Vous pouvez contribuer simplement à Wikibéral. Pour cela, demandez un compte à adminwiki@liberaux.org. N'hésitez pas !


Mondialisation

De Wikiberal
(Redirigé depuis Mondialisation économique)
Aller à la navigation Aller à la recherche
Un porte conteneur, symbole de la mondialisation contemporaine

La mondialisation est l'accroissement de l'interdépendance des pays et des individus, interdépendance d'ordre économique, technologique, environnementale, culturelle ou encore sociale.

Définitions de la mondialisation

La mondialisation économique n'est qu'une composante du phénomène bien plus vaste de mondialisation, qui apparaît de façon récurrente dans l'histoire, en particulier au rythme du progrès des transports et des communications :

  • première mondialisation : XVe et XVIe siècles : grandes expéditions maritimes et grandes découvertes, création des premières routes commerciales entre l'Europe, l'Asie, l'Afrique et l'Amérique, échanges entre les Royaumes d'Espagne, du Portugal et leurs colonies, commerce triangulaire ;
  • deuxième mondialisation : seconde Révolution industrielle (de 1860 jusqu'à la crise de 1929)
  • troisième mondialisation : initiée dans les années 1970 par la généralisation des changes flottants et la financiarisation croissante de l'économie ; déploiement des flux financiers du capitalisme à l'échelle de la planète, avec les flux commerciaux, technologiques, informationnels, décisionnels, culturels qui l'accompagnent.

Un auteur comme Suzanne Berger positionne pour sa part deux mondialisations :

  • la première mondialisation, de 1870 à 1914
  • la seconde mondialisation à partir des années 1980. Entre ces deux périodes, le commerce, les migrations, les flux de capitaux furent sévèrement restreints par les guerres mondiales.

Suzanne Berger ne considère que ces deux-là pour plusieurs raisons. En effet, commerce international et migrations existent depuis des centaines d'années, cependant ils comprennent trois caractères distinctifs, en dehors de ces deux ères de mondialisation :

  • l'essentiel de la production, consommation, et épargne ne relevait pas véritablement d'un marché : tout était produit et consommé quasiment au même endroit, notamment les denrées agricoles)
  • les États contrôlaient énormément les interactions entre marché local et commerce international
  • les acteurs impliqués dans le commerce international étaient peu nombreux jusque vers 1850, date à laquelle notamment les marchés des capitaux se sont ouverts aux petits épargnants.

Histoire de la mondialisation

La mondialisation dans le monde romain

Des amphores à Pompéi, un des vecteurs de la mondialisation antique, pour transporter les ressources

Même si l'idée d'une interaction entre tous les hommes du oikumène[1] n'a jamais été explicitement émise à cette époque, le monde romain a déjà connu une première forme de mondialisation. Rome unifie un espace comme aucune autre civilisation ni aucun autre empire auparavant. Loin d'être à sens unique, les échanges entre Rome et les Barbares étaient à double sens : ainsi des produits venus de l'Empire (Égypte, Syrie, Asie Mineure) ont été découverts en Inde, à Ceylan, au Yémen et même en Chine. Les produits de luxe importés à Rome étaient extrêmement chers, en raison des coûts de transport et de la fiscalité romaine aux frontières. Loin de connaître une « délocalisation » des activités vers les terres moins chères, les marchands se rapprochent au contraire des marchés gros consommateurs de leurs produits, tout en réduisant les risques du transport.

En un sens, Rome a créé un système économique unifié, autour d'une monnaie commune, et au travers de la diffusion dans tout l'Empire de produits comme la céramique, les textiles, les amphores. Mais, d'un autre côté, Rome a laissé subsister jusqu'au milieu du IIIe siècle après J.C. d'autres systèmes monétaires dans le monde grec. Rome n'a jamais imposé son droit, bien que le droit romain fut le seul répandu dans tout l'Empire. Les cultes des peuples locaux ont été préservés, même si les Romains ont fréquemment rebaptisé les divinités locales de noms de Dieux romains, ce qui est un très efficace facteur d'acculturation.

