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Vincent Ostrom

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Vincent Ostrom
économiste et sociologue

Dates 1919-2012
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Tendance École du choix public
Nationalité États-Unis États-Unis
Articles internes Autres articles sur Vincent Ostrom

Citation
Interwikis sur Vincent Ostrom

Vincent Ostrom (25 septembre 1919 — 29 juin 2012) fut le directeur fondateur de l'Atelier en Théorie Politique et en Analyse Politique, ainsi que professeur émérite de science politique, basé à l'Université d'Indiana.

Éléments de biographie

Vincent Ostrom a réalisé des recherches sur la théorie de la fragmentation, sur la théorie du choix rationnel[1], sur le fédéralisme, sur les ressources communes [Common Pool] et sur le polycentrisme, en se basant, en grande partie, sur les travaux du début du XXe siècle de Frank Knight, de Ludwig von Mises et de Friedrich von Hayek.

Il a d'abord fréquenté (1937) le Mt. Baker Union High School, à Deming, dans l’État de Washington (USA) et il a suivi des cours au Los Angeles City College (1938-1940). Il a ensuite obtenu un B.A. (1942), une maîtrise (1945) et un doctorat 1950 en sciences politiques de l'Université de Californie, Los Angeles (UCLA).

Vincent Ostrom est allé à l'Université d'Indiana en 1964 en tant que professeur de sciences politiques et il a co-fondé l'Atelier de Théorie politique et d'analyse politique avec son épouse et future prix Nobel d'économie en 2009, Elinor Ostrom. Au début de sa carrière, Vincent Ostrom a occupé les postes de professeur à l'Université du Wyoming, à l'Université de l'Oregon et de l'UCLA. Il fut également consultant de la Convention constitutionnelle de l'Alaska (1955-1956) pour la rédaction de l'article sur la gestion des ressources naturelles dans la Constitution de l'Alaska. Il a siégé au conseil de rédaction de plusieurs revues scientifiques comme l'American Political Science Review (1957-1960), Public Administration Review (Rédacteur en chef, 1963-1966), Publius: The Journal of Federalism (1972-2005), Constitutional Political Economy (1989 à aujourd'hui), et International Journal of Organization Theory and Behavior (1997-2006).

Ses travaux cherchent à comprendre les processus de décision des individus et l'équilibre entre le groupe et les intérêts individuels. Ses recherches impliquent l'attention sur ce qui motive le comportement humain (l'altruisme ou l'intérêt individuel), l'effet des institutions et des règles sur le comportement individuel et sur le groupe, et comment les institutions se transforment par l'action des individus. Sa préoccupation principale découle de son observation que la qualité de nos actions et de nos interactions entre participants du monde social est affectée par les cadres que nous construisons pour guider nos activités. Plus nous poursuivons cette orientation et plus la connaissance et l'intelligence s'avèrent d'une importance cruciale.

Le polycentrisme dans l'administration publique

Vincent Ostrom a commencé ses premiers travaux sur les droits des ressources en eau (1953). Il a analysé le fonctionnement de l'économie publique en utilisant un cadre analytique polycentrique. Il a mis en valeur qu'il existe une myriade d'entreprises différentes qui participent à la prestation de la distribution de l'eau, et ces entreprises exercent leurs activités sous une grande variété de cadres organisationnels. Il a ensuite développé, avec Charles Tiebout et Robert Warren (1961), puis perfectionné le concept de polycentrisme dans l'administration publique, c'est-à-dire comment les centres de décisions multiples, formellement indépendants, s'établissent au sein d'un système étatique. Il a proposé que les conditions de concurrence en quasi-marché, entre des centres de décisions multiples, accroissent la flexibilité et la réactivité. Contrairement à une organisation hiérarchique, le polycentrisme étatique évite le point focal de la connaissance ultime et de la nécessité d'autorité. Vincent Ostrom traite l’État, non pas comme une entité omnisciente d'intervention et de choix pour la société, mais comme le nœud où les individus participent à l'auto-gouvernance. L’État est plutôt représenté par une somme de couches fragmentées de gouvernements qui se chevauchent. Pour Vincent Ostrom, les finances publiques ne concernent pas l'étude de l'intervention du gouvernement dans une société, mais constituent plutôt l'étude de la façon dont les gens s'activent au travers d'une variété d'organisations pour promouvoir et faire avancer leurs projets et leurs intérêts. En outre, il place son analyse sur les processus émergents de développement et non sur les états d'équilibre, et ce, dans un contexte où une grande partie de ce développement est mise en mouvement par des conflits entre des personnes et leurs plans.

Vincent Ostrom est reconnu pour avoir fait avancer la théorie du choix rationnel et de l'administration démocratique, non seulement comme un moyen pour comprendre le comportement bureaucratique et la fourniture des services publics, mais comme une théorie distincte de l'administration publique. La plupart des recherches subordonnent le fédéralisme à la démocratie, ce qui sous-entend que le fédéralisme est un sous-ensemble de la gouvernance démocratique au travers d'une politique de décentralisation administrative. Pour Vincent Ostrom, le fédéralisme est d'ordre premier. L’État peut être polycentrique et non hiérarchiquement autoritaire. Dans cette formulation, il se positionne en profond contraste avec les propositions, généralement admises, qui traitent fondamentalement le fédéralisme comme une question de décentralisation administrative. La décentralisation peut, bien sûr, être traitée comme une simple question de choix administratif, en conformité avec une formulation d'un standard hiérarchique. Mais, cependant, cela n'a rien à voir avec une décentralisation, résultat émergeant d'un processus concurrentiel polycentrique.

