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Israël

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Israël, en forme longue l’État d’Israël, respectivement en hébreu יִשְׂרָאֵל Yisrā'el et מְדִינַת יִשְׂרָאֵל Medīnat Yisra'el, en arabe إِسْرَائِيلُ Isrā'īl et دولة إسرائيل Dawlat Isrā'īl, est une démocratie de type parlementaire du Proche-Orient, située sur la côte orientale de la Méditerranée, géographiquement rattachée à l'Asie. Elle proclame son indépendance le 14 mai 1948, après le vote du Plan de partage de la Palestine par l’Organisation des Nations unies.

Drapeau d'Israël

Histoire contemporaine succincte

  • 1917 : les Britanniques prennent le contrôle de la Palestine à la suite de la défaite de l’Empire ottoman lors de la Première Guerre mondiale
  • 2 novembre 1917 : la Déclaration Balfour, signée par Arthur Balfour (Foreign Secretary britannique) et adressée à lord Rothschild, en faveur de l'établissement en Palestine d'un foyer national juif, ouvre la voie à la création de l'État d'Israël
  • 3 janvier 1919 : accord Fayçal-Weizmann sur la Palestine, à l'occasion de la conférence de paix de Paris de 1919 ; cet accord devait entamer une coopération judéo-arabe pour le développement d'un foyer national juif dans la région de Palestine (alors occupée par le Royaume-Uni), mais suite au renversement de Fayçal après la guerre franco-syrienne de 1920, l'accord restera lettre morte
  • 19 avril 1943 : soulèvement du ghetto de Varsovie contre les forces d'occupation allemandes ; bien qu'équipées de chars, d'artillerie et de lance-flammes, la police allemande et les forces SS entrées dans le ghetto afin de reprendre les déportations rencontrent une très vive résistance ; ce n'est que le 16 mai que le soulèvement sera définitivement écrasé, avec le dynamitage de la grande synagogue de Varsovie
  • 29 novembre 1947 : l’ONU vote le Plan de Partage de la Palestine en un État juif et un État arabe
  • 14 mai 1948 : déclaration d'indépendance d'Israël, fin du mandat britannique sur la Palestine
  • 15 mai 1948 : début de la guerre israélo-arabe de 1948-1949 ; cette guerre civile entre les populations juives et arabes du pays se terminera par une prise de contrôle par les Israéliens de toute la Galilée, du sud-ouest de la Samarie, de la majeure partie de la zone côtière, de l'ouest de la Judée jusqu'au secteur de Jérusalem, et enfin du Néguev
  • 11 mai 1960 : capture du criminel de guerre nazi Adolf Eichmann par le Mossad à Bancalari, au nord de Buenos Aires, en Argentine
  • 1er juin 1962 : exécution du criminel nazi Adolf Eichmann dans la cour de la prison de Ramla
  • du lundi 5 juin au samedi 10 juin 1967 : guerre des Six Jours opposant Israël à l'Égypte, la Jordanie et la Syrie
  • 22 novembre 1967 : la Résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations unies propose un cadre pour le règlement du conflit israélo-arabe
  • 5 septembre 1972 : début du terrorisme moderne, avec en septembre la prise d'otages des Jeux olympiques de Munich (des membres de l'équipe olympique d'Israël sont pris en otage et assassinés par l'organisation palestinienne Septembre noir)

Une transition du socialisme au libéralisme

De 1948 jusqu'au début des années 1980, Israël fut gouverné par des socialistes. L’État s'est ensuite progressivement retiré de la vie économique et sociale. La situation sécuritaire, au lieu d'entraver le développement économique, favorisa une certaine croissance et le développement de techniques de pointe (cyber-sécurité, haute technologie, pharmacie). Les kibboutzim traditionnels ont été remis en question (faillites, privatisations).

Alors qu'il était autour de 4/10 dans les années 1970, l'indice de liberté économique (indice de l'Institut Fraser) dépasse 7/10 depuis les années 2000. Selon l'indice de liberté économique de la Heritage Foundation, Israël est classé parmi les pays libres économiquement (score de 70,5 sur 100 en 2016), devant la Belgique (68,8), l'Espagne (67,6) ou la France (62,5).

Y a-t-il une identité israélienne ?