À l'instar de la mondialisation contemporaine, ce n'est pas parce que les modes de vie de Rome se sont propagés et ont été imités dans tout l'Empire, de même que l'usage du latin, l'huile d'olive, les thermes et le cirque, qu'il y a eu autre chose que la volonté de paraître moderne en imitant la puissance dominante. C'est librement que la culture romaine a été adoptée un peu partout dans l'Empire, et c'est sans doute la raison pour laquelle le mode de vie greco-romain a si profondément imprégné tant de civilisations, encore de nos jours.

Des grandes découvertes au XVIIIe siècle

Si l'histoire mondiale tend graduellement et avec des heurts vers une mondialisation plus grande, les grandes découvertes marquent une transformation, avec la découverte de nouveaux continents et l'élargissement de la sphère connue (dans une perspective européenne). De nouveaux produits arrivent en Occident (cacao, café, etc.), et les échanges économiques, technologiques et culturels entre civilisations se multiplient, parfois dans la douleur (épidémies, esclavage, etc.). Les développements des moyens de transports, maritimes en particulier, sont essentiels. On estime qu'en 1600, environ un tiers des habitants d'Amsterdam sont nés en dehors des Pays-Bas[2].

Révélateur d'une communication qui s'étend et d'une population qui prend conscience du reste du monde, Geminiano Montanari écrit en 1680 dans Trattato mercantile delle monete : « Les communications des peuples entre eux sont si étendues sur tout le globe terrestre que l'on peut quasiment dire que le monde entier est une seule ville où se tient une foire permanente de toutes les marchandises et où tout homme, sans sortir de chez lui, peut au moyen de l'argent s'approvisionner et jouir de tout ce que produisent la terre, les animaux et le labeur humain. Merveilleuse invention ! » .

1870 - 1914 : une nouvelle vague de mondialisation

La mondialisation qui eut lieu entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle s'est caractérisée par :

  • de fortes migrations (55 millions d'Européens s'installèrent au Nouveau Monde, la Suède et l'Irlande perdirent 10 % de leur population)
  • fortes proportions, pour de nombreux pays, d'investissements en capitaux dans le Nouveau Monde et les pays en développements (9 % du PIB pour la Grande-Bretagne, 3,5 % pour la France, ce qui est plus que de nos jours)
  • convergence des prix des matières premières (par exemple, le blé était vendu 57,6 % plus cher à Liverpool qu'à Chicago en 1870, différence tombant à 15,6 % en 1913 ; il en a été de même pour un très grand nombre de biens autres que les simples matières premières)
  • convergence des salaires réels, aussi bien entre l'Europe et le Nouveau Monde, mais aussi à l'intérieur de l'Europe entre pays riches et pays pauvres [3]

Ce n'est qu'en 1980 que les différents points énumérés ci-dessus concernant les effets observés lors de cette première mondialisation ont retrouvé leurs valeurs de 1914 (à l'exception des flux migratoires.)

Mondialisation contemporaine (1980 - ?)

Le monde connaît une nouvelle vague de mondialisation à partir des années 1980, marquée en particulier par la figure du porte-conteneurs transportant des ressources à travers le monde. Les entreprises développent une localisation de leurs productions en fonction des points forts des pays, et le commerce international explose. Alors que le transport aérien et les moyens de communication se développent, Internet en particulier, le monde « se réduit ». Grace à la mondialisation, le coût des biens de consommation est entré dans une longue phase de baisse relative de prix, tout en augmentant massivement la diversité des produits accessible à tous. Des bénéfices massifs pour la population mondiale : « la mondialisation a le cœur à gauche » déclara ainsi Renato Ruggiero, directeur général de l'OMC en 1997[4]. Il souligne par là qu'en permettant la concurrence et en favorisant la baisse des prix, la mondialisation sert tous les individus et non quelques privilégiés, comme le protectionnisme. Loin de niveler, la mondialisation permet au final d'élever tout le monde, comme le note Xavier Fontanet[5].

