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Destruction créatrice

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La destruction créatrice ou création destructrice est un concept essentiel en économie, fortement associé à l'économiste Joseph Schumpeter (1883–1950) et popularisée dans son livre Capitalisme, socialisme et démocratie publié en 1942. Sa formulation a été proposée pour la première fois par l’économiste Werner Sombart (1863 - 1941).

Destruction créatrice : définition

La destruction créatrice désigne en économie le processus de disparition de secteurs d'activité conjointement à la création de nouvelles activités économiques. Elle décrit comment de nouvelles innovations et idées peuvent détruire les anciennes industries et façons de faire, tout en créant de nouvelles opportunités économiques.

L'innovation schumpetérienne, force motrice de la croissance économique sur le long terme, est, par nature, une « destruction créatrice ». Contrairement à l'innovation ou à l'adaptation, qui se réalise dans le système existant, l'innovation schumpetérienne ne peut pratiquement jamais exister ex-ante. L'innovation ne peut pas être prédite par l'application de règles normales de déduction de faits pré-existants.

Par conséquent, même si certaines avancées technologiques, telles que la révolution de la communication technologique ont réalisé une percée ces dernières décennies, elles ont généré une rupture au sein du marché dans les premières étapes de leur adoption. En même temps, elles ont facilité la communication entre les différents acteurs sur le marché. La machine à tisser, la machine à vapeur, l'énergie électrique ou fossile furent, dans le passé, des exemples de destructions créatrices de grande envergure.

Exemples de destruction créatrice

  • L'industrie informatique : l'avènement de l'ordinateur personnel (PC) a bouleversé l'industrie des machines à écrire, des calculatrices, et même des grandes salles informatiques, créant ainsi une toute nouvelle industrie de l'informatique personnelle.
  • L'industrie de la photographie : l'arrivée des appareils photo numériques et des smartphones a largement supplanté la photographie argentique traditionnelle et a transformé l'ensemble du secteur de la photographie avec une explosion de sa taille malgré la quasi disparation du tirage argentique des photos.
  • L'industrie musicale : la montée en puissance de la musique numérique et des plateformes de streaming a réduit la demande de CD et de disques vinyles traditionnels, tout en ouvrant de nouvelles opportunités pour les artistes et les maisons de disques, avec un revenu généré par le streaming, désormais supérieur aux revenus historiques des supports physiques (CD, etc.).
  • Les taxis traditionnels vs les services de covoiturage : des services comme Uber, Heetch et Lyft ont perturbé les modèles traditionnels de taxi, créant un marché de covoiturage en pleine expansion, permettant à des dizaines de millions de personne d'avoir accès à de meilleurs transports.
  • L'industrie de la téléphonie mobile : les téléphones mobiles ont évolué rapidement, passant des téléphones à clapet aux smartphones, détruisant ainsi l'industrie des téléphones fixes et des cabines téléphoniques.
  • L'automatisation de la production : l'automatisation des chaînes de montage a réduit le besoin de main-d'œuvre dans de nombreuses industries manufacturières tout en créant de nouvelles opportunités dans l'automatisation et la robotique.

Citations

  • « Le nouveau ne sort pas de l’ancien, mais apparaît à côté de l’ancien, lui fait concurrence jusqu’à le ruiner. » (Joseph Schumpeter, Théorie de l’évolution économique, 1911/1926)
  • « L’entrepreneur […] est le révolutionnaire de l’économie. » (Joseph Schumpeter, Théorie de l’évolution économique, 1911/1926)
  • « L'impulsion fondamentale qui met et maintient en mouvement la machine capitaliste est imprimée par les nouveaux objets de consommation, les nouvelles méthodes de production et de transport, les nouveaux marchés, les nouveaux types d'organisation industrielle – tous éléments créés par l'initiative capitaliste. […] L'histoire de l'équipement productif d'énergie, depuis la roue hydraulique jusqu'à la turbine moderne, ou l'histoire des transports, depuis la diligence jusqu'à l'avion. L'ouverture de nouveaux marchés nationaux ou extérieurs et le développement des organisations productives, depuis l'atelier artisanal et la manufacture jusqu'aux entreprises amalgamées telles que l’U.S. Steel, constituent d'autres exemples du même processus de mutation industrielle – si l'on me passe cette expression biologique – qui révolutionne incessamment de l'intérieur la structure économique, en détruisant continuellement ses éléments vieillis et en créant continuellement des éléments neufs. Ce processus de Destruction Créatrice constitue la donnée fondamentale du capitalisme : c'est en elle que consiste, en dernière analyse, le capitalisme et toute entreprise capitaliste doit, bon gré mal gré, s'y adapter. » (Joseph Schumpeter, Capitalisme, socialisme et démocratie (1942)[1])

