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Différences entre les versions de « Spéculation »

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La '''spéculation''', dans son sens le plus large, est l'activité humaine consistant à imaginer les réactions et activités d'autrui, comme si nous étions à sa place, et à porter un regard sur notre propre activité, comme si nous étions un autre. C'est donc une mise en miroir (latin ''speculum''). Dans le domaine économique, la spéculation consiste à prendre aujourd'hui des décisions économiques sur la base d'un état économique futur et hypothétique : c'est donc un pari monétaire portant sur l'évolution future du prix de biens économiques.
== Définition de la spéculation ==
La '''spéculation''' en économie, souvent utilisée avec une connotation péjorative, désigne généralement « l'activité consistant à tirer profit par anticipation de l'évolution à court, moyen ou long terme du niveau général des prix ou d'un prix particulier en vue d'en retirer une plus-value ou un bénéfice ». La spéculation consiste donc à prendre aujourd'hui des décisions économiques sur la base d'un état économique futur et hypothétique : l'anticipation d'un changement imminent du prix en vigueur. Le spéculateur accepte de porter un risque élevé dans l'espoir d'une rémunération possiblement élevée elle aussi.


Le premier exemple de spéculation rapporté par l'histoire est celui du mathématicien-philosophe Thalès qui, en prévision d'une récolte d'olives exceptionnelle, loua ou acheta tous les pressoirs de sa région.  
Dans le langage courant, les spéculateurs seraient des profiteurs tenaces et ingénieux, réalisant d'insolents profits ou prenant le contrôle d'[[entreprise]]s sur une simple opération boursière. Figure honnie, ils incarnent pourtant une des fonctionnement hautement importantes pour le bon fonctionnement d'une [[économie de marché]] et bénéfique ''in fine'' à tous.


Extrait du [http://www.alpheccar.org/?q=node/36 blog d'Alpheccar.]
== Le rôle du spéculateur ==


Lorsque l’on écoute les Français, le mot spéculateur est presque synonyme d’Antéchrist. Les spéculateurs seraient responsables de tous les maux. Sur une simple opération boursière ils seraient capables de faire d’insolents profits leur permettant de prendre le contrôle de plus-en-plus d’entreprises. Les [[marchés]] boursiers aussi sont critiqués par les Français : la sphère boursière serait déconnectée de la sphère économique. Elle forcerait les entreprises à des politiques court terme visant à faire monter le prix de l’action au détriment de l’emploi. Aussi, pour corriger ces dérives, il serait nécessaire d’inventer de nouveaux types d’impôts concernant les transactions financières.
Le principal intérêt du spéculateur est d'anticiper et de profiter des fluctuations de l'état futur du [[marché]], même si cette connaissance de l'avenir reste imparfaite et particulièrement difficile. Pour ce faire, il existe deux types d'actes jugés spéculatifs :
* un qui consiste à acheter une « [[marchandise]] » à bas prix aujourd'hui, et la revendre lorsque les prix seront assez élevés demain, permettant de dégager un bénéfice.
* l'autre, la [[vente à découvert]], consiste à vendre un titre pour le racheter plus tard moins cjer, en profitant de sa baisse entre temps pour encaisser un bénéfice. Souvent (injustement) critiquée, la [[vente à découvert]] (« short sale ») est souvent limitée. Très risquée, elle peut aboutir à des situations de pertes catastrophiques pour le spéculateur, comme dans le cas Gamestop


Le problème avec cette vision simpliste c’est qu’elle est totalement fausse et dénote une totale incompréhension de la fonction des marchés boursiers et des spéculateurs. Certes, il ne faut pas pêcher par excès d’angélisme : il y a aussi des problèmes mais ils sont beaucoup plus subtils.
On peut distinguer différents types de spéculateurs : le suiveur de tendance, le scalpeur, le spéculateur de long terme (''swinger''), le spéculateur de court terme (''day trader''), le [[Investissement contrarien|contrarian]] qui va à contre-courant, etc. Ce dernier parie sur une baisse quand tout le monde parie sur une hausse. Cela implique de sa part une [[vigilance]] sur les points de retournements du cycle et un ''money management'' très sérieux. Car, le plus souvent, le spéculateur de court terme (excepté le scalpeur) va perdre. Mais, ces pertes sont minimes. Un bon trader sait couper ses pertes et il laisse courir ses gains. Donc, un spéculateur qui réussit est celui qui ne gagne pas souvent mais lorsqu'il le fait, il établit un ratio de gain élevé de 1 pour 2, voire de 1 pour 3. Sa marge bénéficiaire provient de la bonne gestion de son capital (equity). Le public, impressionné par les réussites en bourse, se focalise souvent sur la publicité des gros gains à l'image de la réception du premier prix d'une loterie. Mais, ce public oublie que pour chaque gros gain, il y a de nombreuses petites pertes. Personne ne plaint le spéculateur perdant, ruiné ou décédé, mais tout le monde crie haro sur le gagnant !


==A quoi sert la [[Bourse]] ?==
Le [[profit]] fait, par ce type de spéculateur, est le prix de l'incertitude, c'est à dire une récompense pour avoir osé prendre des risques que personne ne voulait prendre dans un avenir incertain. Puisque l'avenir est inconnu, aucune probabilité ne peut être calculée sur une chance de réussite proportionnelle à l'ensemble des résultats finaux possibles, c'est la raison pour laquelle les économistes parlent d'incertitude et non de risque dans ce cas-là.


Imaginez que vous avez l’idée d’un nouveau produit/service. Vous pensez que cela peut intéresser les gens. Mais, vous n’en êtes pas certain. Vous n’êtes même pas certain d’arriver à réaliser techniquement votre produit. Par conséquent, et c’est le rôle d’un [[entrepreneur]], vous devez prendre un risque si vous décidez de créer une [[entreprise]] pour réaliser votre vision. Mais, le risque est peut-être trop élevé pour vous. Si vous décidez de ne pas le prendre, alors ce seront des emplois en moins. Ce qu’il faudrait, c’est un mécanisme d’[[assurance]] permettant de partager le risque avec d’autres. Ces autres ne devant pas être obligés de mettre tous leurs œufs dans le même panier. Mais, si les assurances fonctionnent c’est qu’on peut estimer certains risques : le risque d’être cambriolé, par exemple, peut être estimé par statistique selon le quartier ou vous habitez, l’étage etc… Mais, comment estimer le risque d’une nouvelle aventure industrielle ? Comment estimer un futur qui dépend de si nombreux facteurs et qui est si complexe ?
La spéculation est bénéfique car cela permet de corriger des estimations qui sont incorrectes et qui résultent d’un comportement moutonnier. Quand de nombreux intervenants se contentent de façon hasardeuse, pour estimer le futur, du seul prix de marché et agissent uniquement en fonction de l’évolution de ce prix, alors les fluctuations ont tendance à être amplifiées. Le prix monte, alors la masse achète, ce qui provoque une hausse du prix. Le spéculateur permet de stabiliser les fluctuations.


Le rôle des marchés financiers est de fournir des mécanismes d’assurances et d’estimation statistique. Sans ces marchés, de nombreux risques ne seraient pas pris, de nombreux emplois ne seraient pas créés.
Le spéculateur permet aussi, en prenant des risques que personne n'ose prendre, d’assurer certaines aventures industrielles qui n’auraient pas pu avoir lieu autrement.


