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Faillibilisme

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En philosophie des sciences et épistémologie, la notion de faillibilisme désigne, en particulier avec Charles Sanders Peirce, l'ajournement continu des enquêtes scientifiques, l'idée que la quête de la vérité et de la connaissance scientifique n'est jamais absolue, c'est-à-dire qu'aucune connaissance n'est à l'abri d'une révision future possible ; à ne pas confondre avec le scepticisme absolu qui prétend qu'aucune forme de connaissance est valide. On parle aussi de réfutabilité, de falsifiabilité ou de falsificationnisme.

Le faillibilisme de Karl Popper

Searchtool-80%.png Article détaillé : Karl Popper.

Ce concept est aussi proposé dans le rationalisme critique de Karl Popper sous le terme de réfutabilité ou de falsificationnisme en tant que solution au problème de l'induction mis en évidence par David Hume :

« Un énoncé, ou une théorie, est, selon mon critère, falsifiable si et seulement s'il existe au moins un falsificateur potentiel, autrement dit un énoncé de base possible qui soit en contradiction logique avec lui. Il est important de ne pas exiger que l'énoncé de base soit vrai. La classe des énoncés de base est qualifiée de telle manière qu'un énoncé de base décrit un événement logiquement possible, dont l'observation est aussi logiquement possible. »
    — Karl Popper, Le réalisme et la science, Hermann

Popper répond en fait au problème de Hume (qu'est-ce qui garantit que les lois de la nature que nous découvrons par l'expérience continueront à s'appliquer à l'avenir ?) en l'éludant et en le rejetant dans la métaphysique ; il ne s'occupe que d'épistémologie : « qu'est-ce qui garantit qu'une théorie est scientifique ? » Contre les « philosophies du soupçon », il faut noter que le critère de falsifiabilité n'est ni un critère de sens ni un critère de vérité, mais un critère de science, c'est-à-dire de quête de vérité :

« Les questions d'origine ou de généalogie ont de toute façon peu à voir avec les questions de vérité. Mais si le problème que j'essayais de résoudre par mon hypothèse vous intéresse, vous pouvez m'aider en la critiquant aussi sévèrement que vous pourrez, et si vous pouvez désigner un test expérimental dont vous pensez qu'il pourrait la réfuter, c'est avec joie que je vous y aiderais. »
    — Karl Popper

Le critère de falsifiabilité n'est pas contradictoire avec une méthode hypothético-déductive, avec l’apriorisme et les sciences axiomatiques, même s'il est moins adapté dans ces domaines où il n'y a pas de progrès par expérimentation. Le réfutationnisme n'est pas adapté non plus aux énoncés existentiels (« il existe un certain type d'objet ou d'être ») au contraire du vérificationnisme, qui rejette comme vides de sens ces énoncés s'ils ne peuvent être vérifiés par l'expérience.

Le critère de réfutabilité des théories scientifiques vise seulement la démarcation entre propositions scientifiques (science empirique) et propositions non scientifiques (métaphysique). Toutefois, Karl Popper en tant que « logicien », estimait que la métaphysique, sans être considérée comme de la science, n'est pas pour autant dépourvue de signification.

Le déterminisme lui-même, bien que principe fondamental de toute science, est pour Popper une hypothèse métaphysique et non scientifique, la proposition « tout effet a une cause » n'étant pas elle-même réfutable (on ne peut inventer un test qui prouverait qu'un événement n'a pas de cause). Ludwig Wittgenstein disait de la même façon que « la croyance en la relation de cause à effets, c’est la superstition » (Tractatus, 5.1361).

Ce critère de réfutabilité constitue également une des réfutations du positivisme logique qui énoncait que les propositions métaphysiques sont insensées, et que n'est scientifique que ce qui est empiriquement vérifiable. En effet, le Cercle de Vienne formulait le critère de vérifiabilité de la signification : si une déclaration ne peut être vérifiée (« susceptible d’être perçue par les sens »), alors elle n’a pas de sens empirique, elle ne donne aucune information sur le monde. Mais la « vérification » d'une hypothèse, même par un grand nombre d'expériences, ne permet pas de conclure à la « vérité » de cette hypothèse.

Popper reconnaît les mathématiques, par exemple, comme sciences suite aux travaux d'Alfred Tarski sur la sémantique.

Pour résoudre le problème de la faiblesse de l'induction dans le raisonnement scientifique, le faillibilisme peut s'inscrire aux côtés de l'apriorisme par exemple, défendu par Murray Rothbard notamment.

De nombreuses hypothèses ou disciplines (« pseudo-sciences ») ne satisfont pas au critère de réfutabilité : le matérialisme historique, la psychanalyse, l'astrologie, la métaphysique, la théologie ou l'ontothéologie, le darwinisme[1], l'hypothèse Gaïa, le dessein intelligent, la théorie des cordes en physique, etc. « L'irréfutabilité est un vice », même s'il est vrai qu'aucune réfutation n'est elle-même à l'abri de la critique.

Citations

  • « Je n’exigerai pas d’un système scientifique qu’il puisse être choisi, une fois pour toutes, dans une acceptation positive mais j’exigerai que sa forme logique soit telle qu’il puisse être distingué, au moyen de tests empiriques, dans une acceptation négative : un système faisant partie de la science empirique doit pouvoir être réfuté par l’expérience. » (Karl Popper)
  • « L’apriorisme poppérien ne sera plus absolutiste, il laissera place à l’erreur, il séparera vérité et certitude, il deviendra faillibiliste. La théorie qui précède nécessairement l’observation et la méthode hypothético-déductive sont les fruits de l’épistémologie poppérienne. L’idée est que l’on ne peut pas agir, observer ou connaître quelque chose passivement. Certaines hypothèses précèdent toujours notre quête de connaissance et lui sont nécessaires. » (Marc Grunert)

Notes et références

  1. Considéré par Popper comme non-scientifique mais offrant tout de même un bon cadre explicatif post hoc pour comprendre l'évolution.

Bibliographie

  • 1970, Imre Lakatos, "Falsification and the methodology of scientific research programmes", In: Imre Lakatos, Alan Musgrave, dir., "Criticism and the Growth of Knowledge", Cambridge: Cambridge University Press, pp91-196
  • 1981, R. Feldman, Fallibilism and Knowing That One Knows, The Philosophical Review, 90, pp266-282
  • 2002, S. Hetherington, "Fallibilism and Knowing That One Is Not Dreaming", Canadian Journal of Philosophy, Vol 32, pp83-102
  • 2008, Francesco Di Iorio, "Apriorism and fallibilism: Mises and Popper on the explanation of action and social phenomena", Nuova Civilta della Macchine, 26(4), pp5–32

Articles connexes


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