Grâce à cette nouvelle mondialisation, qui ouvre les horizons de la population mondiale, l'être humain a accès à plus de liberté pour se définir. Comme l'écrit le prix Nobel de littérature Mario Vargas Llosa dans La culture de la liberté : « La mondialisation étend radicalement à tous les citoyens de cette planète la possibilité de construire leurs propres identités culturelles à travers l’action volontaire, selon leurs préférences et leurs motivations intimes. Désormais les citoyens ne sont pas toujours obligés, comme dans le passé et dans de nombreux endroits encore aujourd’hui, de respecter une identité qui les piège dans une sorte de camp de concentration duquel on ne peut échapper : l’identité qui leur est imposée par le langage, la nation, l’Église, et les coutumes de l’endroit où ils sont nés. En ce sens, la mondialisation doit être accueillie favorablement, car elle élargit notablement les horizons de la liberté individuelle. »

La Chine, qui accède à une certaine prospérité grâce à la mondialisation voit en 20 ans son PIB multiplié à par dix, passant de 1300 milliards en 2011 à 14 700 milliards en 2021[6]. La Chine passe pendant ce temps là de septième puissance économique mondiale à la deuxième place, avec l'ouverture commerciale de son économie, incarnée par l'adhésion à l'OMC en 2001.

Des phénomènes comme la crise du covid, soulignant la relative faiblesse du commerce mondial, voire les risques à trop dépendre de pays externes semblent susciter un risque de « démondialisation ». Alors que les délocalisations en Chine ont été un moteur de la mondialisation, les tendances « anything but China » ou « not made in China », nourries entre autres par les risques politiques en Chine, renforcent les inquiétudes sur une démondialisation qui serait néfaste pour la population mondiale.

Point de vue libéral sur la mondialisation

Les libéraux sont d'avis que le principe même d'une règlementation des échanges est anti-libéral et qu'il s'agit de mercantilisme ou de protectionnisme. Pour un libéral, la mondialisation des échanges est une recette où tout le monde peut gagner. Elle permet d'ouvrir aux producteurs de tous les pays de larges débouchés et donc une meilleure rémunération. Par exemple, elle permet aux pays pauvres d'avoir accès aux marchés des pays riches actuellement verrouillés (le marché agricole européen est un des meilleurs exemples), ce qui leur permet d'augmenter leurs ventes et donc leurs bénéfices. Elle met les capitaux du monde entier en concurrence les uns avec les autres, au bénéfice des travailleurs du monde entier, tout autant que la main-d'œuvre du monde entier, au bénéfice des capitalistes et surtout des consommateurs. La mondialisation apparaît ainsi comme un puissant facteur de développement économique pour le plus grand nombre.

La baisse de salaires dans les pays riches en raison des importations en provenance des pays bon marché ne devrait-elle pas être une conséquence logique de la mondialisation ? En réalité, ces pays fortement importateurs ne connaissent pas de baisse des salaires. Jagdish Bhagwati explique que, dans un produit importé, par exemple de Chine, le salaire ne représente qu’une part modeste du prix (de l’ordre de 10 %). La concurrence joue donc peu sur les salaires. Par ailleurs, un emploi supprimé par suite d’une délocalisation sera presque toujours remplacé par un autre emploi. Ce nouvel emploi est généralement plus rémunérateur car plus qualifié ; la mondialisation tire donc toutes les économies vers le haut.

De ce fait, ils ne voient dans la médiatisation de la mondialisation et l'épouvantail des délocalisations qu'une tentative de justification émotionnelle et irrationnelle du protectionnisme. Certains auteurs, tel Jagdish Bhagwati soulignent toutefois que si la mondialisation est bonne pour la croissance globale, ses effets pervers doivent être traités par ailleurs (par exemple, un État peut légitimement subventionner les agriculteurs à titre personnel, à condition que les obstacles au libre-échange des produits soient levés).

Il n’existe pas un seul exemple répertorié où la protection accordée à une entreprise incapable de résister à la concurrence internationale soit parvenue, à terme, ni à sauver cette entreprise, ni à faire progresser l’économie nationale.

La mondialisation n’est qu’une expression de la liberté des acteurs économiques : qu’ils soient consommateurs, producteurs, salariés, entrepreneurs ou épargnants (et nous sommes tous un peu tout cela à la fois), ces acteurs de la vie sociale et économique ont un espace de choix plus grand avec l’ouverture des frontières.

