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Richard Weaver
Richard Weaver | |||||
Philosophe, historien, écrivain | |||||
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Dates | 1910 - 1963 | ||||
Tendance | Conservateur | ||||
Nationalité | États-Unis | ||||
Articles internes | Autres articles sur Richard Weaver | ||||
Citation | |||||
Interwikis sur Richard Weaver | |||||
Richard Malcolm Weaver, né le 3 mars 1910 et décédé le 1er avril 1963, était un universitaire américain qui a enseigné l'anglais à l'Université de Chicago. Il est surtout connu comme un historien, un intellectuel, un philosophe politique conservateur du milieu du 20e siècle et une autorité intellectuelle sur la rhétorique moderne.
Présentation générale
Ses livres références Les Idées ont des conséquences et L'éthique de la rhétorique restent influents chez les chercheurs conservateurs. Richard Weaver a également été associé aux néo-conservateurs.
Malgré des circonstances difficiles, après la mort de son père, Richard Weaver fréquenta une école privée, puis l'Université du Kentucky. Il a obtenu un diplôme en anglais (BA) en 1932 et un master d'anglais à l'Université Vanderbilt. Il a ensuite enseigné une année à l'Université d'Auburn et trois ans à la Texas A & M University.
En 1940, Richard Weaver a commencé ses études de doctorat d'anglais à l'Université d'État de Louisiane (LSU), où enseignait le philosophe politique conservateur, Eric Voegelin. Il passa ses étés à étudier à l'Université Harvard, à l'Université de Virginie et à la Sorbonne, en France. Son doctorat lui fut décerné en 1943 avec une thèse, intitulée : « Les confédérés du Sud, de 1865 à 1910 : une étude dans la survie d'un esprit et d'une culture ».
Le défenseur d'une épistémologie réaliste
Richard Weaver était favorable à une épistémologie réaliste. Une civilisation qui ne croit plus en des valeurs transcendantales universelles ne fournit aucune ambition morale pour comprendre une vérité qui serait supérieure à la dimension unitaire de l'homme. Si les gens sont privés de la recherche d'une vérité universelle, chaque homme devient sa propre référence éthique. Richard Weaver déplorait ce relativisme épistémologique.
Les idées ont des conséquences, écrit Richard Weaver, c'est-à-dire que les idées qui composent nos courants de pensée ont pris leur origine depuis des siècles et elles continuent à former notre pensée et se déployer dans diverses directions. Dans sa quête des idées qui ont jeté les bases de la situation culturelle actuelle, Richard Weaver remonte à Guillaume d'Occam qui, déclarant que seules les choses particulières sont réelles, a discrédité les vérités générales. Ce germe viral d'un ensemble d'idées malignes n'a cessé de se développer et a muté depuis son apparition au Moyen Âge. Le résultat involontaire de cette contamination produit un « monde éclaté » dans lequel la vérité est inaccessible, et la liberté n'est qu'une illusion. En outre, sans le soutien d'une vérité supérieure qui peut être trouvée, par exemple, dans les religions organisées, les gens se tournent alors vers l’idolâtrie de l'étatisme, de la science et du matérialisme.
La vérité est à portée de mains de l'homme, même si la parfaite connaissance, au contraire de ce que peuvent prétendre les purs rationalistes, est hors d'atteinte. Le langage peut servir de base au travers duquel chacun peut trouver un sens réel à sa vie. Bien que l'existence gardera toujours sa part de mystère, l'être humain est doté d'une forme de curiosité épistémique, un sens inné pour l'émerveillement. C'est la raison pour laquelle la vie humaine sur Terre ne peut pas être réduite à une série de problèmes à résoudre. La vie est une réalité si nous avons l'entière liberté de la réaliser. Donc ceux qui ne comprennent pas la langue, ne peuvent jamais trouver le vrai sens d'une chose ou d'un fait. Un monde sans généralisation et sans abstraction sémantique est un monde sans connaissance. Pourtant, les universaux permettent de trouver la voie de la vraie connaissance pour chacun d'entre nous.
Les idées ont donc des conséquences dans deux domaines. Celles que nous détenons sont souvent présentes de façon inconsciente et sont rarement examinées pour être remises en question. Elles ont ainsi des conséquences sur nos croyances et nos pensées ordinaires. Pour être appliquées, les idées passent nécessairement par l'action humaine. Dans une chaîne logique, elles se traduisent par des actes qui ont des conséquences. Autrement dit, les conséquences ne sont que le résultat d'actions issues d'idées. Mais les idées ne déterminent pas les conséquences des actes. Les conséquences qui suivent les actes dépendent de la nature des actes, c'est-à-dire de leur ontologie. Il en est ainsi parce que l'univers est ordonné d'une certaine manière, et que le monde est attribué de propriétés.