Une action représente un risque : en achetant une action vous partagez un risque avec l’entreprise. Cette action représente une promesse de gain futurs mais le futur est incertain.
[[John Maynard Keynes]], considéré par certains libéraux, comme leur ennemi n°1, fut un grand spéculateur. Dans les années 1930, il fit fortune en spéculant sur la bourse de Londres. A l'époque, Londres était déjà une grande place financière mondiale<ref>Les anglais n'ont pas attendu [[Margaret Thatcher]] pour être une nation ouverte sur le monde. Mais, les clichés sont durs car il est bon ton de faire croire que la crise actuelle est une crise due aux développement de la finance.</ref>. Dans ses analyses boursières, John Maynard Keynes ne s'appuyait cependant pas sur ses théories économiques mais sur la théorie de la psychologie des foules. Il avait une attitude assez cynique vis à vis du peuple qui se traduit par cet extrait, dans son livre de la "théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie", publié en [[1936]].
:"La plupart des investisseurs et spéculateurs professionnels s'occupent moins de faire des prévisions précises à long terme que de prévoir peu de temps avant le grand public les changements à venir de la base conventionnelle d'évaluation. En fait, l'objet inavoué de l'investissement éclairé est de voler le départ, comme le disent si bien les américains, d'être plus malins que le public et de passer la pièce fausse ou dépréciée au voisin."<ref>cité par Thami Kabbaj, [[2008]], "Maîtriser l'analyse technique", Eyrolles, p8</ref>


En ayant la possibilité de vendre votre action, vous pouvez vous débarrasser d’un risque que vous estimez trop grand. En achetant des actions diverses, vous évitez de mettre tous vos oeufs dans le même panier.  
L'argument de sa réussite est assez scandaleux sur le plan éthique. On ne peut pas lui faire le reproche qu'il est fondamental pour le spéculateur ou l'investisseur de trouver un co-échangiste (à la hausse ou à la baisse) selon les cas afin de réaliser un bénéfice. Le profit du spéculateur provient du fait qu'il a la possibilité de trouver sur le marché, à deux reprises, des co-échangeurs qui ont une évaluation subjective différente de la sienne. Cependant, il est choquant de présenter le spéculateur comme un "voleur" (de départ, donc un tricheur puisqu'il ne respecte pas les règles communes qui sont nécessaires dans une compétition (Il est anormal, dans une compétition sportive, par exemple qu'un sprinter démarre avant le signal du starter). Mais, il y a aussi une vision assez perfide et assez hautaine, vis à vis du grand public, sans doute moins bien informé que les traders professionnels. Le message que nous fait passer John Maynard Keynes est que le succès des traders professionnels provient de l'infortune de quelques "gogos" amateurs qui osent s'aventurer sur les marchés financiers, et qui, moins bien informés, perdent tout leur argent.


Le [[prix]] de l’action est l’estimateur statistique qui permet d’estimer le risque pris. En effet, quelle autre méthode utiliser ? Le prix agrège les décisions, les modèles, les suppositions de tous les acteurs qui interviennent sur le marché. C’est une sorte de moyenne (sophistiquée) et remise à jour en temps réel. Il est alors normal que le prix d’une action puisse sembler subjectif, irrationnel, imprévisible : c’est un estimateur des risques futurs. Le futur est incertain et les humains ne sont pas devins. Il n’est pas possible de faire mieux pour estimer le futur que de prendre en compte toutes les tentatives d’estimation et les agréger en un tout qui reflète l’information globale : le prix.
Pour les libéraux, un marché financier juste est un marché où les bigs players (banques centrales, institutions financières) n'influencent pas les cours à leur profit au détriment de la masse. Dans un sens libéral, un spéculateur est un co-échangeur, qui souhaite obtenir des flux de revenus futurs sans avoir à l'esprit qu'il s'agit là d'un jeu à somme nulle où ses gains représentent des pertes de son co-échangeur. L'accès aux marchés financiers doit être le plus souple et ouvert possible, comme sur le [[FOREX]], avec une accessibilité en fonction des moyens modestes de chacun. La réussite du spéculateur n'est pas orientée vers la perte de quelqu'un d'autre mais par une [[imagination]] de son propre futur gain.


Chaque intervenant aura son modèle, sa façon d’estimer le futur : en vendant ou achetant, il traduit dans les faits les conclusions de ses estimations qui sont alors intégrées dans le prix global. Cette vision des prix comme estimateur statistique n’est pas nouvelle mais est peu comprise par l’homme de la rue. On peut trouver plus de détails à ce sujet dans [http://www.escp-eap.net/fr/faculty_research/crephe/doc/nemo_theorie_hayekienne_marche.pdf cet excellent article de Philippe Némo].
== Le spéculateur en bourse, c'est chacun d'entre nous ==
Contrairement au discours [[communisme|communiste]] qui oppose de manière irréductible actionnaires et travailleurs, la frontière entre l'investisseur en bourse et l'individu lambda est extrêmement fine. Par le mécanisme des fonds de pension dans certains pays, ou tout simplement de la [[retraite par capitalisation]], une large part des travailleurs sont aussi actionnaires, parfois de leur entreprise. Ceux qui bénéficient ''in fine'' de la bonne ou mauvaise santé des marchés boursiers ne sont pas juste de théoriques milliardaires avec un cigare, mais chacun d'entre nous : meilleure performance directe des placements financiers, meilleures rentrées financières pour les pouvoirs publics, etc.  


Imaginer que le prix d’une action est forcément minoré par la [[valeur]] des usines, du mobilier d’une entreprise ou qu’il existe un prix naturel est une erreur. Imaginer qu’il y a des critères objectifs qui permettraient de déterminer le prix d’une action c’est imaginer qu’il existe des méthodes objectives pour prédire le futur. Si, parfois, en apparence, il existe une valeur objective (un fondamental) c’est parce que les intervenants utilisent des modèles de prédiction proches. Le fondamental ne traduit que l’existence d’un noyau commun dans les modèles de prédictions ; de biais et d’hypothèses majoritaires chez ces intervenants.
== Autres regards libéraux ==
Les libéraux rappellent que la spéculation a pour effet principal de réduire les écarts entre les évaluations d'un même bien par des acteurs différents. Par exemple, spéculer sur la pénurie d'un bien consiste à acheter ce bien aujourd'hui pour le revendre demain plus cher, ce qui a pour effet de pousser à la hausse le prix actuel du bien, et donc de pousser à une augmentation de la production, et d'augmenter les quantités disponibles dans le futur, donc d'en baisser le prix tout en atténuant la pénurie prévue. Autrement dit, toute spéculation tend à éliminer les motifs mêmes de cette spéculation. C'est la notion à la base même de la théorie [[finance|financière]] moderne avec l'absence d'arbitrages. Cette analyse ne repose nullement sur l'hypothèse du marché « pur et parfait », les mécanismes décrits pouvant jouer sans que le système atteigne jamais l'équilibre.  


==Produits financiers==
[[Philippe Manière]] va plus loin dans la défense de la spéculation d'un point de vue [[libéral]], en écrivant dans ''L'aveuglement français'' que le spéculateur ne peut gagner que s'il y a des faiblesses déjà existantes dans l'[[économie]] du pays qu'il ne fait que révéler. Autrement formulé, l'action du spéculateur (sur les [[monnaie]]s dans l'exemple cité) n'est pas un déséquilibre du marché mais au contraire un rééquilibrage du cours à sa juste valeur. Et Manière de rappeler que Soros perdit presque autant d'argent en misant à tort contre le franc en 1992 qu'il n'en gagna en misant à raison contre la livre<ref>[[Philippe Manière]], ''L'aveuglement français'', Stock, p.157-161.</ref>.


Dans cette optique d’assurance contre les risques, il devient plus facile de comprendre la raison d’être de produits financiers comme swap, options etc…
Le spéculateur ne fait que mettre à jour les failles (ou les forces) d'une économie : s'il gagne, c'est que l'économie lui a donné raison ; s'il perd, tant pis pour lui (c'est son argent). Mais une telle évidence est trop simple pour le politicien, qui cherche à renverser les [[responsabilité]]s : pour lui, le vrai coupable n'est pas le [[dette publique|surendetté]], mais son créancier ; pas la mauvaise politique, mais celui qui se permet de spéculer sur ses résultats prévisibles ; pas la dépense étatique, mais l'austérité et la rigueur. Le spéculateur est le bouc émissaire parfait, tout comme l'était le "financier juif" dans les années 1930 : il est sans visage, supposément très riche, et il a l'impertinence de révéler nos erreurs et notre impéritie, voire de parier contre nos intérêts.


