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Ontothéologie

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Le terme ontothéologie (ou onto-théologie, parfois onto-théo-logie) désigne l'ontologie divine (théos) ou la théologie de l'être.

Pour Emmanuel Kant, l'ontothéologie fait partie de la théologie transcendantale. C'est une forme spéculative de la théologie destinée à déduire l'existence de Dieu de son simple concept, en-dehors de toute expérience (« argument ontologique » d'Anselme de Cantorbéry, réfuté par Kant[1]). Toute "religion rationnelle" participe de cette illusion.

Pour Heidegger, l'ontothéologie (l'onto-théo-logique est une « logique qui pense l'être de l'étant ») représente la constitution même de la métaphysique occidentale, traitant à la fois de l'être au sens commun (ontologie) et de l'être au sens le plus éminent (théologie), pour reprendre une division opérée par Aristote. Pour Heidegger, elle participe à l'oubli de l’Être et à la dégénérescence de la pensée occidentale, qui masque l’Être en le ramenant à des étants particuliers, et qui prétend traiter apodictiquement de l'absolu en termes relatifs.

Par extension, on emploie parfois le terme d'ontothéologie dans un sens péjoratif, pour désigner une théorie dogmatique censée tout expliquer.

On parle parfois d'ontopolitique ou d'onto-théo-politique pour décrire le lien entre l'être et la puissance[2], par exemple l'ancienne théorie de la monarchie de droit divin.

Citations

  • « Cette ontologie [celle du matérialisme historique] vire aussitôt à l'onto-théologie en servant non seulement de fondement à la connaissance, mais au réel historique. Où l'on retrouve au passage, mais bien sûr sous une forme déguisée, la structure la plus fondamentale de l'argument ontologique : grâce à la connaissance des lois de l'histoire fondée sur le concept d'infrastructure-cause (dialectique) des superstructures, on va pouvoir déduire l'existence du concept, par exemple la nécessité absolue de l'avènement du communisme, à partir des contradictions du capitalisme. Comme dans la théologie la plus traditionnelle, on déduit le futur du présent, donc l'existence à venir du concept d'aujourd'hui. A cet égard d'ailleurs, le marxisme finit par être moins déconstructeur de la métaphysique que piégé lui-même par les illusions les plus classiques de celle-ci. » (Luc Ferry[3])
  • « L'État s'est mis à la place de Dieu, et c'est pourquoi, dans cette optique, les dictatures socialistes sont des religions au sein desquelles l'esclavage d'État est un genre de culte divin. » (Carl Jung, Présent et avenir)

Notes et références

  1. Cet argument permet de passer de la définition d'un concept à l'affirmation de son existence. Il peut être résumé ainsi : "Dieu étant défini comme l'être qui a toutes les perfections, a entre autres l'existence. Donc il existe". Il se rattache à la Scolastique et perdurera en philosophie sous la même forme. On le trouve encore chez Baruch Spinoza (proposition 11 de l’Éthique I : "Dieu existe nécessairement, sinon son essence n'envelopperait pas l'existence, ce qui est absurde"). Thomas d'Aquin affinera un peu l'argument d'Anselme en parlant de "premier moteur immobile", de "cause première" et de "cause de soi". Pour Schopenhauer, toutes les "preuves" de l'existence de Dieu sont des variantes de l'argument ontologique.
  2. Un ouvrage de Spinoza porte le nom de Traité théologico-politique (1670).
  3. La révolution de l'amour, Plon, 2010.


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