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Gauche
Le terme gauche désigne généralement les partis ou doctrines défendant des thèses socialistes, communistes, social-démocrates ou assimilées, en économie, et des thèses libérales sur les sujets de société ou les questions de mœurs.
Point de vue libéral
Les libertariens contestent l'opposition droite/gauche ; pour eux, ce dualisme simpliste est dépassé si l'on pose comme point de départ à la politique l'impérieuse nécessité de respecter d'abord les libertés individuelles. Extrait du Manifeste libertarien de Murray Rothbard :
- « Si personne n’a le droit d’agresser quelqu’un d’autre, en bref, si chacun a le droit absolu d’être « libre » de toute agression, il s’ensuit immédiatement que le libertarien approuve pleinement ce qu’on appelle généralement les « libertés civiles » : liberté d’expression, de publication, d’association, liberté de « commettre » des délits sans victimes tels que la pornographie, les « déviations » sexuelles, la prostitution, la drogue, toutes choses que le libertarien ne considère pas du tout comme des délits, puisqu’il ne s’agit pas d’agression à l’encontre d’une autre personne ou de sa propriété. En outre, il considère la conscription comme un esclavage à grande échelle. Et puisque la guerre, et plus particulièrement la guerre moderne, entraîne l’exécution massive de civils, le libertarien considère de tels conflits comme du meurtre de masse, et donc comme quelque chose d’absolument illégitime.
- « Tous ces points de vue sont considérés comme « de gauche » sur l’échelle idéologique contemporaine. D’autre part, le libertarien s’opposant à l’agression contre le droit de propriété privée, il s’oppose tout aussi vigoureusement à l’intrusion du gouvernement dans les droits de propriété et dans l’économie de marché au travers de contrôles, règlementations, subventions ou interdictions. Car si chaque individu a le droit de posséder et de ne pas être agressé et volé, alors il a aussi le droit de se défaire de sa propriété (par la transmission ou l’héritage) et de l’échanger contre la propriété d’autres personnes (liberté de contrat et économie de marché libre) sans subir d’intrusion. Le libertarien est donc en faveur d’un droit de propriété sans restriction et du libre-échange, c’est-à-dire d’un système capitalistique de laissez-faire.
- « Le libertarien ne voit aucune incohérence à être « de gauche » dans certains domaines et « de droite » dans d’autres. Au contraire, il considère que sa position est quasiment la seule qui soit cohérente du point de vue de la liberté individuelle. »
Un grande partie des libéraux refuse la distinction simpliste entre « gauche » et « droite » et préfère par exemple une classification sur deux axes telle que le diagramme de Nolan :
- Les libéraux sont « ailleurs » et il est erroné de les situer à droite ou à gauche. Ils sont favorables à la liberté individuelle dans tous les domaines, précisément parce que la vie des hommes ne peut pas se découper en tranches, avec une partie économique, une partie sociale ou une partie familiale. (Pascal Salin)
Les libéraux jugent incohérents ceux qui soutiennent les libertés individuelles mais refusent la liberté économique. Certains se définissent comme libéraux de gauche et rappellent que le terme de « gauche » n'a pas toujours été associé au collectivisme ou à l'étatisme.
La gauche en France
Analysant la « gauche » et ses mythes dans L'Opium des intellectuels, le philosophe français Raymond Aron en propose une typologie en trois catégories :
- la gauche organisatrice, autoritaire, nationale sinon nationaliste, parfois impérialiste (en faveur de la colonisation au XIXe siècle) ;
- la gauche libérale qui se dresse contre le socialisme et qui est internationaliste ;
- la gauche égalitaire, qui semble condamnée à une constante opposition contre les riches et puissants.
Pour Philippe Nemo, la caractéristique de la gauche, en France, est d'être "antilibérale, anticapitaliste, de prôner toujours plus d’État : la solution aux problèmes est que l'État s'en occupe, et il ne peut s'en occuper qu'en prenant plus d'impôts"[1].
Une explication à l'antilibéralisme d'une partie des gens de gauche peut être simplement économique : la plupart d’entre eux auraient un niveau de vie bien moins important s’ils étaient confrontés aux lois du marché, plutôt que dépendants de l’État ou des privilèges que celui-ci leur octroie.
