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Pénurie
La pénurie désigne une situation où la demande pour un bien ou un service excède l’offre disponible. En économie praxéologique, elle n’est pas comprise comme un manque absolu, mais comme un signal révélant la rareté relative et orientant les choix humains. Selon la théorie des faisceaux de droits, seule une définition claire et transférable des droits de propriété permet au marché d’ajuster rapidement l'offre, la demande et les prix. À l’inverse, l’intervention publique, par les contrôles de prix, les subventions ou les réglementations, tend à entretenir artificiellement la pénurie, comme l’illustrent les cas du logement ou de l’énergie.
Comprendre la pénurie
La pénurie ne doit pas être comprise comme un manque absolu, une sorte de vide dans la nature, mais comme un décalage relatif entre des besoins exprimés et les ressources disponibles pour les satisfaire. Ludwig von Mises rappelait avec insistance que la rareté est inhérente à la condition humaine :
« L’homme agit toujours en vue de substituer un état de choses plus satisfaisant à un état de choses moins satisfaisant. Il ne pourrait pas agir si les conditions de son bien-être n’étaient pas rares. »
— Ludwig von Mises[1].
Dans une perspective praxéologique, la pénurie est donc moins une catastrophe qu’une donnée de départ. Elle révèle les choix humains : décider de consommer un bien ici plutôt qu’ailleurs, aujourd’hui plutôt que demain, en plus grande ou en plus petite quantité. C’est précisément parce que les ressources sont limitées que l’homme doit opérer des arbitrages, qui se traduisent dans les préférences et les échanges.
Friedrich Hayek insiste sur le rôle central de la rareté comme moteur de la coordination sociale :
« Le problème économique de la société n’est pas simplement de répartir des ressources données […] Il s’agit plutôt de comment utiliser au mieux les connaissances dispersées entre tous les individus. »
— Friedrich Hayek[2].
Cette idée de la rareté comme principe fondateur de la valeur avait déjà été défendue au XIXe siècle par Auguste Walras. Dans De la nature de la richesse et de l’origine de la valeur (1831), il rejetait la conception objective de la valeur pour souligner que celle-ci reposait sur la rareté. Mais en même temps, il y voyait une justification à la nationalisation de la terre, la considérant comme une ressource fixe dont la valeur croissait mécaniquement avec la population. Cette approche, qui ignore l’effet du progrès technique et de l’innovation, illustre une lecture statique de la pénurie, par contraste avec la vision dynamique de la praxéologie.
Autrement dit, la pénurie agit comme un signal d’action : elle oblige les acteurs à adapter leurs comportements, à chercher des substituts, à innover ou à renoncer. C’est un processus dynamique. Là où une vision étatiste voit une crise nécessitant régulation, la praxéologie y voit une opportunité de réorganisation spontanée.
Israel Kirzner, en analysant le rôle de l’entrepreneur, montre que la rareté déclenche précisément la vigilance entrepreneuriale :
« L’entrepreneur est celui qui remarque ce que les autres n’ont pas vu, qui corrige des déséquilibres et transforme des conditions de rareté en opportunités de profit. »
— Israel Kirzner[3].
Ainsi, la pénurie n’est pas une anomalie ou une fatalité : elle est le moteur même de l’action humaine, en orientant à la fois les comportements individuels et les trajectoires d’innovation collective.
Le rôle des faisceaux de droits
Une ressource ne prend une véritable signification économique que lorsqu’elle est définie et protégée par un faisceau de droits. Comme l’ont montré Armen Alchian et Harold Demsetz, la propriété n’est pas une essence abstraite mais un ensemble de prérogatives distinctes : usus (droit d’usage), fructus (droit de percevoir les fruits), abusus (droit de transformer ou de détruire) et transfert (droit de céder)[4].
Les prix du marché sont les signaux qui émergent de l’échange libre de ces droits. Ils condensent des informations sur la rareté relative des biens et orientent les décisions de production et de consommation. Lorsque ces droits sont clairs, exclusifs et transférables, les ressources sont allouées de façon efficace. Mais dès qu’ils deviennent flous, contestés ou confisqués par l’État, les mécanismes d’ajustement se grippent et provoquent l'inefficacité, la surconsommation et la rareté chronique.
