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« Les Échos » : différence entre les versions

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"Les Echos" est un journal français bien connu dont l'impact sur le paysage médiatique et économique français est digne d'une analyse approfondie. Son rôle en tant que source d'informations économiques et financières de premier plan ne peut être sous-estimé. Il est important de revenir sur les origines du journal et ses premières années de publication qui revêtent une certaine particularité. Par la suite, il a rapidement adopté un format hebdomadaire. L'ère de la famille Beytout, marquée par une croissance commerciale notable et une innovation éditoriale, mérite également d'être mentionnée. De plus, l'intégration des "Echos" au sein du groupe DI et son influence sur le journal ont eu un impact significatif sur son développement. En outre, "Les Echos" ont su s'adapter aux médias numériques et aux avancées technologiques, ce qui leur permet d'élargir leur lectorat.
{{Infobox Revue
| titre                    = Les Échos
| image                    = [[Fichier:Les echos (logo).svg|180px]]
| directeur de publication =
| Tendance                = Presse économique
| pays                    = {{France}}
| fréquence                = Quotidien
| période                  = depuis [[1908]]
| RSS                      = 0153-4831
| web                      = [https://www.lesechos.fr/ Site du journal]
| ISSN                    =
}}
'''''Les Échos''''' est le quotidien de référence en [[France]] dans la presse économique et financière et occupe une place centrale et indéniable dans le paysage [[média]]tique français. Son expertise inégalée en matière d'[[économie]] et d'affaires en fait une référence incontournable pour les acteurs économiques et les décideurs [[politique]]s. Fondé en [[1908]], le titre de presse s'est rapidement développé, sous la houlette de plusieurs [[entrepreneur]]s dont les frères Schreiber, [[Jacqueline Beytout|Jacqueline]] et Nicolas Beytout. Il fait aujourd'hui partie du groupe LMVH de [[Bernard Arnault]]. Régulièrement arrêté puis repris, il n'a depuis « jamais cessé de se réinventer », pour choisir la formule de l'historien des entreprises, Tristan Gaston-Breton<ref>Tristan Gaston-Breton, [https://www.lesechos.fr/2018/10/un-media-qui-na-cesse-de-se-reinventer-1121158 "Un média qui n'a cessé de se réinventer"], Les Échos, publié sur le site les Échos.fr le 12 octobre [[2018]], mis à jour le 6 août [[2019]] et consulté le 13 juin [[2023]]</ref>.


= Importance du journal dans le paysage médiatique français =
== Historique du journal ''Les Échos'' ==
Le journal naît comme un bulletin d'information intitulé ''Les Échos de l'exportation'' le [[2 avril]] [[1908]] (premier numéro), sous la direction de Robert Schreiber. La famille Schreiber est active dans l'importation de produits d'Europe centrale. Cette initiative audacieuse vise à répondre à la demande croissante d'informations économiques et financières fiables au sein de la société française mais cette [[motivation entrepreneuriale]] permet aussi de faire la promotion de l'activité première de la société.


Au départ, il s'agissait d'un bulletin d'information. Mais, l'histoire du journal, Les Echos, montre qu'il n'a jamais cessé de se réinventer, pour choisir la formule de l'historien des entreprises, Tristan Gaston-Breton<ref>Tristan Gaston-Breton, [https://www.lesechos.fr/2018/10/un-media-qui-na-cesse-de-se-reinventer-1121158 "Un média qui n'a cessé de se réinventer"], Les Echos, publié sur le site les Echos.fr le 12 octobre [[2018]], mis à jour le 6 août [[2019]] et consulté le 13 juin [[2023]]</ref>.
Initialement installé dans le X<sup>e</sup> arrondissement de [[Paris]], rue des Petites-Écuries, il déménage rapidement rue Martel dans le même arrondissement. Le titre tire alors à quelques milliers d'exemplaires (1000 pour son premier numéro). De 4 pages, il passe à 16 en 1910 (bi-mensuel), puis rapidement à 18. À travers ses colonnes, le journal exprime une position ferme en faveur de la défense des intérêts économiques et fiscaux, contribuant ainsi à façonner les débats de l'époque. Ainsi, il s'engage activement dans le débat public en menant une lutte acharnée contre ce qu'il considère comme une « inquisition fiscale » alors que le débat sur la création d'un [[impôt sur le revenu]] se fait plus pressant. La croissance rapide de ses ventes témoigne de l'attrait et de l'impact du journal dans le paysage médiatique français : dès 1913, le titre devient un hebdomadaire et tire à 5000 exemplaires.  


A. Présentation générale de "Les Echos"
Les deux frères Robert Schreiber (à la technique et au commercial) et Émile Schreiber (à l'éditorial), façonnent le journal. Émile, sous le pseudonyme de Jean Riflard, assume la rédaction de la grande majorité des articles.


"Les Echos" est un journal français fondé en [[1908]] par Robert Schreiber, Installé Rue des Petites-Ecuries, à Paris<ref>Après la première guerre mondiale, il déménagera au 4, rue Martel, dans le 10e arrondissement. En [[1934]], "Les Echos" a inauguré ses nouveaux locaux situés au numéro 37 des Champs-Élysées. Ce déménagement marque une étape importante dans l'histoire du journal, témoignant de sa croissance et de son développement continu. Les nouveaux locaux offrent un espace moderne et fonctionnel pour les équipes de rédaction, les journalistes et le personnel administratif, leur permettant de travailler de manière efficace et de répondre aux exigences croissantes de la production quotidienne du journal. L'emplacement prestigieux sur les Champs-Élysées reflète également le statut des "Echos" en tant que publication majeure dans le paysage médiatique français.</ref>. Depuis plus d'un siècle, il s'est imposé comme un acteur incontournable de l'information économique et financière en France. Quotidien de référence, il offre une couverture exhaustive des actualités nationales et internationales liées aux affaires, à l'économie, à la finance et aux entreprises.
Si le journal est interrompu pendant la [[Première Guerre mondiale]], il reprend rapidement ensuite. Les fondateurs, Émile et Robert Schreiber, le relancent en mai 1919 avec une vision claire : fournir des informations économiques et financières fiables aux lecteurs. À cette occasion, le journal opte pour un changement de nom pour devenir simplement ''Les Échos'', illustration des ambitions grandissantes du journal, qui ne couvre plus uniquement les sujets d'[[Commerce international|exportations]]. Pour renforcer son contenu et sa capacité à fournir des informations approfondies, ''Les Échos'' recrute Georges Tanny en tant que premier journaliste du journal. Cette embauche marque un tournant majeur dans l'histoire du journal, d'un titre écrit par ses deux propriétaires à un journal professionnel doté d'une équipe éditoriale complète.  


Le journal a acquis une solide réputation en tant que source d'informations fiables, précises et pertinentes dans le domaine économique. Son lectorat se compose principalement de professionnels, de décideurs du monde des affaires et d'investisseurs qui comptent sur "Les Echos" pour rester informés des derniers développements économiques et prendre des décisions éclairées.
Pendant l'entre-deux-guerres, ''Les Échos'' connait initialement une période prospère et bénéficie de la dynamique économique favorable de l'époque pour consolider sa place. En [[1925]], le journal se diversifie avec un nouveau supplément intitulé ''Les Échos des industries d'art'', et lance de nouveaux services, juridiques ou dans la réservation d'hôtellerie d'affaires. L'activité [[publicité|publicitaire]] se développe fortement sous la houlette de Robert Schreiber. Le journal devient un quotidien dès [[1928]]. La [[Grande Dépression]] le frappe cependant durement, et de nombreux projets ou éditions sont arrêtés pour se recentrer sur le quotidien. En 1937, ''Les Échos'' compte 7000 abonnés qui le reçoivent quotidiennement.


B. Importance du journal dans le paysage médiatique français
La [[Seconde Guerre mondiale]] frappe à nouveau le journal, qui s'interrompt de 1940 à 1944, après avoir été sabordé par les frères Schreiber qui le possèdent encore et craignent, à juste titre, que leurs origines [[judaïsme|juives]] ne les mettent en danger. Le journal est une fois de plus relancé en [[1944]],


"Les Echos" occupe une place centrale et indéniable dans le paysage médiatique français. Son expertise inégalée en matière d'économie et d'affaires en fait une référence incontournable pour les acteurs économiques, les décideurs politiques et les citoyens soucieux de comprendre les enjeux économiques nationaux et internationaux.
=== Une société longuement familiale ===
Journal porté par les frères Schreiber, ''Les Échos'' s'élargit rapidement à la famille Schreiber ; les enfants de Robert et d’Émile prennent part à l'activité du journal en rejoignant la société dans les années 1930. Cette nouvelle génération de la famille Schreiber, connue sous le nom de Servan-Schreiber depuis qu’Émile a ajouté ce pseudonyme à son nom en [[1952]], joue un rôle actif au sein de l'entreprise. Marie-Claire et Jean-Claude, les enfants de Robert Schreiber, contribuent activement au développement du journal. En 1948, le journal atteint les 30 000 exemplaires vendus chaque jour.