Le paradoxe d'Israël est qu'il se définit originellement sur une base ethno-religieuse, comme État juif, ayant vocation à rassembler tous les juifs du monde (obtention aisée du passeport), alors qu'être juif en Israël n’implique pas de devoir respecter les commandements ni d'adopter les croyances juives : un juif qui cesse d’accomplir les devoirs religieux sans opter pour une autre croyance continue d’être considéré comme juif. On distingue aussi les judéo-israéliens des Israéliens non juifs (Palestino-Israéliens), qui n'ont pas exactement les mêmes droits (mariage, professions liées à la Défense, acquisitions de terres...). Bien qu'Israël soit un État laïc (pas de religion d'État), la législation reste influencée par la religion (mariage réglé selon des critères religieux), la finalité étant de conserver une identité nationale juive.

Les tentatives scientifiques de définition d'une identité juive ayant échoué (parmi les tentatives : empreinte digitale, ADN, critères culturels ou linguistiques), l'État s'en tient aux seuls critères religieux pour définir la nationalité israélienne : naissance de mère juive ou conversion selon les règles (pas de droit du sol). Il s'agit du seul cas dans le monde où la nationalité est aussi intimement liée à la religion.

Sionisme et libéralisme

Searchtool-80%.png Article détaillé : Sionisme.

Le sionisme désigne le droit pour Israël d’avoir un « État-nation » en « Terre d’Israël » (Eretz Israel), étendue géographique comprenant les anciens royaumes d’Israël et de Juda, berceau du peuple juif.

Le sionisme est à l'origine une idéologie politique fondée sur un sentiment national juif, prônant l'existence d'un centre territorial ou étatique peuplé par les Juifs en Terre d'Israël. Le mouvement sioniste est né en 1881 (premières organisations sionistes) et a abouti à un résultat concret en 1947 avec l'indépendance de l'État d'Israël, ce qui fait dire à certains que le sionisme est une idéologie dépassée ou caduque (post-sionisme).

Il n'y a pas de point de vue libéral unique sur le sionisme. Les opinions oscillent entre le soutien d'une légitimité du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et la critique du nationalisme comme forme coercitive du collectivisme.

Murray Rothbard considère que l'attitude du Royaume-Uni après la Première Guerre mondiale est la cause de tous les désordres survenus en Palestine au XXe siècle : elle a fait du sionisme une « idéologie de conquête » d'un pays déjà peuplé :

Le seul mouvement juif qui n'était pas justifié était le sionisme, un mouvement qui au début s'assimilait au territorialisme juif. Mais tandis que les territorialistes voulaient simplement préserver l'identité juive yiddish dans un pays neuf qui leur serait propre, le sionisme a commencé à insister pour obtenir une terre juive uniquement en Palestine. Le fait que la Palestine ne soit pas une terre vierge, mais était déjà occupée par des paysans arabes, n'importait pas pour les idéologues du sionisme. En outre, loin de vouloir préserver la culture yiddish du ghetto, les sionistes voulaient l'enterrer et lui substituer une nouvelle culture et une nouvelle langue basée sur une extension laïque artificielle de l'ancien hébreu religieux.[1]

Rothbard critique le point de vue d'Ayn Rand, qui approuvait le soutien américain à Israël et voyait dans les guerres du Proche-Orient une lutte entre « hommes civilisés » et « sauvages »[2].

Plusieurs auteurs, comme George Orwell, considèrent le sionisme comme l'expression d'une colonisation européenne des peuples d'Asie/Afrique.

Pour Ron Paul, au contraire, « il ne fait pas de doute qu'Israël peut historiquement revendiquer son territoire. La révolte de Bar Kochba en 135 av. J.-C. contre l'Empire romain a entraîné l'exil d'un grand nombre de Juifs de la région maintenant connue comme Israël. »[3]. Cependant Ron Paul, au nom du non-interventionnisme dans les affaires intérieures des pays étrangers, est favorable à l'arrêt de l'aide américaine à Israël et au retrait des États-Unis de la région du Moyen-Orient.

Stefan Molyneux[4] rappelle l'origine religieuse du sionisme (la nécessité du retour en Terre sainte), avant que celui-ci évolue ensuite vers un nationalisme laïc. Theodor Herzl, considéré comme le père du sionisme politique moderne, a proposé un compromis entre religieux (rabbins ardents à consolider une autorité perdue en Europe après les Lumières), socialistes (sionistes travaillistes) et capitalistes : un système capitaliste avec État-providence. Molyneux considère qu'Israël est proche d'une théocratie xénophobe, avec un fondamentalisme juif non visible depuis l'extérieur. Le projet sioniste estime nécessaire, pour disposer d'un État souverain, de déposséder les Arabes de Palestine, y compris en procédant à un nettoyage ethnique. Pour Molyneux, une solution rationnelle au conflit impliquerait un dépassement des nationalismes et des extrémismes religieux.