Notes et références

  1. éd. Payot, 1951, p. 106-107

Bibliographie

  • 1985,
    • a. W. J. Abernathy et K. Clark, 'Innovation: Mapping the winds of creative destruction', Research Policy, 14, pp3-22
    • J. Grahl, Creative Destruction: The Significance of Schumpeter's Economic Doctrines, L'hétérodoxie dans la pensée économique, G. Deleplace et P. Maurisson, dir., Paris: Éditions Anthropos, pp213-227
  • 1991, Jerry Ellig, "Computer Reservation Systems, Creative Destruction, and Consumer Welfare", Transportation Law Journal, 19:2, Summer
  • 1992, Philippe Aghion, P. Howitt, "A model of growth through creative destruction", Econometrica, Vol 60, n°2, pp323–351
  • 1995,
    • M. H. Boisot, 'Is your firm a creative destroyer?, Competitive leaming and knowledge flows in the technological strategies of firms', Research Policy, 24, pp489-506
    • Michael Perelman, "Schumpeter, David Wells, and Creative Destruction", Journal of Economic Perspectives, Vol 9, Summer, pp189–197
  • 1998, J. Stanley Metcalfe, "Evolutionary Economics and Creative Destruction", London: Routledge
  • 1999, P. D. Reynolds, "Creative Destruction: Source or Symptom of Economic Growth", In: Zoltan Acs, B. Carlsson et K. Karlsson, dir., "Entrepreneurship, Small and Medium-sized Firms and the Macroeconomy", Cambridge: Cambridge University Press, pp97-136
  • 2002, Allan Gibb, "In pursuit of a new “enterprise” and “entrepreneurship” paradigm for learning: creative destruction, new values, new ways of doing things and new combinations of knowledge", International Journal of Management Reviews, 4(3), pp233-269
  • 2003, M. R. Darby et L. G. Zucker, Growing by leaps and inches: Creative destruction, real cost reduction, and inching up, Economic Inquiry, 41, pp1–19
  • 2006, H. Reinert et E. S. Reinert, “Creative destruction in economics: Nietzsche, Sombart, Schumpeter”, In: J.G. Drechsler, dir., The European Heritage in Economics and Social Sciences. Friedrich Nietzsche (1844 – 1900), Economy and Society, Backhaus. US: Springer, pp55–85
  • 2008,
    • Ricardo J. Caballero, "Creative destruction", In: Steven N. Durlauf, Lawrence E. Blume, dir., "The New Palgrave. Dictionary of Economics", London: Palgrave Macmillan, seconde édition
    • S. A. Furst et M. Reeves, "Queens of the hill: Creative destruction and the emergence of executive leadership of women", The Leadership Quarterly, 19(3), pp372-384
  • 2010, Daniel F. Spulber, Competition among entrepreneurs, Industrial and Corporate Change, 19(1), pp25-50
  • 2012, Eric Topol, "The Creative Destruction of Medicine: How the Digital Revolution Will Create Better Health Care", Basic Books
  • 2013, Samuel Bostaph, "Driving the market process: “Alertness” versus Innovation and Creative Destruction", Quarterly Journal of Austrian Economics, Vol 16, n°4, pp421–458
  • 2017, Robert Ciborowski, "Territorial transfer of knowledge in terms of creative destruction", Studies in Logic, Grammar and Rhetoric, Vol 50, n°1, June, pp269-287

Voir aussi


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