En tant que véritable institution de l'information économique, "Les Echos" joue un rôle clé dans la diffusion de l'information financière, l'analyse approfondie des marchés et des tendances économiques, ainsi que la mise en lumière des réussites entrepreneuriales et des défis auxquels font face les entreprises.
En 1953, Jean-Jacques Servan-Schreiber, connu sous le diminutif de JJSS, introduit une nouvelle initiative au sein des ''Échos'' en lançant un nouveau périodique axé sur la politique : ''L'Express''. Ce nouveau média bénéficie de la collaboration de Françoise Giroud, qui prend en charge le contenu éditorial, et de son cousin Jean-Claude, qui supervise l'administration de l'hebdomadaire. Dès 1955, ''Les Échos'' et ''L'Express'' décident de se séparer de manière amicale, alors que ''Les Échos'' n'a plus les moyens de financer l'aventure ''L'Express''. Les deux publications suivent des orientations éditoriales distinctes et prennent des directions différentes, l'un plus économique, l'autre nettement plus politique.


La qualité de son journalisme d'investigation, sa rigueur éditoriale et sa capacité à fournir des analyses éclairées font de "Les Echos" un pilier essentiel pour ceux qui recherchent des informations précises, impartiales et de haute qualité dans le domaine économique.
La culture d'entreprise familiale reste longtemps présente, avec la présence et la participation active des membres de la famille fondatrice dans la gestion et la direction du journal. Au fur et à mesure que les générations se succèdent, de nouvelles idées et perspectives s'ajoutent à la tradition établie, favorisant ainsi une évolution et une adaptation constantes. Cette culture familiale renforce l'engagement envers les valeurs fondamentales du journal et contribue à maintenir une continuité dans la vision éditoriale et le professionnalisme. Cette continuité est favorisée aussi par une grande continuité de la direction, autour de [[Jacques Rozner]] par exemple.


= Origines et premières années de publication =
À la fin des années 1950, Robert Schreiber quitte ses activités opérationnelles dans la société, ce qui laisse Émile Schreiber, son frère et cofondateur du journal, dans la position de président du conseil d'administration, tandis que Jean-Claude Servan-Schreiber, fils de Robert, occupe le poste de directeur général. Cette transition marque un face-à-face entre Émile et Jean-Claude, représentant deux générations de la famille Schreiber. En tant que président du conseil d'administration, Émile conserve une position de leadership et d'influence au sein de l'entreprise, tandis qu'en tant que directeur général, Jean-Claude est responsable de la gestion opérationnelle et stratégique.


"Les Echos" a fait preuve d'un fort engagement envers la qualité éditoriale et d'une volonté de répondre aux besoins spécifiques de son lectorat, ce qui a contribué à son succès précoce. Ces bases solides ont jeté les fondements d'une histoire riche et d'une influence durable au sein du paysage médiatique français.
Cette période de transition peut être considérée comme un moment clé dans la continuité de l'entreprise familiale et dans son adaptation. Émile et Jean-Claude apportent leurs perspectives et leurs compétences complémentaires pour guider ''Les Échos'' vers de nouveaux horizons, mais une brèche s'est créée entre les deux parties familiales. En octobre 1963, les actionnaires majoritaires se trouvent dans l'obligation de vendre le journal. Leur partage égal du capital, qui garantissait une parité entre les deux branches familiales et empêchait l'une de prendre l'avantage sur l'autre, ont produit un effet inverse où les dissension éditoriales les poussent à la vente par impossibilité d'un accord. La vente marque un tournant dans l'histoire de ''Les Échos'' et la fin de la gestion directe par la famille Schreiber.


A. Fondation de "Les Echos" en 1908 par Robert Schreiber
=== L'ère Beytout : essor commercial et innovation éditoriale ===


"Les Echos de l'exportation" voit le jour en [[1908]]<ref>Le premier numéro du bulletin mensuel, « Les Echos de l'exportation » sort le 2 avril [[1908]], Il est au format 20 x 27 cm et comporte 4 pages.</ref> sous la direction de Robert Schreiber<ref>Il dirige la société Schreiber, une entreprise d'import-export créée par son père. </ref>, qui joue un rôle essentiel dans la création et les débuts du journal. Son titre n'est pas étranger à l'activité principale de son éditeur, spécialisé dans l'importation<ref>La société Schreiber & Aronson, son éditeur, est une maison de commerce spécialisée dans l'importation de produits venus d'Europe centrale</ref>. Cette initiative audacieuse vise à répondre à la demande croissante d'informations économiques et financières fiables au sein de la société française<ref>En arrière plan, cette [[motivation entrepreneuriale]] permet aussi de faire la promotion de l'activité première de la société</ref>. Seize mois après son lancement, "Les Echos" affiche déjà une envergure notable, avec 16 pages au total, dont près d'un tiers est consacré à la publicité. Au début des années 1910, "Les Echos de l'exportation" poursuit son expansion en passant à 18 pages, offrant ainsi davantage d'espace pour informer ses lecteurs. Le journal se distingue également en approfondissant ses analyses et couvrant des sujets d'intérêt particulier. À travers ses colonnes, le journal exprime une position ferme en faveur de la défense des intérêts économiques et fiscaux, contribuant ainsi à façonner les débats de l'époque et qui demeurent des thèmes contemporains. Ainsi, il s'engage activement dans le débat public en menant une lutte acharnée contre ce qu'il considère comme une "inquisition fiscale". La croissance rapide de ses ventes témoigne de l'attrait et de l'impact du journal dans le paysage médiatique français.
Le journal est repris par Pierre et [[Jacqueline Beytout]] en octobre [[1963]]. Le couple inaugure une nouvelle phase de développement. Pierre Beytout, ancien dirigeant de l'entreprise [[Industrie textile|textile]] des Filatures de Betschdorf, devient le président du journal, tandis que Jacqueline Beytout joue un rôle essentiel dans l'histoire du journal en tant que directrice de la rédaction. Sous la direction des Beytout, ''Les Échos'' connait une période d'essor commercial et d'innovation éditoriale.


B. Collaboration avec la société Aronson
En tant que président des laboratoires Roussel, Pierre Beytout apporte son expertise en gestion d'entreprise et met en œuvre des stratégies visant à renforcer la position du journal. Soutenu par Jacqueline Beytout à la direction de la rédaction, Pierre Beytout parvient à consolider la réputation des ''Échos'' en tant qu'acteur majeur de l'information économique et financière en France. Grâce à leur vision stratégique et à leur engagement envers l'innovation, le journal connaît une augmentation des ventes et élargit son lectorat.


Robert Schreiber bénéficie du soutien précieux de son frère cadet, Emile Schreiber, qui, sous le pseudonyme de Jean Riflard, assume la rédaction de la grande majorité des articles. Cette collaboration étroite entre les deux frères permet à "Les Echos" de proposer un contenu rédactionnel riche et varié, offrant ainsi à ses lecteurs une perspective approfondie et informée sur les sujets économiques et financiers. La contribution d'Emile Schreiber, agissant en tant que Jean Riflard, joue un rôle essentiel dans l'établissement de la réputation éditoriale du journal, renforçant ainsi son influence et sa crédibilité dans le paysage médiatique de l'époque.
Pierre Beytout joue un rôle clé dans le développement commercial du journal, en mettant en place des initiatives pour attirer de nouveaux lecteurs tout en maintenant une exigence de qualité éditoriale. Cette période marque un tournant significatif dans l'histoire du journal, où l'impulsion de Pierre Beytout et son souci de l'[[innovation]] ont permis de renforcer sa position sur le marché de l'information économique. Grâce à sa présidence, ''Les Échos'' continue de prospérer et de se positionner comme une référence incontournable pour les acteurs économiques et les décideurs, le journal de référence de la presse écoomique sur le modèle d'un ''Wall Street Journal'' aux États-Unis, ou d'un ''Financial Times'' au [[Royaume-Uni]]. De nouveaux suppléments sont aussi introduits pour couvrir divers domaines économiques et financiers, offrant ainsi une perspective plus large et approfondie de l'actualité. Cette diversification de l'offre a permis au journal de toucher de nouveaux publics et d'élargir son lectorat.


