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Mel Bradford

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Mel Bradford (1934-1993) était un auteur conservateur américain, commentateur politique et professeur de littérature à l'Université de Dallas. Figure de proue du paléoconservatisme, il était reconnu pour ses critiques de l'égalitarisme moderne et sa défense des traditions du Sud américain. Il a écrit sur William Faulkner et l'histoire de la fondation des États-Unis, prônant une stricte construction constitutionnelle. Sa nomination à la présidence du National Endowment for the Humanities par Ronald Reagan a été controversée, en grande partie en raison de ses critiques d'Abraham Lincoln et de son soutien à des candidats politiques comme George Wallace.

Fondements du conservatisme de Mel Bradford

  • . Influence des Southern Agrarians

L'influence des Southern Agrarians sur Mel Bradford est essentielle pour comprendre son conservatisme. Les Southern Agrarians, un groupe de poètes et d'essayistes du Sud des États-Unis dans les années 1920 et 1930, cherchaient à préserver les traditions et les modes de vie du Sud face à l'industrialisation et à l'urbanisation croissantes. Bradford, profondément influencé par cette pensée, voyait dans l'héritage sudiste une source de valeurs durables et d'identité culturelle.

Il s'engagea avec les idées des Southern Agrarians, adoptant leur rejet du matérialisme moderne et leur défense d'une société ancrée dans l'agriculture, la communauté et les traditions locales. En tant qu'élève de Donald Davidson, un des membres éminents de ce groupe, Bradford absorba une vision du monde qui valorisait la stabilité sociale, la piété religieuse et la continuité culturelle. Les Southern Agrarians inspiraient une critique de la modernité et une nostalgie pour un passé où les relations humaines et la vie communautaire avaient plus de sens et d'importance.

Pour M. E. Bradford, la culture et l'héritage du Sud américain n'étaient pas simplement des vestiges du passé, mais des éléments vivants et vitaux d'une identité qui devait être conservée et respectée. Il voyait dans la tradition sudiste une réponse aux excès de la modernité, offrant un modèle de vie enraciné dans des valeurs éprouvées par le temps. Cette perspective le conduisait à valoriser la littérature, l'histoire et les coutumes du Sud, les considérant comme des piliers d'une société ordonnée et morale.

  • . Traditionalisme vs. Modernisme

Mel Bradford s'opposait fermement au progressisme et aux idéaux révolutionnaires, qu'il voyait comme des menaces pour la stabilité sociale et les valeurs traditionnelles. Pour lui, le progressisme représentait une rupture dangereuse avec le passé et une quête incessante de changement qui déstabilisait les fondements mêmes de la société. Il croyait que les idéaux révolutionnaires, qu'ils soient politiques ou culturels, cherchaient à détruire l'ordre établi pour le remplacer par une nouvelle vision utopique qui, selon lui, n'était ni réalisable ni souhaitable.

Le traditionalisme de Bradford se manifestait par une préférence pour un gouvernement limité et décentralisé, en opposition aux tendances centralisatrices et expansionnistes des gouvernements modernes. Il voyait dans la décentralisation une garantie de liberté individuelle et de diversité culturelle, permettant aux communautés locales de conserver leurs particularités et de s'auto-gouverner selon leurs propres valeurs et traditions. Il plaidait pour une interprétation stricte de la Constitution américaine, croyant que l'interprétation originale des fondateurs offrait le meilleur cadre pour protéger la liberté et la stabilité sociale.

En somme, Mel Bradford incarnait un conservatisme profondément enraciné dans la tradition et la culture du Sud américain, tout en s'opposant vigoureusement aux tendances progressistes et centralisatrices de son époque. Son engagement avec les idées des Southern Agrarians et son adhésion à un gouvernement limité et décentralisé définissent les fondements de sa pensée conservatrice, faisant de lui une figure clé du paleoconservatisme aux États-Unis.

Révision de l'histoire américaine

  • . Interprétation de la fondation des États-Unis

Mel Bradford était un fervent défenseur de l'originalisme constitutionnel, une approche qui accorde une importance primordiale à l'intention des pères fondateurs des États-Unis. Pour Bradford, comprendre et respecter les idées et les intentions de figures telles que George Washington, Thomas Jefferson et James Madison était essentiel pour préserver l'intégrité de la République américaine. Il considérait les pères fondateurs comme des sages ayant créé un système politique fondé sur des principes durables de liberté, de gouvernance limitée et de respect des droits individuels.

Dans cette optique, Mel Bradford était un ardent promoteur du strict constructionisme, une théorie constitutionnelle qui insiste sur une interprétation littérale et restreinte de la Constitution. Il croyait que les juges et les politiciens devaient adhérer scrupuleusement au texte de la Constitution tel qu'il avait été écrit et compris au moment de sa rédaction. Pour Bradford, s'écarter de cette approche revenait à trahir les intentions des fondateurs et à ouvrir la voie à des interprétations arbitraires et potentiellement tyranniques de la loi.

