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Planche à billets

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La planche à billets (money printing press) désigne à l'origine le procédé mécanique qui permet de créer de la monnaie-papier. La première planche à billets connue remonte à la dynastie Yuan (de 1279 à 1368 en Chine). En France, les premiers essais, qui se terminèrent par des échecs, furent le système de Law (de 1716 à 1720) puis les assignats de la Révolution française. Le "billet" est censé être à l'origine un substitut à des biens réels (or, argent, biens nationaux) ou à des promesses de biens (mise en valeur de la Louisiane dans le cas du système de Law) ; il a vocation ensuite à être déconnecté de toute réalité pour servir d'abord les besoins de celui qui l'imprime et l'impose à la population par le cours forcé.

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Les différentes formes

Par extension, la planche à billets désigne par la suite toute création de monnaie fiduciaire à la discrétion d'un organisme central, tel que la banque centrale, et ceci sans utiliser forcément le support papier, car le mécanisme est entièrement virtuel et informatique. Des périphrases sont employées pour cacher la nature arbitraire et inflationniste du procédé, comme : "assouplissement quantitatif", "mesures non conventionnelles", "rachat d'actifs", "laisser filer la monnaie", etc. La pratique de la planche à billets s'est généralisée dans tous les pays après l'abandon de l'étalon-or en 1971.

La planche à billets au sens large peut prendre différentes formes :

  • forme historique : émission arbitraire de billets ou de pièces, billets sur-imprimés (république de Weimar), rognage de la monnaie, etc. (le cours forcé permet au monopole monétaire de pratiquer toutes sortes de manipulations)
  • "monnaie fondante" (monnaie qui se déprécie avec le temps, ce qui oblige ses détenteurs à s'en débarrasser à terme)
  • "monnaie fiscale", qui permet à l'Etat de payer ses factures par de simples reconnaissances de dette
  • assouplissement quantitatif (la nouvelle monnaie est destinée à certains marchés seulement, comme celui des obligations d’État)
  • hélicoptère monétaire (la nouvelle monnaie est censée être distribuée à la population, directement ou indirectement par un accroissement de la dépense publique)
  • taux négatifs (répression financière cherchant à obtenir les effets de l'inflation en son absence)
  • en dernier recours, comme mesures exceptionnelles envisagées par certains analystes, il y a l'émission de DTS par le FMI (créant ainsi une sorte de "monnaie mondiale" à partir de rien) et la fixation autoritaire d'un cours de l'or très élevé (ce qui survaloriserait artificiellement le stock d'or des banques centrales, mais se répercuterait immédiatement sur l'ensemble des matières premières et conduirait à une inflation des prix).

Finalité

Un des principaux buts de la planche à billets est le rachat de la dette publique des États surendettés : le laxisme monétaire rejoint le laxisme budgétaire, en l'amplifiant dans une spirale destructrice. La planche à billets est la façon qu'ont choisie les étatistes de diluer leur responsabilité en faisant subir à l'ensemble des utilisateurs de la monnaie les conséquences de leurs propres erreurs. Loin d'être un outil capitaliste, c'est un outil collectiviste qui permet de collectiviser les pertes et l'irresponsabilité, les bénéfices restant au profit d'une oligarchie, une nomenklatura, comme en URSS. L'intérêt du procédé est qu'aussi bien les bénéfices que les inconvénients ne sont pas immédiatement ni facilement visibles à l’œil non exercé, ni aisés à rattacher à leur cause originelle, même si les effets n'en sont pas moins sensibles (hausse des prix de certains actifs, enrichissement injustifié de quelques grandes entreprises, grandes banques ou oligarques).

Une autre finalité de la planche à billets est la prétendue "relance" de l'économie. Dans sa forme la plus extrême, la banque centrale pratique l'helicopter money : l'hélicoptère monétaire distribue le nouvel argent directement à la population, espérant stimuler ainsi l'économie. Ainsi, en 2020, les Etats-Unis ont distribué à tous les habitants un chèque de 1200 dollars dans le cadre d'une "politique de relance" après la crise du coronavirus.