Dès ses débuts, "Les Echos" bénéficie d'une étroite collaboration avec la société Schreiber & Aronson, une entreprise de services financiers. Ce partenariat apporte une expertise solide et une vision stratégique au journal, renforçant ainsi sa crédibilité et son influence dans le domaine de l'information économique.
[[Jacqueline Beytout]], en tant que directrice de la rédaction, incarnait pleinement les valeurs et les convictions du journal. Sous le pseudonyme de Favilla à partir du [[12 juin]] [[1974]]<ref>[https://www.lesechos.fr/2008/04/favilla-leditorial-maison-dabord-hebdomadaire-puis-quotidien-veut-defendre-des-valeurs-et-insuffler-des-innovations-1078258 Favilla : l'éditorial maison]</ref>, elle exprimait de manière franche et sans compromis la vision réformatrice et européenne des ''Échos''. Dans ses éditoriaux percutants, elle défend des principes « pro-business » et se fait l'avocate de l'[[économie de marché]].


C. Création du premier bulletin mensuel
Le [[29 octobre]] [[1963]] marque un tournant dans l'histoire des ''Échos'' avec la reprise de la moitié du capital du journal par Pierre et Jacqueline Beytout. Cette transaction concerne spécifiquement la part détenue par Émile Schreiber, l'un des membres fondateurs du journal. Dans les années qui suivent, le reste de la famille représenté par Robert Servan-Schreiber, cède également progressivement leurs actions, complétant ainsi la reprise totale du capital par les Beytout entre 1965 et 1970.


La création de son premier bulletin mensuel est une étape importante dans l'évolution du journal, "Les Echos". Cette publication régulière permet au journal de fournir des analyses approfondies, des rapports sectoriels et des perspectives économiques à ses lecteurs. Le bulletin mensuel gagne rapidement en popularité, consolidant ainsi la réputation du journal en tant que source précieuse d'informations pour les décideurs et les acteurs économiques.
Au cours de la période allant de 1963 à 1988, les ventes des ''Échos'' ont connu une croissance spectaculaire, passant de 43 000 exemplaires à plus de 96 700 exemplaires. Ce succès commercial remarquable est attribué en grande partie à la vision et à la stratégie de Jacqueline et Pierre Beytout, tandis que la popularité nouvelle de la [[bourse]] pour les Français aident à populariser ses sujets, et à élargir l'audience des ''Échos'', qui dépasse les 100 000 exemplaires dès 1989.  


"Les Echos" fait preuve d'un engagement fort envers la qualité éditoriale et d'une volonté de répondre aux besoins spécifiques de son lectorat, ce qui contribue à son succès précoce. Ces fondations solides posent les bases d'une histoire riche et d'une influence durable dans le paysage médiatique français.
En octobre 1986, Nicolas Beytout, le petit-fils de Pierre Beytout, est nommé rédacteur en chef du journal, marquant ainsi une nouvelle génération de [[leadership]] au sein de l'[[entreprise familiale]]. Sa nomination est rapidement suivie par sa promotion au poste de directeur de la rédaction. Il renouvelle le rédaction, tout en conservant l'engagement envers l'excellence journalistique et la ligne éditoriale distinctive des ''Échos''. Sous sa direction, le journal continue d'évoluer et de s'adapter aux nouveaux défis et aux opportunités offertes par les médias et les avancées technologiques. La société reste fortement familiale. Mais si Nicolas Beytout incarne la quatrième génération de la famille Beytout impliquée dans la direction du journal, Jacqueline Beytout s'inquiète sur le devenir du journal après sa mort et organise la suite en cédant le titre de presse au Groupe Pearson en [[1988]],


= Évolution d'un bulletin d'information mensuel vers un journal quotidien =
=== Pearson (1988 - 2007) ===
L'arrivée du groupe britannique se fait dans la douleur, le pouvoir politique en place (gouvernement Balladur) jouant de [[nationalisme économique]] pour pousser un acteur français, sans succès. Pearson, conglomérat britannique spécialisé dans l'édition et les médias, était déjà reconnu pour être le propriétaire du célèbre journal économique international ''Financial Times'' ainsi que de la maison d'édition Penguin Books. En tant que géant de l'édition, Pearson apporte son expertise et permet une accélération du développement des ''Échos'', qui gagne une stature internationale.


L'évolution du journal, "Les Echos", vers un journal hebdomadaire constitue une étape importante de son parcours historique. Cette section met en lumière les changements significatifs survenus dans la publication, qui ont contribué à renforcer sa position en tant que source d'informations économiques et financières de premier plan. Nous aborderons la transformation de "Les Echos de l'exportation" en hebdomadaire en 1913, les motivations derrière le changement de nom en 1919, ainsi que l'expansion de la portée et du lectorat du journal. Ces évolutions ont permis au journal, "Les Echos" de consolider sa réputation et d'accroître son influence dans le paysage médiatique français.
Le groupe prend le virage du numérique, avec un site internet, puis une application. Le titre continue aussi à développer de nouvelles éditions, dont ''Enjeux-Les Échos'' et des éditions spécialisées finance.  


A. Transformation de "Les Echos de l'exportation" en revue bimensuelle puis hebdomadaire puis quotidien
=== Acquisition par LVMH (2007 - ) ===
Le 5 novembre 2007, Pearson annonce la vente titre au groupe LVMH de [[Bernard Arnault]] pour 240 millions d'euros. C'est le début d'une nouvelle période pour le journal, avec une assise financière plus large. Le titre de presse conserve son indépendance éditoriale, même si le licenciement de Nicolas Barré en mars 2023 suscite des inquiétudes sur une implication possible directe de [[Bernard Arnault]]. Au quotidien ''Les Échos'', l’éviction de Nicolas Barré de la direction de la rédaction soulève l’incompréhension]</ref>.


En [[1910]], "Les Echos de l'exportation" franchit une étape importante en devenant un journal bimensuel. Sous cette nouvelle forme, le journal se positionne comme le "journal d'information pour le commerce et l'industrie". Cette évolution reflète l'ambition de fournir des informations pertinentes et spécialisées aux acteurs économiques, en mettant l'accent sur les enjeux du commerce et de l'industrie, tant au niveau national qu'international. Cette nouvelle orientation renforce la position du journal en tant que source d'informations privilégiée pour les professionnels et les entrepreneurs, contribuant ainsi à son développement et à son influence croissante dans le paysage médiatique de l'époque.
== Les Échos aujourd'hui ==


En [[1913]], "Les Echos de l'exportation" effectue une transition significative en devenant un journal hebdomadaire. Cette décision stratégique permet au journal de fournir des informations économiques de manière plus régulière et réactive, en suivant de près l'évolution des marchés nationaux et internationaux. La transformation en journal hebdomadaire consolide la position de "Les Echos" en tant que source d'informations incontournable pour les acteurs économiques et les décideurs.
Depuis plus d'un siècle, le journal s'est imposé comme un acteur incontournable de l'information économique et financière en France. Quotidien de référence, il offre une couverture exhaustive des actualités nationales et internationales liées aux affaires, à l'économie, à la finance et aux entreprises. Le journal a acquis une solide réputation en tant que source d'informations fiables, précises et pertinentes dans le domaine économique. Son lectorat se compose principalement de professionnels, de décideurs du monde des affaires et d'investisseurs qui souhaitent rester informés des derniers développements économiques.


En janvier [[1928]], "Les Echos" a franchi une nouvelle étape importante de son histoire en devenant un quotidien. Cette transition marquait une évolution significative dans la stratégie éditoriale du journal, lui permettant de fournir à ses lecteurs une couverture quotidienne des actualités économiques et financières. En passant d'une parution hebdomadaire à une publication quotidienne, "Les Echos" s'est affirmé comme une source d'informations incontournable pour les acteurs économiques, les décideurs politiques et les lecteurs intéressés par les développements économiques et financiers. Cette décision a renforcé la position du journal en tant que référence dans le paysage médiatique français.
« Institution » de l'information économique, ''Les Échos'' jouent un rôle clé dans la diffusion de l'information financière, l'analyse approfondie des marchés et des tendances économiques, ainsi que la mise en lumière des réussites entrepreneuriales et des défis auxquels font face les entreprises. La qualité de son journalisme d'investigation, sa rigueur éditoriale et sa capacité à fournir des analyses éclairées sont reconnus.