Nos idées peuvent devenir une source de motivation plus ou moins déterminante, confortée à la nature de nos pensées et de nos croyances, et donc elles peuvent nous déterminer à agir. Cependant, les idées peuvent être inexactes, invalides ou sans rapport avec la réalité. Il est possible d'agir sur la base d'idées sans que les conséquences correspondent aux effets attendus. Toutefois, toute action amène, tôt ou tard, celui qui agit à se placer dans l’œillère de la réalité. Alors, le processus est aussi tragique qu'une bombe à retardement. Dans le cadre d'une politique publique, il faut plusieurs années pour que les résultats deviennent apparents. Alors, ni les bonnes volontés, ni les profondes convictions, ni les sincères protestations, ne modifieront les conséquences néfastes d'une ou de plusieurs idées. Un homme peut, par exemple, croire qu'il est au premier étage d'un immeuble quand, en réalité, il est en fait au douzième étage. Si un incendie éclate et qu'il tente de sauter de la fenêtre pour se sauver, il tombera de douze étages. Même s'il pensait être au premier étage ou au rez-de-chaussée, la conséquence sera identique au fait qu'il croyait être au douzième étage.
Richard Weaver nous avertit de l'ampleur de la confusion générale de notre époque. Il est généralement admis que les idées ont des conséquences, mais il n'est généralement pas compris que les actes ont des conséquences qui n'ont aucun rapport avec les idées, les croyances ou les motifs qui les ont poussés. Agir parce que l'idée est nouvelle ou parce que nous n'avons jamais essayé cette solution peut conduire à la pire des catastrophes.
Un engagement dans l'individualisme communautaire
Après l'enseignement d'une année à l'Université d'État de Caroline du Nord, il a rejoint le département d'anglais à l'Université de Chicago, où il a passé le reste de sa carrière. En 1957, il écrivait son article, "La vie sans préjudice", dans le premier numéro de "Modern Age", la revue dirigée par Russell Kirk. En 1962, les jeunes Américains pour la liberté (Young Americans for Freedom) lui ont discerné le prix pour "service rendu à l'éducation et à la philosophie d'une société libre".
Richard Weaver préférait la notion d'individualisme communautaire à l'individualisme solitaire car, dans ce dernier, l'individualisme s'apparente soit à un retrait de la vie sociale, soit à une abstention politique. Il était cependant opposé au pouvoir politique centralisé. L'État dépersonnalise l'être humain, il encourage la mécanisation de la vie et il collectivise la propriété. L'Etat se reporte au pouvoir.
Il préférait un individualisme engagé dans la communauté, dans le sens où la communauté fait référence à une identité partagée de valeurs attachées à un lieu géographique spécifique. Selon lui, l'individualisme, qui est fondé sur la communauté, permet à un citoyen de savoir qui il est et ce qu'il fait dans la société. Sans cette institution qu'est la communauté, les citoyens seraient incapables de parvenir à une véritable identité personnelle.
Une croyance dans les valeurs enracinées dans l'institution de la propriété privée foncière
Dans son enseignement, dans ses écrits et dans ses paroles, Richard Weaver croyait fermement dans la préservation et dans la défense des principes traditionnels de l'esprit chevaleresque de la société américaine et dans l'institution de la propriété privée foncière, comme elle existait dans les régions du sud des Etats-Unis. Il avait un profond respect pour la parole écrite, ce qui traduisait son admiration pour la tradition religieuse, bien que non fervent. Pour lui, la tradition est une force qui s'enracine dans la terre, c'est une institution qui protège ses membres dans une société moralement instable.
Dans son livre, "Les idées ont des conséquences", il soutient que la propriété privée est « le dernier droit métaphysique » de l'individu. Il affirmait que le Sud des Etats-Unis était la "dernière civilisation non-matérialiste du monde occidental". Il préconisait une renaissance des traditions du Sud comme le seul remède à un capitalisme matérialiste et la dégradation sociale dont il était témoin à Chicago.
Influencé par ses professeurs de l'Université du Kentucky, qui étaient pour la plupart d'origine du Midwest et de leurs inclinations sociales démocratiques, influencé également par la crise de la Grande Dépression, Richard Weaver croyait que le capitalisme industriel avait conduit les Etats-Unis à un échec moral, économique et intellectuel général. Il espérait, au début, que le socialisme permette une alternative à la culture industrielle dominante. C'est alors qu'il a rejoint la section du Parti socialiste du Kentucky. Tout en effectuant un master d'anglais à l'Université Vanderbilt, il découvrit les idées attachées aux jeunes agrariens du Sud. La propriété foncière a donné à l'individu un grand besoin de "stabilité, de responsabilité, de dignité et de sentiment". Peu à peu, il a commencé à rejeter le socialisme et à embrasser la tradition. Durant le reste de sa vie, il est devenu sans doute le représentant le plus éloquent et le plus accompli que le mouvement conservateur américain n'ait jamais connu.
Il croyait que la liberté est sûre lorsqu'elle est sécurisée par l'institution de la propriété, particulièrement dans une société caractérisée par la propriété dispersée de petites propriétés sous la forme de fermes indépendantes, d'entreprises locales ou de maisons appartenant à leurs occupants. La propriété privée généralisée est liée inéluctablement à la responsabilité. La propriété privée rend une personne autonome et indépendante en l'aidant physiquement dans son existence et en lui fournissant une subsistance indépendante de celle fournie par l'Etat. Elle permet de s'opposer et de protester contre le Léviathan omnipotent.
