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Monnaie fiscale
La monnaie fiscale (fiscal money) est une variété de monnaie scripturale émise par l'État indépendamment de la monnaie légale.
La monnaie fiscale est un mécanisme que proposent certains étatistes pour "résoudre" le problème de la dette publique : l'État règle ses dépenses non pas en empruntant à cette fin sur les marchés ou en augmentant les impôts, mais en donnant à ses créanciers une simple reconnaissance de dette sous la forme d'une remise d'impôt. Cette nouvelle monnaie n'a pas cours légal mais reste négociable, transférable à des tiers et échangeable sur le marché.
Une escroquerie étatique
On obtient ainsi un système de paiement parallèle court-circuitant le système bancaire classique et reposant uniquement sur les "comptes fiscaux" des entités économiques. Le but est pour l'État de s'affranchir d'un système monétaire ressenti comme trop contraignant, tel que celui de la zone euro.
Il s'agit en réalité d'une escroquerie inflationniste qui permet à l'État de dépenser sans limite — tout du moins jusqu'à ce que cette "monnaie" asymétrique perde toute valeur, car l'État est le seul acteur à pouvoir l'utiliser facilement, l'offre excédant largement la demande. C'est exactement comme si une grande enseigne commerciale décidait de régler les factures qu'elle a auprès de ses fournisseurs avec des bons d'achat utilisables dans ses magasins : aujourd'hui, une telle monnaie privée ne serait pas légale, tandis que la coercition étatique pourrait imposer une "monnaie fiscale" au seul bénéfice de l'État et au détriment de ses récipiendaires. Il est piquant de constater que les étatistes sont en général opposés au concept de monnaie privée circulant librement et régie par la loi de l'offre et de la demande, sauf quand le même concept est repris par l'État en étant détourné pour escroquer la population (à la différence de la monnaie privée, le créancier ne peut refuser d'être payé par l'État en monnaie fiscale).
Si ce procédé était mis en place un jour, on verrait le taux de change entre monnaie légale et monnaie fiscale (puisque celle-ci en principe reste échangeable sur le marché) varier toujours dans le même sens, celui d'une baisse continue de la monnaie fiscale, qui finirait par atteindre sa valeur réelle : zéro. En effet, la masse de monnaie fiscale dépassera toujours la masse d'impôts à payer (sinon la monnaie fiscale n'aurait pas de raison d'être), le surplus ne pouvant servir à ses détenteurs, in fine, qu'à payer des impôts futurs : cela revient donc à une sorte d'emprunt forcé, à taux zéro ou négatif, imposé à la population. La dette publique est ainsi diffusée non pas par l'intermédiaire des banques, mais par l'intermédiaire des créanciers de l'État. Le mécanisme est plus vicieux, puisque ces derniers sont transformés en émetteurs forcés de dette étatique. L'État réussit le tour de force de distribuer de l'illusion (illusion fiscale) en faisant croire à la société que cette illusion a une valeur monétaire.
Concrétisation de la monnaie fiscale
Les systèmes de monnaie fiscale intéressent les États mal gérés ou surendettés, qui y voient un moyen de remédier à leurs déficiences.
- Grèce : en 2015, un système de monnaie fiscale avait été prévu (secrètement) comme "plan B" en Grèce[1], mais n'a jamais été réalisé, les dirigeants grecs ayant préféré se soumettre aux exigences de l'UE
- Italie : en 2019, un projet de monnaie parallèle à l'euro est évoqué : il s'agit de petites coupures, baptisées "mini-BOT" (pour "mini bon ordinaire du Trésor") ; cette monnaie parallèle permettrait à l'Italie d’avoir assez de liquidités si elle décidait de quitter la zone euro ; en attendant, l'État italien pourrait ainsi remettre à ses fournisseurs ou aux contribuables une reconnaissance de dette, sous la forme de petites coupures, qui pourraient ensuite servir à ces fournisseurs ou contribuables à payer leurs impôts.
Notes et références
Citations
- La monnaie n'est QUE dette et la meilleure monnaie est celle qu'émet l'Etat. La reconnaissance de dette d'un Etat est supérieure à toute autre monnaie pour la simple et unique raison que l'Etat a comme garant les contribuables et qu'il peut faire usage de la "violence légale" pour les faire payer. Si, vous, vous vouliez émettre des dettes en quantité illimitée, il faudrait bien vous trouver des sources de revenus illimitées et avouez que c'est difficile... Mais pour l'Etat (qui ne veut que notre bien) ce n'est pas un problème. (...) Cela résout un problème épineux : l'émission de monnaie fiscale est laissée à la libre appréciation du gouvernement émetteur. Gageons donc que des tombereaux de monnaie fiscale circuleront. Les gens voudront s'en débarrasser au plus vite. (Simone Wapler, 05/07/2017)
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