B. Motivations derrière le changement de nom en 1919
Il tire à environ 140 000 exemplaires payants chaque jour<ref>[https://www.acpm.fr/Support/les-echos ACPM]</ref> et a une équipe d'environ 180 journalistes.


En mai [[1919]], "Les Echos" fait son retour après une interruption de plus de quatre ans due à la guerre qui a éclaté en août [[1914]]. Pendant cette période, le journal a été contraint de suspendre sa publication en raison des circonstances exceptionnelles liées au conflit. La reprise de sa parution marque un moment important pour "Les Echos", qui renoue avec son rôle de source d'informations économiques et financières. Ce retour témoigne de la résilience entrepreneuriale de ses dirigeants face aux défis rencontrés pendant la guerre et de sa volonté de continuer à servir ses lecteurs avec un contenu de qualité.
== Une ligne éditoriale pro-business, parfois libérale ==


A cette occasion, le journal opte pour un changement de nom pour devenir simplement "Les Echos". Cette décision vise à élargir la portée éditoriale du journal, en couvrant non seulement les sujets liés à l'exportation, mais également les aspects économiques et financiers dans leur ensemble. Ce changement de nom témoigne de l'ambition du journal de devenir une référence incontournable dans le paysage médiatique français, tout en offrant une couverture complète et approfondie des enjeux économiques.
La [[Liberté économique|liberté du commerce]] devient rapidement un cheval de bataille des ''Échos'' à ses débuts ; le journal a pris régulièrement position en faveur de cette valeur fondamentale et s'est engagé à défendre les intérêts des entreprises et du commerce dans son ensemble. À travers ses articles et ses prises de position éditoriales, ''Les Échos'' ont milité en faveur de la [[liberté d'entreprendre]] et Le journal a joué un rôle actif dans la promotion d'un environnement économique favorable aux affaires, en mettant en lumière les [[Bureaucratie|obstacles bureaucratiques]], les [[réglementation|réglementations excessives]] et les [[Étatisme|politiques économiques restrictives]] qui entravaient le développement du [[commerce]]. Aux débuts du journal, Robert et Émile Schreiber exprimaient avec véhémence leur critique envers l'arriération du pays, le poids étouffant de la bureaucratie et la tendance de l'État à s'immiscer dans tous les domaines, avec des mots forts pour dénoncer ces problèmes et plaider en faveur d'une plus grande liberté économique. Ils considéraient que l'excès de [[réglementation]] et d'intervention étatique entravait le développement du commerce et de l'industrie, limitant ainsi les opportunités économiques et l'innovation. Dans leurs articles, ils dénonçaient les rigidités administratives, les contraintes fiscales et les lourdeurs bureaucratiques qui entravaient la croissance économique.


C. Une ligne éditoriale libérale
Mais c'est avant tout dans la présentation factuelle de la vie économique que le journal se développe : Robert Schreiber expliquait que les dirigeants d'entreprise apprécient d'être visités et que l'on s'intéresse à leur réalité. Selon lui, ces rencontres permettent de découvrir de nouveaux sujets d'articles et d'approfondir la compréhension des enjeux auxquels font face les entreprises. En entretenant des contacts étroits avec les chefs d'entreprise, le journal, ''Les Échos'', cherchaient à se tenir au courant des défis, des réussites et des préoccupations du monde des affaires. Cette approche proactive permettait au journal de proposer des articles pertinents et informatifs, en phase avec les préoccupations des acteurs économiques. En donnant la parole aux dirigeants d'entreprise et en les mettant en avant dans ses articles, le journal renforçait son rôle de porte-voix de la communauté des affaires et contribuait à favoriser le dialogue entre les acteurs économiques et les médias.


La liberté du commerce est devenue le principal cheval de bataille des "Echos". Le journal a pris position en faveur de cette valeur fondamentale et s'est engagé à défendre les intérêts des entreprises et du commerce dans son ensemble. À travers ses articles et ses prises de position éditoriales, "Les Echos" a milité en faveur de la [[liberté d'entreprendre]], de la [[libre concurrence]] et de la suppression des entraves économiques. Le journal a joué un rôle actif dans la promotion d'un environnement économique favorable aux affaires, en mettant en lumière les obstacles bureaucratiques, les réglementations excessives et les politiques économiques restrictives qui entravaient le développement du commerce.
De longue date, le journal fait même le choix assumé de peu parler de politique et de très rarement prendre parti sur des sujets politiques, généralement dans son éditorial ou des avis extérieurs dans ses pages opinion. Il aborde « rarement les questions politiques, excepté lorsqu'elles mettent en cause la liberté du commerce ou les finances de ses lecteurs » comme le formule l'historien Patrick Eveno<ref>Patrick Eveno, ''La presse quotidienne nationale. Fin de partie ou renouveau ?'', Vuibert, 2008, p. 92</ref>


Robert et Emile Schreiber exprimaient avec véhémence leur critique envers l'arriération du pays, le poids étouffant de la bureaucratie et la tendance de l'État à s'immiscer dans tous les domaines. Les deux frères n'hésitaient pas à utiliser des mots forts pour dénoncer ces problèmes et plaider en faveur d'une plus grande liberté économique. Ils considéraient que l'excès de réglementation et d'intervention étatique entravait le développement du commerce et de l'industrie, limitant ainsi les opportunités économiques et l'innovation. Dans leurs articles, ils dénonçaient les rigidités administratives, les contraintes fiscales et les lourdeurs bureaucratiques qui entravaient la croissance économique.
== Personnalités et auteurs associés aux ''Échos'' ==
* [[Yann Algan]]
* [[Jacqueline Beytout]]
* [[Jean-Marc Daniel]]
* [[Xavier Fontanet]]
* [[Augustin Landier]]
* [[Dominique Seux]]
* [[Joseph Stiglitz]]
* [[David Thesmar]]
* [[Jean-Marc Vittori]]


En fustigeant ces aspects de l'État et de la bureaucratie, Robert et Emile Schreiber cherchaient à sensibiliser l'opinion publique sur les conséquences négatives de ces entraves et à encourager des réformes favorables à la liberté économique. Leur position audacieuse et critique a contribué à forger l'identité engagée des "Echos" en tant que journal défenseur des intérêts économiques et promoteur de la liberté d'entreprendre. Cette prise de position résolue a marqué l'histoire du journal et a contribué à façonner son rôle clé dans le paysage médiatique français, en tant que voix indépendante et influente dans le débat sur les politiques économiques et l'environnement des affaires.
== Concurrence ==
Nicolas Beytout, qui quitte ''Les Échos'' en [[2011]], a lancé en [[2013]] un concurrent partiel ''[[L'Opinion]]'', sur une ligne éditoriale un peu plus libérale que les Echos mais là encore extrêmement modéré.  


En se positionnant comme un fervent défenseur de la liberté du commerce, "Les Echos" a cherché à sensibiliser le public, les décideurs politiques et les acteurs économiques sur l'importance d'un environnement commercial ouvert, compétitif et propice à l'innovation et à la croissance. Cet engagement en faveur de la liberté du commerce a contribué à façonner l'identité et l'influence de "Les Echos" en tant que journal économique et financier, en lui conférant une voix distincte et une place de choix dans le paysage médiatique français.
''La Tribune'', longtemps principal concurrent des ''Échos'', a disparu en format papier.


Robert Schreiber expliquait que les dirigeants d'entreprise apprécient d'être visités et que l'on s'intéresse à leur réalité. Selon lui, ces rencontres permettent de découvrir de nouveaux sujets d'articles et d'approfondir la compréhension des enjeux auxquels font face les entreprises. En entretenant des contacts étroits avec les chefs d'entreprise, le journal, "Les Echos", cherchait à se tenir au courant des défis, des réussites et des préoccupations du monde des affaires. Cette approche proactive permettait au journal de proposer des articles pertinents et informatifs, en phase avec les préoccupations des acteurs économiques.
== Erreur courante : le libéralisme et la défense des entreprises, c'est la même chose ==
Si la ligne éditoriale des Échos a régulièrement des tendances libérales, il serait faux de voir un alignement parfait entre défende des entreprises et idées libérales. Contrairement à ce lieu commun, le [[libéralisme]] est hautement critique envers le ''Big Business'' et toutes les variances de [[capitalisme de connivence]] qui peuvent en découler. La frontière entre la sphère publique et la grande entreprise privée devient totalement perméable, ce qui parachève l'« économie mixte » ou le « [[capitalisme d'État]] ». Certains proposent le terme plus adéquat de « socialisme de connivence », mais celui-ci ne s'est pas imposé.  