Un théoricien du leadership rhétorique
Suivant la tradition des dialogues socratiques, Richard Weaver s'opposait aux abus de langage qui conduisent à la corruption sociale. Il estimait que le jazz était un langage musical qui favorisait des "pulsions barbares" parce que, selon lui, le jazz n'avait pas de structure ni de règles. Le leadership toxique n'est pas dû seulement aux comportements malsains des leaders machiavéliques mais aussi à la déperdition progressive du sens et de la structure du langage dans une culture donnée. Dans "L'éthique de la rhétorique", Richard Weaver identifie deux critères qui définissent les limites du leadership éthique dans le discours du leader politique. Tout d'abord, la rhétorique doit être fondée sur une saine logique. Le leadership discursif implique un travail spéculatif sur l'argument fourni par la pensée et par la clarté des exemples fournis de l'expérience. L'emploi d'un discours éthique est la première étape pour rejeter la terminologie vague qui a un objectif de propagande. Deuxièmement, la rhétorique doit mouvoir les "followers" vers une situation meilleure lorsque l'accès direct à la connaissance de la vérité est insuffisante pour qu'ils puissent agir seuls.
Pour Richard Weaver, la santé d'une culture s'observe au travers du prisme de la langue d'une société. Une culture saine n'utilise pas la langue comme un outil de mensonges et de manipulation. Une culture saine offre la liberté d'action aux individus qui utilise un langage structuré et conforme aux règles. Il condamnait les médias et le journalisme modernes comme étant des outils exploitant le spectateur passif.
Dans son livre, "L'éthique de la rhétorique", Richard Weaver évalue la capacité de la rhétorique à convaincre avec honnêteté. Il conclut que la langue a le pouvoir de motiver les gens à faire le bien, à faire le mal ou à ne rien faire du tout. En s'appuyant sur la rhétorique de Platon, il présente la "noble rhétorique" qui vise à améliorer l'intelligence de l'homme en se présentant sous son meilleur angle. La rhétorique est au service du leadership éthique et du leadership serviteur. Richard Weaver considérait la rhétorique comme le moyen de mettre en valeur la multiplicité de l'homme libre et sa singularité.
Dans son autre ouvrage, "Language is Sermonic", Richard Weaver souligne l'importance des valeurs contenues dans la rhétorique. La rhétorique est une forme de persuasion inhérente à toute communication. En effet, le choix même de présenter des arguments basés sur l'ontologie plutôt que sur les conséquences implique que le raisonnement véhicule une plus forte valeur éthique. Mais, la logique, à elle seule, ne suffit pas à persuader. Comme une machine qui ne s'appuie que sur la logique, le rhéteur est en danger de devenir "un robot de pensée". Richard Weaver était convaincu que ce sont les idées, et non pas la technologie qui poussent l'humanité vers un avenir meilleur. Il donnait la priorité des mots sur la machine. Richard Weaver admirait la connexion entre la rhétorique et les formes de la poésie. Comme la poésie, la rhétorique s'appuie sur la connotation de mots ainsi que sur leur dénotation. Les bons rhéteurs, selon lui, utilisent des analogies poétiques, des métaphores et des comparaisons afin de relier les idées abstraites directement à la compréhension des auditeurs. Les figures de style sont des composantes essentielles du processus de la rhétorique.
De par l'influence des auteurs agrariens du sud, Richard Weaver mettait l'accent sur la poésie. L'écriture poétique, pour lui, est un moyen de transcender l'humanité. Dans une société civilisée, la poésie permet d'exprimer des croyances personnelles que la science et la technologie ne peuvent pas faire. Grâce aux mots, chacun d'entre nous peut vouloir son monde. C'est un atout que seuls les êtres humains peuvent avoir. C'est un avantage dont dispose l'individu sur les forces mécaniques ou sociales. Seul l'individu, grâce au langage, peut prendre des décisions positives qui vont changer son existence.
Dans son modèle théorique du rhéteur, Richard Weaver a divisé la nature de l'homme en quatre catégories : rationnelle, émotionnelle, éthique et religieuse. Pour persuader leurs auditeurs, les rhéteurs doivent tenir compte de ces catégories. Mais, ils doivent surtout tenir compte du caractère unique de chaque public, s'ils veulent leur faire changer d'attitudes et de modifier leurs actions. Le leadership transformationnel est indissociable du leadership dispersé. En d'autres termes, les leaders discursifs doivent reconnaître que chaque public a des besoins différents et que les arguments de réponses doivent être formulés en conséquence selon quatre catégories : de cause à effet, ontologique, par conséquences et par circonstances. Le rhéteur doit décider quelle méthode d'argumentation est la plus pertinente pour persuader un public donné.
Citations
- « Pendant quatre siècles, tout homme a été non seulement son propre prêtre, mais aussi son propre professeur d'éthique, et la conséquence en est une anarchie qui menace même le consensus minimum autour des valeurs nécessaires à l'ordre politique. » Richard Weaver, Ideas Have Consequences
Informations complémentaires
Publications
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