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Féodalité

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Féodalité
Définition de Féodalité : Système d'organisation de la société au Moyen-Âge, basé sur les relations de vassalité et de suzeraineté
Féodalité, avec l'investiture d'un chevalier

Penseurs
Courants Histoire, Moyen Âge
Exemples
Étymologie Du latin médiéval feodum signifiant fief
Synonymes
Antonymes

Citation « En dépit du cliché de l'« anarchie féodale », la féodalité ne s'inscrit pas contre l'ordre politique, contre le principe de l'État. Elle est l'État, mais un État décentralisé, personnalisé, vivant, enraciné. Avec le château, jamais le pouvoir politique — la puissance qui protège et dit le droit — n'a été plus proche des administrés. Jamais la part d'autogestion n'a été plus réelle. » (Dominique Venner)
Articles internes Autres articles sur Féodalité

La féodalité ou féodalisme (du latin feudum, fief), est une organisation de la société qui se développa en Europe du Xe siècle au XVe siècle après le démembrement de l'Empire carolingien. Bien que basée sur le régime seigneurial, dont on retrouve des organisations similaires dans le reste du monde en Asie (Chine, Japon), en Afrique, la féodalité est propre à l'Occident européen.

Il est généralement reconnu que la féodalité trouve son origine avec le capitulaire de Quierzy-sur-Oise de 877 qui établit l'hérédité dans les domaines et les titres.

On peut caractériser le féodalisme par l'ensemble des institutions et usages entre suzerains et vassaux : le suzerain (terme dérivé de "souverain") ayant l'obligation de faire subsister son vassal (vassus, « serviteur ») par la remise d'un fief (terres ou droits, ou encore rente), le vassal lui devant foi et hommage. Ce type de relations, au départ limité à l'aristocratie guerrière, où le roi, suzerain des suzerains, attribue des fiefs à ses fidèles pour protéger plus efficacement son domaine, s'est étendu à l'ensemble de la société, les serfs, personnes attachées à la terre du seigneur, ayant un rapport de vassal à suzerain avec leur seigneur. La féodalité désigne alors une société caractérisée par la hiérarchie des terres et des personnes, le morcellement des terres et de l'autorité, la domination de la classe combattante.

Une organisation naturelle de la société

Loin d'être une curiosité de l'histoire, le féodalisme est une organisation décentralisée de la société qui apparaît naturellement en l'absence d'un pouvoir central. L'élite guerrière des chevaliers assure la protection aux paysans, qui en échange lui fournissent subsistance et moyens de s'équiper. On trouve ce type d'organisation aussi bien en Europe au Moyen-Âge qu'au Japon avec les shoguns, en Chine ancienne avec ses confédérations de seigneuries, en Égypte, en Inde, etc.

Le féodalisme tend cependant à décliner par suite de conflits locaux entre seigneurs, par manque de coordination face aux menaces extérieures, par la domination sans contrepoids de la classe combattante qui s'arroge des droits et des privilèges sans contrepartie, par l'émergence de la bourgeoisie ou d'un pouvoir central fort. Il disparaît avec l'apparition progressive de l’État moderne, qui s'arroge le "monopole de la violence légitime" et ne tolère de ce point de vue aucun "concurrent" sur son territoire. En Europe, il ne reste plus que quelques traces de la féodalité encore actives en droit positif (Andorre, île anglo-normande de Serck)...

Féodalité anglaise et centralisme français

En Angleterre, comme Delolme le montre très tôt (Constitution de l’Angleterre, 1771), la conquête des libertés (au pluriel) vient d’une alliance entre les barons et le peuple contre la royauté. Les grands textes qui consignent « les libertés anglaises » sont arrachés par les comtes et les barons au monarque, et ils font une part explicite aux sujets féodaux, au peuple des campagnes :

  • Magna Carta, concédée en 1215 et confirmée par Henri III en 1225 (sur les emprisonnements, sur le droit des marchands, etc.),
  • « statut » De tallagio non concedendo (1297) : pas de contribution sans « le consentement et la commune volonté » des clercs, des barons, comtes et bourgeois ;
  • Pétition du droit (1628) qui reconnaît la légitimité du Parlement ;
  • Habeas corpus (1679), concernant la justice et fournissant des garanties réelles et efficaces contre la détention arbitraire ;
  • Bill of Rights (1689) consacrant la Glorious Revolution, etc.

Il y a donc des libertés locales coutumières, des « franchises », que la société fait valoir contre l’absolutisme royal grâce à un système de représentation (les Parlements) qui ne supprime pas la diversité sociale, mais, à l’inverse, lui donne droit à la parole.