Le camp du bien ?
On peut aussi caractériser la gauche française par sa prétention à représenter le camp du bien, ou le camp de la morale (ou de la moraline), ce qui l'amène à soutenir des positions antilibérales (par exemple des restrictions à la liberté d'expression, le soutien à certains dictateurs, l'apologie d'un étatisme forcené, etc.) sans référence ni aux faits ni aux droits individuels ("mieux vaut avoir tort avec Sartre que raison avec Aron"). Cela lui permet d'exercer un terrorisme intellectuel tel qu'il oblige très souvent la droite à adopter les mêmes points de vue qu'elle sous peine de diabolisation. En détournant l'attention sur les turpitudes de l'adversaire, elle parvient même à faire oublier ses propres turpitudes (soutien au régime de Vichy et à la collaboration avec l'occupant allemand pendant la Seconde Guerre mondiale ; soutien aux dictateurs communistes ; apologie de la pédophilie, du négationnisme ; antisémitisme[2] ; etc.) :
- Alors que la droite incarnait les valeurs morales, et la gauche au contraire une certaine exigence historique et politique contradictoire, aujourd’hui, celle-ci, dépouillée de toute énergie politique, est devenue une pure juridiction morale, incarnation des valeurs universelles, championne du règne de la Vertu et tenancière des valeurs muséales du Bien et du Vrai, juridiction qui peut demander des comptes à tout le monde sans avoir à en rendre à personne. (Jean Baudrillard, article de Libération, 1997)
- Il y a beaucoup plus de mensonges de gauche que de droite. (...) L’évocation des crimes de gauche n’est possible de façon suivie que dans quelques revues spécialisées, dans quelques colloques dont les participants se voient aussitôt classés à l’ultra-droite. (Jean-François Revel, La connaissance inutile)
- Comme Tartuffe, les socialistes se servent de la morale, qui est utilisée par eux comme un instrument de domination sur les autres et non comme quelque chose qui doit être vécu intérieurement. Cette hypocrisie qui autorise une captation illégitime des biens [des autres aboutit] toujours et partout à un appauvrissement général. (Charles Gave)
Citations
- À gauche comme à droite cette allergie au libéralisme est d'autant plus curieuse que les deux camps pourraient y retrouver des racines et y nourrir un projet : la gauche, revendiquant l'héritage des grands mouvements de lutte contre la tyrannie, devrait aimer le mot même de "libéralisme", la promesse de progrès qu'il porte en lui, son culte de la différence. La droite, plus soucieuse, elle, d'ordre et d'épanouissement personnel, devrait chérir cette doctrine fondée sur un droit à la réussite garantissant la stabilité sociale. L'une et l'autre devraient y trouver, surtout, comme le montrent les expériences étrangères, les moyens et les instruments pour enfin lutter efficacement contre le chômage qu'elles dénoncent justement comme le fléau de notre temps, le cancer de notre pays. (Philippe Manière, L'Aveuglement français[3])
- Si l'histoire est un guide de quelque valeur, s'il est vrai que la droite incarne l'ordre et la conservation, alors le libéralisme, incontestablement est de gauche. (Philippe Manière, L'Aveuglement français[4])
- Qu'on soit de droite ou qu'on soit de gauche, on est toujours hémiplégique. (Raymond Aron)
- Cherchant à expliquer l'attitude des intellectuels, impitoyables aux défaillances des démocraties, indulgents aux plus grands crimes, pourvu qu'ils soient commis au nom des bonnes doctrines, je rencontrai d'abord les mots sacrés : gauche, Révolution, prolétariat. (Raymond Aron, L'Opium des intellectuels, 1955)