C’est précisément ce que Ludwig von Mises soulignait à propos du socialisme :
« Sans propriété privée des moyens de production, il n’y a pas de formation de prix véritable, et sans prix, il n’y a pas de calcul économique. »
— Ludwig von Mises[5].
L’exemple d’Auguste Walras illustre ce danger. Dans son projet de nationalisation de la terre, il prônait l’abolition des droits individuels au profit d’une gestion collective par l’État. Or, en supprimant la possibilité d’échanger librement les faisceaux de droits, une telle mesure aurait bloqué la formation des prix, et donc le calcul économique nécessaire pour orienter les investissements agricoles. Sa lecture statique de la rareté, fondée sur l’idée que la terre est une ressource fixe, contrastait avec la perspective dynamique de l’innovation et de l’appropriation volontaire.
À l’inverse, Elinor Ostrom a montré que même des biens communs, comme des pêcheries ou des forêts, peuvent être gérés efficacement lorsque les droits sont définis et respectés à l’échelle communautaire. La clé n’est pas la propriété publique centralisée, mais l’auto-organisation et la capacité des acteurs à établir des règles locales stables[6].
Ainsi, la clarté des faisceaux de droits apparaît comme une condition préalable pour que les prix reflètent la rareté et permettent l’ajustement spontané des comportements. Sans eux, les ressources sont condamnées à l’inefficience et la pénurie devient inévitable.
Le marché comme ordre auto-régulateur
Pierre de Boisguilbert, dès la fin du XVIIᵉ siècle, avait déjà dénoncé ce danger. Dans ses écrits, il montrait que les classes oisives et l’appareil fiscal détournaient les ressources des véritables producteurs, aggravant les famines et la rareté agricole. Il défendait l’idée que seul le libre commerce des grains permettait de transmettre correctement l’information sur l’abondance ou la rareté, anticipant la conception moderne du marché comme système de communication.
Le marché est souvent caricaturé comme un chaos d’intérêts contradictoires, alors qu’il constitue en réalité un ordre spontané remarquablement efficace. Cet ordre ne résulte pas d’un plan central, mais de la rencontre d’innombrables décisions individuelles coordonnées par un mécanisme unique : le prix.
Friedrich Hayek soulignait que l’économie n’est pas un problème de distribution mécanique de ressources données, mais un problème de coordination des savoirs épars. Par exemple, dans Individualism and Economic Order (1948), il écrit :
« Le système des prix est un mécanisme de communication d’informations si étonnant que, par sa simplicité apparente, on a longtemps sous-estimé son rôle essentiel. »
— Friedrich Hayek[7].
Un prix libre n’est pas seulement un chiffre : il condense de l’information sur la rareté relative des biens, il reflète l’intensité des préférences et il signale les coûts d’opportunité. Comme il s’ajuste en permanence, il oriente simultanément les comportements des consommateurs et des producteurs. Lorsque les prix augmentent, ils incitent les producteurs à offrir davantage et ils poussent les consommateurs à réduire leur demande. À l’inverse, lorsque les prix baissent, ils encouragent l’élargissement de la consommation et ils redirigent les capitaux vers d’autres usages.
Israel Kirzner a montré que ce processus concurrentiel est d’abord un processus de découverte. L’entrepreneur, par sa vigilance, repère les déséquilibres et transforme la rareté en opportunité :
« The competitive market process is essentially a process of entrepreneurial discovery. »
— Israel Kirzner[8].
Cette fonction d’alerte fait du marché une dynamique d’apprentissage permanent. Les erreurs ne sont pas éliminées par décret, mais corrigées par la sanction des pertes et la récompense des profits.
Frédéric Bastiat avait déjà décrit cette dimension invisible :
« Dans l’ordre économique, un acte, une habitude, une institution, une loi engendre non seulement un effet, mais une série d’effets. Le premier seul est immédiat ; il se montre en même temps que sa cause — il est vu. Les autres n’apparaissent que successivement — ils sont non vus. »
— Frédéric Bastiat[9].
Le prix reflète justement ces « effets non vus » en intégrant des millions de décisions dispersées.
À l’inverse, János Kornai a montré que l’absence de marché conduit à une « économie de la pénurie » structurelle. Dans les économies socialistes planifiées, les prix fixés par l’administration ne transmettent aucune information fiable, la production ne s’ajuste pas aux besoins réels et la rareté devient permanente. Comme il l’écrit dans Economics of Shortage (1980), ces pénuries ne sont pas des accidents passagers mais une conséquence inéluctable du système, où les incitations économiques sont remplacées par des objectifs bureaucratiques.