Un point absolument capital doit être souligné dans ce contexte historique : l’administration locale va être confiée à l’aristocratie, qui l’exerce de façon gratuite : d’où des libertés enracinées, vécues, pétries de particularisme (en corrélation directe avec le pouvoir aristocratique local). Tandis que la France connaît au XVIIe siècle une monarchie absolue, centralisatrice, unificatrice autant qu’elle peut l’obtenir dans une société corporative, sans organe de représentation exprimant les besoins de la société (les États Généraux sont mis en sommeil après 1614), le Royaume Uni est une alliance de deux royaumes (Angleterre et Ecosse) plus un pays conquis (Irlande), où le pouvoir de l’aristocratie tend à séparer fortement la société et l’État, tout en se réalisant comme « classe de service », qui sert de relais politique entre les localités et le centre.

Le libéralisme anglais provient donc très directement de la féodalité, comme le montre Bertrand de Jouvenel dans Du Pouvoir.

La dynamique politique française est très différente parce qu’elle repose sur l’appel fait par la royauté à la bourgeoisie contre la noblesse. La vénalité des charges, la création d’une noblesse du service administratif et judiciaire de l’État, en est un exemple. C’est l’État et son administration qui, créant des conditions d’égalité et d’unité, paraît promettre davantage la liberté comme protection, à l’encontre des privilèges seigneuriaux ; en un sens, l’État royal, comme monarchie administrative, est libérateur, émancipateur : à la suite de Delolme, l’historien britannique Henri Thomas Buckle consacre un chapitre de son Histoire de la civilisation en Angleterre à « l’esprit de protection » en France, par opposition aux tendances anglaises. La Révolution française s’inscrit dans cette logique, dans la mesure où elle refuse tout compromis avec la noblesse (devenue une classe improductive, parasite) et où elle crée d’en haut (par l’occupation de l’État par la bourgeoisie) des cadres de la liberté : droits de l'homme et codification achevée par Napoléon, représentation, conditions du vote, redistribution des biens de l’Eglise et de la noblesse, dits « biens nationaux » (terme révélateur).

Anarcho-capitalisme et féodalité

Une objection parfois formulée à l'égard de l'anarcho-capitalisme est que celui-ci conduirait à une sorte de retour à la féodalité : différents territoires tomberaient sous la coupe de grandes entreprises, d'agences de protection capables de s'assurer un monopole de la violence légitime sur les régions qu'elles contrôlent. A cela, on peut apporter les réponses suivantes :

  • la situation ainsi décrite, plutôt qu'un féodalisme, n'est qu'un retour à l'étatisme classique, avec des États plus petits et plus morcelés ;
  • à la différence du serf qui est attaché à sa terre, l'individu a toujours la possibilité de "voter avec ses pieds" et de s'installer dans des contrées plus favorables : à la différence de ce qui se passait au Moyen-âge avec sa féodalité figée, il y a une concurrence entre territoires et entre agences de protection ;
  • dans l'optique de la panarchie, il n'y a pas de raison que le pouvoir coercitif soit "territorialisé" : différentes agences de protection pourraient se partager une clientèle différente sur un même territoire, après avoir négocié entre elles des arrangements pour prévenir les points de contention possibles (voir à ce sujet Vers une société sans État).

Hans-Hermann Hoppe (La Grande Fiction - l'État, cet imposteur) affirme la supériorité du modèle féodal sur les démocraties actuelles : suprématie du droit naturel (pas de lois arbitraires) ; absence de pouvoir législatif ; absence de monopole légal (celui de l'État) pour l'arbitrage des conflits.

Citations

  • « Notre état de civilisation tout entier est un système féodal, où la propriété appartient à l'Homme ou à l'humanité et où rien n'appartient au Moi. En dépouillant l'individu de tout pour attribuer tout à l'Homme, on a fondé une énorme féodalité. » (Max Stirner[1])
  • « En dépit du cliché de l'« anarchie féodale », la féodalité ne s'inscrit pas contre l'ordre politique, contre le principe de l'État. Elle est l'État, mais un État décentralisé, personnalisé, vivant, enraciné. Avec le château, jamais le pouvoir politique — la puissance qui protège et dit le droit — n'a été plus proche des administrés. Jamais la part d'autogestion n'a été plus réelle. » (Dominique Venner, Histoire et tradition des Européens, éd. du Rocher. 2004)
  • « D'après tout ce que nous savons, les droits de propriété en 1200 en Angleterre et dans une grande partie de l'Europe féodale étaient mieux protégés qu'ils ne le sont aujourd'hui dans l'Angleterre et l'Europe contemporaines. » (Hans-Hermann Hoppe)

Informations complémentaires

Notes et références

  1. Max Stirner, L'Unique et sa propriété, p.389, [lire en ligne]

Articles connexes

Liens externes

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