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Colbertisme

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Presse
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The Economist : la France fait mieux que les Anglo-Saxons, Pierre Haski, Rue89, le 9 mai 2009.

Le colbertisme est une doctrine économico-politique interventionniste élaborée par Jean-Baptiste Colbert (1619-1683) et menée sous le règne de Louis XIV. C'est un des premiers courants de pensée en économie. Elle est la variante française de la théorie économique du mercantilisme dont les principales caractéristiques sont la thésaurisation des richesses (or, argent…), la protection du marché intérieur (protectionnisme), l'octroi de subsides à l’exportation et la mise en place de commandes publiques. Elle est également influencée par la physiocratie.

Même si une telle doctrine tolère une certaine liberté du commerce, elle n'est pas d'essence libérale. Elle recherche systématiquement un excédent de la balance des paiements, ce qui permet à l'État de s'enrichir et de constituer une armée puissante (principal but sous Louis XIV).

Dès le XVIIe siècle la politique de Colbert fut critiquée. En 1695, Pierre de Boisguilbert dresse l’état de la France dans Le détail de la France où il met en cause la politique menée par Colbert, politique de blocage des prix et de protectionnisme, ainsi que l'endettement et la pression fiscale dus aux guerres entreprises par Louis XIV.

Le terme de colbertisme est employé aujourd'hui par les étatistes français pour justifier la part plus importante de l'intervention de l'État dans l'économie française en comparaison avec les autres pays occidentaux, une « exception française » qui serait ainsi justifiée historiquement en invoquant la figure prestigieuse du ministre de Louis XIV. Le colbertisme, ce n'est pas l’État au service du citoyen, c'est l'économie au service de l’État, préfigurant le capitalisme d'État et l'économie administrée. Le colbertisme culmine avec le concept d’État-stratège avancé par certains politiciens, qui n'est qu'une resucée prétentieuse du planisme qui a échoué dans les pays socialistes.

Bibliographie

  • 1846, Pierre Clément, "Histoire de la vie de Colbert et de son administration", Paris
  • 1912, J. H. Bridges, "France Under Richelieu and Colbert", London
  • 1931, E. C. Lodge, "Sully, Colbert, and Turgot", London: Methuen & Co.
  • 1939, Charles W. Cole, "Colbert and a Century of French Mercantilism" (2 vols.; New York)

Voir aussi

Citations

  • «  L’art de l’imposition consiste à plumer l’oie pour obtenir le plus possible de plumes avec le moins possible de cris. »
        — Attribué à Colbert

  • «  Colbert, le grand maître de la politique économique et financière, table sur les subventions et les contrôles de l'État pour faire naître les industries, et sur des tarifs douaniers ultra-protectionnistes pour que les produits français échappent à la concurrence étrangère. […] L'illustre ministre de Louis XIV, encore célébré aujourd'hui comme un génie par les néo-keynésiens français, incarne au XVIIe siècle l'incompréhension de la nature même de l'économie. »
        — Philippe Simonnot, Vingt et un siècles d'économie, chap. 17

  • «  La France serait l'ennemie du marché parce que colbertienne ? Écoutons Colbert : « Une entreprise qui est soutenue par l'État, si elle ne fait pas de bénéfices au bout de 5 ans, doit être abandonnée ». Notre État contemporain a-t-il abandonné en temps utile la SNCF, Air France, le Crédit Lyonnais et autres gouffres de la richesse nationale ? Non. Alors, qu'il laisse Colbert tranquille. »
        — Jean-François Revel, La Grande Parade, chap. 12

  • «  Le mercantilisme désigne l'ensemble des rationalisations qui, depuis la fin du XVIe siècle en Europe, prétendent justifier l'exploitation du peuple par les monopoles et autres apparences de la même imposition-subvention. En France, sous le nom de colbertisme, il constitue le fonds d'analphabétisme économique — et ce qui est pire, inconscient — de la classe dirigeante. »
        — François Guillaumat

  • «  Colbert, principal conseiller de Louis XIV, était un des premiers étatistes modernes. Il était convaincu que la régulation gouvernementale pouvait engendrer la prospérité nationale et que seule la « croissance économique » pouvait permettre des taux d’imposition plus élevés ; alors il se consacra à rechercher « une augmentation de la richesse en encourageant l’industrie ». Cet encouragement consistait à imposer d’innombrables contrôles gouvernementaux, des circulaires régulatrices qui étouffaient l’activité ; le résultat fut un funeste désastre. »
        — Ayn Rand, Capitalism: The Unknow Ideal

  • «  Le colbertisme donna naissance au capitalisme rigide à la française, un avatar étatique du vrai capitalisme qui est libre et privé. Le colbertisme est l’alma-mater de l’ENA où est formatée l’élite française. »
        — Bernard Martoïa, 01/12/2013

  • «  Il est partisan d'une véritable politique industrielle dont l'objectif est à la fois de favoriser les exportations et de promouvoir la substitution aux importations. Devenu ministre sous Henri IV, il subventionne le développement de la production de soie. [...] Il fit prendre à Henri IV un édit qui oblige chaque paroisse à planter trois muriers, l'arbre sur lequel vivent les vers à soie. Et le roi lui-même plante solennellement trois muriers dans les jardins des Tuileries : fabriquer français, déjà. Cela tourne à la déroute, les mûriers mourant les uns après les autres. »
        — Jean-Marc Daniel, 8 leçons d'histoire économique

  • «  Dans le duel Fouquet-Colbert, le premier a le plus souvent été désigné comme le méchant, le mégalo, puni à juste titre par Louis XIV. Or Colbert, qui a imposé cette version, a inventé de toutes pièces l'image d'un Fouquet riche à millions, concussionnaire, quand lui-même, avant d'accéder au pouvoir en 1661, avait une fortune de 2 millions de livres, alors qu'il n'était même pas appointé par Mazarin. D'où tenait-il tout cet argent ? La vision d'un Colbert, M. Propre qui restaure l'ordre, a été mise en musique par Colbert lui-même, puis reprise et amplifiée à la fin du XIXe siècle, où l'idée d'un grand bourgeois commis honnête de l'Etat était du pain bénit. »
        — Daniel Dessert, Le Point, 13/06/2019

Liens externes


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