Mel Bradford voyait le strict constructionisme non seulement comme une méthode juridique, mais aussi comme une philosophie politique essentielle à la préservation de la liberté américaine. Il soutenait que les tentatives de réinterpréter la Constitution pour refléter des valeurs contemporaines menaçaient de subvertir l'ordre constitutionnel et de centraliser excessivement le pouvoir fédéral au détriment des droits des États et des individus. En défendant cette position, Bradford se positionnait contre les tendances progressistes qui, selon lui, cherchaient à remodeler la société américaine selon des idéaux modernes souvent en décalage avec les fondements originels de la nation.

  • . Critiques d'Abraham Lincoln

Mel Bradford voyait Abraham Lincoln non pas comme le grand émancipateur et sauveur de l'Union, mais comme un révolutionnaire centralisateur dont les actions pendant la guerre civile avaient profondément transformé la nature du gouvernement américain. Selon Bradford, Lincoln avait usurpé des pouvoirs et imposé un modèle de gouvernance qui centralisait dangereusement l'autorité fédérale aux dépens des États et des libertés individuelles.

Mel Bradford décrivait Lincoln comme une figure sombre, presque sinistre, qui avait radicalement dévié de l'ordre constitutionnel établi par les fondateurs. Il accusait Lincoln d'avoir remplacé la République décentralisée par un gouvernement plus unifié et autoritaire. Cette vision a suscité de vives réactions, notamment de la part des néoconservateurs, qui voyaient en Lincoln un héros national.

Les déclarations de Bradford sur Lincoln ont provoqué des controverses, notamment lorsqu'il a été accusé d'avoir comparé Lincoln à Adolf Hitler, bien que ces comparaisons soient souvent exagérées ou sorties de leur contexte. Pour ses détracteurs, de telles déclarations étaient non seulement historiquement inexactes mais aussi moralement répréhensibles, car elles semblaient minimiser les contributions de Lincoln à l'abolition de l'esclavage et à la préservation de l'Union.

Cependant, pour Bradford et ses partisans, ces critiques de Lincoln étaient fondées sur une conviction profonde que la centralisation du pouvoir fédéral entreprise sous sa présidence ont eu des conséquences néfastes et durables pour la structure constitutionnelle et les libertés américaines. Ils voyaient dans la défense des principes décentralisés et originaux de la Constitution un moyen de protéger l'essence même de la liberté et de la justice en Amérique.

En résumé, Mel Bradford défendait une vision traditionnelle et décentralisée de la République américaine. Sa défense de l'originalisme constitutionnel et ses attaques contre les centralisateurs comme Abraham Lincoln ont façonné son héritage en tant que penseur paléoconservateur profondément engagé dans la protection des valeurs et des structures fondatrices de la nation.

Engagement politique et controverses

  • . Soutien aux campagnes présidentielles

Mel Bradford s'est engagé activement dans plusieurs campagnes présidentielles, soutenant des candidats qui partageaient ses valeurs conservatrices et sa vision politique. Parmi les candidats qu'il a soutenus figurent Barry Goldwater, George Wallace, Ronald Reagan et Pat Buchanan. Bradford voyait en ces candidats des champions de la liberté individuelle, du gouvernement limité et de la préservation des valeurs traditionnelles américaines.

Son engagement politique lui a également permis de développer des relations politiques influentes, notamment avec Ronald Reagan, alors président des États-Unis. Mel Bradford était respecté au sein des cercles conservateurs pour son érudition et sa ferme adhésion aux principes conservateurs, ce qui lui a valu une reconnaissance considérable dans les milieux politiques.

  • . Nomination à la présidence du National Endowment for the Humanities (NEH)

En 1980, Mel Bradford a été choisi par le président élu Ronald Reagan pour occuper le poste prestigieux de président du National Endowment for the Humanities (NEH). Cette nomination a cependant été accueillie par une vive opposition de la part de figures néoconservatrices, qui ont critiqué les positions politiques et les critiques de Bradford, en particulier ses déclarations controversées sur Abraham Lincoln.

Malgré ses qualifications universitiares et son engagement envers les arts et les humanités, Mel Bradford a été remplacé par William Bennett le 13 novembre 1981, en réponse aux objections néoconservatrices. Cette décision a déclenché un débat houleux au sein de la communauté conservatrice, divisant les partisans de Bradford et ceux qui soutenaient la nomination de Bennett.

Des figures importantes comme Russell Kirk et Jesse Helms ont soutenu la nomination de Bradford, louant ses compétences académiques et son dévouement envers les arts et la culture. Cependant, l'opposition était également forte, avec des critiques provenant notamment de néoconservateurs tels que Norman Podhoretz, Irving Kristol et William Kristol.

En fin de compte, la nomination avortée de Bradford au NEH a mis en lumière les tensions internes au sein du mouvement conservateur américain et la lutte pour définir les contours de l'orthodoxie conservatrice. Pour Bradford, cette controverse a été un chapitre marquant de son engagement politique, illustrant les défis auxquels sont confrontés ceux qui s'écartent des courants dominants de la pensée politique.

Publications

  • 1970, “The Agrarianism of Richard Weaver: Beginnings and Completion”, Modern Age, Vol 14, n°2-3, summer-fall, pp249-256