En ce sens, le marché est bien plus qu’un système de transaction : c’est une forme d’anarchie ordonnée, un ordre sans maître qui transcende la capacité des gouvernants. Hayek le rappelait avec force :
« Un ordre généré sans dessein peut surpasser de loin les plans que les hommes conçoivent consciemment. »
— Friedrich Hayek[10].
Ainsi compris, le marché apparaît comme un organisme vivant, un ordre auto-régulateur où la pénurie n’est jamais une impasse, mais un signal qui enclenche réajustement et innovation.
Innovation et substituts
La pénurie agit comme un aiguillon d’innovation. Lorsqu’un prix s’élève, il signale non seulement la rareté d’un bien, mais il incite les acteurs à chercher des substituts, à améliorer les procédés existants et à rediriger les capitaux vers des usages plus productifs. La contrainte se transforme en opportunité : ce qui semblait un obstacle devient le déclencheur d’un cycle créatif.
Joseph Schumpeter a décrit ce processus sous le nom de destruction créatrice :
« Le processus de destruction créatrice est le fait essentiel du capitalisme. C’est ce processus qui révolutionne sans cesse la structure économique de l’intérieur, en détruisant continuellement l’ancienne et en créant continuellement une nouvelle. »
— Joseph Schumpeter[11].
Ainsi, la rareté ne paralyse pas, elle réoriente. Elle pousse les entrepreneurs à imaginer ce que d’autres n’ont pas encore vu, à découvrir des solutions qui permettent de transformer une contrainte en opportunité. Israel Kirzner a insisté sur ce rôle central de la vigilance entrepreneuriale :
« Entrepreneurial alertness refers to the ability to notice what is overlooked and to be sensitive to opportunities that have escaped the notice of others. »
— Israel Kirzner[12].
L’histoire économique illustre abondamment ce mécanisme. L’épuisement du bois comme source d’énergie en Angleterre au XVIIIe siècle a favorisé le recours au charbon, qui a lui-même ouvert la voie à la machine à vapeur et à l’industrialisation. Les chocs pétroliers des années 1970 ont accéléré le développement des énergies alternatives et des technologies d’efficacité énergétique. La contrainte foncière a suscité des révolutions agronomiques : engrais, sélection variétale, mécanisation et aujourd’hui biotechnologies.
Le contre-exemple d’Auguste Walras éclaire ce point. En concevant la terre comme une ressource fixe dont la valeur croissait mécaniquement avec la population, il y voyait une rente injuste justifiant sa nationalisation. Mais une telle vision statique ignorait la capacité humaine à dépasser les contraintes naturelles par l’innovation. Les progrès agricoles ont précisément démontré que la rareté de la terre n’était pas une limite infranchissable, mais une incitation à inventer de nouveaux moyens de production.
János Kornai a montré, par contraste, que dans les économies socialistes la pénurie ne stimulait pas l’innovation mais l’étouffait. Dans Economics of Shortage (1980), il décrit comment l’absence de véritables prix de marché et l’impossibilité pour les entrepreneurs de capter un profit annihilaient toute incitation à découvrir des substituts. L’économie socialiste se limitait à copier ou à importer les innovations du capitalisme, confirmant que seule la liberté d’échanger et de créer permet à la rareté de devenir un moteur de progrès.
La pénurie n’est donc jamais une impasse : elle est le moteur même du dynamisme économique, en stimulant la créativité, en guidant la réallocation des ressources et en ouvrant la voie à de nouveaux équilibres
Faux prix et pénuries fabriquées
Lorsqu’un prix est fixé par un décret ou une réglementation plutôt que par l’échange volontaire, il cesse d’être un signal authentique et devient ce que Mises ou Hayek appelaient un « faux prix ». Un prix de marché reflète la rencontre des préférences des acheteurs et des vendeurs ; il condense une multitude d’informations locales, dispersées et tacites, que nul planificateur ne peut centraliser. En revanche, un prix administré est arbitraire : il ne traduit aucune rareté réelle et ne transmet aucune information économique exploitable. Comme l’explique Mises, sans prix issus de la propriété privée et de l’échange, le calcul économique devient impossible :
« Sans propriété privée des moyens de production, il n’y a pas de formation de prix véritable, et sans prix, il n’y a pas de calcul économique. »
— Ludwig von Mises[13]
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Les effets pervers sont constants et observables dans toutes les époques : découragement de la production, incitation à la surconsommation et apparition d’échanges clandestins au prix réel. Fixer un prix trop bas revient à rendre non rentable la production légale, tout en créant une demande artificiellement élevée que rien ne vient satisfaire.