Imaginez que vous voulez acheter de l’acier pour votre produit. Vous construisez un budget en vous fondant sur le prix de l’acier aujourd’hui. Mais, vous ne pourrez acheter cet acier que dans un mois. Il se peut qu’à ce moment là le prix de cet acier soit très différent et beaucoup plus élevé ce qui serait catastrophique pour vous. Vous voulez donc vous assurer contre une hausse du prix de l’acier. Vous achetez donc une option vous permettant d’acheter (mais ne vous obligeant pas à le faire) une certaine quantité d’acier à un prix fixe défini par l’option. Le prix de l’option est la mesure du risque concernant la hausse du prix de l’acier (à ne pas confondre avec le prix de l’acier que vous permet d’acheter cette option).
== Existe-t-il une "mauvaise" spéculation ? ==


Si, dans un mois, le prix de l’acier a baissé alors vous achetez votre acier sur le marché. Si le prix a monté alors vous décidez d’exercer votre option et vous pouvez acheter votre acier à un prix inférieur à celui du marché. Cela signifie donc que quelqu’un doit, pour honorer le contrat représenté par cette option, vendre cet acier à un prix inférieur à celui du marché. En vendant cette option, quelqu’un a parié sur la baisse des prix de l’acier alors que vous, en l’achetant, vous avez parié sur la hausse des prix. Dans cet exemple, il y a un gagnant et un perdant. Attention à ne pas généraliser : la finance n’est pas un jeu à somme nulle.  
Les manipulations de marchés, le "shadow banking", la [[vente à découvert]], etc. favorisent une forme de spéculation. Ce n'est que dans la mesure où de telles pratiques visent à tromper les autres investisseurs qu'elles ont un caractère frauduleux et c'est aux organisateurs des marchés de les interdire a priori par [[contrat]] et aux juges de les punir a posteriori. Autrement, il appartient aux autres investisseurs, qui n'en sont pas moins des spéculateurs, de ne pas se laisser tromper.


D’autres produits financiers permettront de s’assurer contre une baisse des prix, contre un changement des prix, contre une variation des taux de change, des taux d’intérêts etc… Il existe de très nombreux produits financiers car il existe différents types de risques et différents niveaux de risques.
La cause principale d'une spéculation malsaine est la [[création monétaire]] ex nihilo, issue de l'action de la [[banque centrale]], qui engendre des "bulles spéculatives" et des distorsions artificielles sur les marchés :
:Les banques centrales sont des gardiens pyromanes qui alimentent le feu de la spéculation par leur politique monétaire. ([[Philippe Simonnot]])


On trouve par exemple, des options permettant de s’assurer contre la baisse d’un prix, des marchés à terme permettant de s’assurer contre une variation du prix, des swap combinant une protection contre une hausse sur un produit et une baisse sur un autre etc…
== Les éléments spéculatifs et créatifs dans l'entrepreneuriat ==


==Les spéculateurs==
Le rôle des éléments spéculatifs et créatifs dans l'entrepreneuriat est d'une importance cruciale pour comprendre la dynamique du marché et les moteurs de l'innovation économique. Ces deux aspects jouent un rôle fondamental dans la formation et la saisie des [[opportunités]] entrepreneuriales et sont souvent étroitement liés dans le processus entrepreneurial.


Le spéculateur est celui qui spécule sur l’avenir. Donc, toute personne achetant des produits financiers est un spéculateur et en fait tout être humain est un spéculateur. Mais, en général, ce terme désigne plutôt, dans la culture populaire, celui qui va à contre courant : celui qui parie sur une baisse quand tout le monde parie sur une hausse. En général, le spéculateur va perdre mais, de rare fois, il va gagner. Suffisamment pour qu’il arrive globalement à dégager un profit. Les gens se focalisent toujours sur les gros gains en oubliant que pour chaque gros gain, il y a de nombreuses pertes.
D'une part, l'élément spéculatif est une caractéristique inhérente à l'[[entrepreneuriat]]. Les entrepreneurs sont confrontés à des situations d'[[incertitude]] et d'ambiguïté, car ils prennent des décisions concernant des événements futurs qui ne peuvent pas être parfaitement anticipés. Ils parient sur des résultats incertains et prennent des risques calculés pour tirer parti d'opportunités potentielles. Cet aspect spéculatif est essentiel car il motive les entrepreneurs à explorer de nouvelles voies et à se lancer dans des projets innovants malgré l'incertitude inhérente à l'avenir.


Le profit fait par ce type de spéculateur est le prix du risque : une rémunération pour avoir osé prendre des risques que personne ne voulait prendre. Et, cela est bénéfique car : cela permet de corriger des estimations de risques qui sont incorrectes et résultant d’un comportement moutonnier. Quand de nombreux intervenants se contentent, pour estimer le futur, du seul prix de marché et agissent uniquement en fonction de l’évolution de ce prix alors les fluctuations ont tendance à être amplifiées. Le prix monte alors on achète ce qui provoque une hausse du prix. Le spéculateur va permettre de stabiliser les fluctuations.  
L'élément spéculatif de l'entrepreneuriat se manifeste dans la recherche de nouvelles opportunités de profit, qu'elles soient créées par des innovations radicales (à la [[Schumpeter]]) ou par la détection d'inefficacités de marché existantes (à la [[Kirzner]]). Les entrepreneurs spéculent sur les tendances du marché, les comportements des consommateurs, les évolutions technologiques et les changements réglementaires pour anticiper les opportunités de profit.


Le spéculateur permet aussi, en prenant des risques que personne n’ose prendre, d’assurer certaines aventures industrielles qui n’auraient pas pu avoir lieu autrement. Il vous permet de vous débarrasser de risques que vos ne voulez plus assumer.
D'autre part, l'élément créatif est une caractéristique distinctive des entrepreneurs innovants. Ils sont capables de générer de nouvelles idées, de repenser les modèles d'affaires existants et de développer des produits ou services novateurs. La [[créativité entrepreneuriale]] peut conduire à des innovations de rupture qui transforment complètement les industries et créent de nouvelles niches de marché. Ces innovations peuvent être des réponses à des besoins non satisfaits ou des opportunités jusqu'alors inexploitées.


Par conséquent, contrairement à ce que l’on raconte, le spéculateur a un rôle très bénéfique.  
La créativité des entrepreneurs peut être nourrie par leur capacité à voir des opportunités là où d'autres ne le font pas. Ils ont une vision différente du monde, qui leur permet de remettre en question le statu quo et de chercher des solutions innovantes aux problèmes. Cette capacité créative est essentielle pour rester compétitif sur le marché et continuer à saisir de nouvelles opportunités à mesure qu'elles émergent.


==Les problèmes==
Dans la réalité, les éléments spéculatifs et créatifs de l'entrepreneuriat ne sont pas mutuellement exclusifs. Au contraire, ils se complètent souvent. Les entrepreneurs créatifs peuvent avoir une approche spéculative pour évaluer le potentiel de leurs idées novatrices sur le marché. D'autre part, les entrepreneurs spéculatifs peuvent rechercher des opportunités de profit en explorant de nouvelles voies ou en s'adaptant aux changements du marché.


Soyons réalistes : il y a des problèmes mais bien plus complexes que les attaques simplistes contre la spéculation.
Enfin, il est important de noter que l'équilibre entre les éléments spéculatifs et créatifs peut varier en fonction du type d'entrepreneur, du secteur d'activité et du contexte économique. Certains entrepreneurs peuvent avoir une propension plus marquée pour l'innovation et la créativité, tandis que d'autres peuvent être plus axés sur l'exploitation opportuniste d'inefficacités du marché.


Pour comprendre ces problèmes, il faut comprendre que le capitalisme est en train de subir une mutation.
En conclusion, les éléments spéculatifs et créatifs sont tous deux essentiels à la dynamique de l'entrepreneuriat. Ils alimentent l'innovation, la croissance économique et l'adaptation aux changements du marché. Les entrepreneurs prospères sont souvent ceux qui parviennent à équilibrer habilement ces deux aspects pour exploiter de nouvelles opportunités tout en gérant les risques liés à l'incertitude.