En donnant la parole aux dirigeants d'entreprise et en les mettant en avant dans ses articles, "Les Echos" renforçait son rôle de porte-voix de la communauté des affaires et contribuait à favoriser le dialogue entre les acteurs économiques et les médias. Cette approche de proximité avec les dirigeants d'entreprise a permis à "Les Echos" de se positionner en tant qu'interlocuteur privilégié du monde économique et d'établir des relations de confiance avec les décideurs. Cette démarche proactive et cette volonté d'écoute ont contribué à renforcer la crédibilité et l'influence de "Les Echos" en tant que source d'informations de qualité et de référence pour les professionnels et les acteurs du monde des affaires.
L'élu [[libertarianisme|libertarien]] américain [[Ron Paul]] déclarait ainsi en novembre [[2011]], avec des mots qui fonctionneraient bien en France également :
{{citation bloc|Il y a beaucoup de capitalisme de connivence dans ce pays, des gens qui bénéficient de contrats avec le gouvernement, ou qui sont renfloués par la FED. Ils ne méritent pas de compassion, ils méritent de se voir supprimer tous leurs bénéfices. Il ne faut pas confondre cela avec le vrai capitalisme, quand quelqu'un gagne de l'argent, produit quelque chose.|Ron Paul|Michigan GOP Oakland University Debate}}


= Expansion de la portée et du lectorat =
''Les Échos'' sont une bonne illustration de ce rapport ambigu, prônant parfois des mesures libérales, parfois au contraire des mesures antilibérales, tant qu'elles avantagent les entreprises. Loin de plaider pour moins de [[réglementation]] publique sur de nombreux sujets (comme le font les [[Libéralisme|libéraux]]), le journal plaide souvent pour des réglementations qui défendent les intérêts des entreprises.  
 
À son retour en mai 1919, "Les Echos" connaît une expansion notable. Le journal s'étend désormais sur une quarantaine de pages, offrant ainsi un contenu plus riche et varié à ses lecteurs. Cette expansion est accompagnée d'une étape cruciale dans l'histoire du journal, avec l'embauche de son premier journaliste, Georges Tanny. Son arrivée marque le début d'une équipe éditoriale professionnelle qui contribuera à la croissance et à la renommée du journal. La présence d'un journaliste dédié renforce la capacité des "Echos" à fournir des informations économiques et financières de qualité, et témoigne de l'engagement du journal envers le journalisme d'investigation et l'analyse approfondie.
 
Au fil des années, "Les Echos" connaît une expansion significative de sa portée et de son lectorat. Grâce à sa qualité éditoriale et à sa capacité à anticiper les besoins des lecteurs, le journal gagne en popularité et en influence. Il devient une source d'informations essentielle pour les entreprises, les investisseurs, les professionnels et les passionnés d'économie. L'expansion du lectorat témoigne de la pertinence et de la valeur ajoutée apportées par "Les Echos" dans le paysage médiatique français, renforçant ainsi sa position en tant que référence dans le domaine de l'information économique et financière.
 
Avec son expansion après la période de guerre, "Les Echos" a introduit de nouveaux services destinés à ses lecteurs. Parmi ceux-ci, on compte une assistance juridique, qui permettait aux lecteurs de bénéficier de conseils et de ressources juridiques dans le domaine des affaires. Cette initiative visait à répondre aux besoins des entrepreneurs et des professionnels confrontés à des questions juridiques spécifiques.
 
En outre, "Les Echos" a également lancé une agence de publicité, offrant ainsi aux entreprises une plateforme pour promouvoir leurs produits et services auprès d'un public intéressé par les affaires et l'économie. Cette agence de publicité permettait aux annonceurs de cibler efficacement les lecteurs de "Les Echos" et de maximiser leur visibilité auprès de cette audience.
 
Enfin, le journal a également introduit un service d'hôtellerie, offrant des informations et des recommandations sur les meilleurs établissements hôteliers pour les voyageurs d'affaires. Ce service visait à faciliter les déplacements professionnels en fournissant des informations pratiques et fiables sur les hébergements adaptés aux besoins des hommes d'affaires.
 
Ces nouveaux services témoignent de la volonté de "Les Echos" de répondre aux besoins spécifiques de son lectorat, en offrant des solutions pratiques et des informations complémentaires pour accompagner les professionnels dans leur vie quotidienne et leurs activités commerciales.
 
Pendant les Années folles, "Les Echos" connaît une période prospère et bénéficie de la dynamique économique favorable de l'époque et les rédacteurs en chef<ref>Jacques Rozner, le secrétaire de rédaction, recruté en [[1933]], dirige 200 collaborateurs.</ref> positionnent l'économie des affaires dans un cadre plus large d'un [[entrepreneuriat culturel]]<ref>En [[1925]], "Les Echos" a lancé un nouveau supplément intitulé "Les Echos des industries d'art". Ce supplément visait à mettre en avant le secteur des industries d'art en France, mettant en lumière les artisans, les artistes et les entreprises impliqués dans la création artistique et l'artisanat d'art. Il offrait une couverture détaillée des tendances, des expositions, des événements et des réalisations dans le domaine des industries d'art, contribuant ainsi à promouvoir et valoriser ce secteur crucial de l'économie et de la culture française.</ref>. La croissance économique et l'essor des affaires offrent au journal de nombreuses opportunités de développement et de succès. En tant que source d'informations économiques et financières de premier plan, "Les Echos" est en mesure de répondre à la demande croissante d'informations et d'analyses dans un contexte économique en plein essor. Les lecteurs sont avides de nouvelles sur les tendances du marché, les opportunités d'investissement et les développements économiques nationaux et internationaux.
 
La prospérité des Années folles<ref>Les Années folles correspondent généralement à la période de la fin de la Première Guerre mondiale jusqu'au début de la Grande Dépression, soit approximativement les années 1920 à 1929. C'est une période de prospérité économique, de bouillonnement culturel et d'optimisme après les ravages de la guerre. Durant cette période, de nombreux pays, dont la France, ont connu une croissance économique importante, une effervescence artistique et une libération des mœurs.</ref> permet à "Les Echos" de renforcer sa position sur le marché et d'élargir son lectorat. Le journal attire de nouveaux lecteurs, notamment des entrepreneurs, des investisseurs et des décideurs économiques qui cherchent à saisir les opportunités offertes par l'économie florissante de l'époque. Grâce à son contenu de qualité, son expertise reconnue et son engagement envers l'excellence éditoriale, "Les Echos" parvient à consolider sa réputation de journal incontournable dans le domaine de l'information économique. Pendant les Années folles, le journal se positionne comme un acteur majeur du paysage médiatique français, apportant des analyses approfondies, des perspectives éclairantes et des informations fiables pour accompagner les acteurs économiques dans leurs décisions et leurs projets. C'est dans ce contexte favorable que "Les Echos" consolide sa place en tant que source d'informations essentielle pour les professionnels, contribuant ainsi à son rayonnement et à sa pérennité dans le paysage médiatique français.
 
L'évolution du journal, "Les Echos" vers un journal hebdomadaire, associée à son changement de nom et à son expansion de la portée et du lectorat, marque des étapes décisives dans son histoire. Ces transformations témoignent de l'adaptation du journal aux besoins changeants de son public et de son engagement constant à fournir des informations économiques de qualité.
 
= L'ère des Beytout : essor commercial et innovation éditoriale =
 
La période marquée par l'ère des Beytout dans l'histoire du journal "Les Echos" a été caractérisée par un essor commercial significatif et une innovation éditoriale. Cette section met en lumière le rôle essentiel de Jacqueline Beytout et sa contribution remarquable au développement du journal.
 
A. Présentation de Jacqueline Beytout et son rôle dans l'histoire du journal
 
Jacqueline Beytout a occupé une place centrale dans l'histoire de "Les Echos". En tant que directrice du journal, elle a joué un rôle clé dans sa transformation et sa croissance. Son leadership visionnaire et son expertise ont permis d'orienter le journal vers de nouvelles opportunités et de renforcer sa position sur le marché de l'information économique et financière.
 