L’histoire regorge d’exemples. Dès le Code de Hammurabi (~1750 av. J.-C.), les prix et les salaires étaient fixés par le pouvoir, illustrant une des premières tentatives de contrôle économique centralisé. Dans l’Égypte antique (IIIe siècle av. J.-C.), l’État contrôlait le prix du blé, mobilisant une armée d’inspecteurs ; ce système conduisit à l’exode des fermiers et à l’effondrement de l’économie[14]. L’édit du maximum promulgué par l’empereur Dioclétien en 301 ap. J.-C., en tentant de geler les prix et salaires dans tout l’Empire romain, provoqua des pénuries massives et le développement d’un marché noir incontrôlable. De même, la loi du maximum général votée par la Convention en 1793 fixait le prix des denrées alimentaires de première nécessité, mais au lieu d’assurer l’abondance, elle aboutit à la disette et à la spéculation clandestine. Plus près de nous, l’Union soviétique a multiplié les aberrations économiques : ainsi, le prix du pain était parfois inférieur à celui de la farine, tandis que de nombreux biens de consommation étaient tarifés en fonction de critères politiques ou copiés sur des catalogues occidentaux.
Ces exemples historiques trouvent un écho contemporain dans le domaine du logement social en France. Par une combinaison de contrôle des loyers, de fiscalité punitive sur l’investissement immobilier et de procédures complexes de permis de construire, l’État entretient artificiellement la rareté. L’offre privée est découragée, les prix restent artificiellement élevés, et le parc social est instrumentalisé politiquement. Comme le remarque Jean-Philippe Delsol « Le logement social détruit le marché du logement »[15].
Dans certaines grandes villes, l’attribution de logements sociaux est utilisée par les mairies comme un outil clientéliste, visant à fidéliser un électorat, plutôt qu’une solution rationnelle à la pénurie. En réduisant la part disponible sur le marché libre, cette politique contribue à faire monter les prix de l’immobilier privé, renforçant ainsi le cercle vicieux de la rareté.
Les exemples contemporains ne se limitent pas au logement. Dans le domaine de la santé, le contrôle des honoraires et des prix des médicaments a favorisé l’émergence de « déserts médicaux », malgré un nombre élevé de médecins. Dans l’énergie, le « bouclier tarifaire » français (2021–2023), coûtant près de 170 milliards d’euros, a freiné les incitations à consommer moins tout en pesant sur les contribuables. Le marché du travail est également affecté : comme le souligne Gary Becker, « augmenter le salaire minimum, c’est augmenter le chômage ». Enfin, l’interdiction légale de vendre à perte rigidifie le commerce, jusqu’à nécessiter des lois spéciales pour permettre aux distributeurs d’essence d’abaisser leurs prix.
Friedrich Hayek avait prévenu que toute tentative de substituer la décision politique aux signaux du marché revient à éteindre la seule source d’information fiable dont disposent les acteurs : « Order generated without design can far outstrip plans men consciously contrive. »[16].
De même, Israel Kirzner souligne que seuls les prix libres permettent à l’entrepreneur d’exercer son rôle de découverte et de correction des déséquilibres. Les faux prix suppriment cette vigilance entrepreneuriale, et avec elle, la possibilité même de résoudre les pénuries.
La pénurie comme instrument politique
La pénurie n’est pas toujours l’effet involontaire d’un mauvais calcul ou d’une contrainte naturelle : elle peut devenir un instrument conscient de pouvoir. En raréfiant artificiellement les biens essentiels, les autorités publiques se donnent la capacité d’arbitrer, de distribuer et d’acheter des fidélités. La rareté cesse alors d’être un défi économique pour devenir une stratégie politique.