===Différents types de capitalismes===
== Les opportunités de profit existent dans le monde réel dans un sens spéculatif ==


Il y a trois modèles de capitalismes : le capitalisme anglo-saxon, le capitalisme rhénan (avec la variante Française) et la nouvelle forme de capitalisme qui est en train d’apparaître dans le monde globalisé actuel.
L'existence des opportunités de profit dans le sens spéculatif est une notion centrale dans la théorie entrepreneuriale de Kirzner. Selon Kirzner, les opportunités de profit existent dans le monde réel, mais d'une manière spéculative, ce qui signifie qu'elles ne sont pas encore réalisées, mais qu'elles sont potentiellement possibles et latentes. Ces opportunités sont souvent cachées aux yeux des acteurs du marché, mais elles peuvent être découvertes et saisies par les entrepreneurs avertis qui veut dire vigilants.


La caricature du modèle anglo-saxon c’est le self-made man qui finit par introduire son entreprise en bourse afin de pouvoir se lancer dans de nouvelles aventures. C’est un dirigeant-actionnaire et fondateur de l’entreprise. Mais, si sa gestion devient mauvaise, le futur de son entreprise devient incertain. Investir dans son entreprise devient risqué. Le prix de l’action chute. Les actions peuvent alors être rachetées par un concurrent (OPA dite hostile). Ces actions qui étaient alors diffuses entre des centaines de petits actionnaires peuvent se concentrer entre les mains d’un concurrent qui aura alors assez de voix pour licencier le dirigeant-actionnaire-fondateur qui reste alors juste actionnaire non principal. Autrement dit : une mauvaise gestion est sanctionnée par le marché.  
Pour comprendre cette idée, il faut reconnaître que les marchés réels sont rarement en équilibre parfait. Il y a souvent des déséquilibres dans les prix des facteurs de production et des produits finaux, des asymétries d'information et des inefficiences qui créent des ouvertures pour des profits économiques. Ces opportunités de profit peuvent résulter de changements dans les préférences des consommateurs, de l'émergence de nouvelles technologies, de l'évolution de la demande ou de l'offre de ressources, ou de tout autre changement qui perturbe l'équilibre du marché.


Les actionnaires ne sont pas réellement propriétaires de l’entreprise (qui étant une personne morale est propriétaire d’elle-même - ce n’est pas vrai pour d’autres organisations que les sociétés comme par exemple les copropriétés). Il ne sont pas non plus les dirigeants puisqu’en général le dirigeant doit rendre des comptes aux actionnaires. Mais, les actionnaires détiennent un pouvoir économique via leurs actions. Ils ont accepté de partager certains risques, de financer une aventure industrielle. Il est normal qu’ils aient un droit de regard et de contrôle représenté par leurs actions. Il peuvent sanctionner une politique qu’ils trouvent trop risquée ou pas assez. Les relations entre actionnaires et dirigeants sont un sujet à part entière que je traiterai peut-être dans un autre texte : comment inciter le dirigeant à prendre des risques (sans lesquels il n’y a pas de croissance économique) et comment éviter qu’il en prenne trop ?
Cependant, ces opportunités de profit ne sont pas toujours évidentes ou immédiatement réalisables. Elles sont souvent voilées par l'incertitude et l'asymétrie d'information qui caractérisent le monde réel. Les entrepreneurs vigilants, grâce à leur vigilance et leur capacité à percevoir au-delà des apparences, sont ceux qui peuvent identifier ces opportunités potentielles et les transformer en opportunités réelles.


Le second modèle de capitalisme est le capitalisme rhénan : les actionnaires d’une entreprise sont des pairs. D’autres actionnaires-dirigeants d’autres entreprises (et en général des banques). L’actionnariat est plus concentré. La variante Française est que nombre de ces pairs sont maintenant issus de la haute [[fonction publique]]. Ici encore, les actionnaires effectuent un contrôle a posteriori : une fois que la mauvaise gestion a été constatée.  
Il est important de noter que les opportunités de profit ne sont pas préexistantes à leur découverte. Elles n'attendent pas d'être trouvées comme des trésors cachés. Au lieu de cela, elles émergent de l'interaction humaine dans le domaine économique. Une opportunité de profit est en quelque sorte déjà présente, mais elle doit être activée par l'action entrepreneuriale. L'entrepreneur vigilant voit la possibilité d'acheter à un certain prix et de vendre à un autre prix, créant ainsi une opportunité de réaliser un bénéfice économique.


La troisième forme de capitalisme est celle où ce sont les salariés qui sont principalement les actionnaires par l’intermédiaire d’institutions financières comme les fonds de pension. C’est vers ce nouveau modèle que le capitalisme converge. Pourquoi ?
En ce sens, les opportunités de profit existent maintenant, même si elles ne se concrétiseront pleinement que dans le futur. Pour l'entrepreneur averti, l'opportunité est réelle dans le sens où il a la conviction que cela pourrait devenir une réalité lucrative dans un avenir proche ou lointain. C'est cette perception de l'opportunité qui motive l'action entrepreneuriale.


===Fonds de pensions===
L'importance des opportunités de profit dans le processus économique est cruciale. Les entrepreneurs qui saisissent ces opportunités créent de la valeur économique en exploitant les ressources disponibles de manière innovante et en comblant les écarts du marché. Cela contribue à la dynamique du capitalisme en stimulant la concurrence, en favorisant l'efficacité des ressources et en stimulant la croissance économique.


Le processus de mondialisation financière et de libéralisation des flux de capitaux est une conséquence des Etats providences. L’[[État-providence]] est une chimère qui ne peut subsister qu’en s’endettant. Or, ces dettes sont des risques : le risque de ne pas être remboursé. Les Etats providence ont donc besoin de recourir aux marchés financiers pour financer leurs déficits. Parallèlement, les classes moyennes (principalement les baby-boomers) de ces Etats, éduquées dans l’illusion de l’absence de risque, demandent un accroissement du ratio gain/risques pour leur [[épargne]] et leurs [[retraite]]s.
En résumé, les opportunités de profit existent dans le monde réel dans un sens spéculatif, attendant d'être découvertes et exploitées par des entrepreneurs avertis. C'est cette perception de l'opportunité qui motive l'entrepreneur à agir et à contribuer au progrès économique et à l'innovation. La reconnaissance de ces opportunités latentes est une caractéristique distinctive de la théorie entrepreneuriale de Kirzner, qui met en lumière le rôle crucial de la vigilance et de la perception dans le processus de marché.


C’est pourquoi la finance s’est globalisée et c’est pourquoi les institutions comme les fonds de pension recherchent des placements à fort ratio gain/risque pour leurs clients. Ces fonds n’ont pas le contrôle des entreprises mais ils détiennent suffisamment de voix pour que leur influence soit non négligeable.  
== Citations ==
*'' « II est trop facile de dénoncer les spéculateurs. Le spéculateur par définition s'efforce de vendre plus cher qu'il n'a acheté, mais le principe même de l'économie décentralisée est de faire passer les biens dans les mains de ceux qui sont capables de leur donner la plus grande valeur. La [[démagogie]] conduit à ne considérer que ceux qui gagnent et à négliger tous ceux qui perdent. Dans la société d'aujourd'hui, les spéculateurs deviennent les boucs émissaires d'une mauvaise plitique dont les gouvernements sont responsables. »'' ([[Maurice Allais]], Le Figaro du 23 novembre 1975)


La conséquence est que les fonds de pension vont, pour assurer la rentabilité des investissements, comparer constamment les entreprises entre elles et investir toujours dans les plus rentables. Le système financier étant globalisé cette comparaison est effectuée sur un plan mondial. En outre, les flux de capitaux peuvent voyager rapidement d’un point à l’autre de la planète pour aller toujours là où les investissements sont les plus rentables.
* ''« Je suis en train de travailler à un roman, L’Argent&hellip; Je prendrai comme position que la spéculation est une bonne chose, sans laquelle les grandes industries du monde s’éteindraient, tout comme la population s’éteindrait sans la passion sexuelle. »'' (&Eacute;mile Zola)
* ''« Trading » : activité nuisible socialement et moralement d’après les gens qui n’ont jamais rien compris ni à l’économie ni aux marchés, mais qui peut être assez rentable pour ceux qui ont ce talent.'' ([[Charles Gave]])