- Je n'ai jamais cessé de me considérer comme étant de gauche. À l'origine, être de gauche, c'est lutter pour la vérité et la liberté, et pour le maximum de justice sociale. Mais une justice sociale établie selon des méthodes qui marchent, pas selon des méthodes qui échouent, comme la redistribution à tout-va qui ne fait qu'affaiblir l'économie. (...) Ce qu'on appelle la gauche n'est plus aujourd'hui qu'un clan, une espèce de tribu, un ensemble de spécialistes de l'escroquerie dans les relations publiques, de manipulateurs habiles, qui ont l'art de présenter des idées et des théories qui ont amené les plus grandes catastrophes dans l'histoire de l'humanité comme étant des choses progressistes. (Jean-François Revel, Entretien dans Lire, février 1997[5])
- Être de gauche, c’est accepter de laisser la logique être submergée par le sentimentalisme et renoncer à utiliser notre boîte à outils pour comprendre pourquoi ce qui devait arriver arrive toujours. (Serge Schweitzer, La droite française est-elle libérale ?, Libres ! 100 idées, 100 auteurs)
- La gauche, c'est une salle d'attente pour le fascisme. (Léo Ferré)
- Être de gauche en France, comme dans nombre de pays, est une forme de brevet de confort moral. Se dire de gauche, c’est, bien sûr, être du côté du beau, du bien, du progrès, de la vérité, etc. (Guy Millière)
- C'est pas grave d'être de gauche... en général ça passe au premier relevé d'ISF. (Gaspard Proust) (humour)
- Pour moi, les gens de gauche ça n'existe pas. Vous en connaissez des gens de gauche qui, lors de la chute du mur de Berlin, se soient enfuis à l'est ? (Gaspard Proust) (humour)
- J’adorerais être de gauche. C’est un souhait, mais je trouve que c’est tellement élevé comme vertu que j’y ai renoncé. C’est un gros boulot, un dépassement de soi, c’est une attitude, une présence à l’autre… Il faut être "exceptionnel" quand tu es de gauche. Quand tu n’es pas de gauche, tu peux être moyen. Quand tu es de gauche, c’est l’excellence, le génie moral, le génie de l’entraide. C'est trop de boulot ! (Fabrice Luchini, France 2, 17/10/2013) (humour)
- L’homme de gauche, le marchand du temple global, le kleptocrate, le médiacrate, le ponctionnaire aux ordres, le politicien, tous ces gens occupent la place et le rang qui sont les leurs par la destruction. Ils pillent un capital, un passé, un héritage, un stock et, ce faisant, ils chevauchent les forces de chaos qu’ils déclenchent. (Bruno Bertez, 14/01/2016)
- Au cœur de la gauche progressiste (liberalism), il y a l'enfant gâté : il est malheureux, comme le sont tous les enfants gâtés, insatisfait, exigeant, indiscipliné, tyrannique et bon à rien. La pensée de gauche est une philosophie de marmots pleurnicheurs.[6] (P.J. O'Rourke)
Notes et références
- ↑ Entretien avec Claude Reichman sur Reichmantv le 9 mars 2012.
- ↑ Voir Les Antisémitismes Français de l'historien David Shapira (2011, p.54) à propos de l'antisémitisme de gauche de la 2ème moitié du XIXe siècle : Marx, Fourier, Jaurès, Proudhon, etc.
- ↑ Philippe Manière, L'aveuglement français, 1998, p.178-179
- ↑ Manière, ibid, p.129
- ↑ Jean-François Revel, Entretien avec Olivier Todd dans le magazine Lire, février 1997, [lire en ligne]
- ↑ At the core of liberalism is the spoiled child — miserable, as all spoiled children are, unsatisfied, demanding, ill-disciplined, despotic and useless. Liberalism is a philosophy of sniveling brats.
Pour aller plus loin
Bibliographie
- 1955, Raymond Aron, L'Opium des intellectuels, ISBN 2012790615
- 2000, Thierry Leterre, La gauche et la peur libérale, Presses de Science-Po, ISBN 2724608038
- 2007, Alberto Alesina et Francesco Giavazzi, Il liberismo è di sinistra (Le libéralisme économique est de gauche)
- 2012, Jean Robin, Le livre noir de la gauche
Articles connexes
Liens externes
- (fr)Le libéralisme est-il de gauche ?, Alberto Alesina
- (fr)Le libéralisme peut-il être de gauche ? sur Contrepoints
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