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Psychanalyse

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La psychanalyse est à l'origine une technique ou méthode psychologique et psychothérapeutique, mise au point par le neurologue autrichien Sigmund Freud.

Elle évolue ensuite vers une méthode d'exploration du psychisme, fondée sur le déterminisme psychique, la primauté de l'inconscient et de la sexualité.

Sigmund Freud définissait la psychanalyse comme :

  • un procédé d'investigation des processus psychiques ;
  • une méthode de traitement des troubles névrotiques ou psychotiques, fondée sur cette investigation (cure psychanalytique) ;
  • un ensemble de conceptions ayant trait au psychisme, acquises par ces moyens (métapsychologie).

Psychanalyse et libéralisme

Pour Karl Popper, la psychanalyse était une « pseudo-science », et pour George Steiner il s'agissait d'une « fiction littéraire ». Plusieurs libertariens (Murray Rothbard, Thomas Szasz) lui reprochent de constituer un outil d'oppression. On lui reproche généralement son déterminisme strict, sa négation du libre-arbitre des individus ("elle introduit l'idée d'un mensonge sans menteur", selon Sartre, et elle dénote la "mauvaise foi") et d'être médicalement inefficace, voire nocive. Ludwig von Mises considère que la psychanalyse, cherchant à connaître les motivations profondes de l'individu, commence là où s’arrête la praxéologie.

Pour d'autres auteurs, comme Francisco J. Varela, on peut parler d'"inconscient cognitif", et la dissociation que la psychanalyse ou d'autres sciences cognitives opèrent, à l'encontre de toute la tradition occidentale, entre sujet et esprit, est justifiée. Cette déconstruction peut « nous permettre, existentiellement, de nous voir comme des êtres pensants sans sujet, et de faire nôtre, "sans angoisse", une éthique du "sans fond" »[1].

Raphaël Krivine souligne comme facteurs libéraux la place centrale qu'occupe l'individu dans cette discipline, et le fait que la psychanalyse s'est développée en-dehors de toute influence étatique, telle une « start-up » qui aurait par la suite produit de nombreux « spin-off », les différentes écoles psychanalytiques (Jung, Adler, Lacan...). Pour lui, on peut parler de « freudo-libéralisme » par opposition au freudo-marxisme.

La psychanalyse est en fait à la frontière entre psychologie et philosophie, voire métaphysique, d'où l'accusation de constituer une "secte philosophique" reposant sur des articles de foi. Le concept d'inconscient existait d'ailleurs bien avant que Freud le formalise, on le trouve dans l’œuvre d'Arthur Schopenhauer et de Friedrich Nietzsche, avec l'idée d’une psyché présente dans l’âme humaine et qui échapperait au rationalisme. On pourrait remonter encore plus loin avec les philosophies orientales qui pratiquaient déjà sous diverses formes une sorte de "psychologie des profondeurs".

La critique de Friedrich Hayek à la psychanalyse : un regard sur son impact selon des principes moraux et éthiques

Friedrich Hayek considérait la psychanalyse, en particulier la théorie de Sigmund Freud, comme une pseudoscience qui tendait à promouvoir des idées nuisibles à la société.

Une des principales critiques à l'égard de la psychanalyse est basé sur son rejet de la notion de conscience individuelle et de responsabilité personnelle. Selon Friedrich Hayek, la psychanalyse, en mettant l'accent sur les instincts inconscients et les expériences infantiles, tend à déresponsabiliser les individus de leurs actions et à justifier un comportement impulsif ou égoïste. Pour Hayek, cela sape les fondements de la moralité et de l'ordre social en encourageant un sentiment d'impuissance et de victimisation.

Friedrich Hayek s'inquiétait également de l'influence de la psychanalyse sur la politique et la culture. Il craignait que les idées psychanalytiques, en mettant l'accent sur la libération des pulsions et la remise en question des normes sociales traditionnelles, ne favorisent une culture de permissivité et de relativisme moral. Selon lui, cela pourrait affaiblir les institutions sociales et les valeurs qui sous-tendent la stabilité et la cohésion de la société.

En outre, Friedrich Hayek critiquait la tendance de la psychanalyse à considérer les différences individuelles comme des produits de l'environnement social ou des traumatismes infantiles, au détriment de la reconnaissance de l'importance des choix individuels et de la liberté personnelle. Pour lui, cela réduit la complexité de la nature humaine et la capacité des individus à agir de manière autonome et responsable.

En conclusion, les critiques de Friedrich Hayek se concentrent sur l'impact de la psychanalyse qu'il percevait comme dégradants pour la société et nuisibles à la liberté individuelle. Selon lui, la psychanalyse dévalorise la conscience individuelle, favorise le relativisme moral et réduit la responsabilité personnelle, ce qui menace les fondements de l'ordre social et de la liberté individuelle.