Pour faire ces comparaisons, ces institutions financières ont besoin d’information. Leur influence est suffisamment grande pour pouvoir imposer des règles a priori : transparence, visibilité de la stratégie etc… Les entreprises sont constamment notées par ces institutions. Ces notations ont une influence sur les autres actionnaires. Ainsi, la grande mutation du capitalisme moderne est d’imposer un contrôle a priori, et non plus a posteriori, dont le but est de pouvoir détecter les entreprises à haute rentabilité et sanctionner les gestions qui ne sont pas assez rentables.
* ''« Soutenir que les spéculateurs rendent un vrai service, ce n’est pas politiquement correct, mais c’est scientifiquement prouvé. »'' ([[Jean-Yves Naudet]])


Cela va accélérer le processus de destruction créatrice : les entreprises qui sont mal gérées disparaissent et on investit dans celles qui sont prometteuses ce qui stimule l’activité économique en permettant la réalisation de nouveaux projets industriels.
*'' Il y a une spéculation utile, celle de ceux qui prennent des risques calculés, à la place des autres, avec leur propre argent, jouant un rôle d’assureur. Par contraste, il y a la mauvaise spéculation, celle des bulles artificielles, quand l’argent coule à flot des banques centrales et permet n’importe quelle fantaisie, en perturbant tous les indicateurs, à commencer par les taux d’intérêt.'' ([[Jean-Yves Naudet]])


Mais, les hommes ne sont pas aussi mobiles que les capitaux. Ils restent relativement bloqués dans leurs États et leur réglementations. Par conséquent, si leurs emplois sont délocalisables : soit ils restent compétitifs par rapport au reste du monde, soit ils perdent leurs emplois.
*'' Agir est toujours une spéculation. Cela vaut non seulement pour ce qui concerne une économie de marché, mais tout autant pour Robinson Crusoé l'imaginaire acteur isolé, et dans les conditions d'une économie socialiste.'' ([[Ludwig von Mises]], L'Action humaine)


L’ironie de la situation est que ce sont les salariés-actionnaires (via les fonds de pension) qui contrôlent une grande partie des [[entreprise]]s et qui sont à l’origine de la demande de rentabilité forte. Ce sont eux aussi qui veulent les [[État-providence|États-providence]]. Mais ce sont aussi les premiers à souffrir de ces demandes.
*'' Il n'existe pas d'investissement non spéculatif. Les investissements peuvent être bons ou mauvais, mais ils sont toujours spéculatifs. Dans une économie fluide, toute action comporte de la spéculation. Un changement fondamental dans la situation peut faire que des investissements communément considérés comme parfaitement sûrs deviennent de mauvais investissements.'' ([[Ludwig von Mises]])


===Court termisme===
*'' La spéculation est au cœur de l’action humaine. L’opposition à la spéculation, de ce fait, est une opposition à l’action humaine.'' ([[Walter Block]])


Ces institutions financières ne sont pas fondamentalement court-termistes (désolé pour cet affreux néologisme). Contrairement à un politique qui ne vise que la prochaine élection, les fonds de pension, par exemple, ont la responsabilité de la retraite de leurs clients ce qui oblige à des visions long terme. Mais, en raison d’une dissymétrie d’information entre le dirigeant d’une entreprise et ses actionnaires, il peut arriver que le dirigeant pratique des politiques court terme visant à faire monter l’action et satisfaire ainsi les demandes de rentabilité des actionnaires. Ce n’est pas une demande des actionnaires. Si l’information était meilleure, nulle doute que ce genre de gestion court-terme ferait chuter le prix de l’action qui, ne l’oublions pas, représente un risque et une promesse de revenus futurs donc une vision long terme. Une politique court-termiste est une politique très risquée qui peut tuer l’entreprise et cela n’intéresse pas les institutions comme les fonds de pensions.
* '' Interdire la spéculation alimentaire a le même effet sur la société que d'empêcher les écureuils d'amasser des noisettes pour l'hiver - cela conduit à la famine. '' ([[Walter Block]], ''Défendre les indéfendables'')


==Conclusion==
*'' En « profitant », par « égoïsme », des opportunités « d'enrichissement personnel » qui se présentent à lui, en achetant le bien ou l'actif lorsqu'il est excessivement bon marché (donc peu demandé et fortement offert) et en le revendant lorsque son prix atteint des sommets (et qu'il est devenu très demandé et peu offert), le spéculateur agit comme un régulateur naturel, plus efficace qu'aucun gouvernement ne saura jamais l'être. En aplanissant les fluctuations des prix, il réalise une action éminemment vertueuse : il permet de stocker les biens pendant l'abondance, et de les distribuer lors de pénuries. Des vaches grasses puis des vaches maigres : tel est le monde sans les spéculateurs. Amenant de la chaleur quand il fait froid, et du froid quand il fait chaud, son action est sans doute bien plus bénéfique pour la société et l'état de l‘économie qu'il n'en avait eu initialement l'intention. Aucune pression gouvernementale ne le pousse à agir ainsi pour le bien commun. La Main invisible seule l'y conduit.'' ([[Benoît Malbranque]], ''[[Libres !|Libres ! 100 idées, 100 auteurs]]'')


La finance et les spéculateurs jouent un rôle très bénéfique. La globalisation, la recherche de rentabilité, le contrôle financier a priori des entreprises résulte d’une demande des populations occidentales : le refus des risques qui se traduit par les Etats providence et la recherche d’investissements à fort ratio gain/risque. Ce n’est pas un problème inhérent aux marchés financiers. La conséquence tragique de cette illusion consistant à croire que l’on peut s’affranchir des risques est d’en créer de nouveaux : le chômage, les délocalisations, des emplois fragiles et stressants puisque la pression sur les salariés, pour qu’ils soient compétitifs, est forte …
== Informations complémentaires ==


Vouloir se prémunir contre ces nouveaux risques en demandant plus d’Etat, plus de réglementations c’est persévérer dans l’illusion et accroître les problèmes au-lieu de les résoudre.
=== Notes et références ===
{{références}}


Aussi, la prochaine fois que vous entendrez un bobo critiquer les spéculateurs et se plaindre qu’en raison de la spéculation boursière un petit nombre de maîtres du monde est en train de prendre le contrôle de toutes les entreprises, vous saurez quoi répondre. Je ne plaisante pas … cela m’est arrivé d’entendre ça.
=== Bibliographie ===
 
* [[1964]]. [[Percy L. Greaves]]. [https://fee.org/articles/why-speculators/ Why Speculators]. ''[[The Freeman]]'', November, Vol 14, n°11.
** Repris en [[1975]], [http://mises.org/books/reader.pdf#page=105 Why Speculators], In: [[Bettina Bien Greaves]], dir., [http://mises.org/books/reader.pdf Free market economics : a basic reader], Irvington-on-Hudson, N.Y. : Foundation for Economic Education, p. 94-98.
 
* [[1974]]. [[John A. Sparks]], [https://fee.org/articles/those-fellows-with-black-hats-the-speculators/ "Those Fellows with Black Hats: The Speculators"], [[The Freeman]], August, vol 24, n°8, pp478-489
 
* [[1993]]. [[Walter Block]]. «&nbsp;Le spéculateur&nbsp;». In ''Défendre les indéfendables'', p. 180-183. Paris&nbsp;: Les Belles Lettres. {{ISBN|2-251-44012-7}} {{présentation en ligne|lien=http://www.lesbelleslettres.com/livre/?GCOI=22510100450050}}
 
* [[1996]], Victor Niederhoffer, [https://cdn.mises.org/The%20Freeman%201996_2.pdf "A Speculator Talks About Free Markets. The vital role of the speculator in balancing supply and demand"], [[The Freeman]], June, Vol 46, n°6, pp436-438
 
* [[2007]].
** Arnaud Bouyer. ''Les fonds d'investissement sont-ils... des prédateurs ?'' Paris&nbsp;: JC Lattès. {{ISBN|270962981X}}
** [[Jim Cox]]. «&nbsp;Speculators&nbsp;». In ''The Concise Guide To Economics'', 3<sup>rd</sup> ed., p. 41-43. Auburn, AL&nbsp;: [[Mises Institute|Ludwig von Mises Institute]]. {{ISBN|978-1-933550-15-2}} {{lire en ligne|lien=https://mises.org/library/concise-guide-economics}}
 
* [[2008]]. [[Jean-Yves Naudet]]. «&nbsp;[[:ca:Jean-Yves_Naudet:_En_défense_des_spéculateurs|En défense des spéculateurs]]&nbsp;». ''La Nouvelle Lettre'', 13 mai 2008.
 
