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Mercantilisme

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Jean-Baptiste Colbert, figure du colbertisme ou mercantilisme à la française

Le mercantilisme est une doctrine économique qui prône le développement économique par l'enrichissement des nations au moyen du commerce extérieur. Elle se situe historiquement à la fin du Moyen Âge. Elle marque aussi la fin de la prééminence des doctrines de l'Église (la chrématistique) dans l'organisation sociale.

Le mercantilisme constitue un système simple dans la mesure où l'analyse du système social n'est pas prise en compte. Les écrits mercantilistes développent une problématique triviale : celle de l'enrichissement. Son élaboration s'est faite de la fin du XVe siècle jusqu'au milieu du XVIIIe siècle. Sur une telle période les hypothèses ont bien sûr évolué, rendant la doctrine assez vague. Elle se répandra dans la plupart des nations d'Europe en s'adaptant aux spécificités nationales.

On distingue ainsi parfois le bullionisme (ou « mercantilisme espagnol »), le colbertisme (ou « mercantilisme français », voire « industrialisme ») et le commercialisme (ou « mercantilisme anglais »).

Les principaux concepts mercantilistes

  • La richesse est constituée de métaux précieux qu'il faut thésauriser.
  • L'accumulation de la richesse des nations découle du solde positif des échanges extérieurs. D'où les efforts de chaque nation pour drainer les excédents monétaires dérivés du commerce international et de l'exploitation coloniale.
  • Mise en place de mesures pour garantir une balance commerciale positive, notamment en stimulant ou créant des productions nationales.
  • En taxation des importations, et protection du marché intérieur pour les manufactures locales, au bénéfice de monopoles de production. Et destruction des productions concurrentes des nations dominées.
  • Subsides à l'exportation, aux monopoles, commandes publiques.
  • Affaiblissement des corporations et du petit producteur indépendant au profit des manufactures dans les villes portuaires ou sous la protection spéciale du roi.
  • L'économie est un jeu à somme nulle dont la mise est le stock de métaux précieux. Tout le monde ne pouvant gagner, ce que certains gagnent, d'autres le perdent.

Critiques du mercantilisme

Le mercantilisme repose sur une erreur conceptuelle majeure, croire que le commerce est un jeu à somme nulle, dans lequel il ne peut y avoir qu'un seul gagnant. Dans cette vision erronée, l'importation est toujours un mal, l'exportation toujours un bien. Mais si des agents économiques choisissent d'importer un bien, c'est qu'il leur apporte plus que l'argent dont ils préfèrent se dessaisir, et qu'ils y sont gagnants, comme celui qui leur a vendu le bien. Il n'y a pas un gagnant et un perdant mais deux gagnants si l'échange est libre (voir subjectivité de la valeur). Comme le disait déjà l'économiste Henry George il y a un siècle :

« Si les choses dont nous nous efforçons d'éviter l'entrée étaient les rats et la vermine - toutes choses dont nous souhaitons avoir le moins possible - une telle politique serait parfaitement rationnelle. Mais ce dont nos exportations et nos importations sont faites ne consiste en rien en choses que la nature nous imposerait contre notre volonté et dont nous n'aurions qu'une pensée, nous en débarrasser; il s'agit de biens et de services que la nature nous donne en retour de notre travail-Qu'y a-t-il de plus insensé que l'idée que la meilleure manière d'enrichir le pays serait de refouler au loin ces biens et d'empêcher les gens de les y amener ? N'est-ce pas la plus étrange des perversions intellectuelles ? N'est-ce pas au moins aussi étrange et absurde que si on voyait un chien aboyer et mordre chaque fois qu'on lui tend un os, et en revanche agiter sa queue de contentement à chaque fois qu'on le lui retire de la gueule ?. »

Ce ne sont pas des États qui commercent entre eux, mais à chaque fois des acteurs individuels, et

L'économiste Henri Lepage revient longuement sur « l'erreur mercantiliste » dans l'essai du même nom[1].

Citations

  • « Les protectionnistes sont encore dominés par la jalousie commerciale excitée et entretenue par ce préjugé : « Nul ne gagne qu'au dommage d‘autrui ». Le vieux système mercantile avait pour but de ruiner les pays étrangers en drainant leurs métaux précieux. L'intervention d’un gouvernement dominé par de telles survivances implique une politique internationale irritante. Le protectionnisme est un facteur de guerre. » (Ligue du libre-échange, Manifeste, 1911)
  • « Le mercantilisme désigne l'ensemble des rationalisations qui, depuis la fin du XVIe siècle en Europe, prétendent justifier l'exploitation du peuple par les monopoles et autres apparences de la même imposition-subvention. En France, sous le nom de colbertisme, il constitue le fonds d'analphabétisme économique — et ce qui est pire, inconscient — de la classe dirigeante. » (François Guillaumat)

Informations complémentaires

Notes et références

  1. L'erreur mercantiliste, Henri Lepage

Bibliographie

  • 1935, Eli Hecksher, "Mercantilism", London: MacMillan. II vols
  • 1939, Charles Woolsey Cole, "Colbert and a Century of French Mercantilism", 2 vols. New York: Columbia University Press
  • 1931, Charles W. Cole, "French Mercantilist Policy Before Colbert", New York: R. R. Smith
  • 1943, Charles W. Cole, "French Mercantilism, 1683–1700", New York: Columbia University Press
  • 1993, Laura LaHaye, "Mercantilism", In David R. Henderson, dir., "The Fortune Encyclopedia of Economics: 141 Top Economists Explain the Theories, Mechanics, and Institutions of Money, Trade, and Markets", New York: Time-Warner Books, Inc., pp534-538
  • 1994, John Moser, "Mercantilism in 18th Century Austria: Trieste as a Test Case", Thematica: Historical Research and Review, 1, Summer, pp42-60
  • 2003,
    • Peter Groenewegen, Gianni Vaggi, "Introduction: from Mercantilism to Marx", In: Gianni Vaggi, Peter Groenewegen, dir., "A Concise History of Economic Thought. From Mercantilism to Monetarism", Palgrave, pp3-11
    • Lars G. Magnusson, "Mercantilism", In: Jeff Biddle, John Davis, Warren Samuels, dir., "Companion to the History of Economic Thought", Oxford, UK: Basil Blackwell Publishers, pp46-60

Voir aussi

Liens externes


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