Les arguments avancés pour ou contre le sionisme sont souvent les suivants :

  • l'inexistence historique d'un peuple palestinien (Guy Millière[5]) / la recréation historique d'un peuple juif inventé (Shlomo Sand[6]) ;
  • l'occupation légitime d'une terre vierge auparavant inoccupée, pour constituer un foyer national juif / la réalité d'une terre qui comptait 400 000 habitants au début du XXe siècle, colonisée par les juifs européens aidés par les Européens et les Américains ;
  • un droit du peuple juif à disposer de lui-même / un projet sioniste judéo-chrétien millénariste (Philippe Simonnot).

Bibliographie

Notes et références

  1. Murray Rothbard, War Guilt in the Middle East, 1967.
  2. Murray Rothbard, Ayn Rand's monstrous views on the Middle East, 1971.
  3. "Zionism", Liberty Defined.
  4. Icone Cinéma recentrée.png [video]The Truth About Israel and Palestine
  5. Guy Millière, Comment le peuple palestinien fut inventé, éd. David Reinharc, 2011
  6. Shlomo Sand, Comment le peuple juif fut inventé, éditions Fayard,‎ 2008.

Voir aussi

Citations

  • Tout le problème des Juifs n’existe que dans les limites des États nationaux, en ce sens que là, leur activité et leur intelligence supérieure, le capital d’esprit et de volonté qu’ils ont longuement amassé de génération en génération à l’école du malheur, doit arriver à prédominer généralement dans une mesure qui éveille l’envie et la haine, si bien que dans presque toutes les nations d’à présent — et cela d’autant plus qu’elles se donnent plus des airs de nationalisme — se propage cette impertinence de la presse qui consiste à mener les Juifs à l’abattoir comme les boucs émissaires de tous les maux possibles publics et privés. Dès qu’il n’est plus question de conserver ou d’établir des nations, mais de produire et d’élever une race mêlée d’Européens aussi forte que possible, le Juif est un ingrédient aussi utile et aussi désirable qu’aucun autre reliquat national. (Friedrich Nietzsche, Humain, trop humain)
  • Le sionisme repose sur l'indépendance et sur l'autonomie. (...) Étant un non-interventionniste, je crois que nous ne devrions pas dire à Israël ce qu'ils doivent faire. Ils devraient décider eux-mêmes où sont leurs frontières. (Ron Paul, 2011)
  • L'antisémitisme est le socialisme des imbéciles. (August Bebel)
  • La prétention du sionisme à ressusciter l’hébreu antique et la culture du « peuple biblique » relève de la quête mythique de références nationales inculquées à des générations d’Israéliens et de sionistes, dans le monde. (...) Face au chariot plein de la religion juive, celui du judaïsme laïc était vide, et il l’est resté. Plus on creuse la question, plus on reconnaît qu’il n’existe pas de bagage culturel juif autre que religieux. C’est une des contradictions profondes du sionisme, et la raison de son obséquiosité historique constante vis-à-vis de l’univers de la tradition. (...) Les fondements de la création de l’État d’Israël ont été posés pour l’essentiel par des socialistes nationaux d’Europe de l’Est. Laïcs, ils s’étaient rebellés contre le judaïsme mais avaient dû néanmoins adopter d’emblée des marqueurs centraux de la tradition religieuse, dont l’éthique communautaire juive qui lui est intrinsèque. Ces marqueurs étaient admis par tous les courants du sionisme, de gauche comme de droite. Les causes complexes de ce phénomène idéologique et mental sont ancrées dans les caractéristiques et les finalités du sionisme, de la fin du XIXe siècle à nos jours. (Shlomo Sand, Comment le peuple juif fut inventé, 2008)
  • Il m’aurait semblé plus avisé de fonder une patrie juive sur un sol historiquement non chargé ; certes, je sais que, pour un dessein aussi rationnel, jamais on n’aurait pu susciter l’exaltation des masses ni la coopération des riches. Je concède aussi, avec regret, que le fanatisme peu réaliste de nos compatriotes porte sa part de responsabilité dans l’éveil de la méfiance des Arabes. Je ne peux éprouver la moindre sympathie pour une piété mal interprétée qui fait d’un morceau de mur d’Hérode une relique nationale et, à cause d’elle, défie les sentiments des habitants du pays. (Sigmund Freud, lettre à Chaim Koffler, datée du 26 février 1930)
  • Les Juifs ne sont pas un peuple mais un destin. (Cioran)
  • La paix s'installera le jour où les Arabes aimeront leurs enfants plus qu'ils nous haïssent. (Golda Meir)

Liens externes


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