* [[2012]], [[Tyler Watts]], [https://fee.org/media/4155/fee-june-text.pdf "Speculators Are to Blame for High Gas Prices? It Just Ain’t So!"], [[The Freeman]], June, Vol 62, n°5, pp6-7
 
== Liens externes ==
* {{fr}}[http://www.quebecoislibre.org/08/080815-3.htm La hausse des prix du pétrole est-elle liée à la spéculation ?], par [[Erwan Queinnec]], ''[[Le Québécois Libre]]'', n° 258 (15 août 2008).
* {{fr}}[https://www.contrepoints.org/2011/11/23/56956-vive-la-speculation Vive la spéculation !], par [[Juan Ramón Rallo]], ''[[Contrepoints]]''
* {{fr}}[https://www.contrepoints.org/?p=76617 Cliché du socialisme : La spéculation devrait être déclarée hors la loi] ''[[Contrepoints]]'', 30/04/2012.
* {{fr}}[http://archives.contrepoints.org/spip.php?page=article&id_article=1116 Imbécile chasse aux "spéculateurs"], [[Alexandre Delaigue]]
* {{fr}}{{pdf}}[http://www.24hgold.com/24hpmdata/articles/pdf/010120070133299.pdf Mieux que leur réputation], Walter Block explique pourquoi la spéculation peut être bénéfique pour la société.
* {{en}}[http://mises.org/daily/4466/Defending-the-Speculator Defending the Speculator], par [[Walter Block]], ''[[Mises Institute|Mises Daily]]''
* {{en}}[http://mises.org/daily/320/Speculation Speculation], ''[[Mises Institute|Mises Daily]]''
 
=== Articles connexes ===
* [[Capitalisme financier]]
* [[Taxe Tobin]]
* [[Produit dérivé]]
* [[Investissement contrarien]]


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Définition de la spéculation

La spéculation en économie, souvent utilisée avec une connotation péjorative, désigne généralement « l'activité consistant à tirer profit par anticipation de l'évolution à court, moyen ou long terme du niveau général des prix ou d'un prix particulier en vue d'en retirer une plus-value ou un bénéfice ». La spéculation consiste donc à prendre aujourd'hui des décisions économiques sur la base d'un état économique futur et hypothétique : l'anticipation d'un changement imminent du prix en vigueur. Le spéculateur accepte de porter un risque élevé dans l'espoir d'une rémunération possiblement élevée elle aussi.

Dans le langage courant, les spéculateurs seraient des profiteurs tenaces et ingénieux, réalisant d'insolents profits ou prenant le contrôle d'entreprises sur une simple opération boursière. Figure honnie, ils incarnent pourtant une des fonctionnement hautement importantes pour le bon fonctionnement d'une économie de marché et bénéfique in fine à tous.

Le rôle du spéculateur

Le principal intérêt du spéculateur est d'anticiper et de profiter des fluctuations de l'état futur du marché, même si cette connaissance de l'avenir reste imparfaite et particulièrement difficile. Pour ce faire, il existe deux types d'actes jugés spéculatifs :

  • un qui consiste à acheter une « marchandise » à bas prix aujourd'hui, et la revendre lorsque les prix seront assez élevés demain, permettant de dégager un bénéfice.
  • l'autre, la vente à découvert, consiste à vendre un titre pour le racheter plus tard moins cjer, en profitant de sa baisse entre temps pour encaisser un bénéfice. Souvent (injustement) critiquée, la vente à découvert (« short sale ») est souvent limitée. Très risquée, elle peut aboutir à des situations de pertes catastrophiques pour le spéculateur, comme dans le cas Gamestop

On peut distinguer différents types de spéculateurs : le suiveur de tendance, le scalpeur, le spéculateur de long terme (swinger), le spéculateur de court terme (day trader), le contrarian qui va à contre-courant, etc. Ce dernier parie sur une baisse quand tout le monde parie sur une hausse. Cela implique de sa part une vigilance sur les points de retournements du cycle et un money management très sérieux. Car, le plus souvent, le spéculateur de court terme (excepté le scalpeur) va perdre. Mais, ces pertes sont minimes. Un bon trader sait couper ses pertes et il laisse courir ses gains. Donc, un spéculateur qui réussit est celui qui ne gagne pas souvent mais lorsqu'il le fait, il établit un ratio de gain élevé de 1 pour 2, voire de 1 pour 3. Sa marge bénéficiaire provient de la bonne gestion de son capital (equity). Le public, impressionné par les réussites en bourse, se focalise souvent sur la publicité des gros gains à l'image de la réception du premier prix d'une loterie. Mais, ce public oublie que pour chaque gros gain, il y a de nombreuses petites pertes. Personne ne plaint le spéculateur perdant, ruiné ou décédé, mais tout le monde crie haro sur le gagnant !

Le profit fait, par ce type de spéculateur, est le prix de l'incertitude, c'est à dire une récompense pour avoir osé prendre des risques que personne ne voulait prendre dans un avenir incertain. Puisque l'avenir est inconnu, aucune probabilité ne peut être calculée sur une chance de réussite proportionnelle à l'ensemble des résultats finaux possibles, c'est la raison pour laquelle les économistes parlent d'incertitude et non de risque dans ce cas-là.

La spéculation est bénéfique car cela permet de corriger des estimations qui sont incorrectes et qui résultent d’un comportement moutonnier. Quand de nombreux intervenants se contentent de façon hasardeuse, pour estimer le futur, du seul prix de marché et agissent uniquement en fonction de l’évolution de ce prix, alors les fluctuations ont tendance à être amplifiées. Le prix monte, alors la masse achète, ce qui provoque une hausse du prix. Le spéculateur permet de stabiliser les fluctuations.

Le spéculateur permet aussi, en prenant des risques que personne n'ose prendre, d’assurer certaines aventures industrielles qui n’auraient pas pu avoir lieu autrement.

John Maynard Keynes, considéré par certains libéraux, comme leur ennemi n°1, fut un grand spéculateur. Dans les années 1930, il fit fortune en spéculant sur la bourse de Londres. A l'époque, Londres était déjà une grande place financière mondiale[1]. Dans ses analyses boursières, John Maynard Keynes ne s'appuyait cependant pas sur ses théories économiques mais sur la théorie de la psychologie des foules. Il avait une attitude assez cynique vis à vis du peuple qui se traduit par cet extrait, dans son livre de la "théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie", publié en 1936.

"La plupart des investisseurs et spéculateurs professionnels s'occupent moins de faire des prévisions précises à long terme que de prévoir peu de temps avant le grand public les changements à venir de la base conventionnelle d'évaluation. En fait, l'objet inavoué de l'investissement éclairé est de voler le départ, comme le disent si bien les américains, d'être plus malins que le public et de passer la pièce fausse ou dépréciée au voisin."[2]

L'argument de sa réussite est assez scandaleux sur le plan éthique. On ne peut pas lui faire le reproche qu'il est fondamental pour le spéculateur ou l'investisseur de trouver un co-échangiste (à la hausse ou à la baisse) selon les cas afin de réaliser un bénéfice. Le profit du spéculateur provient du fait qu'il a la possibilité de trouver sur le marché, à deux reprises, des co-échangeurs qui ont une évaluation subjective différente de la sienne. Cependant, il est choquant de présenter le spéculateur comme un "voleur" (de départ, donc un tricheur puisqu'il ne respecte pas les règles communes qui sont nécessaires dans une compétition (Il est anormal, dans une compétition sportive, par exemple qu'un sprinter démarre avant le signal du starter). Mais, il y a aussi une vision assez perfide et assez hautaine, vis à vis du grand public, sans doute moins bien informé que les traders professionnels. Le message que nous fait passer John Maynard Keynes est que le succès des traders professionnels provient de l'infortune de quelques "gogos" amateurs qui osent s'aventurer sur les marchés financiers, et qui, moins bien informés, perdent tout leur argent.

