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Marchandise

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Pour les libéraux, qui prônent la suprématie du Droit, la marchandise existe pour satisfaire les besoins des consommateurs. Tout objet peut être matière à échange, du moment que les droits de chacun, producteur, vendeur, consommateur, sont respectés.

L'homme est-il une marchandise ?

Pour un libéral, l'homme n'est pas une marchandise, car il ne peut faire l'objet d'un droit de propriété. Comme philosophie politique opposée à l'esclavage et à la servitude, le libéralisme ne cautionne donc pas l'idée selon laquelle un individu pourrait être cédé ou vendu comme le serait un produit commercialisé. A ceux qui assimilent le salariat à l'esclavage, il convient de répondre qu'en tant que salarié un individu est payé pour le service qu'il rend à son employeur, et non pas parce qu'il aurait loué ou, a fortiori, vendu son corps. Ensuite, le contrat de travail a été signé librement par celui qui a accepté de devenir employé.

Considérer l'homme comme une chose ou comme un moyen est le propre des régimes totalitaires, pour lesquels l'individu s'efface devant le collectif ou l'État. On pourrait dire que le collectivisme est le stade ultime de la marchandisation du monde, où l'individu n'est plus qu'un outil de production au service de l’État.

Accuser les libéraux de considérer l'homme comme une marchandise fait partie des manœuvres rhétoriques de victimisation qu'affectionnent les collectivistes (voir aussi loi du plus faible).

L'enfant est-il une marchandise ?

Dans certains cas où l'homme semble traité comme une marchandise (aux dires de certains), ne résistent pas à l'analyse. Par exemple, dans le récit Aux champs de Maupassant, des parents sont accusés d'avoir « vendu » leur jeune enfant, alors qu'il ne s'agit que d'une adoption monnayée (qui de plus se révèle en fin de compte très profitable à l'enfant ainsi « vendu », qui, grâce à ses parents adoptifs bénéficie d'une meilleure éducation que les autres enfants « non vendus »). Qu'on le veuille ou non, il existe un « marché de l'adoption », de même qu'il existe un « marché du travail » ; cela ne signifie pas pour autant que l'homme y soit considéré comme une marchandise. Par extension, la gestation pour autrui (mères porteuses) est un droit, puisque personne n'est lésé par de tels actes : ce n'est pas un enfant qui est acheté, mais les services de gestation d'une personne.

Pour certains auteurs libéraux, il est tout à fait correct, concernant les enfants, d'en parler comme étant propriété des parents. Ainsi Murray Rothbard, dans L'Éthique de la liberté (chapitre 14, Les enfants et les Droits), affirme qu'« à la naissance de son enfant, la mère en devient possesseur à titre fiduciaire, avec pour seule obligation légale de ne pas commettre d’agression contre sa personne, puisque l’enfant dispose en puissance de la propriété de soi. » De ce fait, l'enfant dispose du droit de s'enfuir, de trouver d'autres parents, ou de vivre de façon autonome. De même, l'adoption (marché libre des enfants, selon le terme de Rothbard) ne devrait pas être réglementée.

Rothbard va jusqu'à affirmer que les parents pourraient laisser mourir de faim leurs enfants :

Dans le contexte des relations parents-enfants, notre théorie signifie qu’un parent n’a pas le droit d’agresser ses enfants, mais aussi qu’il ne devrait se voir imposer aucune obligation légale de les nourrir, de les habiller ni de les éduquer puisque toute obligation de ce genre signifie que des actions positives sont imposées de force aux parents et les dépouillent de leurs Droits.

À l'appui de sa proposition, il cite Benjamin Tucker qui écrit :

Dans le régime de liberté identique pour tous, à mesure qu’il acquiert individualité et indépendance, l’enfant a le droit de n’être pas agressé ni entravé, point final. Si les parents négligent de l’entretenir, cela n’impose aucune obligation de l’entretenir à qui que ce soit d’autre. (Instead of a Book, 1893)

Ce point de vue est cependant isolé et difficilement défendable[1], ainsi Walter Block écrit  :

Pas d’obligations positives est une expression qui implique que le parent n'a pas plus d'engagement impératif de nourrir, habiller et héberger son propre enfant qu’il n’en a de remplir les mêmes obligations envers les enfants d'autres gens, ou envers de quelconques adultes qui n'ont absolument aucun lien avec lui par la naissance, par un accord, etc. Ceci ne veut toutefois pas suggérer que les parents ont le droit de tuer leur enfant. De même que les parents n'ont pas le droit de tuer les enfants d'autres parents, ils n’ont pas le droit de tuer leurs propres enfants, ou - plutôt - les enfants auxquels ils ont donné naissance.

Les parents, quand ils assument leur rôle parental, sont une sorte de caretakers, de nourriciers pour l'enfant. Si jamais les parents désirent renoncer à ce rôle qu'ils ont volontairement choisi, ou s'ils ne veulent pas assumer cette obligation dès le début, ils sont complètement libres de le faire. Ils peuvent offrir l'enfant pour être adopté ou, selon la vieille tradition de la loi naturelle, laisser le bébé sur les marches d'une église ou le perron d'une institution charitable.

