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Fondamentalisme
Le fondamentalisme est un mot-valise désignant une phénomène réactif touchant principalement l'ordre religieux. Il se traduit par un attachement autoritaire et strict aux principes originels ou fondamentaux d'une doctrine ou enseignement. Le fondamentalisme se manifeste sous plusieurs formes, principalement de façon militante, pouvant prendre un corps politique ou social. Il est présenté comme une forme de dérive polémique, où sa forme extrême s'exprime par la violence, actes criminels ou même terrorisme. L'image véhiculée par le fondamentalisme est celle d'un fanatisme recourant à la force pour imposer la foi, une sorte de folie religieuse née du despotisme parfois alimentée par des théories du complot.
Définition
Le fondamentalisme est souvent assimilé à un comportement de rigidité dans l’observance de certains préceptes considérés comme fondamentaux. Il est aussi la forme manifeste d'une tentation d'imposition d'une vision unique et figée.
Il faut distinguer fondamentalisme, intégrisme et fanatisme. Aux États-Unis, le mot fondamentalisme, qui au début du XXe siècle qualifiait certains protestants lors de la controverse fondamentalisme-moderniste (Fundamentalist–Modernist Controversy), n'a pas exactement la même connotation qu'en France où il en est venu, selon Gilles Kepel dans La revanche de Dieu, à ne désigner presque exclusivement que les islamismes radicaux (l'usage du pluriel est délibéré), ce qui peut pousser à chercher un autre terme pour parler des catholicismes radicaux, comme le mouvement de la Fraternité Saint-Pie X.
Le mot « intégrisme » ou « intégralisme » convient parfaitement, puisque c'est l'étiquette que ces radicaux se sont donné.
Le fondamentalisme et les principales religions
Les trois principales religions monothéistes sont touchées par le phénomène de l'activisme fondamentaliste. Il s'exprime dans certains mouvements ou groupes se proclamant du christianisme : catholicisme traditionaliste, fondamentalisme protestant, évangélisme ; dans le judaïsme : Haredim ou ultra-orthodoxes ; dans l'islam, wahhabisme, salafisme, takfirisme. Dans les religions non universalistes ou dépourvues de texte sacré à la lettre duquel se conformer strictement, le fondamentalisme prend une forme politique, le plus souvent nationaliste (« parti du peuple indien » pour l'hindouisme, « mouvement 969 » en Birmanie pour le bouddhisme, méthode de shakubuku dans le bouddhisme Nichiren, etc.).
Le fondamentalisme a généralement une traduction politique : théocratie, refus de la liberté d'expression et de conscience, volonté d'imposer une religion unique ou religion d’État, diverses atteintes aux libertés individuelles, etc. Il peut avoir des prétentions universalistes (cas de l'islam) ou seulement nationalistes (cas de l'hindouisme ou du judaïsme).
Au sein d'une même religion peuvent exister plusieurs fondamentalismes antagonistes. Il existe par exemple un fondamentalisme juif antisioniste (pour lequel la création de l’État d'Israël est une parodie sacrilège d'une rédemption ne pouvant venir que de Dieu) et un fondamentalisme juif sioniste (pour lequel les sionistes sont les agents de la volonté divine).
Analyse du phénomène
Il faut prendre garde à ne pas qualifier de fondamentalisme religieux ce qui relève davantage du racisme, du nationalisme ou du conflit ethnique, la religion n'étant dans ce cas qu'un élément d'identité (parmi d'autres) invoqué occasionnellement par les protagonistes.
Un premier type de fondamentalisme est celui qui est de nature sectaire : les adeptes soutiennent des points de vue opposés à ceux d'une religion instituée. La secte a vocation soit à rester une secte (scientologie...), soit à être éliminée par une religion instituée (cas des Albigeois et plus généralement de tous les hérétiques des grandes religions), soit à croître pour devenir à son tour une institution (protestantisme) ou prendre une grande ampleur (wahhabisme). Ce type de fondamentalisme ne pose pas de problème tant qu'il n'est pas agressif.
Le type de fondamentalisme religieux qui est problématique est celui où la religion est invoquée pour pratiquer une agression. Il faut cependant examiner attentivement si cette revendication est conforme aux préceptes de la religion invoquée. Ce sera le cas uniquement si la tradition de cette religion, ou ses textes sacrés, justifient, voire imposent, ce type d'agression. Autrement, la revendication religieuse est infondée : ce n'est pas la religion qui se radicalise, c'est le radicalisme qui est à la recherche d'une religion pour justifier sa violence, qui ne relève que d'un fanatisme ordinaire. Il faut vérifier également si les aspects violents d'une religion, à supposer qu'ils existent, sont considérés comme appartenant au passé et devenus non pertinents aujourd'hui, ou s'ils en font partie intégrante et conservent un sens pour les pratiquants.
Le Fundamentalism Project caractérise ainsi les mouvements fondamentalistes :
- caractéristiques idéologiques :
- combat contre l'érosion de la religion, volonté de resacraliser la société
- sélectivité tant des aspects à privilégier dans la tradition que des cibles à combattre
- manichéisme moral tendant à séparer les élus et les autres, les pécheurs
- absolutisme et inerrance, validité absolue des éléments fondamentaux de la religion, rejet de l'herméneutique sécularisée
- perspective millénariste, visée d'une société idéale
- caractéristiques organisationnelles :
- sectarisme : les membres forment un groupe élu
- isolement : frontières plus ou moins claires avec le monde pécheur
- autoritarisme : les membres suivent un dirigeant charismatique
- règles de comportement de type sectaire (signes extérieurs, vêtements)
Voir aussi
Bibliographie
- 2001 : Les fondamentalismes, Jean-François Mayer, Georg éditeur
- 2020 : Avec Dieu, on ne discute pas - Les radicalismes religieux : désislamiser le débat, Pierre Conesa, Robert Laffont
Citations
- Contrairement aux vrais fondamentalistes, les terroristes pseudo-fondamentalistes sont profondément dérangés, intrigués et fascinés par la vie immorale des non-croyants. On sent bien qu'en combattant l'autre, le pécheur, c'est leur propre tentation qu'ils combattent. (Slavoj Žižek, Quelques réflexions blasphématoires - Islam et modernité, J. Chambon, 2015)
- Point d’êtres plus dangereux que ceux qui ont souffert pour une croyance : les grands persécuteurs se recrutent parmi les martyrs auxquels on n’a pas coupé la tête. (Cioran)
- Les faits ne pénètrent pas dans le monde où vivent nos croyances. (Marcel Proust)
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