Pour les libéraux, un marché financier juste est un marché où les bigs players (banques centrales, institutions financières) n'influencent pas les cours à leur profit au détriment de la masse. Dans un sens libéral, un spéculateur est un co-échangeur, qui souhaite obtenir des flux de revenus futurs sans avoir à l'esprit qu'il s'agit là d'un jeu à somme nulle où ses gains représentent des pertes de son co-échangeur. L'accès aux marchés financiers doit être le plus souple et ouvert possible, comme sur le FOREX, avec une accessibilité en fonction des moyens modestes de chacun. La réussite du spéculateur n'est pas orientée vers la perte de quelqu'un d'autre mais par une imagination de son propre futur gain.

Le spéculateur en bourse, c'est chacun d'entre nous

Contrairement au discours communiste qui oppose de manière irréductible actionnaires et travailleurs, la frontière entre l'investisseur en bourse et l'individu lambda est extrêmement fine. Par le mécanisme des fonds de pension dans certains pays, ou tout simplement de la retraite par capitalisation, une large part des travailleurs sont aussi actionnaires, parfois de leur entreprise. Ceux qui bénéficient in fine de la bonne ou mauvaise santé des marchés boursiers ne sont pas juste de théoriques milliardaires avec un cigare, mais chacun d'entre nous : meilleure performance directe des placements financiers, meilleures rentrées financières pour les pouvoirs publics, etc.

Autres regards libéraux

Les libéraux rappellent que la spéculation a pour effet principal de réduire les écarts entre les évaluations d'un même bien par des acteurs différents. Par exemple, spéculer sur la pénurie d'un bien consiste à acheter ce bien aujourd'hui pour le revendre demain plus cher, ce qui a pour effet de pousser à la hausse le prix actuel du bien, et donc de pousser à une augmentation de la production, et d'augmenter les quantités disponibles dans le futur, donc d'en baisser le prix tout en atténuant la pénurie prévue. Autrement dit, toute spéculation tend à éliminer les motifs mêmes de cette spéculation. C'est la notion à la base même de la théorie financière moderne avec l'absence d'arbitrages. Cette analyse ne repose nullement sur l'hypothèse du marché « pur et parfait », les mécanismes décrits pouvant jouer sans que le système atteigne jamais l'équilibre.

Philippe Manière va plus loin dans la défense de la spéculation d'un point de vue libéral, en écrivant dans L'aveuglement français que le spéculateur ne peut gagner que s'il y a des faiblesses déjà existantes dans l'économie du pays qu'il ne fait que révéler. Autrement formulé, l'action du spéculateur (sur les monnaies dans l'exemple cité) n'est pas un déséquilibre du marché mais au contraire un rééquilibrage du cours à sa juste valeur. Et Manière de rappeler que Soros perdit presque autant d'argent en misant à tort contre le franc en 1992 qu'il n'en gagna en misant à raison contre la livre[3].

Le spéculateur ne fait que mettre à jour les failles (ou les forces) d'une économie : s'il gagne, c'est que l'économie lui a donné raison ; s'il perd, tant pis pour lui (c'est son argent). Mais une telle évidence est trop simple pour le politicien, qui cherche à renverser les responsabilités : pour lui, le vrai coupable n'est pas le surendetté, mais son créancier ; pas la mauvaise politique, mais celui qui se permet de spéculer sur ses résultats prévisibles ; pas la dépense étatique, mais l'austérité et la rigueur. Le spéculateur est le bouc émissaire parfait, tout comme l'était le "financier juif" dans les années 1930 : il est sans visage, supposément très riche, et il a l'impertinence de révéler nos erreurs et notre impéritie, voire de parier contre nos intérêts.

Existe-t-il une "mauvaise" spéculation ?

Les manipulations de marchés, le "shadow banking", la vente à découvert, etc. favorisent une forme de spéculation. Ce n'est que dans la mesure où de telles pratiques visent à tromper les autres investisseurs qu'elles ont un caractère frauduleux et c'est aux organisateurs des marchés de les interdire a priori par contrat et aux juges de les punir a posteriori. Autrement, il appartient aux autres investisseurs, qui n'en sont pas moins des spéculateurs, de ne pas se laisser tromper.

La cause principale d'une spéculation malsaine est la création monétaire ex nihilo, issue de l'action de la banque centrale, qui engendre des "bulles spéculatives" et des distorsions artificielles sur les marchés :

Les banques centrales sont des gardiens pyromanes qui alimentent le feu de la spéculation par leur politique monétaire. (Philippe Simonnot)

Les éléments spéculatifs et créatifs dans l'entrepreneuriat

Le rôle des éléments spéculatifs et créatifs dans l'entrepreneuriat est d'une importance cruciale pour comprendre la dynamique du marché et les moteurs de l'innovation économique. Ces deux aspects jouent un rôle fondamental dans la formation et la saisie des opportunités entrepreneuriales et sont souvent étroitement liés dans le processus entrepreneurial.

D'une part, l'élément spéculatif est une caractéristique inhérente à l'entrepreneuriat. Les entrepreneurs sont confrontés à des situations d'incertitude et d'ambiguïté, car ils prennent des décisions concernant des événements futurs qui ne peuvent pas être parfaitement anticipés. Ils parient sur des résultats incertains et prennent des risques calculés pour tirer parti d'opportunités potentielles. Cet aspect spéculatif est essentiel car il motive les entrepreneurs à explorer de nouvelles voies et à se lancer dans des projets innovants malgré l'incertitude inhérente à l'avenir.

L'élément spéculatif de l'entrepreneuriat se manifeste dans la recherche de nouvelles opportunités de profit, qu'elles soient créées par des innovations radicales (à la Schumpeter) ou par la détection d'inefficacités de marché existantes (à la Kirzner). Les entrepreneurs spéculent sur les tendances du marché, les comportements des consommateurs, les évolutions technologiques et les changements réglementaires pour anticiper les opportunités de profit.

D'autre part, l'élément créatif est une caractéristique distinctive des entrepreneurs innovants. Ils sont capables de générer de nouvelles idées, de repenser les modèles d'affaires existants et de développer des produits ou services novateurs. La créativité entrepreneuriale peut conduire à des innovations de rupture qui transforment complètement les industries et créent de nouvelles niches de marché. Ces innovations peuvent être des réponses à des besoins non satisfaits ou des opportunités jusqu'alors inexploitées.

La créativité des entrepreneurs peut être nourrie par leur capacité à voir des opportunités là où d'autres ne le font pas. Ils ont une vision différente du monde, qui leur permet de remettre en question le statu quo et de chercher des solutions innovantes aux problèmes. Cette capacité créative est essentielle pour rester compétitif sur le marché et continuer à saisir de nouvelles opportunités à mesure qu'elles émergent.

Dans la réalité, les éléments spéculatifs et créatifs de l'entrepreneuriat ne sont pas mutuellement exclusifs. Au contraire, ils se complètent souvent. Les entrepreneurs créatifs peuvent avoir une approche spéculative pour évaluer le potentiel de leurs idées novatrices sur le marché. D'autre part, les entrepreneurs spéculatifs peuvent rechercher des opportunités de profit en explorant de nouvelles voies ou en s'adaptant aux changements du marché.

Enfin, il est important de noter que l'équilibre entre les éléments spéculatifs et créatifs peut varier en fonction du type d'entrepreneur, du secteur d'activité et du contexte économique. Certains entrepreneurs peuvent avoir une propension plus marquée pour l'innovation et la créativité, tandis que d'autres peuvent être plus axés sur l'exploitation opportuniste d'inefficacités du marché.

En conclusion, les éléments spéculatifs et créatifs sont tous deux essentiels à la dynamique de l'entrepreneuriat. Ils alimentent l'innovation, la croissance économique et l'adaptation aux changements du marché. Les entrepreneurs prospères sont souvent ceux qui parviennent à équilibrer habilement ces deux aspects pour exploiter de nouvelles opportunités tout en gérant les risques liés à l'incertitude.