B. Décisions éditoriales clés et augmentation des ventes
 
Sous la direction de Jacqueline Beytout, "Les Echos" a pris des décisions éditoriales clés qui ont eu un impact majeur sur le journal. Des choix éditoriaux audacieux ont été faits pour fournir des contenus de qualité, pertinents et approfondis à ses lecteurs. Ces décisions ont conduit à une augmentation significative des ventes et à une fidélisation accrue de l'audience.
 
C. Expansion des suppléments et diversification de l'offre éditoriale
 
Une autre facette de l'ère des Beytout a été l'expansion des suppléments et la diversification de l'offre éditoriale de "Les Echos". De nouveaux suppléments ont été introduits pour couvrir divers domaines économiques et financiers, offrant ainsi une perspective plus large et approfondie de l'actualité. Cette diversification de l'offre a permis au journal de toucher de nouveaux publics et d'élargir son lectorat.
 
L'ère des Beytout a été une période clé dans l'histoire de "Les Echos", marquée par un essor commercial notable et une innovation éditoriale. Grâce au leadership de Jacqueline Beytout, les décisions éditoriales stratégiques ont propulsé le journal vers de nouveaux horizons, renforçant ainsi son influence en tant que référence majeure dans le paysage médiatique français. La diversification de l'offre éditoriale et l'expansion des suppléments ont permis de répondre aux besoins évolutifs des lecteurs, consolidant ainsi la position de "Les Echos" en tant que leader de l'information économique et financière.
 
= L'arrivée de Pearson et le développement du multimédia (1988-2007) =
 
L'arrivée de Pearson a marqué une période de transformation pour "Les Echos". Avec le lancement de Lesechos.fr et la création de nouveaux suppléments, le journal a consolidé sa position en tant que leader de l'information économique. La vente ultérieure à Bernard Arnault a ouvert de nouvelles perspectives pour son avenir.
 
A. Acquisition du journal par le groupe anglais Pearson
 
Dans cette période allant de 1988 à 2007, "Les Echos" a connu une série d'événements marquants, notamment son acquisition par le groupe anglais Pearson. Cette opération a apporté un nouvel élan au journal, avec une injection de ressources et d'expertise internationale. Sous l'égide de Pearson, "Les Echos" a bénéficié d'un soutien financier et stratégique, lui permettant de consolider sa position en tant que leader de l'information économique en France.
 
B. Lancement du site Lesechos.fr et création de nouveaux suppléments
 
Dans le cadre de son développement vers les médias numériques, "Les Echos" a franchi une étape importante avec le lancement de son site web, Lesechos.fr. Ce nouveau support en ligne a permis au journal d'élargir son audience et de toucher un lectorat plus vaste, en offrant des informations économiques en temps réel. Parallèlement, "Les Echos" a diversifié son offre éditoriale en lançant de nouveaux suppléments spécialisés, offrant ainsi une couverture approfondie des secteurs clés de l'économie.
 
C. Vente du groupe Pearson et reprise par Bernard Arnault
 
À la suite de l'acquisition par Pearson, "Les Echos" a connu un autre tournant majeur avec la vente du groupe Pearson et sa reprise par [[Bernard Arnault]], le célèbre homme d'affaires français. Cette transition a ouvert de nouvelles perspectives pour le journal, avec une implication directe d'un acteur influent dans le monde des affaires et de la culture en France. La reprise par Bernard Arnault a souligné l'importance stratégique de "Les Echos" dans le paysage médiatique et son rôle en tant que source d'information incontournable pour les décideurs économiques.
 
L'arrivée de Pearson et le développement du multimédia ont marqué une période de croissance et d'innovation pour "Les Echos". L'acquisition par Pearson a permis au journal de bénéficier de nouvelles ressources et d'une expertise internationale, tandis que le lancement du site Lesechos.fr et la création de nouveaux suppléments ont renforcé sa présence dans le domaine des médias numériques. La vente ultérieure du groupe Pearson et la reprise par Bernard Arnault ont mis en évidence la valeur et l'influence de "Les Echos" dans le paysage médiatique français.
 
= Intégration au groupe DI et impact sur "Les Echos" =
 
L'intégration de la publication, "Les Echos", au sein du groupe DI, le pôle presse de LVMH, a été un moment clé dans l'histoire du journal, avec un impact significatif sur sa direction et sa position dans le paysage médiatique français. Cette section examine les relations entre "Les Echos" et le groupe DI, ainsi que les conséquences de cette intégration sur le journal et l'importance de préserver son indépendance éditoriale et ses valeurs fondamentales.
 
A. Relations entre "Les Echos" et le groupe DI
 
L'intégration de "Les Echos" dans le groupe DI a été le résultat d'une relation stratégique entre les deux entités. Cette intégration a permis de créer une synergie entre le journalisme économique de "Les Echos" et l'expertise du groupe DI dans le domaine des médias. Cette collaboration a ouvert de nouvelles opportunités pour "Les Echos" en termes de ressources, de partenariats et de perspectives de croissance.
 
B. Conséquences de l'intégration sur "Les Echos"
 
L'intégration de "Les Echos" au sein du groupe DI a eu des conséquences significatives sur le journal. Elle a permis d'améliorer la position financière et l'envergure de "Les Echos", renforçant ainsi sa capacité à fournir une couverture approfondie et de qualité des sujets économiques et financiers. De plus, cette intégration a ouvert de nouvelles possibilités de collaboration avec d'autres médias et entités du groupe DI, permettant à "Les Echos" d'élargir son audience et d'explorer de nouveaux domaines d'expertise.
 
C. Maintien de l'indépendance éditoriale et des valeurs fondamentales
 
Malgré son intégration au sein du groupe DI, "Les Echos" a veillé à préserver son indépendance éditoriale et à maintenir ses valeurs fondamentales. Cette autonomie éditoriale est cruciale pour maintenir l'intégrité et la crédibilité du journal. "Les Echos" continue de garantir une couverture impartiale et équilibrée des événements économiques, tout en respectant les principes journalistiques essentiels tels que l'objectivité, la véracité et la transparence.
 
L'intégration de "Les Echos" au sein du groupe DI a ouvert de nouvelles perspectives et opportunités pour le journal. En préservant son indépendance éditoriale et en maintenant ses valeurs fondamentales, "Les Echos" a consolidé sa position en tant que source d'information de confiance dans le paysage médiatique français, tout en bénéficiant des avantages d'une intégration stratégique au sein du groupe DI.
 
= Informations complémentaires =


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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<references/>
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Dernière version du 5 octobre 2024 à 08:56

Les Échos
Presse économique

directeur de publication
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Articles internes Autres articles sur Les Échos
pays France France
fréquence Quotidien
période depuis 1908
RSS 0153-4831
ISSN
web Site du journal

Les Échos est le quotidien de référence en France dans la presse économique et financière et occupe une place centrale et indéniable dans le paysage médiatique français. Son expertise inégalée en matière d'économie et d'affaires en fait une référence incontournable pour les acteurs économiques et les décideurs politiques. Fondé en 1908, le titre de presse s'est rapidement développé, sous la houlette de plusieurs entrepreneurs dont les frères Schreiber, Jacqueline et Nicolas Beytout. Il fait aujourd'hui partie du groupe LMVH de Bernard Arnault. Régulièrement arrêté puis repris, il n'a depuis « jamais cessé de se réinventer », pour choisir la formule de l'historien des entreprises, Tristan Gaston-Breton[1].

Historique du journal Les Échos

Le journal naît comme un bulletin d'information intitulé Les Échos de l'exportation le 2 avril 1908 (premier numéro), sous la direction de Robert Schreiber. La famille Schreiber est active dans l'importation de produits d'Europe centrale. Cette initiative audacieuse vise à répondre à la demande croissante d'informations économiques et financières fiables au sein de la société française mais cette motivation entrepreneuriale permet aussi de faire la promotion de l'activité première de la société.

Initialement installé dans le Xe arrondissement de Paris, rue des Petites-Écuries, il déménage rapidement rue Martel dans le même arrondissement. Le titre tire alors à quelques milliers d'exemplaires (1000 pour son premier numéro). De 4 pages, il passe à 16 en 1910 (bi-mensuel), puis rapidement à 18. À travers ses colonnes, le journal exprime une position ferme en faveur de la défense des intérêts économiques et fiscaux, contribuant ainsi à façonner les débats de l'époque. Ainsi, il s'engage activement dans le débat public en menant une lutte acharnée contre ce qu'il considère comme une « inquisition fiscale » alors que le débat sur la création d'un impôt sur le revenu se fait plus pressant. La croissance rapide de ses ventes témoigne de l'attrait et de l'impact du journal dans le paysage médiatique français : dès 1913, le titre devient un hebdomadaire et tire à 5000 exemplaires.

