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Keynésianisme

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Keynésianisme
Définition de Keynésianisme : Ecole de pensée économique s'appuyant sur les travaux de Keynes et prônant un certain interventionnisme économique
Keynes, fondateur du keynésianisme, en une de Time

Penseurs John Maynard Keynes
Courants Néo-keynésianisme
Exemples
Étymologie De John Maynard Keynes, économiste britannique
Synonymes
Antonymes

Citation
Articles internes Autres articles sur Keynésianisme

Le keynésianisme est une école de pensée économique fondée par l'économiste britannique John Maynard Keynes au début du XXe siècle, qui postule que les marchés ne conduisent pas forcément à l'optimum économique, que le rôle de l'État est nécessaire pour réguler l'économie. Par extension, on qualifie ainsi les nombreuses écoles économiques qui ont pu en dériver (néo-keynésiennes). Bien que populaire auprès des hommes politiques dont elle justifie largement l'action, cette école de pensée est largement contestée en économie.

Concepts du keynésianisme

La thèse centrale des keynésiens est que le marché ne conduit pas nécessaire à l'optimum économique. Dès lors, une intervention de l’État est nécessaire afin de pallier les défaillances du marché. Pour justifier cette intervention publique, le keynésianisme part de plusieurs postulats sur l'économie :

  • C'est la demande qui détermine la croissance, et non l'offre comme l'énonce l'école de l'offre
  • Stimuler la demande permet de stimuler l'emploi plus rapidement et efficacement que cela ne fait augmenter les prix
  • Prix et salaires réagissent peu aux changements d'offre et de demande

Pour les keynésiens, l'économie est instable et seul l’État permet de stabiliser, à travers une stimulation de la demande via des plans de relance. Ils insistent particulièrement sur la stimulation de l'emploi, par opposition au respect d'une inflation faible (voir Courbe de Phillips).

Bilan du keynésianisme

Le keynésianisme a été la pensée dominante au lendemain de la Seconde Guerre mondiale mais a vite reflué en raison de son bilan. Dès les années 1970, la stagflation (combinaison de stagnation et d'inflation) vient démontrer l'échec de cette théorie qui ne parvient ni à stimuler l'emploi ni à contrôler l'inflation. Le keynésianisme, qui prévoyait un arbitrage entre inflation et chômage (principe erroné de la courbe de Phillips), et les politiques de relance qu'il préconisait, furent pris à contrepied et se révélèrent inefficaces. Ces politiques qui visaient à faire baisser le chômage (sans trop se préoccuper de l'inflation) n'y réussirent pas : il a même augmenté considérablement.

Plus récemment, la politique de soutien massif de la demande par des plans de relance sous la présidence de Donald Trump puis de Joe Biden nourrit là encore une inflation massive, qui culmine en 2023, et oblige les banques centrales à mener une politique de resserrement monétaire majeur, comme les tenants du monétarisme dans les années 1970.

Critique du keynésianisme

Le keynésianisme repose largement sur l'hypothèse du Multiplicateur keynésien qui voudrait que l'effet de la dépense publique sur l'économie soit supérieur au niveau de celle-ci. Autrement dit, la dépense publique créerait de la richesse. Ce postulat est largement contesté, et non vérifié en pratique.

Dans un article de 1974, « Ricardian Equivalence Hypothesis », le macro-économiste Robert Barro a ainsi montré que le multiplicateur keynésien ne pouvait pas avoir les vertus que lui prêtent les keynésiens. Financer un plan de relance par de la dette ou des impôts publics ne change rien : la dette est un impôt futur, et les ménages épargnent davantage pour se prémunir de ces hausses d'impôts futures, au détriment de la consommation. Le multiplicateur est, au mieux, égal à un. Il ne suscite au mieux aucune richesse. La question de l'équivalence ricardienne a suscité de nombreux débats et études depuis 1974. Une étude de Matthew Shapiro et Joel Slemrod a montré ainsi qu'en 2001, les baisses d'impôts temporaires du gouvernement américain avaient été très largement utilisées pour épargner en prévision de la hausse des impôts future[1].

Il serait cependant faux de dire que personne ne gagne grâce au keynésianisme : la dette n'étant remboursée que plus tard, ceux qui meurent avant ce remboursement ont récolté les bénéfices sans les coûts. C'est ce qui fait dire à l'économiste Tim Harford qu'un plan de relance n'est rien d'autre qu'une « taxe sur les adolescents »[1].

Le keynésianisme, une pratique ancienne

Si le keynésianisme est conceptualisé par Keynes, on en trouve des prémices de très longue date. Sous l'Ancien régime en France, Charles-Alexandre de Calonne tente de « relancer » l'économie française à la peine sous Louis XVI à travers plan de relance, emprunts et dépense étatique) ; cependant le déficit augmente inexorablement et oblige Calonne à envisager des réformes impopulaires, ce qui conduira à sa disgrâce.