Le reproche que formule Vincent Ostrom à la théorie traditionnelle des finances publiques est fondé sur l'intérêt portée, par cette dernière, sur une analyse dichotomique entre les biens privés et les biens publics, cette dissociation amène à une affectation de l'organisation économique respectivement au marché et à l’État. Cette dichotomie théorique est fortement répandue parmi les analystes politiques et économiques, or Vincent Ostrom met en garde que les questions essentielles relatives à l'auto-gouvernance, avec cette approche traditionnelle, sont mises à l'écart de la lumière de l'esprit. Les références, dans la littérature en économie politique et en finances publiques, suggèrent sans cesse que «l’État» dispose d'un monopole territorial. Une telle conceptualisation conduit presque inéluctablement à une position hiérarchique au sein d'une société, telle que celle véhiculée par la notion de souveraineté. Cependant, il est possible de prétendre que la souveraineté ne se concentre pas, quelque part dans un lieu particulier, mais qu'elle est répandue dans la population d'une société démocratique. Cette notion est illustrée par les formulations que le «peuple» ou le «consommateur» sont souverains dans une société démocratique. Cette posture affirme que les gens sont souverains en fin de compte, mais que la souveraineté est exercée en leur nom par des représentants élus et par des fonctionnaires exerçant leur pouvoir sur un monopole territorial. Mais, cette approche paralyse fortement un processus polycentrique de la société.

Vincent Ostrom a soutenu, également, que la théorie du choix rationnel de l'administration, assure un équilibre et constitue le fondement de l'administration publique basée sur les principes démocratiques de la Constitution américaine. Dans son livre de 1973, La crise intellectuelle dans l'administration publique, il décrit la décomposition des fondements intellectuels de l'administration publique. Il a noté l'augmentation de la participation des citoyens aux processus de décisions publiques et la large diffusion du pouvoir. Une administration démocratique est plus hétérogène dans son processus "de bas en haut" par rapport à des systèmes hiérarchiques "de haut en bas". Vincent Ostrom estime que l'ordre hiérarchique, responsable d'un centre de pouvoir unique, est moins capable de servir les besoins variés des citoyens et de faire face aux diverses conditions que rencontrent ces citoyens. Un ordre hiérarchique est moins rentable qu'une administration polycentrique. La dispersion de l'autorité entre différents centres de décision, aux mêmes compétences, et se chevauchant au sein d'une même juridiction, est essentielle pour faire progresser le bien-être humain et assurer un ordre politique stable.

Informations complémentaires

Notes et références

  1. Ses travaux le rapprochent d'auteurs comme M. Hechter, J. S Coleman ou R. Calvert
    • M. Hechter, 1990. "The Emergence of Cooperative Social Institutions", In: M. Hechter, dir., Social Institutions: Their Emergence, Maintenance, and Effects, KD Opp, and R Wippler. Aldine de Gruyter
    • J. S. Coleman, 1990, "Commentary: Social institutions and social theory", American Sociological Review, 55:333-339
    • R. Calvert, 1995, "The Rational Choice Theory of Social Institutions: Cooperation, Coordination, and Communication", In: Modern Political Economy: Old Topics, New Directions, pp216–228

Publications

Pour une liste détaillée des œuvres de Vincent Ostrom, voir Vincent Ostrom (bibliographie)

Littérature secondaire

  • 2012, Elinor Ostrom, Michael McGinnis, "Reflections on Vincent Ostrom, 'Public Administration, and Polycentricity'", Public Administration Review, Vol 72, n°1, pp15–25
  • 2014,
    • Paul Dragos Aligica, Filippo Sabetti, dir., "Choice, rules and collective action: the Ostroms on the study of institutions and governance", ECPR Press, Colchester, UK
    • Robert L. Bish, "Vincent Ostrom’s contributions to political economy", Publius: The Journal of Federalism, Vol 44, n°2, pp227–248
    • Liya Palagashvili, commentaire du livre dirigé par Paul Dragos Aligica, Filippo Sabetti, "Choice, rules and collective action: the Ostroms on the study of institutions and governance", Public Choice, vol 161, n°3-4, pp547–549
  • 2015, R. Herzberg, "Governing their commons: Elinor and Vincent Ostrom and the Bloomington School", Public Choice, Vol 163, n°1, pp95–109
  • 2019, Roberta Q. Herzberg, "Votes, Vetoes, Voice, and Exit: Constitutional Protections in the Work of James M. Buchanan and Vincent Ostrom", In: Richard Wagner, dir., "James M. Buchanan: A Theorist of Political Economy and Social Philosophy", New York: Palgrave Macmillan, pp467-486

Textes externes

Liens externes


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