Les deux frères Robert Schreiber (à la technique et au commercial) et Émile Schreiber (à l'éditorial), façonnent le journal. Émile, sous le pseudonyme de Jean Riflard, assume la rédaction de la grande majorité des articles.

Si le journal est interrompu pendant la Première Guerre mondiale, il reprend rapidement ensuite. Les fondateurs, Émile et Robert Schreiber, le relancent en mai 1919 avec une vision claire : fournir des informations économiques et financières fiables aux lecteurs. À cette occasion, le journal opte pour un changement de nom pour devenir simplement Les Échos, illustration des ambitions grandissantes du journal, qui ne couvre plus uniquement les sujets d'exportations. Pour renforcer son contenu et sa capacité à fournir des informations approfondies, Les Échos recrute Georges Tanny en tant que premier journaliste du journal. Cette embauche marque un tournant majeur dans l'histoire du journal, d'un titre écrit par ses deux propriétaires à un journal professionnel doté d'une équipe éditoriale complète.

Pendant l'entre-deux-guerres, Les Échos connait initialement une période prospère et bénéficie de la dynamique économique favorable de l'époque pour consolider sa place. En 1925, le journal se diversifie avec un nouveau supplément intitulé Les Échos des industries d'art, et lance de nouveaux services, juridiques ou dans la réservation d'hôtellerie d'affaires. L'activité publicitaire se développe fortement sous la houlette de Robert Schreiber. Le journal devient un quotidien dès 1928. La Grande Dépression le frappe cependant durement, et de nombreux projets ou éditions sont arrêtés pour se recentrer sur le quotidien. En 1937, Les Échos compte 7000 abonnés qui le reçoivent quotidiennement.

La Seconde Guerre mondiale frappe à nouveau le journal, qui s'interrompt de 1940 à 1944, après avoir été sabordé par les frères Schreiber qui le possèdent encore et craignent, à juste titre, que leurs origines juives ne les mettent en danger. Le journal est une fois de plus relancé en 1944,

Une société longuement familiale

Journal porté par les frères Schreiber, Les Échos s'élargit rapidement à la famille Schreiber ; les enfants de Robert et d’Émile prennent part à l'activité du journal en rejoignant la société dans les années 1930. Cette nouvelle génération de la famille Schreiber, connue sous le nom de Servan-Schreiber depuis qu’Émile a ajouté ce pseudonyme à son nom en 1952, joue un rôle actif au sein de l'entreprise. Marie-Claire et Jean-Claude, les enfants de Robert Schreiber, contribuent activement au développement du journal. En 1948, le journal atteint les 30 000 exemplaires vendus chaque jour.

En 1953, Jean-Jacques Servan-Schreiber, connu sous le diminutif de JJSS, introduit une nouvelle initiative au sein des Échos en lançant un nouveau périodique axé sur la politique : L'Express. Ce nouveau média bénéficie de la collaboration de Françoise Giroud, qui prend en charge le contenu éditorial, et de son cousin Jean-Claude, qui supervise l'administration de l'hebdomadaire. Dès 1955, Les Échos et L'Express décident de se séparer de manière amicale, alors que Les Échos n'a plus les moyens de financer l'aventure L'Express. Les deux publications suivent des orientations éditoriales distinctes et prennent des directions différentes, l'un plus économique, l'autre nettement plus politique.

La culture d'entreprise familiale reste longtemps présente, avec la présence et la participation active des membres de la famille fondatrice dans la gestion et la direction du journal. Au fur et à mesure que les générations se succèdent, de nouvelles idées et perspectives s'ajoutent à la tradition établie, favorisant ainsi une évolution et une adaptation constantes. Cette culture familiale renforce l'engagement envers les valeurs fondamentales du journal et contribue à maintenir une continuité dans la vision éditoriale et le professionnalisme. Cette continuité est favorisée aussi par une grande continuité de la direction, autour de Jacques Rozner par exemple.

À la fin des années 1950, Robert Schreiber quitte ses activités opérationnelles dans la société, ce qui laisse Émile Schreiber, son frère et cofondateur du journal, dans la position de président du conseil d'administration, tandis que Jean-Claude Servan-Schreiber, fils de Robert, occupe le poste de directeur général. Cette transition marque un face-à-face entre Émile et Jean-Claude, représentant deux générations de la famille Schreiber. En tant que président du conseil d'administration, Émile conserve une position de leadership et d'influence au sein de l'entreprise, tandis qu'en tant que directeur général, Jean-Claude est responsable de la gestion opérationnelle et stratégique.

Cette période de transition peut être considérée comme un moment clé dans la continuité de l'entreprise familiale et dans son adaptation. Émile et Jean-Claude apportent leurs perspectives et leurs compétences complémentaires pour guider Les Échos vers de nouveaux horizons, mais une brèche s'est créée entre les deux parties familiales. En octobre 1963, les actionnaires majoritaires se trouvent dans l'obligation de vendre le journal. Leur partage égal du capital, qui garantissait une parité entre les deux branches familiales et empêchait l'une de prendre l'avantage sur l'autre, ont produit un effet inverse où les dissension éditoriales les poussent à la vente par impossibilité d'un accord. La vente marque un tournant dans l'histoire de Les Échos et la fin de la gestion directe par la famille Schreiber.

L'ère Beytout : essor commercial et innovation éditoriale

Le journal est repris par Pierre et Jacqueline Beytout en octobre 1963. Le couple inaugure une nouvelle phase de développement. Pierre Beytout, ancien dirigeant de l'entreprise textile des Filatures de Betschdorf, devient le président du journal, tandis que Jacqueline Beytout joue un rôle essentiel dans l'histoire du journal en tant que directrice de la rédaction. Sous la direction des Beytout, Les Échos connait une période d'essor commercial et d'innovation éditoriale.

En tant que président des laboratoires Roussel, Pierre Beytout apporte son expertise en gestion d'entreprise et met en œuvre des stratégies visant à renforcer la position du journal. Soutenu par Jacqueline Beytout à la direction de la rédaction, Pierre Beytout parvient à consolider la réputation des Échos en tant qu'acteur majeur de l'information économique et financière en France. Grâce à leur vision stratégique et à leur engagement envers l'innovation, le journal connaît une augmentation des ventes et élargit son lectorat.

Pierre Beytout joue un rôle clé dans le développement commercial du journal, en mettant en place des initiatives pour attirer de nouveaux lecteurs tout en maintenant une exigence de qualité éditoriale. Cette période marque un tournant significatif dans l'histoire du journal, où l'impulsion de Pierre Beytout et son souci de l'innovation ont permis de renforcer sa position sur le marché de l'information économique. Grâce à sa présidence, Les Échos continue de prospérer et de se positionner comme une référence incontournable pour les acteurs économiques et les décideurs, le journal de référence de la presse écoomique sur le modèle d'un Wall Street Journal aux États-Unis, ou d'un Financial Times au Royaume-Uni. De nouveaux suppléments sont aussi introduits pour couvrir divers domaines économiques et financiers, offrant ainsi une perspective plus large et approfondie de l'actualité. Cette diversification de l'offre a permis au journal de toucher de nouveaux publics et d'élargir son lectorat.

Jacqueline Beytout, en tant que directrice de la rédaction, incarnait pleinement les valeurs et les convictions du journal. Sous le pseudonyme de Favilla à partir du 12 juin 1974[2], elle exprimait de manière franche et sans compromis la vision réformatrice et européenne des Échos. Dans ses éditoriaux percutants, elle défend des principes « pro-business » et se fait l'avocate de l'économie de marché.

Le 29 octobre 1963 marque un tournant dans l'histoire des Échos avec la reprise de la moitié du capital du journal par Pierre et Jacqueline Beytout. Cette transaction concerne spécifiquement la part détenue par Émile Schreiber, l'un des membres fondateurs du journal. Dans les années qui suivent, le reste de la famille représenté par Robert Servan-Schreiber, cède également progressivement leurs actions, complétant ainsi la reprise totale du capital par les Beytout entre 1965 et 1970.