Dès 1815 au Royaume-Uni, un équivalent du keynésianisme est tenté et laisse le pays au bord du gouffre. Seul le retour à l'étalon-or permettra alors de sortir le pays de l'ornière[2]

Citations

  • « Le keynésianisme militaire soutenu par les conservateurs et les progressistes conduit à dépenser l'argent du contribuable à hauteur de montants indécents, qui dépassent maintenant les dépenses militaires de toutes les autres nations réunies. Et les politiciens en sont très fiers. Ils peuvent se vanter de leur « conservatisme », alors qu'ils dépensent comme jamais auparavant. La menace qu'un pays envahisse les États-Unis est strictement nulle, et pourtant nous ne cessons de dépenser massivement en armement. La culture militaire a fait de notre pays le plus gros marchand d'armes au monde, et le plus gros de toute l'histoire. » (Ron Paul, Keynesianism in Liberty Defined)
  • « Le keynésianisme produit en cercle vicieux autoreproducteur le socialisme fabien, ce socialisme du grand capital qui appauvrit les classes moyennes, qui donne le pouvoir à la social-démocratie alliée des riches et des banquiers. Il produit des fonctionnaires/ponctionnaires. Il donne justification aux pertes de libertés, aux impôts et contrôles sans cesse croissants. Il creuse les inégalités de la société à trois vitesses. La Grande Alliance d’un côté, de l’autre, les classes de moins en moins moyennes, et enfin, les ultra-pauvres dont on achète le calme avec les miettes du système. » (L'Agefi, 19 octobre 2013)
  • « Si je devais devenir économiste, je choisirais d'être keynésien. C'est le groupe d'économistes le plus idiot de toute l'histoire. Ils croient tout ce qu'on leur montre sur un graphique. Je pourrais écrire n'importe quoi et ils le goberaient. Je ferais un malheur ! » (Donald Trump, People Magazine, 1998)
  • « L’ignorance en matière d’économie est monnaie courante. Le keynésianisme continue à prospérer, même si aujourd’hui il est confronté à des réfutations saines et enthousiastes. Les adeptes du keynésianisme militaire et du keynésianisme national continuent désespérément à promouvoir leurs politiques, qui ont pourtant échoué, alors que l’économie se languit en un profond sommeil. » (Ron Paul, discours d'adieu au Congrès, 14 novembre 2012)
  • « Le keynésianisme, merveilleuse doctrine économique qui soutient que pour faire de bonnes récoltes, il est nécessaire de bouffer les semences avant même de les avoir mis en terre et qu’il suffit ensuite d’emprunter à son voisin qui, lui, a semé en temps et en heure de quoi se nourrir et que ce faisant ils font le bonheur du voisin qui, sans cela, n’aurait eu personne à qui vendre sa récolte. » (Charles Gave[3])
  • « Aucune des constructions théoriques de Keynes ne peut être prise comme un point de départ solide pour de nouveaux progrès. Il est d’ailleurs inutile de les discuter, d'en préciser les obscurités, les contradictions et les erreurs... La théorie keynésienne n'a cessé de se caractériser que par une rare confusion de pensée et une totale incohérence qui seraient vraiment incompréhensibles si nous ne savions pas combien la logique a peu de poids lorsqu'il s'agit de justifier théoriquement certaines positions idéologiques. Bien des discussions qui au premier abord apparaissent au lecteur peu averti comme particulièrement obscures s'éclaireraient singulièrement si les textes pouvaient être accompagnés d'annotations où seraient clairement explicitées les arrière-pensées.... Avec le recul du temps on ne tardera pas à reconnaître qu'avec Keynes la théorie économique s'est fourvoyée pour de nombreuses années dans une voie erronée. » (Maurice Allais[4])

Informations complémentaires

Notes et références

  1. 1,0 et 1,1 Tim Harford, « Why a tax cut just isn’t fair on teenagers », Financial Times, 31 mai 2008, [lire en ligne]
  2. Keynésianisme : la leçon britannique de 1815, Contrepoints
  3. Le Sapeur Camember, grand précurseur de Keynes, Contrepoints
  4. Les fondements comptables de la macroéconomie, 1954

Bibliographie

  • 2016,
    • David Simpson, "What’s wrong with Keynesian economics?", In: Steven Kates, dir., "What's wrong with Keynesian economic theory?", Northampton: Edward Elgar, pp201-217
    • Peter Smith, "The conclusive fault line in Keynesian economics", In: Steven Kates, dir., "What's wrong with Keynesian economic theory?", Northampton: Edward Elgar, pp235-250

Voir aussi


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