La planche à billets peut être complétée par la répression financière, pratique politique visant à diriger l'épargne privée au bénéfice du secteur public et des banques.

Conséquences

Les conséquences de l'emploi immodéré de la planche à billets sont les suivantes :

  • irresponsabilité des États, encouragés à augmenter leur emprise sur la société civile par une dépense sans frein ;
  • bénéfices captés par une oligarchie financière et un capitalisme de connivence, car la planche à billets profite d'abord à ceux qui sont bien placés pour recevoir le "nouvel argent" (effet Cantillon) et l'investir sur les marchés ;
  • apparition de bulles spéculatives et de mal-investissements (l'arrivée du "nouvel argent" fait monter artificiellement les prix) ;
  • baisse de valeur de la monnaie, baisse artificielle des taux d'intérêt due à l'argent facile ;
  • privilège exorbitant accordé à la banque centrale, qui peut ainsi racheter à partir de rien des actifs nationaux ou étrangers ;
  • inflation qui impacte in fine les pauvres et les épargnants, tout en rendant plus facile l'endettement public ou privé.

Alternative

Dans un système de banque libre et de monnaie privée tel que le recommandent les libertariens, la création monétaire est limitée d'emblée par le contrôle qu'exerce le marché par la loi de l'offre et de la demande : une monnaie est recherchée pour sa qualité (loi de Gresham inversée), et un abus de la "planche à billets" se traduit vite par une fuite des utilisateurs de la monnaie concernée en faveur de monnaies plus stables. La banque émettrice serait ainsi rapidement en faillite.

A défaut, un retour à l'étalon-or empêcherait les États d'abuser de la planche à billets, chaque billet étant adossé à une quantité fixe d'or comme c'était le cas pour le dollar jusqu'en 1971.

Voir aussi

Citations

  • «  Le gouvernement américain a une technologie, qui se nomme la planche à billets (ou son équivalent électronique d’aujourd’hui) qui l’autorise à produire autant de dollars américains qu’il le souhaite à un coût quasiment nul. »
        — Benjamin Bernanke, Déflation, making sure « it » doesn’t happen here

  • «  Il n'y a rien qu'un coup de fausse monnaie et de planche à billets ne puisse arranger. »
        — Simone Wapler, Chronique Agora

  • «  Si imprimer de la monnaie est la solution, ayons chacun notre petite imprimante et tout ira bien... »
        — Olivier Delamarche, BFM

  • «  On n’a plus besoin de l’épargne dans un régime de crédit sans limite, sans bornes. Le pouvoir des épargnants, du capital épargné, gagné, la bonne gestion, la décence de la rémunération de l’épargne, le respect de ce qu’elle représente, on peut s’en passer, puisque l’on a à sa disposition la « printing press » qui permet la création de crédit sans limite. »
        — Bruno Bertez, L'AGEFI, 22/12/2015

  • «  Sans la planche à billets, l’Etat ne pourra pas payer les salaires au mois de novembre. »
        — Ahmed Ouyahia, premier ministre de l'Algérie, 08/10/2017

  • «  Si l'on peut créer de l'argent sans ajouter une quantité équivalente de richesse réelle, on fait de la contrefaçon pure et simple. L'"argent" que l'on crée n'est pas réel. Dans la mesure où aucune nouvelle richesse n'est engendrée, ce nouvel argent est simplement un droit supplémentaire sur de la richesse qui existe déjà et appartient à d'autres. Imprimer de l'argent n'est donc qu'une forme sophistiquée de vol. Les gens qui obtiennent cet argent s'approprient les choses des autres. »
        — Bill Bonner, 28/10/2019

  • «  Avec un dictionnaire, on peut établir une infinité de propositions. De même, avec une planche à billets, on peut, sans conséquences dans le court et moyen termes, payer tout et reporter tous les coûts dans le futur. (...) Surtout avec la fameuse Théorie monétaire moderne (TMM), le chartalisme, cette vieille lune que l'on a ressortie des poussières de l'Histoire. »
        — Bruno Bertez, 16/01/2020

Liens externes


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