Mais les parents ne peuvent pas dissimuler le bébé dans un coin caché de la maison, sans nourriture, ou refuser de l'offrir pour être adopté en attendant qu’il meure. Ceci équivaudrait à un assassinat - un crime qui doit toujours être sévèrement condamné. (Pour un marché libre du travail des enfants)''

Les organes sont-ils des marchandises ?

Ce n'est pas la nature d'une chose matérielle qui fait ou ne fait pas d'elle une marchandise, c'est le consentement de son propriétaire. Ainsi la vente d'organes est légitime dès lors que le consentement du donneur ne fait aucun doute. Une législation qui déclare que certaines choses (organes, drogues, armes...) ou certains services (prostitution, adoption...) ne sauraient en aucun cas être des marchandises, et donc faire l'objet d'échanges libres, n'a pour effet que de restreindre la liberté individuelle au nom de principes éthiques subjectifs.

Le critère du consentement permet donc de considérer les organes comme des marchandises, alors que l'homme (ou l'enfant) ne peuvent être des marchandises. De telles marchandises peuvent donc être librement vendues ou données (don du sang, don d'organe), bien que le droit positif, le plus souvent (et de façon incohérente), ne tolère que le don.

La santé (la culture, la justice, le bonheur, l'amour…) sont-ils des marchandises ?

Les collectivistes n'ont de cesse de vouloir retirer du secteur marchand toutes sortes de biens ou de services pour les confier au secteur public, feignant d'ignorer que ces biens ou ces services ne tombent pas du ciel, mais résultent du travail de spécialistes qu'il faut bien rémunérer à proportion de leur compétence et de leur utilité sociale, ce que seul le marché permet de faire, la concurrence étant le plus sûr moyen d'obtenir la qualité dans tous les domaines. Un médecin exerce son métier peut-être par vocation, mais aussi dans l'espoir d'en retirer un bénéfice personnel, et le transformer en fonctionnaire (ce qu'a réussi peu ou prou la Sécurité sociale dans certains pays), afin de ne pas marchandiser la santé, aboutit à privilégier la pénurie, la mauvaise qualité, les files d'attente, l'irresponsabilité, sous le prétexte idéologique de supprimer le profit.

Le refus de considérer tel bien ou service comme une marchandise, et par conséquent la volonté d'exiger sa «gratuité», reviennent en fait à exiger que d'autres paient à la place des consommateurs de ces biens ou services, au nom d'une «solidarité» mal comprise.

Curieusement, conscients malgré tout de leur incohérence, les collectivistes ne proposent pas de démarchandiser certains secteurs beaucoup plus cruciaux pour notre vie quotidienne que la santé, la culture ou la justice, comme l'alimentation, l'habillement ou le bâtiment (on peut se passer, la plupart du temps, de médecin ou d'avocat, mais pas d'aliments, de vêtements ou de toit).

Les libéraux ne sont pas opposés à une « démarchandisation » de secteurs de la vie économique et sociale, à condition que celle-ci ne soit pas coercitive. Rien n'interdit à des associations à but non lucratif de proposer des services de santé, de culture, etc., à condition qu'elles ne s'appuient pas sur la coercition étatique et ne vivent pas de l'impôt.

Ceux qui dénoncent une « omnimarchandisation du monde », Alain Wolfelsperger (L’ultra-antilibéralisme ou le style paranoïde dans la critique) répondent :

  • que cette prétendue « omnimarchandisation » n'est rien d'autre qu'une « désétatisation » qui résulte de la supériorité du mode marchand de gestion et de fourniture des biens sur le mode administratif, et que une telle évolution est peut-être le comble de l'horreur pour ceux qui considèrent qu'il revient seul à une élite (ou, ce qui revient au même, aux interprètes qualifiés du « mouvement social ») de se prononcer à ce sujet mais elle risque de paraître au commun des mortels comme quelque chose de tout à fait supportable, voire de souhaitable.
  • que cet état de choses est un résultat de la démocratie libérale ; si le résultat était à ce point nocif et intolérable, cela signifierait soit que la population et la classe politique seraient stupides, soit qu'elles seraient manipulées (explication « inusable et typiquement paranoïde »).

Citations

  • Ce que l'on nomme la marchandisation, un terme généralement à connotation négative, est, en symbiose avec les forces de l'innovation et du progrès technologique, le véritable moteur de la création de valeur, donc de la croissance des sociétés modernes. (Henri Lepage)
  • La propagande nationalo-étatiste décrit la santé et l’éducation comme des « biens sociaux », c’est-à-dire le contraire d’un simple bien de consommation ou, pour employer un terme encore plus dénigré, une «  marchandise ». C’est ce qui justifierait la mainmise des bureaucrates sur ces secteurs, au profit de la collectivité tout entière. Comme lorsque les bureaucrates planifient les récoltes de patates, ce qui arrive en pratique est que les services de santé et d’éducation sont rationnés et qu’il faut se contenter de services moindres et de moins bonne qualité que ce que l’on souhaiterait obtenir. D’une réforme majeure à l’autre, ces secteurs sont presque constamment en crise. (Martin Masse)

Notes et références

  1. Et contraire aux coutumes, par exemple en France, un adage juridique remontant à Antoine Loysel (1536-1617) énonce : « Qui fait l'enfant, doit le nourrir ».

Voir aussi

Liens externes


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