Enfin, il ne faut pas omettre que, sur le marché mondial, ce ne sont plus des produits que l’on échange, mais des tâches. L’entreprise est devenue un concepteur, distributeur, rassembleur de tâches qui aboutissent à un produit ou à un service finis. La nationalité de ce produit ou de ce service ne fait plus sens.

Mondialisation et mondialisme

La mondialisation ne doit pas être confondue avec le mondialisme[7], projet d'instituer un État mondial qui gouvernerait l'ensemble des peuples. La mondialisation est un retour à la liberté des échanges qui existait avant le XXe siècle, alors que le mondialisme est un projet socialiste et étatiste qui n'a rien à voir avec elle. Les différents organismes internationaux favorisent davantage le mondialisme que la mondialisation, car ils entravent les échanges sous prétexte de les réguler.

Citations

  • « On voit des McDonald's au coin de chaque rue, des films américains dans tous les cinémas, des Coca-Cola dans toutes les cafétérias, mais pas les milliers de cafés où l'on prend un sandwich jambon-beurre, ni les bouteilles d'Evian ou de Badoit, PPDA ou Gérard Depardieu ; on ne voit pas que dans la presse régionale la big news reste l'élection du conseil municipal... Pour nous, pays riches, la mondialisation est en grande partie imaginaire, elle est peut-être notre imaginaire. » (Daniel Cohen, La Mondialisation et ses ennemis)
  • « La mondialisation financière interdit ce que Jacques Rueff appelait la recette du gouvernement gratuit, c’est-à-dire la distribution de faux droits et le recours aux facilités de la planche à billets. Quand le recours à la planche à billets et la fuite en avant dans l’endettement ne sont plus possibles compte tenu des disciplines imposées par les marchés financiers, quand on ne peut plus guère augmenter les impôts, l’étatisme trouve ses limites. » (Alain Madelin)
  • « La plupart des excès ou des effets pervers que l'on attribue généralement à la mondialisation ont souvent d'autres causes. Ceux qui veulent sincèrement lutter contre l'injustice et la pauvreté ne doivent pas se tromper de cible. Sinon, ils prennent le risque d'inspirer des mesures et des politiques publiques qui ne feront qu'aggraver ces effets pervers. » (Agnès Verdier-Molinié[8])
  • « Les craintes injustifiées à l'égard de la mondialisation conduisent à des protections douanières de toutes sortes qui sont la manifestation la plus évidente de cet usage de la contrainte publique. Il en résulte que les échanges sont freinés ou empêchés, et donc que des richesses sont détruites. » (Pascal Salin)

Notes et références

  1. Notion géographique grecque désignant l'ensemble des terres habitées ou exploitées par l'homme.
  2. Les centres de progrès (16 ) : Amsterdam (ouverture)
  3. K.H O'Rourke et J.G Williamson, dans Globalization and History, 1999, attribuent 70 % de cette convergence aux migrations de masse
  4. Interview à l'AFP du 3 décembre 1997
  5. « La mondialisation ne nivelle pas, elle élève ! », Les Échos
  6. La Chine va-t-elle décrocher en s’isolant ?, Yves Montenay, Contrepoints
  7. Mondialisation et mondialisme, il ne faut pas confondre, Yves Ronsse, 24 novembre 2022
  8. Agnès Verdier-Molinié, La mondialisation va-t-elle... nous tuer ?, JC Lattès, 2008, pp.18-19

Annexes

Bibliographie

  • 2004.
    • Jean-Yves Naudet, dir. Mondialisation et éthique des échanges. Collection Éthique et Déontologie. Aix-en-Provence : Librairie de l'Université d'Aix-en-Provence. (ISBN 2-903449-73-2)
    • Johan Norberg. Plaidoyer pour la mondialisation capitaliste. Plon. (ISBN 2259200095) [prés. en ligne]
    • Martin Wolf, "Why globalization works", London: Yale University Press

Liens externes

Voir aussi


Société.png Accédez d'un seul coup d’œil au portail actualités du libéralisme.


La liberté guidant le peuple.png Accédez d'un seul coup d’œil au portail consacré au libéralisme politique.