Les opportunités de profit existent dans le monde réel dans un sens spéculatif

L'existence des opportunités de profit dans le sens spéculatif est une notion centrale dans la théorie entrepreneuriale de Kirzner. Selon Kirzner, les opportunités de profit existent dans le monde réel, mais d'une manière spéculative, ce qui signifie qu'elles ne sont pas encore réalisées, mais qu'elles sont potentiellement possibles et latentes. Ces opportunités sont souvent cachées aux yeux des acteurs du marché, mais elles peuvent être découvertes et saisies par les entrepreneurs avertis qui veut dire vigilants.

Pour comprendre cette idée, il faut reconnaître que les marchés réels sont rarement en équilibre parfait. Il y a souvent des déséquilibres dans les prix des facteurs de production et des produits finaux, des asymétries d'information et des inefficiences qui créent des ouvertures pour des profits économiques. Ces opportunités de profit peuvent résulter de changements dans les préférences des consommateurs, de l'émergence de nouvelles technologies, de l'évolution de la demande ou de l'offre de ressources, ou de tout autre changement qui perturbe l'équilibre du marché.

Cependant, ces opportunités de profit ne sont pas toujours évidentes ou immédiatement réalisables. Elles sont souvent voilées par l'incertitude et l'asymétrie d'information qui caractérisent le monde réel. Les entrepreneurs vigilants, grâce à leur vigilance et leur capacité à percevoir au-delà des apparences, sont ceux qui peuvent identifier ces opportunités potentielles et les transformer en opportunités réelles.

Il est important de noter que les opportunités de profit ne sont pas préexistantes à leur découverte. Elles n'attendent pas d'être trouvées comme des trésors cachés. Au lieu de cela, elles émergent de l'interaction humaine dans le domaine économique. Une opportunité de profit est en quelque sorte déjà présente, mais elle doit être activée par l'action entrepreneuriale. L'entrepreneur vigilant voit la possibilité d'acheter à un certain prix et de vendre à un autre prix, créant ainsi une opportunité de réaliser un bénéfice économique.

En ce sens, les opportunités de profit existent maintenant, même si elles ne se concrétiseront pleinement que dans le futur. Pour l'entrepreneur averti, l'opportunité est réelle dans le sens où il a la conviction que cela pourrait devenir une réalité lucrative dans un avenir proche ou lointain. C'est cette perception de l'opportunité qui motive l'action entrepreneuriale.

L'importance des opportunités de profit dans le processus économique est cruciale. Les entrepreneurs qui saisissent ces opportunités créent de la valeur économique en exploitant les ressources disponibles de manière innovante et en comblant les écarts du marché. Cela contribue à la dynamique du capitalisme en stimulant la concurrence, en favorisant l'efficacité des ressources et en stimulant la croissance économique.

En résumé, les opportunités de profit existent dans le monde réel dans un sens spéculatif, attendant d'être découvertes et exploitées par des entrepreneurs avertis. C'est cette perception de l'opportunité qui motive l'entrepreneur à agir et à contribuer au progrès économique et à l'innovation. La reconnaissance de ces opportunités latentes est une caractéristique distinctive de la théorie entrepreneuriale de Kirzner, qui met en lumière le rôle crucial de la vigilance et de la perception dans le processus de marché.

Citations

  • « II est trop facile de dénoncer les spéculateurs. Le spéculateur par définition s'efforce de vendre plus cher qu'il n'a acheté, mais le principe même de l'économie décentralisée est de faire passer les biens dans les mains de ceux qui sont capables de leur donner la plus grande valeur. La démagogie conduit à ne considérer que ceux qui gagnent et à négliger tous ceux qui perdent. Dans la société d'aujourd'hui, les spéculateurs deviennent les boucs émissaires d'une mauvaise plitique dont les gouvernements sont responsables. » (Maurice Allais, Le Figaro du 23 novembre 1975)
  • « Je suis en train de travailler à un roman, L’Argent… Je prendrai comme position que la spéculation est une bonne chose, sans laquelle les grandes industries du monde s’éteindraient, tout comme la population s’éteindrait sans la passion sexuelle. » (Émile Zola)
  • « Trading » : activité nuisible socialement et moralement d’après les gens qui n’ont jamais rien compris ni à l’économie ni aux marchés, mais qui peut être assez rentable pour ceux qui ont ce talent. (Charles Gave)
  • « Soutenir que les spéculateurs rendent un vrai service, ce n’est pas politiquement correct, mais c’est scientifiquement prouvé. » (Jean-Yves Naudet)
  • Il y a une spéculation utile, celle de ceux qui prennent des risques calculés, à la place des autres, avec leur propre argent, jouant un rôle d’assureur. Par contraste, il y a la mauvaise spéculation, celle des bulles artificielles, quand l’argent coule à flot des banques centrales et permet n’importe quelle fantaisie, en perturbant tous les indicateurs, à commencer par les taux d’intérêt. (Jean-Yves Naudet)
  • Agir est toujours une spéculation. Cela vaut non seulement pour ce qui concerne une économie de marché, mais tout autant pour Robinson Crusoé l'imaginaire acteur isolé, et dans les conditions d'une économie socialiste. (Ludwig von Mises, L'Action humaine)
  • Il n'existe pas d'investissement non spéculatif. Les investissements peuvent être bons ou mauvais, mais ils sont toujours spéculatifs. Dans une économie fluide, toute action comporte de la spéculation. Un changement fondamental dans la situation peut faire que des investissements communément considérés comme parfaitement sûrs deviennent de mauvais investissements. (Ludwig von Mises)
  • La spéculation est au cœur de l’action humaine. L’opposition à la spéculation, de ce fait, est une opposition à l’action humaine. (Walter Block)
  • Interdire la spéculation alimentaire a le même effet sur la société que d'empêcher les écureuils d'amasser des noisettes pour l'hiver - cela conduit à la famine. (Walter Block, Défendre les indéfendables)
  • En « profitant », par « égoïsme », des opportunités « d'enrichissement personnel » qui se présentent à lui, en achetant le bien ou l'actif lorsqu'il est excessivement bon marché (donc peu demandé et fortement offert) et en le revendant lorsque son prix atteint des sommets (et qu'il est devenu très demandé et peu offert), le spéculateur agit comme un régulateur naturel, plus efficace qu'aucun gouvernement ne saura jamais l'être. En aplanissant les fluctuations des prix, il réalise une action éminemment vertueuse : il permet de stocker les biens pendant l'abondance, et de les distribuer lors de pénuries. Des vaches grasses puis des vaches maigres : tel est le monde sans les spéculateurs. Amenant de la chaleur quand il fait froid, et du froid quand il fait chaud, son action est sans doute bien plus bénéfique pour la société et l'état de l‘économie qu'il n'en avait eu initialement l'intention. Aucune pression gouvernementale ne le pousse à agir ainsi pour le bien commun. La Main invisible seule l'y conduit. (Benoît Malbranque, Libres ! 100 idées, 100 auteurs)

Informations complémentaires

Notes et références

  1. Les anglais n'ont pas attendu Margaret Thatcher pour être une nation ouverte sur le monde. Mais, les clichés sont durs car il est bon ton de faire croire que la crise actuelle est une crise due aux développement de la finance.
  2. cité par Thami Kabbaj, 2008, "Maîtriser l'analyse technique", Eyrolles, p8
  3. Philippe Manière, L'aveuglement français, Stock, p.157-161.

Bibliographie

  • 1993. Walter Block. « Le spéculateur ». In Défendre les indéfendables, p. 180-183. Paris : Les Belles Lettres. (ISBN 2-251-44012-7) [prés. en ligne]
  • 2007.
    • Arnaud Bouyer. Les fonds d'investissement sont-ils... des prédateurs ? Paris : JC Lattès. (ISBN 270962981X)
    • Jim Cox. « Speculators ». In The Concise Guide To Economics, 3rd ed., p. 41-43. Auburn, AL : Ludwig von Mises Institute. (ISBN 978-1-933550-15-2) [lire en ligne]

Liens externes

Articles connexes


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