Citations

  • Sous le masque de la science et de la thérapie, la psychanalyse en est arrivée à fonctionner comme une religion. De même qu'Abraham avait reçu la Loi Divine de Yahvé lui-même, avec lequel il aurait communiqué directement, de même Freud reçut les Lois de la Psychologie de l'Inconscient lui-même, avec lequel il aurait communiqué directement. (Thomas Szasz)
  • La psychanalyse, cela ne sert pas à être heureux ; cela sert à passer d'une souffrance névrotique à un malheur banal. (attribué à Sigmund Freud)
  • Le Moi n'est pas maître dans sa propre maison. (Sigmund Freud)
  • La psychanalyse est une maladie qui se prend pour son remède. (attribué à Jules Romains, Karl Krause, etc.)
  • La connaissance de l'homme, de sa vie psychique, a beaucoup évolué depuis un siècle. Il existe bien d'autres approches que celle des psychanalystes pour appréhender, analyser et soigner la souffrance mentale. Il y a une vie après Freud : on peut, en thérapie, travailler sur un inconscient non freudien, on peut aussi s'intéresser à l'enfance, à la sexualité, à l'histoire et aux émotions de chacun sans adhérer aux concepts freudiens. (Le Livre noir de la psychanalyse)
  • Longtemps on a considéré la pensée consciente comme la pensée par excellence : maintenant seulement nous com­mençons à entrevoir la vérité, c’est-à-dire que la plus grande partie de notre activité intellectuelle s’effectue d’une façon inconsciente et sans que nous en ayons la sensation ; mais je crois que ces instincts qui luttent entre eux s’entendront fort bien à se rendre perceptibles et à se faire mal récipro­quement ; — il se peut que ce formidable et soudain épuisement dont tous les penseurs sont atteints ait ici son origine (c’est l’épuisement sur le champ de bataille). Oui, peut-être y a-t-il dans notre intérieur en lutte bien des héroïsmes cachés, mais certainement rien de divin, rien qui repose éternellement en soi-même, comme pensait Spinoza. (Friedrich Nietzsche, Le Gai Savoir, 333)
  • Le motif secret de nos actes, et j'entends : des plus décisifs, nous échappe ; et non seulement dans le souvenir que nous en gardons, mais bien au moment même. (André Gide, Si le grain ne meurt)
  • Freud revendique constamment la qualité de scientifique. Mais ce sont des spéculations qu'il nous donne — nous en restons à un stade qui n'est même pas celui de la formation d'une hypothèse. (Ludwig Wittgenstein, Leçons et conversations)
  • La psychanalyse s'arrête quand le patient est ruiné. (Carl Gustav Jung, Dialectique du moi et de l'inconscient)
  • C’est à cause de sa vue lucide de l’avenir que Freud m’a toujours intéressé. Du reste, je me suis souvent demandé comment quelqu’un d’aussi clairvoyant a pu élaborer une thérapeutique, comment surtout il a pu croire à quelque forme de guérison que ce soit. Les grands esprits ont de ces côtés naïfs... (Cioran, lettre à Roland Jaccard, 25/11/1978)
  • La doctrine psychanalytique est capable de transformer le monde. Avec elle, y a été semé un esprit de sereine défiance, une suspicion qui s’exerce sur les cachotteries et les machinations de l’âme et qui les démasque. Cet esprit une fois éveillé ne saurait jamais plus disparaître. Il pénètre la vie, sape sa grossière naïveté, la dépouille de ce pathos qui est le propre de l’ignorance. (Thomas Mann, Freud et l’avenir)
  • L'inconscient voulut savoir à quoi il ressemblait : il inventa Freud. (Roland Jaccard, Journal, 21/06/1983)
  • La psychanalyse, de blessure narcissique qu'elle se voulait d'abord, n'est plus qu'une consolation narcissique comme une autre, simplement un peu plus prétentieuse et bavarde que la plupart... Heureusement qu'elle nous guérit, parfois, d'elle-même. Quand tu as cessé de t'intéresser, la cure est finie. (André Comte-Sponville, Dictionnaire philosophique, 2013)
  • Il n’y a pas en Europe, dans tous les domaines de l’art, de l’étude, des sciences vitales, un seul homme important dont les conceptions ne soient directement ou indirectement, bon gré, mal gré, influencées d’une manière créatrice par les idées de Freud  : partout cet homme isolé a atteint le centre de la vie – l’humain. Et tandis que les spécialistes continuent à ne pas pouvoir s’incliner devant le fait que cette œuvre n’est pas rigoureusement conforme aux règles de l’enseignement médical, philosophique ou autre, tandis que les savants officiels disputent encore furieusement à propos de détails et de finalités, la théorie de Freud a fait depuis longtemps ses preuves et s’est montrée irréfutablement vraie – vraie dans le sens créateur, selon le mot inoubliable de Goethe  : «  Seul ce qui est fécond est vrai.  » (Stefan Zweig, Sigmund Freud)
  • Freud considérait ses patients comme de la racaille. Le mieux, professait-il, est de les mettre sur un bateau et de les expédier au bout du monde. Tous les psychiatres aboutissent à la même conclusion. Mais ils ne l’avoueront jamais. (Roland Jaccard, Causeur, octobre 2018)
  • Notre pratique est une escroquerie, bluffer, faire ciller les gens, les éblouir avec des mots qui sont du chiqué, c’est quand même ce qu’on appelle d’habitude du bluff. Du point de vue éthique, c’est intenable notre profession. C’est bien d’ailleurs pour ça que j’en suis malade, parce que j’ai un surmoi comme tout le monde. (Jacques Lacan, conférence prononcée à Bruxelles le 26 février 1977)

Bibliographie

  • 2015, #Freudo-libéralisme, les sources libérales de la psychanalyse, Raphael Krivine, sous la direction de l'Institut Coppet, CreateSpace, ISBN 1517100119
  • 2013, La France adolescente, Mathieu Laine, Patrice Huerre, ISBN 2709638045
  • 2005, Big Mother : Psychopathologie de la vie politique, Michel Scheider, éd. Odile Jacob, ISBN 2738115861
  • 2005, Le livre noir de la psychanalyse : Vivre, penser et aller mieux sans Freud, Jacques Van Rillaer et Didier Pleux, éd. Les Arènes, ISBN 2912485886

Notes et références

  1. Varela, Thompson, Rosch, L'inscription corporelle de l'esprit. Sciences cognitives et expérience humaine, Seuil, Paris, 1993

Liens externes


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