Au cours de la période allant de 1963 à 1988, les ventes des Échos ont connu une croissance spectaculaire, passant de 43 000 exemplaires à plus de 96 700 exemplaires. Ce succès commercial remarquable est attribué en grande partie à la vision et à la stratégie de Jacqueline et Pierre Beytout, tandis que la popularité nouvelle de la bourse pour les Français aident à populariser ses sujets, et à élargir l'audience des Échos, qui dépasse les 100 000 exemplaires dès 1989.

En octobre 1986, Nicolas Beytout, le petit-fils de Pierre Beytout, est nommé rédacteur en chef du journal, marquant ainsi une nouvelle génération de leadership au sein de l'entreprise familiale. Sa nomination est rapidement suivie par sa promotion au poste de directeur de la rédaction. Il renouvelle le rédaction, tout en conservant l'engagement envers l'excellence journalistique et la ligne éditoriale distinctive des Échos. Sous sa direction, le journal continue d'évoluer et de s'adapter aux nouveaux défis et aux opportunités offertes par les médias et les avancées technologiques. La société reste fortement familiale. Mais si Nicolas Beytout incarne la quatrième génération de la famille Beytout impliquée dans la direction du journal, Jacqueline Beytout s'inquiète sur le devenir du journal après sa mort et organise la suite en cédant le titre de presse au Groupe Pearson en 1988,

Pearson (1988 - 2007)

L'arrivée du groupe britannique se fait dans la douleur, le pouvoir politique en place (gouvernement Balladur) jouant de nationalisme économique pour pousser un acteur français, sans succès. Pearson, conglomérat britannique spécialisé dans l'édition et les médias, était déjà reconnu pour être le propriétaire du célèbre journal économique international Financial Times ainsi que de la maison d'édition Penguin Books. En tant que géant de l'édition, Pearson apporte son expertise et permet une accélération du développement des Échos, qui gagne une stature internationale.

Le groupe prend le virage du numérique, avec un site internet, puis une application. Le titre continue aussi à développer de nouvelles éditions, dont Enjeux-Les Échos et des éditions spécialisées finance.

Acquisition par LVMH (2007 - )

Le 5 novembre 2007, Pearson annonce la vente titre au groupe LVMH de Bernard Arnault pour 240 millions d'euros. C'est le début d'une nouvelle période pour le journal, avec une assise financière plus large. Le titre de presse conserve son indépendance éditoriale, même si le licenciement de Nicolas Barré en mars 2023 suscite des inquiétudes sur une implication possible directe de Bernard Arnault. Au quotidien Les Échos, l’éviction de Nicolas Barré de la direction de la rédaction soulève l’incompréhension]</ref>.

Les Échos aujourd'hui

Depuis plus d'un siècle, le journal s'est imposé comme un acteur incontournable de l'information économique et financière en France. Quotidien de référence, il offre une couverture exhaustive des actualités nationales et internationales liées aux affaires, à l'économie, à la finance et aux entreprises. Le journal a acquis une solide réputation en tant que source d'informations fiables, précises et pertinentes dans le domaine économique. Son lectorat se compose principalement de professionnels, de décideurs du monde des affaires et d'investisseurs qui souhaitent rester informés des derniers développements économiques.

« Institution » de l'information économique, Les Échos jouent un rôle clé dans la diffusion de l'information financière, l'analyse approfondie des marchés et des tendances économiques, ainsi que la mise en lumière des réussites entrepreneuriales et des défis auxquels font face les entreprises. La qualité de son journalisme d'investigation, sa rigueur éditoriale et sa capacité à fournir des analyses éclairées sont reconnus.

Il tire à environ 140 000 exemplaires payants chaque jour[3] et a une équipe d'environ 180 journalistes.

Une ligne éditoriale pro-business, parfois libérale

La liberté du commerce devient rapidement un cheval de bataille des Échos à ses débuts ; le journal a pris régulièrement position en faveur de cette valeur fondamentale et s'est engagé à défendre les intérêts des entreprises et du commerce dans son ensemble. À travers ses articles et ses prises de position éditoriales, Les Échos ont milité en faveur de la liberté d'entreprendre et Le journal a joué un rôle actif dans la promotion d'un environnement économique favorable aux affaires, en mettant en lumière les obstacles bureaucratiques, les réglementations excessives et les politiques économiques restrictives qui entravaient le développement du commerce. Aux débuts du journal, Robert et Émile Schreiber exprimaient avec véhémence leur critique envers l'arriération du pays, le poids étouffant de la bureaucratie et la tendance de l'État à s'immiscer dans tous les domaines, avec des mots forts pour dénoncer ces problèmes et plaider en faveur d'une plus grande liberté économique. Ils considéraient que l'excès de réglementation et d'intervention étatique entravait le développement du commerce et de l'industrie, limitant ainsi les opportunités économiques et l'innovation. Dans leurs articles, ils dénonçaient les rigidités administratives, les contraintes fiscales et les lourdeurs bureaucratiques qui entravaient la croissance économique.

Mais c'est avant tout dans la présentation factuelle de la vie économique que le journal se développe : Robert Schreiber expliquait que les dirigeants d'entreprise apprécient d'être visités et que l'on s'intéresse à leur réalité. Selon lui, ces rencontres permettent de découvrir de nouveaux sujets d'articles et d'approfondir la compréhension des enjeux auxquels font face les entreprises. En entretenant des contacts étroits avec les chefs d'entreprise, le journal, Les Échos, cherchaient à se tenir au courant des défis, des réussites et des préoccupations du monde des affaires. Cette approche proactive permettait au journal de proposer des articles pertinents et informatifs, en phase avec les préoccupations des acteurs économiques. En donnant la parole aux dirigeants d'entreprise et en les mettant en avant dans ses articles, le journal renforçait son rôle de porte-voix de la communauté des affaires et contribuait à favoriser le dialogue entre les acteurs économiques et les médias.

De longue date, le journal fait même le choix assumé de peu parler de politique et de très rarement prendre parti sur des sujets politiques, généralement dans son éditorial ou des avis extérieurs dans ses pages opinion. Il aborde « rarement les questions politiques, excepté lorsqu'elles mettent en cause la liberté du commerce ou les finances de ses lecteurs » comme le formule l'historien Patrick Eveno[4]

Personnalités et auteurs associés aux Échos

Concurrence

Nicolas Beytout, qui quitte Les Échos en 2011, a lancé en 2013 un concurrent partiel L'Opinion, sur une ligne éditoriale un peu plus libérale que les Echos mais là encore extrêmement modéré.

La Tribune, longtemps principal concurrent des Échos, a disparu en format papier.

Erreur courante : le libéralisme et la défense des entreprises, c'est la même chose

Si la ligne éditoriale des Échos a régulièrement des tendances libérales, il serait faux de voir un alignement parfait entre défende des entreprises et idées libérales. Contrairement à ce lieu commun, le libéralisme est hautement critique envers le Big Business et toutes les variances de capitalisme de connivence qui peuvent en découler. La frontière entre la sphère publique et la grande entreprise privée devient totalement perméable, ce qui parachève l'« économie mixte » ou le « capitalisme d'État ». Certains proposent le terme plus adéquat de « socialisme de connivence », mais celui-ci ne s'est pas imposé.

L'élu libertarien américain Ron Paul déclarait ainsi en novembre 2011, avec des mots qui fonctionneraient bien en France également :

« Il y a beaucoup de capitalisme de connivence dans ce pays, des gens qui bénéficient de contrats avec le gouvernement, ou qui sont renfloués par la FED. Ils ne méritent pas de compassion, ils méritent de se voir supprimer tous leurs bénéfices. Il ne faut pas confondre cela avec le vrai capitalisme, quand quelqu'un gagne de l'argent, produit quelque chose. »
    — Ron Paul, Michigan GOP Oakland University Debate

Les Échos sont une bonne illustration de ce rapport ambigu, prônant parfois des mesures libérales, parfois au contraire des mesures antilibérales, tant qu'elles avantagent les entreprises. Loin de plaider pour moins de réglementation publique sur de nombreux sujets (comme le font les libéraux), le journal plaide souvent pour des réglementations qui défendent les intérêts des entreprises.

Notes et références

  1. Tristan Gaston-Breton, "Un média qui n'a cessé de se réinventer", Les Échos, publié sur le site les Échos.fr le 12 octobre 2018, mis à jour le 6 août 2019 et consulté le 13 juin 2023
  2. Favilla : l'éditorial maison
  3. ACPM
  4. Patrick Eveno, La presse quotidienne nationale. Fin de partie ou renouveau ?, Vuibert, 2008, p. 92


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