd'hui l'égalité des chances est une forme d'envie (avoir tout ce qu'ont les autres), une forme d'incurie (avoir tout sans rien devoir à personne, faire n'importe quoi), une forme de folie vengeresse (« les ratés ne vous rateront pas », disait Céline). » (Jacques Garello)
  • « Il y a toutes les différences du monde entre traiter les gens de manière égale et tenter de les rendre égaux. La première est une condition pour une société libre alors que la seconde n'est qu'une nouvelle forme de servitude. » (Friedrich Hayek, Vrai et faux individualisme[4])
  • « Du fait que les gens sont très différents, il s'ensuit que, si nous les traitons également, le résultat doit être l'inégalité dans leur position actuelle et que la seule façon de les placer dans une position égale serait de les traiter différemment. L'égalité devant la loi et l'égalité matérielle sont donc non seulement différentes mais en conflit les unes avec les autres ; et nous pouvons atteindre l'un ou l'autre, mais pas les deux en même temps. L'égalité devant la loi que requiert la liberté conduit à l'inégalité matérielle. » (Friedrich Hayek, La Constitution de la liberté, 1960)
  • « Le libéral combat les inégalités vraiment injustes, c'est-à-dire [...] celles qui résultent du vol ou de la coercition, qui sont souvent le fait de l'État lui même ou bien du fait que l'État ne fait pas son travail. » (Jacques de Guenin, Le libéralisme est social[5])
  • « Les inégalités libérales des sociétés de production sont agitées d’un brassage permanent et elles sont modifiables à tout instant. Dans les sociétés de redistribution étatique, les inégalités sont au contraire figées et structurelles : quels que soient les efforts et les talents déployés par un actif du secteur privé français, il n’aura jamais les avantages « acquis » (c’est-à-dire octroyés et intouchables) d’un agent d’Électricité de France » (Jean-François Revel, La Grande parade[6])
  • « L'inégalité des revenus et des fortunes est un caractère inhérent de l'économie de marché. Son élimination détruirait complètement l'économie de marché. Les gens qui réclament l'égalité ont toujours à l'esprit un accroissement de leur propre pouvoir de consommation. Personne, en adoptant le principe d'égalité comme postulat politique, ne souhaite partager son propre revenu avec ceux qui en ont moins. Lorsque le salarié américain parle d'égalité, il veut dire que les dividendes des actionnaires devraient lui être attribués. Il ne suggère pas une réduction de son propre revenu au profit des 95 % de la population mondiale qui gagnent moins que lui. » (Ludwig von Mises, L'Action humaine)
  • « Les hommes sont inégaux, physiquement et intellectuellement, tous ont des talents différents. Il y a égalité de chance mais pas égalité de résultat. Les inégalités économiques n’ont rien à voir avec l’injustice et l’inégalité est un puissant moteur d’amélioration sociale. L’inégalité injuste est celle où la justice impersonnelle du marché est remplacée par l’arbitraire du décideur politique. » (Patrick de Casanove)
  • « Michel Rocard reproche au capitalisme de créer des inégalités. Pourtant, comme ses camarades socialistes, il n’a aucun mal à accepter les inégalités créées par l’État et l’argent public. Les retraites cumulées (député, sénateur, ministre, Premier ministre, secrétaire du PS) de ce moralisateur dépassent les 12 000 euros par mois, les missions qu’on lui confie lui rapportent 5000 euros mensuels en échange d’un temps de travail réduit, même en prenant en compte les croisières que le Rapport sur le réchauffement climatique l’a « obligé » à faire. » (Jean-Philippe Delsol, À quoi servent les riches, JC Lattès)
  • « Lorsque nos politiciens parlent de « réduire les inégalités », ce ne sont pas du tout les inégalités de valeur entre les hommes qui les préoccupent - on se demande d'ailleurs comment ils réduiraient celles-ci, la valeur de chacun ne dépendant que de soi -, mais seulement leurs inégalités économiques, dont la plupart sont pourtant justifiées. » (Pierre Lance, Au delà de Nietzsche, 1976)
  • « Ce qui a créé l’explosion des différences de richesse, ce n’est pas le capitalisme, mais une politique monétaire suivie par des banques centrales dont les instances dirigeantes ont été capturées par les « rentiers » et qui donc suivent des politiques favorables aux rentiers c’est-à-dire aux riches et aux fonctionnaires. » (Charles Gave, 9/9/2014)
  • « On crée, au nom de l'égalitarisme, de nouvelles inégalités, par exemple celles qui existent entre ceux qui vivent de leurs propres efforts et ceux qui profitent de la contrainte organisée ; ou encore entre ceux qui ont accès au pouvoir politique, instrument supposé de l'égalitarisme, et ceux qui en sont écartés. » (Pascal Salin, Libéralisme, 2000)
  • « Supprimez l'inégalité des conditions, et la société, frappée d'une soudaine léthargie, consommera dans l'inaction les produits de son activité antérieure, et la civilisation, ce brillant résultat du travail humain combiné avec l'accumulation de richesses, ne tardera guère à disparaître... » (Antoine Cherbuliez)

Notes et références

  1. "Inequality and Prices: Does China Benefit the Poor in America?", Christian Broda et John Romalis, mars 2008, [lire en ligne]
  2. Xavier Sala-i-Martin, "The Disturbing "Rise" of Global Income Inequality", NBER, 2002
  3. Entretien avec Peter Thomas Bauer, John Blundell
  4. Friedrich Hayek, Vrai et faux individualisme, [lire en ligne]
  5. Jacques de Guenin, Le libéralisme est social, conférence à Alternative Libérale fin 2005, [lire en ligne]
  6. Jean-François Revel, La grande parade, chapitre 12, p. 257.

Bibliographie

Liens externes

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