L’attribution de logements sociaux illustre parfaitement ce mécanisme. Dans plusieurs grandes villes, leur répartition n’obéit pas seulement à des critères sociaux mais sert d’outil clientéliste. Jean-Philippe Delsol et Vincent Bénard ont montré que l’État et les mairies gèrent un capital colossal, plusieurs centaines de milliards d’euros immobilisés, qui pourrait autrement être investi de manière productive. Or, ce « capital mort » est maintenu précisément parce qu’il donne aux élus un pouvoir d’attribution et, par là, une influence électorale durable. Comme le notait Christian Julienne, « le système HLM ne donne pas à ses locataires un bail mais une attribution à vie transmissible aux enfants », transformant un logement censé être transitoire en privilège quasi-héréditaire.
La pénurie est aussi un outil de dépendance. Plus un individu est contraint d’attendre un logement, une allocation, une autorisation ou un permis, plus il est poussé à se tourner vers l’administration et à accepter ses conditions. Friedrich Hayek avait mis en garde contre cette dynamique dans La Route de la servitude (1944) : « Le contrôle économique n’est pas seulement le contrôle d’un secteur de la vie humaine qui peut être séparé du reste ; il est le contrôle de tous les moyens pour atteindre la fin de la vie ». Pierre de Boisguilbert, déjà sous Louis XIV, avait observé que la monarchie utilisait le contrôle du commerce des grains comme un levier politique, sacrifiant l’abondance au maintien de privilèges et de rentes pour les classes proches du pouvoir. La gestion politique de la rareté étend donc son emprise bien au-delà des biens matériels : elle façonne des comportements, crée des loyautés et installe une dépendance structurelle.
Enfin, la rareté organisée permet de renforcer le contrôle sur les échanges. Permis de construire, zonage, quotas de production, fiscalité ciblée ou subventions sélectives sont autant de leviers qui permettent à l’État de limiter l’accès aux ressources et de redistribuer selon ses propres critères. János Kornai, dans Economics of Shortage (1980), a montré que cette « économie de la pénurie » n’était pas une anomalie passagère mais une conséquence structurelle du socialisme planifié. Les pénuries sont chroniques, elles sont inscrites dans le système même, et leur persistance ne peut pas être corrigée par des réformes partielles.
La rareté institutionnalisée traduit donc moins une fatalité qu’une stratégie de domination. Elle organise la dépendance, nourrit le clientélisme et justifie l’expansion continue de l’appareil bureaucratique. Tant que les prix sont contraints, que les droits de propriété sont fragilisés et que les signaux du marché sont étouffés, la pénurie demeure un instrument de pouvoir plutôt qu’un problème à résoudre.
Seule la restauration de droits de propriété clairs, le libre échange des prix et la reconnaissance de l’ordre spontané du marché peuvent briser ce cercle vicieux. En libérant les signaux authentiques de rareté et en restituant aux individus la responsabilité de leurs choix, on redonne à la société les moyens de transformer les contraintes en opportunités — au lieu d’en faire des instruments de servitude.
Informations complémentaires
Notes et références
- ↑ "L’Action humaine", éd. Institut Coppet, 2016, p13
- ↑ "The Use of Knowledge in Society", American Economic Review, vol 35, n°4, septembre 1945, p519
- ↑ "Competition and Entrepreneurship", Chicago University Press, 1973, p74
- ↑ "The Property Right Paradigm", 1973, p16
- ↑ "Socialismé, 1951, p120
- ↑ Elinor Ostrom, "Governing the Commons", 1990, p90
- ↑ "Individualism and Economic Order, University of Chicago Press, 1948, p86
- ↑ "Individualism and Economic Order, University of Chicago Press, 1948, p74
- ↑ "Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas", 1850, p1
- ↑ "Law, Legislation and Liberty", vol 1, University of Chicago Press, 1973, p37
- ↑ "Capitalism, Socialism and Democracy", Harper & Brothers, 1942, p82
- ↑ "Competition and Entrepreneurship", University of Chicago Press, 1973, p35
- ↑ "Socialism: An Economic and Sociological Analysis, Yale University Press, 1951, p120
- ↑ Jean-Philippe Lévy, "L’économie antique", 1964
- ↑ Contrepoints, 25 mai 2022
- ↑ Law, Legislation and Liberty, vol. I, University of Chicago Press, 1973, p. 37
Bibliographie
- 1974, Dick Sabroff, "Living with Shortages", The Freeman, Vol 24, n°5, May, pp259-262 (L'auteur explique que dans un monde libre, il ne devrait y avoir aucune pénurie structurelle). [lire en ligne]